Un socialiste aux antipodes de l'unité nationale et de l'intégration sous régionale. Tel est le vrai envisage du chef de la Refondation, Laurent Gbagbo. Pendant dix ans, l'homme a géré la Côte d'Ivoire de telle sorte que rien ne reste à ce beau pays de son unité et de ses rapports légendaires avec l'ensemble de la sous-région. Slogans anti-intégration, propos guerriers, attitudes bellicistes, Laurent Gbagbo a foutu en l'air les fondamentaux de l'unité nationale et l'intégration sous-régionale. L'homme est devenu l'ennemi numéro un de l'intégration africaine. Conséquence, les Ivoiriens lucides qui ne donnent pas dans la passion politique, sont aujourd'hui à regretter le premier président de la République. Le père de l'Indépendance, Félix Houphouët Boigny a toujours œuvré au renforcement de l'intégration sous-régionale et le leadership de la Côte d'Ivoire dans le concert des nations. Cette ouverture sur l'extérieur notamment aux pays africains, a permis à la Côte d'Ivoire de se hisser au rang des nations émergentes. Très envié de ses frères africains, la Côte d'Ivoire était la destination privilégiée de la sous-région et des investisseurs. Le pays va alors connaitre un essor économique sans précédent. Dans les années 1970, ce boum économique a été qualifié par les institutions financières internationales de « miracle économique ». Nul doute que la politique d'intégration, d'ouverture et d'immigration raisonnable, a été à la base de ces moments fastes de la Côte d'Ivoire. « La Côte d'Ivoire n'est ennemi de personne » aimait le vieux à dire. A cela, il faut ajouter la politique de cohésion nationale du père fondateur de la Côte d'Ivoire. Les Ivoiriens raisonnaient en Ivoirien avant de se savoir issus du Nord, du Sud, du Centre l'Est, ou l'Ouest. Sur ces bases solides d'unité nationale et d'intégration la Côte d'Ivoire a énormément fait du progrès sur le chemin du développement. Malheureusement, tous ces acquis ont fondu comme du beurre au soleil à l'accession de Laurent Gbagbo au pouvoir. Sa venue par césarienne au pouvoir était annonciatrice de la déconfiture de l'unité nationale et l'intégration sous-régionale qui prévaut dix ans après. En effet, en 2000, Gbagbo arrive au pouvoir par la rue avec l'appui d'une partie de l'armée après un hold-up électoral savamment orchestré avec la bénédiction d'amis socialistes français. Pour assoir son pouvoir mal acquis parce dans « des conditions calamiteuses » comme il aime à le dire, Gbagbo a une chasse à l'homme des gens du nord et des ressortissants des pays de la sous-région. Ces derniers, sous prétexte de contrôle de carte de séjour, feront l'objet de tracasseries de toutes sortes et dans le pire des cas d'assassinats gratuits. Les médias d'Etat et autres relais de la Refondation sont mis à contribution pour casser de l'étranger. En 2002, au lendemain de l'éclatement de la crise militaro-politique, la traque à l'étranger reprend de plus belle. Les slogans les plus sulfureux sont lancés ça et là par les partisans de Laurent Gbagbo. Aux différents corridors menant à Abidjan, les ressortissants des pays étrangers principalement ceux de la CEDEAO sont traqués. Le Burkina Faso qui a été accusé par le camp Gbagbo d'être l'instigateur de la rébellion armée, a payé un lourd tribut à la politique sectaire de Gbagbo à travers la destruction de leurs biens. En somme, de nombreux ressortissants du pays des hommes intègres résidants en Côte d'Ivoire ont été victimes à des degrés divers, de cette fâcheuse politique de Gbagbo. La libre circulation des biens et des personnes entre la Côte d'Ivoire et les pays de l'hinterland a pris du plomb dans l'aile. Et ce, à telle enseigne que ces pays désabusés ont carrément tourné le dos au Port d'Abidjan ou San-Pedro avant de se raviser à la faveur des accords de paix de Ouagadougou. Gbagbo le socialiste autoproclamé, à travers sa politique irrédentiste a mis en mal l'intégration de sous région.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté