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Politique Publié le mardi 1 février 2011 | Le Patriote

Konaté Sidiki, membre influent des Forces Nouvelles crie sa colère : “Nous récusons le délai de L’UA”

Sidiki Konaté est un membre influent des Forces Nouvelles. Proche collaborateur du Premier ministre Guillaume Soro, il s’est engagé depuis lors dans le combat pour la démocratisation de la Côte d’Ivoire. Dans cette interview qu’il nous a accordée, le ministre s’élève contre le panel des chefs d’Etats sur la crise créée par l’UA pour trouver une issue pacifique à la crise poste-électorale en Côte d’Ivoire. Par ailleurs, Konaté Sidiki dénonce le jeu trouble de certains dirigeants de l’UA, notamment Jean Ping. Face aux exactions contre les populations, il est formel que l’heure de la colère nationale a sonné contre Gbagbo et les siens.

Le Patriote : Monsieur le Ministre, l’UA vient de décider d’un panel de cinq présidents pour résoudre la crise née de la présidentielle du 28 novembre dernier.
Konate Sidiki : Le Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA a pris deux décisions qui ont été entérinées par la réunion des chefs d’Etat de l’union africaine.
La première décision dit de façon claire, nette et définitive que le vainqueur des élections du second tour en Côte d’Ivoire est le candidat du RHDP, SEM le président Alassane Ouattara. C’était une évidence qui vient d’être reconfirmée encore par l’Union Africaine. Définitivement donc, le président élu par les ivoiriens de façon démocratique est le président Alassane Ouattara reconnu comme tel par la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union Européenne, l’ONU, et tous les grands pays démocratiques du monde. Quand on sait le flou que certains chefs d’Etat (du reste très minoritaires) en mission pour leur ami Gbagbo semaient dans l’esprit de l’opinion avant ce sommet, on est rassuré que le mensonge et la calomnie de M. Gbagbo et des siens aient été balayés par l’Union Africaine. Mais cela ne saurait suffire pour faire dégager le candidat perdant M. Gbagbo du palais qu’il usurpe.
La deuxième décision dit que sur cette base, un panel de Chefs d’Etat sera en mission pour faciliter le départ de M. Gbagbo du palais et permettre l’exercice effective du pouvoir dans tous ses compartiments par le président élu, SEM Alassane Ouattara. Et c’est sur cette deuxième décision que nous ne sommes pas d’accord au niveau des Forces Nouvelles, surtout au niveau du mécanisme, des moyens et de la durée de la mission de ce panel.

LP : Certes, mais quand on voit le camp Gbagbo danser à la télévision LMP et dans la presse qui lui est proche, on est à se demander si vous avez les mêmes lectures de la décision de l’Union Africaine ? D’où vient le décalage entre les positions de LMP et des Forces démocratiques RHDP/ FN?
K S : Mais pourquoi vous êtes surpris par ce comportement de M. Gbagbo et des siens ? N’oubliez pas que M. Gbagbo a volé à main armée le résultat de l’élection qu’il a perdue. Il a tué et continue de tuer pour protéger ce butin mal acquis. C’est donc normal qu’il utilise le mensonge et la calomnie ici en Côte d’Ivoire et partout dans le monde pour se justifier ou tromper ses partisans et des Ivoiriens naïfs. Les Ivoiriens dans toutes leurs composantes doivent retenir que l’Union Africaine a reconnu encore une fois que le seul Président de la République en Côte d’Ivoire est SEM Alassane Ouattara. Les arguments fallacieux, le mensonge et l’imposture de M. Gbagbo n’ont pas triomphé à Addis-Abeba. Malgré les valises d’argent et des tonnes de faux procès verbaux édités par la société Sils de M. Don Mélo, les Chefs d’Etats, dont ceux que le camp Gbagbo brandissait comme soutien, ont entériné l’élection brillante par les ivoiriens, du président de la République SEM Alassane Ouattara.
Le débat est donc clos sur ce sujet. Il n’y a pas deux présidents. Et une certaine catégorie de Chefs d’Etat et de la presse nationale et internationale qui participent de la confusion entretenue à dessein doit désormais se raviser et retenir cette décision.
L P : Les Forces Nouvelles ont opposé une fin de non recevoir à la deuxième décision qui parle de panel de Chefs d’Etats. Qu’est ce qui motive votre position ? Quelles sont vos réserves par rapport à cette donne ?
K S : L’idée d’un panel était au départ une idée véhiculée par le lobby de M. Gbagbo dont Monsieur Jean Ping, les anciens Présidents Jerry Rawlings, Thabo Mbeki plus quelques Chefs d’Etat de l’Afrique australe mal informés sur la crise post-électorale ou motivés par la peur d’élections démocratiques dans leur pays. Dans leur intention, ce panel devrait venir en Côte d’Ivoire pour recompter les procès verbaux et redire encore qui est le vrai président entre les deux. C’est vrai que hier, l’Union Africaine a rejeté ce plan médiocre et illusoire du lobby de M. Gbagbo. L’Union Africaine a, au contraire, réaffirmé qu’il n’y a qu’un seul Président en Côte d’Ivoire qui est SEM Alassane Ouattara et qu’il n’y avait plus lieu de remettre en cause cette évidence. Mais nous devons garder notre réserve tant que nous ne savons pas clairement le contenu de la mission de ce panel, la durée de son travail sans oublier la nature de ses moyens dits contraignants contre le candidat perdant Gbagbo. Car on ne saurait imposer au Président élu des Ivoiriens des décisions contraignantes. C’est au perdant Gbagbo qui confisque le pouvoir qu’on doit imposer des contraintes. Ce serait mettre sur le même pied d’égalité le perdant et le gagnant.
Une réponse a été certes donnée par M. Jean Ping qui joue à un jeu trouble que nous percevons depuis. Mais le flou demeure encore et il faut arrêter de jouer avec la vie des Ivoiriens et gagner en clarté et en efficacité.

L P : Qu’est ce qui doit être encore clair selon vous ?
K S : La mission de ce panel n’est pas claire. Ce panel ne doit pas avoir d’autres missions que de venir faire quitter M. Gbagbo du pouvoir qu’il usurpe par le simple fait de la force. Gbagbo a perdu, il doit céder tout simplement sans condition le pouvoir comme l’ont fait MM. Thabo Mbeki, John Kuffor, Abdou Diouf et bien d’autres dans le monde. Pourquoi on doit ouvrir des négociations sur des conditions du départ du pouvoir de M. Gbagbo, étant donné qu’on reconnaît à l’Union Africaine qu’il est le perdant. Que regorgent ces conditions ? La contrainte à exercer consiste en quoi pour le Président élu par les Ivoiriens ? Ce serait ouvrir une boite de pandore en commençant la mission sur autant de flous et de non dits qui serviront plutôt à Gbagbo pour des surenchères sans limites et sans fin sur son départ évident.

L P : Mais la mission devra durer un mois. En quoi est ce que ce délai pose problème aux Forces Nouvelles :
K S : Ce délai pose problème à toutes les populations de bon sens qui vivent dans ce pays et même dans la sous région. Nous récusons ce délai qui ne se justifie en rien si ce n’est donner encore du temps à M. Gbagbo pour braquer plus de banques, tuer plus de populations tout en laissant le pays dans un état de déconfiture totale au Président élu SEM Alassane Ouattara. C’est un comportement cynique et pervers qui traduit la politique de la terre brûlée. M. Gbagbo n’a de cesse de dire que c’est sur son corps que le Président de la République Alassane Ouattara devra passer pour diriger la Côte d’Ivoire.
C’est un aveu triste d’un tyran assoiffé de pouvoir qui reste insensible à tout le mal qu’il fait à ce pays et à ses habitants qui ne méritent aucunement cette souffrance injustifiée. Cela fait déjà deux mois que Gbagbo s’agrippe au pouvoir qu’il a perdu démocratiquement. Le bilan macabre de son usurpation donne près de 300 morts et plusieurs disparus ; l’insécurité est partout dans le pays ; la destruction systématique du système économique publique et privé du pays est en marche ; la démolition des accords de coopération sous régionale et bien d’autres schémas de destructions de la vie des ivoiriens est palpable chaque heure à travers les décisions saugrenues, qui sont prises sans réflexion et qui exposent gravement les populations à la misère. Il utilise aujourd’hui l’électricité comme arme de guerre contre les populations vivants en zone CNO pour leur faire payer le prix du vote pour le président Alassane Ouattara. Or il n’en a pas le droit car il n’est pas le Président légitime ; c’est toujours parce qu’il s’appuie encore sur une partie de l’armée pour perpétuer tous ces actes inhumains et répréhensibles par toutes les juridictions nationales et internationales. En résumé, chaque heure qui passe montre que M. Gbagbo est en train de détruire systématiquement le pays sous nos yeux. Il ne faut plus accepter de prolonger la grande souffrante de toutes les populations vivant dans ce pays ; même ceux qui ont voté hier pour le candidat Gbagbo vivent aussi cette grande souffrance. Les Forces Nouvelles ne peuvent plus accepter cette tragédie de destruction morbide du peuple ivoirien.

L P : Que comptez-vous faire alors pour rétablir la légitimité démocratique et pour installer le président élu démocratiquement par les Ivoiriens tout en mettant fin à la souffrance galopante des Ivoiriens ?
K S : L’heure de la grande colère nationale contre cette situation a sonné. Par tous les moyens, tout le pays va s’engager bientôt dans une vaste opération pour chasser M. Gbagbo et les siens, quelque soit le prix à payer. Nous n’accepterons plus, à partir de maintenant, que le pays soit pris en otage par le perdant, M. Gbagbo et les siens qui l’utilisent comme champs d’expérimentation de toutes les conneries. L’heure est arrivée pour tout le monde de jouer enfin cette finale de la crise électorale sur le terrain dans chaque ville, dans chaque quartier et dans chaque région du pays. Face à la force brutale et illégitime, nous nous sommes organisés. Nous sommes en nombre et avons tous les moyens pour contrer et réduire cette force illégitime qui permet à M. Gbagbo et aux siens, de braquer la nation entière. Chacun doit, à compter de maintenant, s’entraîner pour cette finale partout où il se trouve.

L P : Que faites vous des médiations qui arrivent ?
K S : Il y a eu trop de médiations pendant deux mois, où des gens viennent faire du commerce pour se gonfler les poches ici. Les Forces nouvelles ont déjà expliqué à beaucoup de soldats des FDSCI au sud, les raisons de leur immobilisme. Maintenant l’heure arrive de régler définitivement cette question quelque soit le prix à payer. L’opération de libération du pays dans chaque ville, chaque village est la seule force interne capable de faire plier Gbagbo et les siens. Nous en avons les ressources humaines et les moyens. M. Gbagbo n’a pas un soldat pour chaque citoyen et il n’a pas le monopole de la violence. La Côte d’Ivoire n’est pas sa propriété privée. Donc que chacun soit averti de ce que bientôt la finale se jouera pour que le pays quitte cette situation traumatisante sur le plan psychologique, physique, social et économique.

L P : Ne craignez-vous pas la guerre civile en Côte d’Ivoire ?
K S : Le peuple va juste utiliser son droit légitime à défendre sa souveraineté en rapport avec les moyens de la force utilisée par M. Gbagbo. Il y aura certes des victimes en petit ou grand nombre, mais c’est le prix à payer pour se libérer de la tyrannie.
Si les grandes démocraties sont aujourd’hui enviées, il y a eu un prix à payer pour ça. Pour nos indépendances, nos grands parents ont payé un prix. Pour la démocratie contre la tyrannie, il y a déjà 300 morts en Côte d’Ivoire. Donc, il y aura des victimes que seul Dieu connait. Mais au bout, nous sommes convaincus que la démocratie sera définitivement instaurée dans ce pays. Nous plaçons notre foi en Dieu et en la capacité des Forces Nouvelles, des FDSCI républicains et loyalistes et de la grande majorité des Ivoiriens pour faire dans les jours qui viennent, le sursaut afin d’engager la lutte de libération de tout le pays du phénomène Laurent Gbagbo. Bientôt le mot d’ordre du top départ sera entendu. Par la grâce de Dieu, la vérité triomphera du mensonge.

L P : Quel message avez-vous à lancer aux Ivoiriens qui sont de plus en plus inquiets devant les velléités guerrières de Laurent Gbagbo, qui brandit régulièrement des menaces de guerre civile s’il rendait le pouvoir ?
K S : Ils doivent s’armer de courage pour suivre bientôt le top départ de l’opération de libération de tout le pays, des griffes de M. Gbagbo et de son clan politico militaire qui a fait main basse sur la Côte d’Ivoire contre la volonté du peuple. Que chacun se prépare psychologiquement et physiquement pour ce passage obligé vers la démocratie que M. Gbagbo et l’hésitation de la communauté internationale nous imposent. Personne ne viendra nous libérer de M. Gbagbo si ce n’est nous-mêmes. Chacun est averti !
Interview réalisée par BAKARY NIMAGA

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