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Politique Publié le vendredi 14 janvier 2011 | Le Patriote

Un ancien directeur de campagne de Gbagbo avoue - « La vérité est difficile à étouffer »

Les Ivoiriens doivent être courageux pour dire la vérité maintenant. La Côte d'Ivoire se trouve depuis le 24 décembre 1999, prise dans un tourbillon politico-militaire imprévisible et sans précédent. Selon les intérêts ou tout simplement les profits de chacun, il se réjouit des tournures prises par les évènements dans l'évolution de cette situation.
Cette façon d'apprécier les choses a installé la mauvaise foi comme moyen de communication par excellence entre les ivoiriens. Ne dit-on pas que la mauvaise foi est la chose la mieux partagée au monde !
Pour bon nombre d'Ivoiriens, sans la vérité, aucune paix n'est possible. C'est pourquoi, nous donnons notre point de vue sur la crise actuelle en trois points :
1. Origine lointaine
2. Origine récente
3. Recommandations

1- Origine lointaine
Depuis 1999, une coalition politico-militaire a fait partir Le Président Démocratiquement élu du pouvoir à seulement un an des échéances électorales de 2000. Quelle impatience suicidaire pour la République! Cette forfaiture ne fut condamnée par personne dans l'opposition au PDCI parti au pouvoir d'alors. Quel curieux peuple !
Ainsi, de frustrations en frustrations, les acteurs du putsch ont revu leurs objectifs à la hausse en organisant une rébellion armée qui divise actuellement la Côte d'Ivoire en deux. Comment en est on arrivée là ? Les maîtres de la scène politique ivoirienne (putschiste et FPI coalisés) ont réussi à tourner la démocratie en dérision là où le peuple attendait la mise en œuvre concrète de leurs discours politiques mielleux en organisant des élections libres transparentes et ouvertes à tous pour corriger les erreurs passées. Deux poids lourds de la politique ivoirienne furent écartés (Bédié et Ouattara). Même les candidatures de substitution à Bédié au PDCI ont tous été éliminées par l'Institution Juridique Suprême aux ordres des autorités d'alors au grand dam du peuple meurtri. On a utilisé abusivement et subtilement les institutions de la république pour empêcher que le PDCI ne revienne au pouvoir. Et ça, tous les ivoiriens le savent. Même dans la pratique démocratique et spécifiquement en Afrique, les actes antidémocratiques ont la peau dure. Comme si nos institutions devraient servir d'autres intérêts que ceux du peuple ivoirien. Nous pouvons au moins nous mettre d'accord que dans le cadre de la promotion de la démocratie dans nos Etats africains, aucune décision même juridique ne peut être au- dessus de la volonté populaire… En d'autres termes, une institution démocratique ne tire sa légitimité que de la volonté du peuple qui détient le pouvoir en dernier recours.
Evidemment les résultats d'une telle élection ne peuvent en aucun cas traduire les aspirations légitimes du peuple. Comme il fallait s'y attendre, la légitimité du Président « élu démocratiquement de façon calamiteuse » a été de tout temps contestée et à juste titre. Le premier tour des élections de 2010 devrait finir de convaincre les plus sceptiques, avec ses résultats, là ou l'électorat ivoirien a été pratiquement divisé en trois entre (Bédié, Ouattara et Gbagbo) qui confirment ainsi chacun leur titre de « poids lourd de la politique » ivoirienne.

2- Origine récente
De tout ce qui précède, pendant 10 ans, Gbagbo a eu le temps d'asseoir une légitimité populaire. En d'autres termes, il avait l'occasion de démontrer à ses détracteurs qu'il a la légitimité populaire nécessaire qui fait de lui depuis 2000 un Président Légitime (différents de légal) des ivoiriens. Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle de 2010 nous démontrent le contraire. La majorité des Ivoiriens sont restés attachés à leurs leaders d'avant 1999. C'est la preuve que rien n'a véritablement changé depuis 2000. Gbagbo a toujours été un Président légal d'une légalité opposée à la légitimité populaire. C'est cela la réalité. La seule question qui se pose aux Ivoiriens aujourd'hui, doit-on sacrifier la légitimité populaire sur l'autel de la légalité constitutionnelle dévoyée ?
En fait, l'élection de 2010 a vu deux camps s'affronter, LMP et RHDP. Les autres candidats n'ont été que des troubles fêtes.
Un fait important. Tout ivoirien honnête reconnaît que la majorité des votes s'opèrent à plus de 80% sur des bases affectives qu'objectives. Ce qui est dommage pour la promotion de la démocratie. Mais c'est un fait à ne pas ignorer si l'on veut être objectif dans l'analyse de la situation ivoirienne. Cette situation fait que l'appel d'un candidat est forcément respecté à plus de 75%. C'est ça aussi la vérité. L'appel de Bédié à ses sympathisants est indéniablement un véritable coup de massue à « l'ennemi commun ».
Des deux camps présentés plus haut, qui a gagné les élections ? Au premier tour la réponse est sans appel. C'est la coalition RHDP avec plus de 60% des voix cumulées. En plus, cette situation vient démontrer de façon plausible qu'aucun des trois poids lourds ne peut seul gagner les élections en Côte d'Ivoire. C'est une autre réalité à ne pas négliger pour celui qui veut faire une analyse objective.
Une autre question que tout Ivoirien peut se poser est : entre le premier et le second tour quel fait majeur pouvait faire changer radicalement l'électorat de Bédié en faveur de Gbagbo ou de Ouattara ? Ce n'est un secret pour personne, Ouattara a toujours remporté les élections au Nord de la Côte d'Ivoire, Bédié au centre et à l'Est, Gbagbo à l'ouest et au sud. Le raz de marée de Ouattara au Nord du pays ne peut pas surprendre un Ivoirien honnête. Oui, c'est dommage mais c'est un constat et c'est vrai. De plus, c'est une utopique politique de mépriser Bédié et de croire qu'on pourrait s'octroyer tout son électorat sans son avis. Même si on a pu constater que des Ivoiriens ont, à un moment donné, nourri le secret espoir de voir une coalition Gbagbo-Bédié qui aurait à coup sûr sonné le glas à Ouattara. Gbagbo a préféré s'entourer d'une multitude de partis sans audience nationale avec le Congrès National de la Résistance Démocratique (CNRD) comme réponse à la mise en place de la grande machine politique du RHDP. En fait, le FPI a toujours été isolé sur la scène politique nationale par Gbagbo qui a toujours œuvré à la disparition du PDCI et qui, entre temps, devenu « un boulanger » n'inspire plus confiance à personne si ce n'est ceux qu'il entretient et qui le soutiennent dans sa « dictature démocratique ». Une minorité avait pour stratégie politique d'étouffer la majorité des Ivoiriens par tous les moyens. La vérité c'est que la coalition RHDP n'a pas du tout laissé de marge de manœuvre à Gbagbo pour sa réélection. Il ne pouvait que rechercher une autre solution et la meilleure ne peut être que du côté de la légalité institutionnelle qu'il a toujours su maîtriser depuis le tripatouillage juridique qui a précédé les élections de 2000.
La force de la loi n'est pas du côté des institutions qui ne sont que délégataire mais inévitablement du côté du peuple détenteur exclusif de tout pouvoir lié à la souveraineté nationale si défendue.

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