Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le président du Mouvement ivoirien pour la stabilité politique (Mispo) se dit persuadé que seule la force, peut faire partir Laurent Gbagbo du pouvoir.
Dans le cadre des recherches de solutions à la crise post-électorale, L’Union africaine vient de mettre en place un panel de cinq chefs d’Etat. Quel commentaire cela vous inspire-t-il ?
Nous voudrions marquer notre désapprobation parce que nous estimons que c’est une médiation de trop.
Pourquoi ce panel est-il une médiation de trop ?
Elle est de trop parce que, avant même l’intervention de l’Union africaine, il y a eu une tentative de résolution de la crise dans la sous-région où la Cedeao a fait venir un certain nombre de médiateurs, notamment Pedro Pires, Boni Yayi et Ernest Koroma, pour tenter de convaincre Laurent Gbagbo de céder pacifiquement le pouvoir au nouvel élu, Alassane Ouattara. Toute chose qui a buté sur le refus de M. Gbagbo. Dans les conclusions du sommet de l’UA, il est dit que le panel a un mois pour livrer les résultats de ses investigations. Cette période d’un mois est trop longue parce qu’il ne faudrait pas perdre de vue que dans le contexte actuel, où des personnes sont extirpées de leur maison pour être assassinées, les populations aspirent à une tranquillité, à une sécurité. Nous pensons que le délai imparti pour cette mission est trop parce que nous ne savons pas combien de morts vont s’ajouter aux 300 déjà dénombrés dans le rapport de la commission des droits de l’Homme de l’Onu.
Vous préconisez donc le recours à la force pour le faire partir ?
Nous avons deux options pour le règlement de la crise. S’agissant de la première, elle repose sur un fait de société. Lorsque vous souffrez d’un mal de dent et que vous avez épuisé les recours aux calmants, la seule chose qui reste, c’est de faire appel à un chirurgien-dentiste pour extraire la dent. Mais, voyez-vous, lorsque ce praticien intervient, il ne fait qu’arracher la seule dent défectueuse et non toutes les dents de la bouche. Sur la base de cet exemple, nous appelons donc les pays de la sous-région, membres de la Cedeao, à recourir à l’Ecomog pour déloger Laurent Gbagbo, le président de trop. Cette entreprise aurait pour but de permettre aux Ivoiriens de vivre plus aisément. En ce qui concerne la seconde option pour faire partir Laurent Gbagbo, elle repose sur un ressort national. Plus haut, j’ai indiqué que les Ivoiriens souffraient terriblement de la crise. Si les chiffres officiels indiquent au moins 300, il faut sans doute prendre également en compte les chiffres officieux qui comportent les victimes collatérales de la crise. Nous pensons donc qu’il est temps d’arrêter l’hémorragie. Certes, la communauté internationale est disposée à nous aider mais, il est peut-être temps que nous prenions nos responsabilités. C’est pourquoi nous appelons à la mise sur pied d’un vaste mouvement populaire pour faire partir Laurent Gbagbo. Et, les exemples tunisiens et égyptiens doivent nous guider dans ce sens. Car, devant un peuple déterminé, toutes les dictatures, mêmes les plus féroces, ont mordu la poussière. Oui, nous pouvons faire partir Gbagbo. Parce que nous disons au peuple que celui qui ne lutte pas, a d’office tout perdu alors que celui qui lutte, a la possibilité de gagner quelque chose. Quand on sait qu’en étant même chez soi, des gens ont été tués. Vu que cela peut arriver à tout le monde, autant donc sortir pour se faire tuer puisque dehors, il existe la possibilité de renverser la vapeur.
Comment cela pourrait-il se faire quand on sait que les opérations “pays mort” initiées par le Rhdp ne sont pas parvenues à le faire plier ?
Les actions de masse que nous comptons engager se préparent justement à l’ombre des insuffisances relevées dans les opérations initiées par le Rhdp. Nous avons parfaitement tiré les enseignements des événements du 16 décembre 2010.
Avez-vous un dernier mot à ajouter ?
Je voudrais adresser un message aux leaders de jeunes du Rhdp, retranchés au Golf hôtel. Je comprends que c’est pour des raisons sécuritaires qu’ils sont contraints de vivre retranchés mais, je pense que l’idéal de démocratie qui les a amenés à s’engager dans la politique est en péril. Pour la survie de cet idéal démocratique, nous les appelons à sortir parce que les militants ont besoin de les voir, de les entendre, pour être rassurés et pour être motivés à mener le combat.
En d’autres termes, vous demandez à KKB, à Yayoro, à Blé Guirao et autres de sortir du Golf hôtel ?
Absolument, la population a plus que jamais besoin d’eux. J’avoue que pour nous-mêmes qui sommes dehors, ce n’est pas facile de jouer au jeu du chat et de la souris contre les tueurs mais, la population bien souvent désemparée, désorientée, a besoin d’éclaireurs. Il n’y a pas que le Golf hôtel où ils peuvent trouver refuge. Il y a plusieurs villes de l’intérieur du pays où nous pouvons sereinement montrer la voie aux militants.
Entretien réalisé par Marc Dossa
Dans le cadre des recherches de solutions à la crise post-électorale, L’Union africaine vient de mettre en place un panel de cinq chefs d’Etat. Quel commentaire cela vous inspire-t-il ?
Nous voudrions marquer notre désapprobation parce que nous estimons que c’est une médiation de trop.
Pourquoi ce panel est-il une médiation de trop ?
Elle est de trop parce que, avant même l’intervention de l’Union africaine, il y a eu une tentative de résolution de la crise dans la sous-région où la Cedeao a fait venir un certain nombre de médiateurs, notamment Pedro Pires, Boni Yayi et Ernest Koroma, pour tenter de convaincre Laurent Gbagbo de céder pacifiquement le pouvoir au nouvel élu, Alassane Ouattara. Toute chose qui a buté sur le refus de M. Gbagbo. Dans les conclusions du sommet de l’UA, il est dit que le panel a un mois pour livrer les résultats de ses investigations. Cette période d’un mois est trop longue parce qu’il ne faudrait pas perdre de vue que dans le contexte actuel, où des personnes sont extirpées de leur maison pour être assassinées, les populations aspirent à une tranquillité, à une sécurité. Nous pensons que le délai imparti pour cette mission est trop parce que nous ne savons pas combien de morts vont s’ajouter aux 300 déjà dénombrés dans le rapport de la commission des droits de l’Homme de l’Onu.
Vous préconisez donc le recours à la force pour le faire partir ?
Nous avons deux options pour le règlement de la crise. S’agissant de la première, elle repose sur un fait de société. Lorsque vous souffrez d’un mal de dent et que vous avez épuisé les recours aux calmants, la seule chose qui reste, c’est de faire appel à un chirurgien-dentiste pour extraire la dent. Mais, voyez-vous, lorsque ce praticien intervient, il ne fait qu’arracher la seule dent défectueuse et non toutes les dents de la bouche. Sur la base de cet exemple, nous appelons donc les pays de la sous-région, membres de la Cedeao, à recourir à l’Ecomog pour déloger Laurent Gbagbo, le président de trop. Cette entreprise aurait pour but de permettre aux Ivoiriens de vivre plus aisément. En ce qui concerne la seconde option pour faire partir Laurent Gbagbo, elle repose sur un ressort national. Plus haut, j’ai indiqué que les Ivoiriens souffraient terriblement de la crise. Si les chiffres officiels indiquent au moins 300, il faut sans doute prendre également en compte les chiffres officieux qui comportent les victimes collatérales de la crise. Nous pensons donc qu’il est temps d’arrêter l’hémorragie. Certes, la communauté internationale est disposée à nous aider mais, il est peut-être temps que nous prenions nos responsabilités. C’est pourquoi nous appelons à la mise sur pied d’un vaste mouvement populaire pour faire partir Laurent Gbagbo. Et, les exemples tunisiens et égyptiens doivent nous guider dans ce sens. Car, devant un peuple déterminé, toutes les dictatures, mêmes les plus féroces, ont mordu la poussière. Oui, nous pouvons faire partir Gbagbo. Parce que nous disons au peuple que celui qui ne lutte pas, a d’office tout perdu alors que celui qui lutte, a la possibilité de gagner quelque chose. Quand on sait qu’en étant même chez soi, des gens ont été tués. Vu que cela peut arriver à tout le monde, autant donc sortir pour se faire tuer puisque dehors, il existe la possibilité de renverser la vapeur.
Comment cela pourrait-il se faire quand on sait que les opérations “pays mort” initiées par le Rhdp ne sont pas parvenues à le faire plier ?
Les actions de masse que nous comptons engager se préparent justement à l’ombre des insuffisances relevées dans les opérations initiées par le Rhdp. Nous avons parfaitement tiré les enseignements des événements du 16 décembre 2010.
Avez-vous un dernier mot à ajouter ?
Je voudrais adresser un message aux leaders de jeunes du Rhdp, retranchés au Golf hôtel. Je comprends que c’est pour des raisons sécuritaires qu’ils sont contraints de vivre retranchés mais, je pense que l’idéal de démocratie qui les a amenés à s’engager dans la politique est en péril. Pour la survie de cet idéal démocratique, nous les appelons à sortir parce que les militants ont besoin de les voir, de les entendre, pour être rassurés et pour être motivés à mener le combat.
En d’autres termes, vous demandez à KKB, à Yayoro, à Blé Guirao et autres de sortir du Golf hôtel ?
Absolument, la population a plus que jamais besoin d’eux. J’avoue que pour nous-mêmes qui sommes dehors, ce n’est pas facile de jouer au jeu du chat et de la souris contre les tueurs mais, la population bien souvent désemparée, désorientée, a besoin d’éclaireurs. Il n’y a pas que le Golf hôtel où ils peuvent trouver refuge. Il y a plusieurs villes de l’intérieur du pays où nous pouvons sereinement montrer la voie aux militants.
Entretien réalisé par Marc Dossa