Dans la perspective du sommet de l'Union africaine, l'ancien président sud-africain, Thabo M'Béki, a rendu public le rapport de sa mission de médiation dans la crise post-électorale en Côte d'Ivoire. Un document truffé de mensonges dans lequel le parti-pris de M. M'Béki pour Laurent Gbagbo est sans égal.
Si ce n'est pas de la mauvaise foi, ça y ressemble étrangement. Le rapport de Thabo M'Béki, rendant compte de sa mission de bons offices en Côte d'Ivoire, le 5 décembre 2010, apparaît plus comme un plaidoyer en faveur de l'ancien chef de l'Etat, Laurent Gbagbo. Car, en plus de reprendre les thèses de fraudes au Nord, le rapport produit par le premier émissaire dépêché par l'Union africaine pour trouver solution à la crise post-électorale en Côte d'Ivoire, est un condensé de contradictions surprenantes. Comme s'il était un homme neuf dans la crise ivoirienne et oubliant que c'est sous son égide que le principe de validation des résultats du scrutin par une instance neutre a été adopté, Thabo M'Béki met en doute la certification de la présidentielle par Young Jin Choi, le Représentant de l'Onu en Côte d'Ivoire. «M. Gbagbo a indiqué que des irrégularités massives ont eu lieu dans le nord du pays et dans des zones sous contrôle des Forces Nouvelles. Ces irrégularités ont consisté à l'empêchement des électeurs à exprimer leurs droits constitutionnels de vote, l'expulsion de ses représentants des bureaux de vote ou leur interdiction d'y accéder, actes excessifs de violence et d'intimidation, y compris mort d'homme, blessures graves infligées à beaucoup d'autres, viol de femmes et incendies de domiciles de ses partisans. M. Gbagbo a indiqué que sa position ''n'est pas liée au fait qu'il veuille s'accrocher au pouvoir mais parce qu'il aime son pays''. Il dit qu'il aurait accepté l'issue du scrutin, si sa défaite était régulière et juste. Il soutient ne pas accepter tout processus qui pourrait avoir un impact négatif sur le pays, tel que le non-respect de la Constitution et de ses lois ; il a indiqué que s'il avait perdu ces élections de manière juste, il aurait quitté le pouvoir sans regrets, dans la mesure où la Constitution du pays contient une disposition qui met l'ancien chef d'Etat à l'abri du besoin.
L’Avocat déguisé
en médiateur
C'est d'ailleurs cette disposition dont bénéficie l'ancien président Henri Konan Bédié. En outre, M. Gbagbo a indiqué qu'il avait d'autres activités auxquelles il pourrait se consacrer s'il venait à perdre le pouvoir dans une élection juste et régulière », a-t-il commencé par prendre la défense de son ami, banalisant ainsi les actes de violences perpétrés dans les zones gouvernementales. Mais, comme rappelé par son devoir de neutralité, il se permet quand même de relever les insuffisances de sa mission de bons offices. « Il ne nous a pas été possible de conduire nos investigations sur les décisions de la Cei, du Conseil constitutionnel et du Représentant Spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour déterminer laquelle des décisions est la plus crédible », confesse dans ses observations, M. M'Béki qui déclarait pourtant à son arrivée à Abidjan, le 5 décembre dernier, qu'il est venu « rencontrer toutes les parties engagées dans le processus électoral en Côte d'Ivoire. Notamment le conseil constitutionnel, la Commission électorale et tous les partenaires. Je vais rencontrer tout ce monde pour avoir un point de vue général à partir du point de vue de chacune des parties. Je ne peux donc pas m'engager à donner des conclusions ou des schémas. Je dis que je suis venu écouter toutes les parties ». Après avoir fait ce plaidoyer, l'ancien président sud-africain propose comme voie de dénouement de la crise, une rencontre entre le nouveau président, Alassane Ouattara et le perdant du scrutin, Laurent Gbagbo. « La seule voie de règlement de la crise ivoirienne est de persuader Messieurs Gbagbo et Ouattara d'entamer des négociations en vue de trouver une issue acceptable à la crise post-électorale », propose-t-il.
Les limites de la médiation
Toute chose qui ressemble étrangement à la main tendue de Lmp dont le chef de file s'accroche à un pouvoir pourtant perdu dans les urnes. « Si cela n'est pas fait, il est clair que le pays connaîtra une guerre destructive qui aura pour conséquences de nombreuses pertes en vies humaines et des destructions de biens. Cette guerre naîtra des conséquences des points inachevés de la rébellion de 2002, dont l'impact négatif s'est accentué avec les élections présidentielles. Il faut prendre soin de ne pas présenter la crise ivoirienne comme étant un conflit entre « les bonnes gens » et les « mauvaises gens », ce qui rendrait l'idée d'un accord négocié beaucoup plus difficile. La crise ne résulte pas du fait qu'il y a dans le pays des anges et des démons. La crise est née des problèmes structurels profonds qui ont pris forme dans la société ivoirienne. Il est donc très important de les connaître et de les régler tous ensemble si l'on souhaite arriver à une solution durable et complète de la crise ». En d'autres termes, l'ancien président ne tient pas à ce que la crise trouve rapidement une solution.
Cerise sur le gâteau, Thabo M'Béki, loin d'être habité par l'humilité, prescrit formellement que si son rapport est rangé dans un tiroir, la Côte d'Ivoire va sombrer. « Les propositions que nous faisons devront être mises en application immédiatement étant entendu que tout retard pourrait conduire au déclenchement de la violence et de la guerre qui pourrait voir le jour à tout moment », ajoutant qu'il « est très important que l'Union Africaine se joigne immédiatement à la Cedeao en vue de mettre en place un Comité de Médiation composé de chefs d'Etat ou de gouvernement en exercice pour aider les parties ivoiriennes à arriver à un règlement négocié de la crise ». Fort heureusement, les chefs d'Etat de l'UA, pour se faire une nette idée de la situation qui prévaut en Côte d'Ivoire, ont décidé de s'informer auprès d'autres sources. Un désaveu pour M. M'Béki.
Marc Dossa
Si ce n'est pas de la mauvaise foi, ça y ressemble étrangement. Le rapport de Thabo M'Béki, rendant compte de sa mission de bons offices en Côte d'Ivoire, le 5 décembre 2010, apparaît plus comme un plaidoyer en faveur de l'ancien chef de l'Etat, Laurent Gbagbo. Car, en plus de reprendre les thèses de fraudes au Nord, le rapport produit par le premier émissaire dépêché par l'Union africaine pour trouver solution à la crise post-électorale en Côte d'Ivoire, est un condensé de contradictions surprenantes. Comme s'il était un homme neuf dans la crise ivoirienne et oubliant que c'est sous son égide que le principe de validation des résultats du scrutin par une instance neutre a été adopté, Thabo M'Béki met en doute la certification de la présidentielle par Young Jin Choi, le Représentant de l'Onu en Côte d'Ivoire. «M. Gbagbo a indiqué que des irrégularités massives ont eu lieu dans le nord du pays et dans des zones sous contrôle des Forces Nouvelles. Ces irrégularités ont consisté à l'empêchement des électeurs à exprimer leurs droits constitutionnels de vote, l'expulsion de ses représentants des bureaux de vote ou leur interdiction d'y accéder, actes excessifs de violence et d'intimidation, y compris mort d'homme, blessures graves infligées à beaucoup d'autres, viol de femmes et incendies de domiciles de ses partisans. M. Gbagbo a indiqué que sa position ''n'est pas liée au fait qu'il veuille s'accrocher au pouvoir mais parce qu'il aime son pays''. Il dit qu'il aurait accepté l'issue du scrutin, si sa défaite était régulière et juste. Il soutient ne pas accepter tout processus qui pourrait avoir un impact négatif sur le pays, tel que le non-respect de la Constitution et de ses lois ; il a indiqué que s'il avait perdu ces élections de manière juste, il aurait quitté le pouvoir sans regrets, dans la mesure où la Constitution du pays contient une disposition qui met l'ancien chef d'Etat à l'abri du besoin.
L’Avocat déguisé
en médiateur
C'est d'ailleurs cette disposition dont bénéficie l'ancien président Henri Konan Bédié. En outre, M. Gbagbo a indiqué qu'il avait d'autres activités auxquelles il pourrait se consacrer s'il venait à perdre le pouvoir dans une élection juste et régulière », a-t-il commencé par prendre la défense de son ami, banalisant ainsi les actes de violences perpétrés dans les zones gouvernementales. Mais, comme rappelé par son devoir de neutralité, il se permet quand même de relever les insuffisances de sa mission de bons offices. « Il ne nous a pas été possible de conduire nos investigations sur les décisions de la Cei, du Conseil constitutionnel et du Représentant Spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour déterminer laquelle des décisions est la plus crédible », confesse dans ses observations, M. M'Béki qui déclarait pourtant à son arrivée à Abidjan, le 5 décembre dernier, qu'il est venu « rencontrer toutes les parties engagées dans le processus électoral en Côte d'Ivoire. Notamment le conseil constitutionnel, la Commission électorale et tous les partenaires. Je vais rencontrer tout ce monde pour avoir un point de vue général à partir du point de vue de chacune des parties. Je ne peux donc pas m'engager à donner des conclusions ou des schémas. Je dis que je suis venu écouter toutes les parties ». Après avoir fait ce plaidoyer, l'ancien président sud-africain propose comme voie de dénouement de la crise, une rencontre entre le nouveau président, Alassane Ouattara et le perdant du scrutin, Laurent Gbagbo. « La seule voie de règlement de la crise ivoirienne est de persuader Messieurs Gbagbo et Ouattara d'entamer des négociations en vue de trouver une issue acceptable à la crise post-électorale », propose-t-il.
Les limites de la médiation
Toute chose qui ressemble étrangement à la main tendue de Lmp dont le chef de file s'accroche à un pouvoir pourtant perdu dans les urnes. « Si cela n'est pas fait, il est clair que le pays connaîtra une guerre destructive qui aura pour conséquences de nombreuses pertes en vies humaines et des destructions de biens. Cette guerre naîtra des conséquences des points inachevés de la rébellion de 2002, dont l'impact négatif s'est accentué avec les élections présidentielles. Il faut prendre soin de ne pas présenter la crise ivoirienne comme étant un conflit entre « les bonnes gens » et les « mauvaises gens », ce qui rendrait l'idée d'un accord négocié beaucoup plus difficile. La crise ne résulte pas du fait qu'il y a dans le pays des anges et des démons. La crise est née des problèmes structurels profonds qui ont pris forme dans la société ivoirienne. Il est donc très important de les connaître et de les régler tous ensemble si l'on souhaite arriver à une solution durable et complète de la crise ». En d'autres termes, l'ancien président ne tient pas à ce que la crise trouve rapidement une solution.
Cerise sur le gâteau, Thabo M'Béki, loin d'être habité par l'humilité, prescrit formellement que si son rapport est rangé dans un tiroir, la Côte d'Ivoire va sombrer. « Les propositions que nous faisons devront être mises en application immédiatement étant entendu que tout retard pourrait conduire au déclenchement de la violence et de la guerre qui pourrait voir le jour à tout moment », ajoutant qu'il « est très important que l'Union Africaine se joigne immédiatement à la Cedeao en vue de mettre en place un Comité de Médiation composé de chefs d'Etat ou de gouvernement en exercice pour aider les parties ivoiriennes à arriver à un règlement négocié de la crise ». Fort heureusement, les chefs d'Etat de l'UA, pour se faire une nette idée de la situation qui prévaut en Côte d'Ivoire, ont décidé de s'informer auprès d'autres sources. Un désaveu pour M. M'Béki.
Marc Dossa