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Afrique Publié le mardi 18 janvier 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Repère / Le 1er juillet 1962 - Le Mali sortait de l’Uemoa et battait monnaie

Le 1er juillet 1962, le Mali de Modibo Kéita battait sa propre monnaie, le franc malien, après un vote de l’assemblée nationale le 30 juin 1962. Le Mali tournait ainsi le dos au traité du 12 mai 1962 instituant l’Uemoa, ancêtre de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Cette décision faisait suite aux divergences de vue entre la jeune république du Mali et la puissance colonisatrice, la France. Mais mieux, selon Lamine Sidibé, chercheur malien, ‘’la création du franc malien (FM), en même temps qu’elle était perçue comme pour tirer les conséquences de l’éclatement de la fédération du Mali, répondait également au double souci politique et économique de parvenir à une indépendance nationale vraie et de forger un instrument essentiel à la politique de modernisation d’une économie’’. Cette option souveraine du Mali brisait en elle-même la règle traditionnelle de convertibilité des monnaies de la zone. Le franc malien n'est pas convertible et la détention de l'ancienne devise (le FCFA) est interdite. Evidemment, elle traduisait aussi un débordement contre lequel la France va s’élever. Le Mali n’en aura cure. Les dirigeants persisteront dans leur orientation. Le jeune Etat avait-il pris toute la mesure et la portée de son choix ? Le fossé entre le discours politique et la réalité va se faire sentir. Loin du discours politique, la réalité exigeait une gestion rigoureuse de l’instrument monétaire. Le Mali ne disposait d’aucune ressource capable de garantir ses émissions monétaires en vue de satisfaire ses besoins du moment. Et la nouvelle monnaie va entraîner une inflation galopante malgré le soutien des pays du bloc communiste d’alors. Nous étions en pleine guerre froide et le Mali s’était rapproché des régimes socialistes du bloc de l’Est. La Tchécoslovaquie, la Pologne et l’URSS (Union des républicains socialistes soviétiques) comptaient parmi ses principaux alliés. Les échanges du Mali avec ses voisins de la zone Franc vont péricliter. La non convertibilité de la nouvelle monnaie et l’interdiction de ne pas détenir les anciennes devises aggravent les dissensions avec les commerçants. On note une diminution drastique des exportations et l’augmentation des avances non remboursables de la Banque centrale du Mali au trésor public. Du coup les crédits à l’économie passent entre 1962 et 1964 de 7 à 15 milliards de Francs maliens et la circulation fiduciaire de 8 à 12 milliards de Francs maliens. La situation du Mali devient chaotique. Elle se caractérise par la dégradation des échanges et un endettement extérieur lourd. Les avoirs extérieurs tombent entre 1962 et 1964 de +1 milliard à -3 milliards de francs selon Lamine Sidibé. Une situation préoccupante qui aboutit à la dévaluation du franc malien de 50 %, le 6 mai 1967. Devant la situation de quasi blocage, Modibo Kéita décide de tenter des négociations avec la France. Il obtient au prix de mille et une difficultés l’ouverture du compte d’opération auprès du trésor français après des accords intervenus, le 15 février 1967. Et qui prévoyaient une période transitoire de mise en ordre des structures économiques, monétaires et financières du Mali. De nouveaux accords sont signés entre la France et le Mali le 20 décembre 1967 qui consacrent la création d’un institut d’émission franco-malien à la place de la banque centrale du Mali, la libre convertibilité du franc malien et la poursuite du processus d’intégration du Mali à l’Umoa ? En juillet 1984, le Mali.
Sylvain Débailly

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