Rues désertes, magasins fermés et étales vides. Il est 13 heures. La commune d’Abobo ressemble fort bien à une cité fantôme. D’ordinaire, grouillant du monde, les populations d’Abobo sont terrées chez elles. De la casse en passant par Anador et au rond-point, tout est désert. Les passants se comptent au bout des doigts. Ceux qui battent le pavé sont majoritairement des travailleurs journaliers de la Filtisac. Arborant leurs tenues au logo de leur entreprise. Ils marchent en file indienne pour regagner leur domicile respectif. Aucun attroupement de femmes, encore moins d’hommes, n’est perceptible. Le transport est complètement paralysé. Aucun ‘’Gbaka ni woro-woro’’ ne circule. Aucun quartier d’Abobo n’est desservi par un quelconque véhicule. Des responsables des stations d’Essence d’Abobo ont préféré raccrocher leurs pompes, faute de client. Les véhicules personnels quant à eux circulent à peine dans cette commune. A l’entrée de certains quartiers, des jeunes, pour une question de sécurité, ont dressé des barricades. Impossible donc d’y avoir accès. La vie est littéralement arrêtée dans la plus grande commune du District d’Abidjan. L’appel du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix(RHDP) à observer le mot d’ordre de désobéissance civile ou ‘’pays mort’, est suivi à cent pour cent par les habitants d’Abobo. Première conséquence, aucun véhicule de cette commune ne desservait Adjamé et les quartiers environnants. Les commerces étaient également paralysés. Mêmes les marchés des quartiers sont restés fermés. Tous les étals sont vides. Même les vendeurs ambulants qui d’ordinaire bravent ce genre d’appel ne sont pas sortis. Les discothèques contiguës aux marchés ont purement et simplement cessé de distiller de la musique. Le mot d’ordre y a été tellement suivi que toute personne qui s’y aventure à des appréhensions. Seuls on pouvait voir quelques véhicules appartiennent aux FDS. Des Pick-up blanches sans immatriculation surmontés de mitraillettes roulant à vives allures. On peut donc le dire, Abobo a battu le record de la désobéissance civile. Le secteur du transport ‘’poids lourd’’ n’est guère demeuré en reste. Tous les gros camions ont garé. Les cars interurbains (desservant Gagnoa, Bondoukou et Bouaké) n’ont pas roulé. Le portail de la gare d’UTB d’Abobo est resté hermétiquement fermé. Les vigiles qui d’ordinaire régulent les entrées et sorties des cars ont brillé par leur absence. Le mot d’ordre selon les initiateurs s’accentuera aujourd’hui. Des transporteurs projettent de tout bloquer, au point où aucun camion de marchandises et vivriers ne pourra rentrer à Abidjan.
Anzoumana Cissé
Anzoumana Cissé