Elle n'était guère à l'ordre du jour de la 16ème session ordinaire de l'Assemblée de l'Union Africaine (UA) tenue à Addis-Abeba les 30 et 31 janvier 2011. Et pourtant, la crise ivoirienne a occupé le devant de la scène au point de reléguer au second plan le thème principal et la création du 54ème état en cours de gestation qu'est le Sud-Soudan. Précédée d'un lobbying intense des deux camps – celui du président constitutionnel Laurent Gbagbo et de son adversaire de la dernière présidentielle – cette 16ème AG de l'UA a connu une participation des grands évènements: pas moins d'une trentaine de chefs d'état, dont certains à la tête des nations les plus importantes du continent. La réunion a aussi enregistré la participation d'invités de taille, dont le SG de l'ONU et son représentant spécial en Côte d'Ivoire. Nicolas Sarkozy, le président français, grand sponsor d'Alassane Ouattara est venu en personne tenter de renverser la vapeur au profit de son poulain en perte de vitesse, depuis la prise de position du président angolais Eduardo Dos Santos. En tapant un gros coup de pied dans la termitière de cette élection, Dos Santos à levé bien des "dormances" et fait se fissurer l'unanimité précipitée de l'UA. Une unanimité par défaut, du fait du silence de la majorité qui voulait comprendre avant de se prononcer.
Que retenir de ce sommet?
Face à une Cedeao aux ordres, l'Afrique Australe a fait prévaloir l'option de la résolution pacifique de la crise sur celle de la guerre. Pour y parvenir, elle a fait monter au créneau ses plus grands leaders dont Jacob Zuma et Dos Santos ne sont pas des moindres. Le vieux combattant Robert Mugabe n'a pas non plus voulu se faire conter l'évènement. L'impressionnant Nicolas Sarkozy, spécialiste des ultimatums à des chefs d'état africains, a fini par être impressionné et ranger au placard ses propos guerriers et insultants pour la dignité africaine. L'Afrique Australe a confirmé son union sacrée, comme elle sait le faire quand un de ses fils est piétiné. Comme elle a su le faire autour de Mugabé. Grande leçon à l'Afrique Occidentale, héritière de la françafrique avec son cortège de complexes, mère des servitudes et des jalousies.
Barack Obama, naguère prolixe en condamnations et en exigences du départ de Laurent Gbagbo, semble en retrait, sans doute convaincu que le meilleur conseiller n'est jamais le payeur. Poussé dans le dos par une Hilary Clinton très heureuse de le couper de son électorat afro-américain par de grossières erreurs en Afrique, et de se positionner ainsi dans le camp démocrate pour l'élection présidentielle américaine à venir, Barack Obama est en train de se défaire du piège qui lui a été tendu.
En dépit d'un tel contexte, l'Union Africaine, tributaire de ses premières décisions précipitées, n'a pas eu le courage suffisant pour prendre un virage à 180° et faire ainsi marche arrière. L'on se souvient qu'à l'instigation de la CEDEAO, l'Union Africaine, avant même d'avoir pris connaissance des faits ou entendu le rapport de ses émissaires, avait, à travers son Conseil de Paix et de Sécurité, pris position en faveur de Ouattara et exigé le départ du président Laurent Gbagbo, proclamé vainqueur par le Conseil Constitutionnel, juge des élections en Côte d'Ivoire. Mais l'organisation continentale a eu le mérite de ne pas s'enfoncer davantage dans le mur. Elle marque un arrêt pour se donner un temps de réflexion, si ce n'est de repentance.
En effet, la décision du CSP de l'UA sur la situation en Côte d'Ivoire n'est pas pauvre en enseignements. Ainsi, même si Alassane Ouattara se félicite de cette décision qui réaffirme les décisions antérieures "le reconnaissant comme président élu", elle précise que c'est "sur la base des résultats certifiés par le Représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, conformement à la résolution 1765 du 16 juillet 2007". Or le président Dos Santos, devant tous les diplomates accrédités à Luanda ne disait-il pas que "Le représentant des Nations unies en Côte d’Ivoire, dans une attitude précipitée, a certifié et annoncé ces résultats, alors que la résolution ad hoc des Nations unies dit que la certification doit s’appliquer aux résultats électoraux validés par le Conseil constitutionnel, lequel ne s´était pas encore prononcé ; Cette déclaration du représentant des Nations unies a induit en erreur toute la communauté internationale, car le Conseil constitutionnel n´a pas validé les résultats provisoires diffusés par le Président de la Commission électorale, ayant accepté les réclamations et plaintes d´irrégularités et fraudes graves qui mettaient en cause lesdits résultats ; Le Conseil constitutionnel est, en vérité, le seul organe compétent légal pour valider et publier les résultats finaux des élections"? Il ya donc fort à parier que le Groupe de haut niveau mis en place "sous l'autorité de l'Union africaine, pour le règlement de la crise, dans des conditions qui préservent la démocratie et la paix" ne viendra pas aux bords de la Lagune Ebrié pour "amener Alassane Ouattara à exercer la réalité du pouvoir par la négociation" comme l'on tente de le faire croire. Là où la Cedeao parlait de "faire appliquer le résultat des urnes", l'UA s'engage à la préservation de la démocratie et de la paix. Il s'agira sans doute de dire si la démocratie peut se consolider avec la désorganisation, les graves irrégularités et cas de bourrage d'urnes, d'intimidations des électeurs, de violences sur les électeurs avec empêchement de voter, de "vandalisation" et vampirisation de bureaux de vote, avec attribution frauduleuse de 94.873 voix dans une seule région à un candidat. Une fraude grossière sur laquelle le certificateur est toujours attendu.
Mieux, l'UA a pris soin de remercier poliment l'ONU, en appelant "les différents partenaires de l'UA et la communauté internationale dans son ensemble à la (seule) mobilisation d'un soutien coordonné aux efforts de l'Afrique à laquelle revient la responsabilité première de la gestion et du règlement de cette crise". Ce n'est pas pour rien que tout en appuyant la création de ce panel, Ban Ki-Moon appelle de tous ses vœux, "l'UA à travailler en étroite collaboration avec l'ONU dans tous les aspects et à toutes les étapes du processus". Il a même établi une feuille de route sensée guider le travail de l'ONU et du "panel" dans les semaines à venir. Une volonté de garder la main dans ce dossier.
En mettant en place un "groupe mandaté pour évaluer la situation et formuler (…) une solution politique d'ensemble", l'UA prend soin de préciser que "le contexte du règlement de la crise dans son ensemble, (inclut) le parachèvement des aspects pendants du processus de paix, en particulier la tenue des élections législatives, la réconciliation nationale, la réunification du pays, le désarmement des ex‐combattants et le démantèlement des milices, la réforme du secteur de la sécurité et la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire". Des sujets qui apparemment fâchent les rebelles et leur mentor Alassane Ouattara. En justifiant le rejet de l'idée du "panel" par les "tergiversations" de Jean Ping, les rebelles ont bien compris l'enjeu de cette décision, de ni vainqueur, ni vaincu. Mais comme en politique, qui n'avance pas, recule, ils ont aussi compris que l'arrêt de la supercherie de Choi et de ses patrons pourrait sonner une vraie reculade pour eux. Wait and see. Pour vu que l'Ecomog nous en laisse les possibilités.
Si l'Ecomog de Ouattara le permet, à vendredi prochain, In'Challah!!!
Par Sékou Assegoué Godpeace
fraternelleeburnie@yahoo.fr
+225 44 319 422 (Sms sur roaming)
Que retenir de ce sommet?
Face à une Cedeao aux ordres, l'Afrique Australe a fait prévaloir l'option de la résolution pacifique de la crise sur celle de la guerre. Pour y parvenir, elle a fait monter au créneau ses plus grands leaders dont Jacob Zuma et Dos Santos ne sont pas des moindres. Le vieux combattant Robert Mugabe n'a pas non plus voulu se faire conter l'évènement. L'impressionnant Nicolas Sarkozy, spécialiste des ultimatums à des chefs d'état africains, a fini par être impressionné et ranger au placard ses propos guerriers et insultants pour la dignité africaine. L'Afrique Australe a confirmé son union sacrée, comme elle sait le faire quand un de ses fils est piétiné. Comme elle a su le faire autour de Mugabé. Grande leçon à l'Afrique Occidentale, héritière de la françafrique avec son cortège de complexes, mère des servitudes et des jalousies.
Barack Obama, naguère prolixe en condamnations et en exigences du départ de Laurent Gbagbo, semble en retrait, sans doute convaincu que le meilleur conseiller n'est jamais le payeur. Poussé dans le dos par une Hilary Clinton très heureuse de le couper de son électorat afro-américain par de grossières erreurs en Afrique, et de se positionner ainsi dans le camp démocrate pour l'élection présidentielle américaine à venir, Barack Obama est en train de se défaire du piège qui lui a été tendu.
En dépit d'un tel contexte, l'Union Africaine, tributaire de ses premières décisions précipitées, n'a pas eu le courage suffisant pour prendre un virage à 180° et faire ainsi marche arrière. L'on se souvient qu'à l'instigation de la CEDEAO, l'Union Africaine, avant même d'avoir pris connaissance des faits ou entendu le rapport de ses émissaires, avait, à travers son Conseil de Paix et de Sécurité, pris position en faveur de Ouattara et exigé le départ du président Laurent Gbagbo, proclamé vainqueur par le Conseil Constitutionnel, juge des élections en Côte d'Ivoire. Mais l'organisation continentale a eu le mérite de ne pas s'enfoncer davantage dans le mur. Elle marque un arrêt pour se donner un temps de réflexion, si ce n'est de repentance.
En effet, la décision du CSP de l'UA sur la situation en Côte d'Ivoire n'est pas pauvre en enseignements. Ainsi, même si Alassane Ouattara se félicite de cette décision qui réaffirme les décisions antérieures "le reconnaissant comme président élu", elle précise que c'est "sur la base des résultats certifiés par le Représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, conformement à la résolution 1765 du 16 juillet 2007". Or le président Dos Santos, devant tous les diplomates accrédités à Luanda ne disait-il pas que "Le représentant des Nations unies en Côte d’Ivoire, dans une attitude précipitée, a certifié et annoncé ces résultats, alors que la résolution ad hoc des Nations unies dit que la certification doit s’appliquer aux résultats électoraux validés par le Conseil constitutionnel, lequel ne s´était pas encore prononcé ; Cette déclaration du représentant des Nations unies a induit en erreur toute la communauté internationale, car le Conseil constitutionnel n´a pas validé les résultats provisoires diffusés par le Président de la Commission électorale, ayant accepté les réclamations et plaintes d´irrégularités et fraudes graves qui mettaient en cause lesdits résultats ; Le Conseil constitutionnel est, en vérité, le seul organe compétent légal pour valider et publier les résultats finaux des élections"? Il ya donc fort à parier que le Groupe de haut niveau mis en place "sous l'autorité de l'Union africaine, pour le règlement de la crise, dans des conditions qui préservent la démocratie et la paix" ne viendra pas aux bords de la Lagune Ebrié pour "amener Alassane Ouattara à exercer la réalité du pouvoir par la négociation" comme l'on tente de le faire croire. Là où la Cedeao parlait de "faire appliquer le résultat des urnes", l'UA s'engage à la préservation de la démocratie et de la paix. Il s'agira sans doute de dire si la démocratie peut se consolider avec la désorganisation, les graves irrégularités et cas de bourrage d'urnes, d'intimidations des électeurs, de violences sur les électeurs avec empêchement de voter, de "vandalisation" et vampirisation de bureaux de vote, avec attribution frauduleuse de 94.873 voix dans une seule région à un candidat. Une fraude grossière sur laquelle le certificateur est toujours attendu.
Mieux, l'UA a pris soin de remercier poliment l'ONU, en appelant "les différents partenaires de l'UA et la communauté internationale dans son ensemble à la (seule) mobilisation d'un soutien coordonné aux efforts de l'Afrique à laquelle revient la responsabilité première de la gestion et du règlement de cette crise". Ce n'est pas pour rien que tout en appuyant la création de ce panel, Ban Ki-Moon appelle de tous ses vœux, "l'UA à travailler en étroite collaboration avec l'ONU dans tous les aspects et à toutes les étapes du processus". Il a même établi une feuille de route sensée guider le travail de l'ONU et du "panel" dans les semaines à venir. Une volonté de garder la main dans ce dossier.
En mettant en place un "groupe mandaté pour évaluer la situation et formuler (…) une solution politique d'ensemble", l'UA prend soin de préciser que "le contexte du règlement de la crise dans son ensemble, (inclut) le parachèvement des aspects pendants du processus de paix, en particulier la tenue des élections législatives, la réconciliation nationale, la réunification du pays, le désarmement des ex‐combattants et le démantèlement des milices, la réforme du secteur de la sécurité et la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire". Des sujets qui apparemment fâchent les rebelles et leur mentor Alassane Ouattara. En justifiant le rejet de l'idée du "panel" par les "tergiversations" de Jean Ping, les rebelles ont bien compris l'enjeu de cette décision, de ni vainqueur, ni vaincu. Mais comme en politique, qui n'avance pas, recule, ils ont aussi compris que l'arrêt de la supercherie de Choi et de ses patrons pourrait sonner une vraie reculade pour eux. Wait and see. Pour vu que l'Ecomog nous en laisse les possibilités.
Si l'Ecomog de Ouattara le permet, à vendredi prochain, In'Challah!!!
Par Sékou Assegoué Godpeace
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