C’est une vérité de Lapalisse que de dire que l’ex-régime Gbagbo est aux abois et joue le pourrissement. La descente musclée de mardi et mercredi derniers de l’armée à Abobo, est une manifestation évidente de l’état d’âme de Gbagbo et ses partisans. Ils ont décidé de sévir contre une population qui a pour seul crime, la fidélité qu’elle voue à Alassane Dramane Ouattara qu’elle a voté à plus de 54% à l’élection présidentielle. Hier, un calme plat régnait dans cette commune malgré un couvre-feu imposé par le chef de l’Etat sortant. Cependant, c’est avec la peur au ventre que les populations d’Abobo vaquent timidement à leurs occupations. En effet, il est de plus en plus question d’une expédition punitive qui serait en préparation dans les officines secrètes de l’establishment Gbagbo. Pour prendre sa revanche sur Abobo qui a opposé une résistance farouche à l’opération de sa garde prétorienne, l’ex-chef de l’Etat a décidé de faire faire le rappel de ses mercenaires qui sont actuellement mobilisés sur les fronts de Tiébissou, Yamoussoukro, Duékoué, San-Pédro et le Grand-Ouest. On comprend aisément que le couvre-feu instauré depuis mercredi, n’est qu’une feinte stratégie pour colmater les brèches avant la grande offensive sur Abobo. En attendant ce moment fatidique, la population de Gbagbo retient son souffle. Selon des sources concordantes, le camp commando d’Abobo est devenu depuis quelques jours, un camp de réserve de chars de combat et d’armes lourdes. La population qui est encore sous le choc de l’expédition de mercredi dernier, vit dans la peur totale. On aura compris que cette « opération éclair » que les soldats restés fidèles à l’ancien chef de l’Etat s’apprêtent à réaliser, s’inscrit dans la logique suicidaire de Gbagbo de confisquer le pouvoir qu’il a perdu depuis le 28 novembre dernier. On se souvient de l’expédition menée par les mêmes hommes en treillis au siège du RDR et à la maison du RHDP. Depuis la fin du second tour de l’élection présidentielle, les Ivoiriens souffrent le martyr. L’entêtement de Gbagbo à confisquer le pouvoir fait peser de gros risques sur la stabilité de la Côte d’Ivoire et l’avenir des Ivoiriens. Et pourtant, le président élu, SEM. Alassane Ouattara s’est engagé à concéder à l’ex-chef de l’Etat certaines garanties quant à sa vie après le Palais. Malgré tous les gestes d’apaisement du président Ouattara, le mauvais perdant, Laurent Gbagbo, joue au brave en défiant la majorité du peuple ivoirien et la communauté internationale dans sa quasi-totalité. Pendant combien de temps pourra-t-il encore tenir dans cette bravade ? En tout cas, pas très longtemps.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté