La Côte d’Ivoire va mal. Ce n’est un secret pour personne. Le secteur privé qui a sonné l’alarme va de mal en pis et l’administration n’est pas en reste. En effet, la situation délétère occasionnée par le président sortant Laurent Gbagbo est loin de profiter au pays. Depuis sa confiscation du pouvoir, la fonction publique tourne au ralenti. Et l’adage qui dit que « quand l’économie va, tout va » s’en trouve bien fondé. Les perturbations enregistrées au niveau de l’activité portuaire, dans l’import-export et au niveau du trafic des marchandises dans l’hinterland ont des impacts réels sur l’administration douanière. G.D., agent des douanes ne dit pas le contraire. « Ici le personnel est à son poste mais c’est le volume de travail qui a beaucoup baissé. Avec le ralentissement qu’on enregistre au Port, nous traitons moins de dossiers. Au niveau des importations, si nous enregistrions 50 mille tonnes de marchandises auparavant, c’est à peine la moitié qu’on enregistre aujourd’hui. Les agents viennent font ce qu’ils ont à faire et rentrent chez eux, mais à un rythme moindre » nous fait savoir notre agent de douanes. Tout comme à l’aéroport, la baisse du trafic aérien connaît aussi un impact sur le travail des agents en poste. « La Côte d’Ivoire est presque sur une liste rouge et les passagers se font rares. Parfois les quais d’embarquement sont presque vides et des vols sont annulés. Il va de soit que le travail connaisse aussi un ralentissement » a fait savoir A.M. agent de police à l’aéroport. C’est le même constat d’ensemble qu’on a pu observer dans les autres administrations. Pour A.N., agent des impôts, les troubles causées par la situation dans les entreprises privées empêchent celles-ci de faire face à leurs engagements fiscaux. « Beaucoup d’entreprises sont dans ce cas malheureusement. Mais la situation n’arrange pas les choses » souligne-t-il. En effet, selon A.N. les services de recouvrement peinent à faire rentrer de l’argent et ça se ressent au niveau du travail. « Les agents viennent au bureau mais repartent souvent tôt parce qu’il n’y a pas trop de boulot à faire » ajoute-il. Contrairement à ce que vont croire les hommes de Gbagbo, les ministères de la santé et de l’éducation nationale tournent également au ralenti. Bien que présents à leurs postes, les agents décident eux-mêmes des horaires de travail. « Ici, les agents commencent à quitter les bureaux dès midi ou même l’après-midi » nous confie S.K., agent au ministère de la santé. Selon lui, cela est du à la situation que vit la Côte d’Ivoire. « Il est devenu très compliqué de travailler maintenant. Nous fonctionnons difficilement puisque nous n’avons pas encore de budget et les programmes de lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme, l’ulcère de Burili et de lutte contre la tuberculose, qui étaient en cours ont tous été arrêtés. Du coup, on s’ennuient un peu dans les bureaux » avoue-t-il. Quant à Y.T. du ministère de l’éducation nationale, il attend sa mutation. « J’ai été relevé de mon poste pour un autre. J’attends donc d’être reconduit. En attendant, je passe de temps à temps au bureau pour signaler ma présence et voir comment le travail évolue. Mais en réalité, il est au ralenti » fait remarqué notre agent. Malheureusement, par la faute d’un individu, toute la Côte d’ivoire est entrain d’aller vers l’abîme.
Sogona Sidibé
Sogona Sidibé