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Société Publié le samedi 15 janvier 2011 | Nord-Sud

Stress, tension dans les foyers et bureaux : Dur, dur la crise

La crise post-électorale agrandit chaque jour son lot de victimes. A côté des morts et des blessés, il y a les personnes gagnées par la névrose. La peur, l’angoisse, le stress sont devenus leur quotidien.

Devant la cité Sogéfia de Cocody, siège, depuis plus d’un mois, une forte concentration de Fds, soutenues par des véhicules de guerre. Une présence rassurante pour les habitants de la cité. Du moins, ceux dont les fenêtres ne donnent pas sur le boulevard Latrille, au bord duquel se trouve le check-point. Al’inverse, difficile de trouver la tranquillité. Une balle perdue peut à tout moment pénétrer dans l’une des chambres et, bonjour les dégâts. En témoigne un habitant de la cité dont la fenêtre de la chambre donne sur la route et le check-point. « Le jeudi 16 décembre, pendant la marche des militants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) pour prendre la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti), il y a eu des tirs. Dieu merci, aucune balle ne s’est dirigée vers les bâtiments. Mais, lorsque les Fds ont jeté du gaz lacrymogène, nous étions obligés de quitter nos chambres parce que la fumée y pénétrait », explique-t-il. Ce jour-là, beaucoup ont préféré aller habiter ailleurs. Tout comme lui, des habitants de la cité sont continuellement angoissés par le fait qu’ils habitent non loin de la Rti, assez convoitée par les politiques. A la moindre attaque, ils peuvent se trouver dans le lot de victimes innocentes. Hormis cette situation très gênante, il y a la psychose des armes à feux qui stresse à longueur de journée. «La nuit, chaque fois que je suis couché sur mon lit, j’entends des éléments des Fds armer où désarmer leurs kalachnikovs avec assez de bruits. Cela a fini par réveiller ma crise d’ulcère», explique un autre habitant de la cité. Beaucoup préfèrent aller habiter chez des familles à Abobo ou à Yopougon. Mais, ailleurs qu’à Cocody, ce n’est pas la tranquillité non plus. Le stress et l’angoisse exacerbent. Abobo est l’une des communes les plus touchée. Ce quartier populaire d’Abidjan est le plus agité par les troubles, notamment les tueries de mardi et mercredi derniers. A cela s’ajoute le couvre-feu instauré par l’ex-chef d’Etat, qui s’accroche au pouvoir. Par prudence, certaines familles ont adopté la stratégie du « confinement à la maison ». On ne sort que pour faire l’essentiel, comme acheter quelque chose à la boutique, faire le marché. « Lorsque je m’éloigne de la maison, je reçois aussitôt un coup de fil de ma mère qui me dit de rentrer à la maison », explique Bamba G., un élève qui habite Abobo-Avocatier. Son frère, Aboulaye, qui fait la mécanique à Adjamé, ne va plus au travail. Ses parents lui ont demandé de rester à la maison jusqu’à ce que la situation du pays se calme. « Je passe mon temps à la maison à dormir et regarder la télévision. Maintenant, j’ai des troubles d’insomnie la nuit, à cause de l’angoisse », explique-t-il. Ceux qui se rendent au travail tous les jours, c’est la peur au ventre qu’ils sortent de chez eux avec l’idée qu’on peut tomber à tout moment sur des échauffourées, dehors. Au bureau, l’ambiance est souvent lourde entre travailleurs à cause du stress de la situation que beaucoup de gens ne parviennent pas à gérer. Surtout dans les petites et moyennes entreprises (Pme), très affectées par la crise. « Nous sommes au bord de la fermeture parce qu’il n’y a pas de clients, le patron nous demande d’en trouver forcément. Il pique de plus en plus des crises de colère », explique un travailleur d’une agence de vente d’accessoires autos, située aux-II-Plateaux. Plusieurs salariés de Pme ont perdu leur emploi à cause du blocage post-électoral. La pression, devenue insupportable provoque de graves tensions. Une femme habitant Yopougon Maroc a piqué une crise cérébrale en suivant le journal télévisé de la Radio télévision ivoirienne.

Foyers sous tension

Dans les foyers, pas facile de gérer la situation. Les difficultés à assurer les charges de la maison rendent nerveux. Le chef de famille s’emporte pour peu. Moulaye B., un chauffeur de wôrô-wôrô sur la ligne Cocody-Angré, affirme que sa femme ne comprend rien à la situation. Elle continue, selon lui, de penser à sa garde robe alors qu’il éprouve du mal à assurer la popote et les charges de la maison. Cela provoque à chaque fois des prises de bec dans le foyer. Il n’est pas le seul dans cette situation. A Yopouogon, non loin de la cité de la prison civile, un chef de famille a transporté l’unique télévision qu’ils regardaient chez un ami après s’être disputé avec sa femme.

Pendant qu’il voulait regarder ses films pour ne pas penser à la situation de crise post-électorale, sa femme, elle, tenait à suivre le journal télévisé de la Rti. Monsieur a trouvé cela scandaleux. « Si c’est comme-ça, la télé ira habiter chez le voisin pendant un certain temps ». Vivement que la situation se rétablisse au plus vite sinon…

Raphaël Tanoh
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