Les affrontements à Lakota ont pris depuis jeudi dernier une autre tournure. Des mercenaires et miliciens ont été convoyés pour prêter main forte aux forces de défense et sécurité en place. Dès leur arrivée, les chiens de guerre ont fait parler d’eux en attaquant à l’arme lourde une partie de la ville. Précisément le quartier Dioulabougou. Selon des témoins, les mercenaires et miliciens appuyés de quelques éléments de la CRS et de la BAE ont tiré à balles réelles sur les habitants de ce quartier. Des roquettes ont été également tirées. Une est tombée dans la cour de M. Anzoumana Sidibé, le responsable de la communauté malienne et l’autre chez M. Bangaly Kouyaté, habitant de Dioulabougou. Les hommes en arme, selon des habitants du quartier, ont fait usage de grenades offensives et de mitrailleuses. Le bilan de cette barbarie est lourd. Deux jeunes du quartier ont été abattus pendant qu’ils cherchaient à regagner leur domicile. Leurs corps ont été par la suite brûlés par leurs bourreaux. L’attaque qui a duré de midi à 18 heures a également fait huit blessés graves. Les habitants de Dioulabougou, terrorisés, craignent pour leur vie. Car les renforts venus de Divo et d’Abidjan menacent de bombarder certains quartiers. A cet effet, les cadres du FPI de la région ont demandé aux populations autochtones de quitter la ville pour se réfugier dans les villages environnants. Hier au moment où nous mettions sur presse, la situation était très tendue dans la ville. Lakota ressemblait à une ville fantôme. Les populations allogènes, restées sur place, redoutent le pire. Car les cadres FPI de la région ont promis raser le quartier Dioulabougou sous prétexte que des « rebelles en arme » s’y sont réfugiés. Dans tous les quartiers, les autochtones faisaient leurs bagages pour quitter la ville. Car les FDS s’apprêteraient à attaquer le quartier pour débusquer des « rebelles en arme ». Avec les derniers propos du porte-parole de Laurent Gbagbo, Ahoua Don Mello qui parle de mener une « guerre impitoyable aux rebelles qui sont à Abobo, Duékoué et à Lakota », il faut craindre des tueries massives dans les heures qui suivent. L’ONUCI, que les populations appellent de tous leurs vœux, est donc avertie.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly