Le tremblement de terre tant redouté par le camp Gbagbo n’a pas eu lieu. Bien au contraire, c’est le camp adverse, celui d’Alassane Dramane Ouattara qui s’en sort plus que désillusionné.
Les pro-Ouattara composés majoritairement de soutiens extérieurs attendaient d’être associés à la recherche de solution et à la prise de décision finale. De ce point de vue, ils ont fait chou blanc. Même s’ils ont obtenu quelques ‘’boniments’’ dans le communiqué final qui sanctionne la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Ua, ils savent très bien que les dirigeants africains jouent le dilatoire, le temps, autre nom de Dieu comme aime à le dire Gbagbo lui-même, devant permettre au leader de Lmp de consolider son pouvoir issu du scrutin du 28 novembre 2010. Le vendredi 28 janvier déjà, la veille du Sommet de l’Union africaine, les dirigeants africains ne s’étaient pas fait prier pour prendre en main « leur affaire ». « Notre objectif était de trouver une solution africaine au problème d’un pays africain qui ne peut être réglé que dans le génie, la sagesse, la culture et les valeurs africaines». Avait prévenu le Président de la Mauritanie Mohamed Ould Abdel Aziz. Mais déjà, craignant de voir saborder leur plan qui est d’imposer Alassane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire, le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon exprimait son inquiétude depuis Davos en Suisse. Au Forum économique, le Coréen enrageait à l’idée que le départ par la force de Laurent Gbagbo n’était pas soutenue par l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernements africains, et il avait craint une « divergence » de vue qui risquait de créer «une grave injustice» et «un fâcheux précédent» si l’idée du recomptage des voix proposée par le Président ivoirien avait été retenue. La ligne de défense, l’usage de la force, pour enlever le Président Laurent Gbagbo du pouvoir, n’a pu prospérer. Donnant ainsi un peu plus de relief au doute, deux semaines avant le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, qui s’était emparé des soutiens à Ouattara candidat malheureux de sa première et peut-être sa seule participation à une élection présidentielle à laquelle il ait pris part en Côte d’Ivoire. Ce que Nicolas Sarkozy et Ban Ki-moon redoutaient tant est donc arrivé. Les défenseurs du slogan “l’Afrique aux Africains’’, conduits par le vieux renard Robert Mugabe et dont font partie Jacob Zuma d’Afrique du Sud, José Edouardo Dos Santos d’Angola, Mouammar Kadhafi de Libye, Paul Kagamé du Rwanda, ont mené la cadence jusqu’à amener le Président français Nicolas Sarkozy à « biffer » les notes fâcheuses qui écorchent la Côte d’Ivoire de son discours. Très originale illustration de traiter un « invité spécial». Et ce n’est pas tout, les panafricanistes se sont même permis de tenir en laisse le Secrétaire général de l’Onu et le Président français. Les deux personnalités désormais confinées à négocier leur maintien dans le dispositif du règlement de la crise ivoirienne. Ban Ki-moon, se croyant bien inspiré, pousse le toupet de donner une feuille de route aux cinq chefs d’Etat africains – Jacob Zuma d’Afrique du Sud, Mohamed Ould Abdel Aziz de Mauritanie, Idriss Déby Itno du Tchad, Blaise Compaoré du Faso et Jakaya Kitweté de Tanzanie -, qui doivent composer le panel lequel réfléchira sur une sortie de crise apaisée. « On regarde vers l’avenir, je crois qu’il y a cinq principes qui doivent guider notre travail et votre travail, y compris celui du panel. Premièrement, il est impératif de se concentrer sur l’avenir et non sur le passé (Ouattara étant l’avenir selon Ban Ki-Moon et Gbagbo le passé, ndlr). Recompter les résultats de l’élection serait une grave injustice et provoquerait un précédent fâcheux… Cinquièmement, compte tenu du rôle unique de l’Organisation des Nations unies en Côte d’Ivoire, le groupe d’experts devrait travailler en étroite collaboration avec les Nations unies dans tous les aspects et toutes les étapes du processus. A cet égard, l’Onu est prête à fournir un haut-fonctionnaire pour travailler avec l’équipe d’experts qui soutiendra le panel…. » Comme on le voit, l’ingérence reprochée à la communauté internationale par les dirigeants africains a la peau dure. L’Onu ferraille dur pour être présente dans la « solution africaine » préconisée par les chefs d’Etat africains. Ecartée du processus de paix en Côte d’Ivoire, récusée par l’une des parties, Laurent Gbagbo, la communauté internationale réussira-t-elle à « infiltrer » le ‘’Panel des 5’’ ? Attendons de voir. Quant à l’Afrique digne, elle penche désormais vers « un audit des élections tant au Sud qu’au Nord de la Côte d’Ivoire », a indiqué samedi le premier vice-président émissaire du Président kenyan Mwai Kibaki à la sortie d’une audience avec le Président Laurent Gbagbo. Le camp Ouattara a de fortes chances de s’éterniser au Golf Hôtel. Pis, de tomber dans l’oubli de la communauté internationale, à l’allure où vont les choses. L’Union africaine donne un mois au Panel des 5 chefs d’Etat pour livrer les conclusions de ses travaux qui seront « contraignantes pour toutes les parties ivoiriennes avec lesquelles elles auront été négociées ».
Mais l’ampleur du dégât est stigmatisée par les mouvements rebelles ivoiriens. Dans leur dernier communiqué, par la voix de leur Secrétaire général Konaté Sidiki, les rebelles font suffisamment preuve d’un état d’esprit frileux : « les Forces nouvelles (qui viennent de prendre connaissance de la conférence de presse tenue par M. Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine) condamnent les tergiversations de M. Jean Ping, qui veut faire endosser l’idée d’un panel de chefs d’Etat pour ouvrir de nouvelles négociations en Côte d’Ivoire. Pour les Forces nouvelles, c’est une façon habile de faire perdurer la crise en Côte d’Ivoire et de donner du temps et les moyens de la manœuvre à l’ami Gbagbo. C’est pourquoi, les Forces nouvelles appellent le Président sud-africain, M. Jacob Zuma et l’Afrique du Sud à ne pas s’opposer, ni ruser avec la démocratie en Afrique. L’Afrique du Sud ne doit pas jouer le jeu de la confiscation du pouvoir et des présidences à vie en Afrique… » Leçon de démocratie d’une rébellion armée à un chef d’Etat démocratiquement élu, c’est à y perdre la boussole. Après le Sommet de l’Union africaine, place est désormais à une autre bataille que se livrera le camp Ouattara. Il s’agit d’éviter « le recomptage des voix », comprenez « l’audit des élections au Nord et au Sud». Car, ce sera « un précédent fâcheux » comme le dit le Secrétaire général de l’Onu Ban Ki-Moon, pour une « communauté internationale » censée ne jamais se tromper, de dire et se dédire sur le même sujet ; il y va de sa crédibilité. Mais comment réussir à imposer Alassane Ouattara candidat de l’étranger quand, le théâtre des opérations s’appelle la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, pays qui cristallise toutes les attentions du fait de ses riches potentiels humains et naturels et soutenus par des panafricanistes de tout le continent dans un contexte plutôt propice à la rupture avec le néo-colonialisme ? Nicolas Sarkozy qui attend tirer les marrons du feu, a du pain sur la planche pour maintenir la Côte d’Ivoire dans le giron français.
Simplice Allard
al08062317@yahoo.fr
Les pro-Ouattara composés majoritairement de soutiens extérieurs attendaient d’être associés à la recherche de solution et à la prise de décision finale. De ce point de vue, ils ont fait chou blanc. Même s’ils ont obtenu quelques ‘’boniments’’ dans le communiqué final qui sanctionne la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Ua, ils savent très bien que les dirigeants africains jouent le dilatoire, le temps, autre nom de Dieu comme aime à le dire Gbagbo lui-même, devant permettre au leader de Lmp de consolider son pouvoir issu du scrutin du 28 novembre 2010. Le vendredi 28 janvier déjà, la veille du Sommet de l’Union africaine, les dirigeants africains ne s’étaient pas fait prier pour prendre en main « leur affaire ». « Notre objectif était de trouver une solution africaine au problème d’un pays africain qui ne peut être réglé que dans le génie, la sagesse, la culture et les valeurs africaines». Avait prévenu le Président de la Mauritanie Mohamed Ould Abdel Aziz. Mais déjà, craignant de voir saborder leur plan qui est d’imposer Alassane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire, le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon exprimait son inquiétude depuis Davos en Suisse. Au Forum économique, le Coréen enrageait à l’idée que le départ par la force de Laurent Gbagbo n’était pas soutenue par l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernements africains, et il avait craint une « divergence » de vue qui risquait de créer «une grave injustice» et «un fâcheux précédent» si l’idée du recomptage des voix proposée par le Président ivoirien avait été retenue. La ligne de défense, l’usage de la force, pour enlever le Président Laurent Gbagbo du pouvoir, n’a pu prospérer. Donnant ainsi un peu plus de relief au doute, deux semaines avant le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, qui s’était emparé des soutiens à Ouattara candidat malheureux de sa première et peut-être sa seule participation à une élection présidentielle à laquelle il ait pris part en Côte d’Ivoire. Ce que Nicolas Sarkozy et Ban Ki-moon redoutaient tant est donc arrivé. Les défenseurs du slogan “l’Afrique aux Africains’’, conduits par le vieux renard Robert Mugabe et dont font partie Jacob Zuma d’Afrique du Sud, José Edouardo Dos Santos d’Angola, Mouammar Kadhafi de Libye, Paul Kagamé du Rwanda, ont mené la cadence jusqu’à amener le Président français Nicolas Sarkozy à « biffer » les notes fâcheuses qui écorchent la Côte d’Ivoire de son discours. Très originale illustration de traiter un « invité spécial». Et ce n’est pas tout, les panafricanistes se sont même permis de tenir en laisse le Secrétaire général de l’Onu et le Président français. Les deux personnalités désormais confinées à négocier leur maintien dans le dispositif du règlement de la crise ivoirienne. Ban Ki-moon, se croyant bien inspiré, pousse le toupet de donner une feuille de route aux cinq chefs d’Etat africains – Jacob Zuma d’Afrique du Sud, Mohamed Ould Abdel Aziz de Mauritanie, Idriss Déby Itno du Tchad, Blaise Compaoré du Faso et Jakaya Kitweté de Tanzanie -, qui doivent composer le panel lequel réfléchira sur une sortie de crise apaisée. « On regarde vers l’avenir, je crois qu’il y a cinq principes qui doivent guider notre travail et votre travail, y compris celui du panel. Premièrement, il est impératif de se concentrer sur l’avenir et non sur le passé (Ouattara étant l’avenir selon Ban Ki-Moon et Gbagbo le passé, ndlr). Recompter les résultats de l’élection serait une grave injustice et provoquerait un précédent fâcheux… Cinquièmement, compte tenu du rôle unique de l’Organisation des Nations unies en Côte d’Ivoire, le groupe d’experts devrait travailler en étroite collaboration avec les Nations unies dans tous les aspects et toutes les étapes du processus. A cet égard, l’Onu est prête à fournir un haut-fonctionnaire pour travailler avec l’équipe d’experts qui soutiendra le panel…. » Comme on le voit, l’ingérence reprochée à la communauté internationale par les dirigeants africains a la peau dure. L’Onu ferraille dur pour être présente dans la « solution africaine » préconisée par les chefs d’Etat africains. Ecartée du processus de paix en Côte d’Ivoire, récusée par l’une des parties, Laurent Gbagbo, la communauté internationale réussira-t-elle à « infiltrer » le ‘’Panel des 5’’ ? Attendons de voir. Quant à l’Afrique digne, elle penche désormais vers « un audit des élections tant au Sud qu’au Nord de la Côte d’Ivoire », a indiqué samedi le premier vice-président émissaire du Président kenyan Mwai Kibaki à la sortie d’une audience avec le Président Laurent Gbagbo. Le camp Ouattara a de fortes chances de s’éterniser au Golf Hôtel. Pis, de tomber dans l’oubli de la communauté internationale, à l’allure où vont les choses. L’Union africaine donne un mois au Panel des 5 chefs d’Etat pour livrer les conclusions de ses travaux qui seront « contraignantes pour toutes les parties ivoiriennes avec lesquelles elles auront été négociées ».
Mais l’ampleur du dégât est stigmatisée par les mouvements rebelles ivoiriens. Dans leur dernier communiqué, par la voix de leur Secrétaire général Konaté Sidiki, les rebelles font suffisamment preuve d’un état d’esprit frileux : « les Forces nouvelles (qui viennent de prendre connaissance de la conférence de presse tenue par M. Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine) condamnent les tergiversations de M. Jean Ping, qui veut faire endosser l’idée d’un panel de chefs d’Etat pour ouvrir de nouvelles négociations en Côte d’Ivoire. Pour les Forces nouvelles, c’est une façon habile de faire perdurer la crise en Côte d’Ivoire et de donner du temps et les moyens de la manœuvre à l’ami Gbagbo. C’est pourquoi, les Forces nouvelles appellent le Président sud-africain, M. Jacob Zuma et l’Afrique du Sud à ne pas s’opposer, ni ruser avec la démocratie en Afrique. L’Afrique du Sud ne doit pas jouer le jeu de la confiscation du pouvoir et des présidences à vie en Afrique… » Leçon de démocratie d’une rébellion armée à un chef d’Etat démocratiquement élu, c’est à y perdre la boussole. Après le Sommet de l’Union africaine, place est désormais à une autre bataille que se livrera le camp Ouattara. Il s’agit d’éviter « le recomptage des voix », comprenez « l’audit des élections au Nord et au Sud». Car, ce sera « un précédent fâcheux » comme le dit le Secrétaire général de l’Onu Ban Ki-Moon, pour une « communauté internationale » censée ne jamais se tromper, de dire et se dédire sur le même sujet ; il y va de sa crédibilité. Mais comment réussir à imposer Alassane Ouattara candidat de l’étranger quand, le théâtre des opérations s’appelle la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, pays qui cristallise toutes les attentions du fait de ses riches potentiels humains et naturels et soutenus par des panafricanistes de tout le continent dans un contexte plutôt propice à la rupture avec le néo-colonialisme ? Nicolas Sarkozy qui attend tirer les marrons du feu, a du pain sur la planche pour maintenir la Côte d’Ivoire dans le giron français.
Simplice Allard
al08062317@yahoo.fr