Pour le président de la Côte d’Ivoire reconnu comme tel par les Etats africains et la communauté internationale, il est urgent que Laurent Gbagbo se décide à abandonner le pouvoir. Il dénonce des exactions qui auraient déjà fait plus de 250 victimes.
Q : La Côte d’Ivoire est-elle en train de glisser vers la guerre civile ?
ALASSANE OUATTARA. Non, je ne pense pas qu’il y ait un risque de guerre civile, mais plutôt des débordements de certains éléments des forces de défense et de sécurité, ainsi que des mercenaires et des miliciens de Laurent Gbagbo. Ils ont été recrutés pour aller dans certains quartiers d’Abidjan, qui me sont favorables et, sous prétextes de chercher des armes, ils agressent les populations. Il faut que Laurent Gbagbo cesse d’utiliser des mercenaires et des miliciens étrangers contre les Ivoiriens. Depuis son refus de respecter le verdict des urnes, il y a déjà plus de 250 victimes. Ce qui me chagrine le plus, c’est l’insécurité dans laquelle vit la population ivoirienne. A Abobo comme dans d’autres quartiers, des dizaines de gens ont été tués, beaucoup de femmes ont été violentées
Et brutalisées. Nous avons saisi les organisations des droits de l’homme et la Cour pénale internationale pour envoyer des missions, retrouver les auteurs de ces exactions et les punir, car cela ne peut pas continuer.
Q : Comme Gbagbo s’accroche au pouvoir, y a-t-il encore une chance de passation pacifique ?
AO : Moi, je le souhaite pour la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens, parce que tout cet environnement de massacres, de tueries et de brutalité envers les femmes n’est pas acceptable. Les élections qui ont eu lieu devaient mettre fin à cette crise. Ces élections ont été démocratiques, pacifiques et transparentes et tout ce qui arrive depuis est du fait de Gbagbo qui refuse de reconnaître le verdict des urnes. J’ai été élu à 54,10 % par les Ivoiriens et je demande tout simplement à occuper les fonctions qui m’ont été confiées par mon peuple. S’il aime son pays et s’il veut la Paix pour la Côte d’Ivoire, Gbagbo doit quitter des fonctions usurpées.
Q : En dépit des promesses de Gbagbo, le blocus du Golf Hôtel se poursuit depuis plus d’un mois…
AO : Gbagbo n’a jamais respecté un quelconque engagement. Ce n’est pas la première ni la dernière fois. C’est ce qu’il a fait tout au long de ces cinq années du mandat qu’il a volées à la Côte d’Ivoire, car il n’a pas été élu en 2005 et est allé de négociation en négociation pour rester au pouvoir.
C’est toujours sa stratégie. Je demande vraiment à Gbagbo de respecter le verdict des urnes et d’arrêter de raconter des choses qui ne sont pas vraies. Son Conseil constitutionnel a inversé les résultats et donné de faux messages sur le Nord. Or, le Nord est mon fief et je n’ai pas besoin de tricher dans le Nord pour gagner.
Q : Vous venez de faire un geste en appelant à un gouvernement d’union nationale…
AO : Non, c’est une proposition que j’ai faite bien avant mon élection, parce que je suis animé d’une volonté de réconciliation des Ivoiriens. Cette crise doit avoir une issue pacifique et, si ce n’est pas le cas, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (NDLR : Cedeao) l’a dit clairement : elle utilisera tous les autres moyens, y compris la force légitime. Alors Gbagbo s’en ira tôt ou tard ! Nous espérons bien évidemment le plus tôt, avant la fin du mois et, à ce moment-là, je formerai un gouvernement d’union nationale comme je l’ai promis.
Q : Etes-vous aujourd’hui partisan d’un recours à la force ?
AO : Ce serait la solution ultime. S’il y avait une intervention militaire, ce serait de la faute de Gbagbo, car la Cedeao cherche encore par tous les moyens une solution pacifique.
Q : Comment expliquez-vous que l’armée régulière n’ait pas basculé de votre côté ?
AO : Ce sont des choses qui prennent du temps : il y a des notes discordantes au sein de l’armée, où beaucoup de militaires n’apprécient pas cette manière de Gbagbo de s’accrocher au pouvoir. Dans leur grande majorité, ils n’apprécient pas que des mercenaires et des miliciens libériens tuent des Ivoiriens. Je précise que j’ai été élu au second tour à plus de 63 % des voix dans les casernes ! La seule force de Gbagbo, ce sont quelques éléments des forces de défense et de sécurité, mais il va en perdre la grande majorité dans les jours et semaines à venir. Mon gouvernement et moi-même avons reçu le soutien de certains officiers et membres de l’armée, mais qui—par peur des représailles dont pourraient être victimes leurs familles – préfèrent pour l’instant rester discrets.
PROPOS RECUEILLIS PAR
BRUNO FANUCCHI
(Source : Le Parisien)
Q : La Côte d’Ivoire est-elle en train de glisser vers la guerre civile ?
ALASSANE OUATTARA. Non, je ne pense pas qu’il y ait un risque de guerre civile, mais plutôt des débordements de certains éléments des forces de défense et de sécurité, ainsi que des mercenaires et des miliciens de Laurent Gbagbo. Ils ont été recrutés pour aller dans certains quartiers d’Abidjan, qui me sont favorables et, sous prétextes de chercher des armes, ils agressent les populations. Il faut que Laurent Gbagbo cesse d’utiliser des mercenaires et des miliciens étrangers contre les Ivoiriens. Depuis son refus de respecter le verdict des urnes, il y a déjà plus de 250 victimes. Ce qui me chagrine le plus, c’est l’insécurité dans laquelle vit la population ivoirienne. A Abobo comme dans d’autres quartiers, des dizaines de gens ont été tués, beaucoup de femmes ont été violentées
Et brutalisées. Nous avons saisi les organisations des droits de l’homme et la Cour pénale internationale pour envoyer des missions, retrouver les auteurs de ces exactions et les punir, car cela ne peut pas continuer.
Q : Comme Gbagbo s’accroche au pouvoir, y a-t-il encore une chance de passation pacifique ?
AO : Moi, je le souhaite pour la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens, parce que tout cet environnement de massacres, de tueries et de brutalité envers les femmes n’est pas acceptable. Les élections qui ont eu lieu devaient mettre fin à cette crise. Ces élections ont été démocratiques, pacifiques et transparentes et tout ce qui arrive depuis est du fait de Gbagbo qui refuse de reconnaître le verdict des urnes. J’ai été élu à 54,10 % par les Ivoiriens et je demande tout simplement à occuper les fonctions qui m’ont été confiées par mon peuple. S’il aime son pays et s’il veut la Paix pour la Côte d’Ivoire, Gbagbo doit quitter des fonctions usurpées.
Q : En dépit des promesses de Gbagbo, le blocus du Golf Hôtel se poursuit depuis plus d’un mois…
AO : Gbagbo n’a jamais respecté un quelconque engagement. Ce n’est pas la première ni la dernière fois. C’est ce qu’il a fait tout au long de ces cinq années du mandat qu’il a volées à la Côte d’Ivoire, car il n’a pas été élu en 2005 et est allé de négociation en négociation pour rester au pouvoir.
C’est toujours sa stratégie. Je demande vraiment à Gbagbo de respecter le verdict des urnes et d’arrêter de raconter des choses qui ne sont pas vraies. Son Conseil constitutionnel a inversé les résultats et donné de faux messages sur le Nord. Or, le Nord est mon fief et je n’ai pas besoin de tricher dans le Nord pour gagner.
Q : Vous venez de faire un geste en appelant à un gouvernement d’union nationale…
AO : Non, c’est une proposition que j’ai faite bien avant mon élection, parce que je suis animé d’une volonté de réconciliation des Ivoiriens. Cette crise doit avoir une issue pacifique et, si ce n’est pas le cas, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (NDLR : Cedeao) l’a dit clairement : elle utilisera tous les autres moyens, y compris la force légitime. Alors Gbagbo s’en ira tôt ou tard ! Nous espérons bien évidemment le plus tôt, avant la fin du mois et, à ce moment-là, je formerai un gouvernement d’union nationale comme je l’ai promis.
Q : Etes-vous aujourd’hui partisan d’un recours à la force ?
AO : Ce serait la solution ultime. S’il y avait une intervention militaire, ce serait de la faute de Gbagbo, car la Cedeao cherche encore par tous les moyens une solution pacifique.
Q : Comment expliquez-vous que l’armée régulière n’ait pas basculé de votre côté ?
AO : Ce sont des choses qui prennent du temps : il y a des notes discordantes au sein de l’armée, où beaucoup de militaires n’apprécient pas cette manière de Gbagbo de s’accrocher au pouvoir. Dans leur grande majorité, ils n’apprécient pas que des mercenaires et des miliciens libériens tuent des Ivoiriens. Je précise que j’ai été élu au second tour à plus de 63 % des voix dans les casernes ! La seule force de Gbagbo, ce sont quelques éléments des forces de défense et de sécurité, mais il va en perdre la grande majorité dans les jours et semaines à venir. Mon gouvernement et moi-même avons reçu le soutien de certains officiers et membres de l’armée, mais qui—par peur des représailles dont pourraient être victimes leurs familles – préfèrent pour l’instant rester discrets.
PROPOS RECUEILLIS PAR
BRUNO FANUCCHI
(Source : Le Parisien)