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Politique Publié le vendredi 21 janvier 2011 | Nord-Sud

Pressé, lâché... - Gbagbo : un homme en prison

Si ce n'est pas la prison, ça y ressemble fort. Plus que le nouveau président, Alassane Ouattara qui, pour des conditions sécuritaires, vit reclus au Golf hôtel avec l'ensemble de son gouvernement, Laurent Gbagbo est condamné à faire la navette entre sa résidence et le palais présidentiel. Jamais au-delà. Pis, l'idée de voyager hors du pays est la dernière chose qui lui traverserait l'idée en ce moment. C'est depuis qu'il a décidé de s'accrocher au pouvoir que l'ancien chef de l'Etat, plutôt habitué aux balades pour prendre des bains de foule, est ainsi contraint de vivre lui aussi en réclusion. Une seule explication suffit à expliquer cette situation de tourner sur soi-même. C'est que le chef de file des ''Refondateurs'', n'a plus la maîtrise totale sur les réalités du terrain. D'où sa liberté de circulation limitée. En effet, alors qu'il tentait, avec l'Accord politique de Ouagadougou, de reprendre la main sur la partie septentrionale du pays, perdue depuis septembre 2002, plusieurs localités qui étaient jusque-là considérées comme dans le giron de la ''République'', lui ont visiblement filé entre les doigts. La perte est d'autant plus déroutante que même certaines communes dans la capitale économique, Abidjan censée être totalement sous le contrôle de forces qui lui sont encore loyales, paraissent scabreuses. Du coup, depuis la fin du scrutin du 28 novembre 2010, l'ancien chef de l'Etat est confiné entre sa résidence située à Cocody et les bureaux de la présidence de la République, au Plateau. Toute chose qui fait que le très enthousiaste Laurent Gbagbo est dans l'impossibilité d'aller accueillir à l'aéroport de Port-Bouët, les hôtes de la Côte d'Ivoire qui ont défilé depuis le déclenchement de la crise post-électorale. « Dans le contexte actuel, il n'est même pas sûr d'avoir la sécurité dont il a besoin à 100% dans son propre village », réagit un observateur de la scène politique. S'agissant des déplacements à l'extérieur, ils sont considérés comme totalement suicidaires. Plus comme en 2003 où il s'est rendu à Paris pour parapher l'Accord de Linas-Marcoussis, l'idée de voyager n'effleure même pas l'esprit de Laurent Gbagbo qui aurait bien aimé aller prendre un bol d'air voire quelque conseil chez l'homme fort de Luanda. Car, dans cet environnement international particulièrement hostile, tout déplacement hors du pays serait synonyme de départ en exil dans la mesure où la garantie du retour n'existe pas. Surtout que tous ceux qui accusent le régime de la Refondation d'avoir perpétré des actes de violence inouïe, pourraient en profiter pour mettre le grappin sur la clé de voûte du système pour la livrer à la justice internationale. Dans ces conditions, il y a fort à parier qu'Alassane Ouattara et Guillaume Soro sont plus libres de leurs mouvements que Laurent Gbagbo et ses partisans, interdits de déplacement dans l'espace européen. Même le Soudanais Omar el-Béchir, poursuivi par la Cour pénale internationale (Cpi) s'en sort mieux !

Marc Dossa


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