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Économie Publié le vendredi 4 février 2011 | Le Mandat

Transport / Deux ans après sa mort : L’héritage de Kassoum Coulibaly se meurt

Il y a deux ans que Kassoum Coulibaly a été rappelé à Dieu. L’héritage de ce grand transporteur qui a initié toutes les reformes dans le milieu du transport ivoirien, se meurt. Ce, à cause d’une gestion approximative.

Feu Kassoum Coulibaly était autodidacte et avait une intelligence au-dessus de la moyenne. Ce
qui lui a permis de réussir dans le secteur du transport de personnes et de marchandises en Côte
d’Ivoire. Où il a bâti sa compagnie de transport et d’autres sociétés d’assurance pour permettre aux transporteurs qui exercent sur le territoire ivoirien de bénéficier des conditions favorables dans le travail. Ainsi, sont nées la Garantie Mutuelle des Transporteurs de Côte d’Ivoire (GMTCI), la Société Mutuelle d’Assurance des Transporteurs (SOMAT), la CIVECA (Coopérative Ivoirienne du Crédit Automobile) et la Mutuelle d’Assurance des Taxis Compteurs d’Abidjan (MATCA). Sans oublier le Syndicat National des Transporteurs de Marchandises et Voyageurs de Côte d’Ivoire (SYNTMVCI) qu’il a dirigé plus de vingt ans durant. Le constat plus de deux ans après sa mort (Ndrl : 6 janvier 2009), c’est que toutes ces structures qui ont permis d’améliorer les conditions de travail du transporteur sont malheureusement en train de mourir les unes après les autres.

La GMTCI et la SOMAT ont vu leurs agréments retirés par la CIMA

Tout à commencer huit mois après son décès. La Garantie Mutuelle des Transporteurs de Côte
d’Ivoire (GMTCI) qui avait pour activité l’assurance caution a été la première à baisser les rideaux.
Huit mois ont permis au « directeur général, Coulibaly Nour, et son équipe de dilapider les acquis
et la rondelette somme d’1 milliard deux cent millions de francs CFA que constituait le capital »,
accuse Konaté Daouda. Ce transporteur qui a dirigé, de 2001 à 2009, la Discipline Taxis du SYNTMVCI, l’une des trois disciples que constitue le syndicat national, connait mieux le milieu. « La GMTCI qui permettait au transporteur d’avoir une caution pour l’achat de véhicule neuf est ainsi morte par la faute de la Direction Générale et de certains transporteurs qui ont refusé de rendre compte à leurs pairs jusqu’à présent. «Tant que nos collègues transporteurs, membres du Conseil d’administration d’alors, avaient leurs primes et autres avantages, le Directeur Général pouvait faire n’importe quoi et cela ne leur disait rien », martèle-t-il pour enfoncer le clou. Et, « C’est par une annonce dans un journal (Ndrl : Fraternité Matin) de la place que nous avons appris que notre assurance caution venait de fermer boutique », précise Adama Coulibaly. Conséquences, les transporteurs sont désormais contraints de se tourner vers la SAFCA qui se détourne de plus en plus de l’automobile parce que « C’est un mauvais risque », soutient-on. L’autre effet secondaire, ils sont obligés d’acheter les véhicules appelés communément « France aurevoir » pour le transport des usagers et des marchandises. Du coup, le parc autos en Côte d’Ivoire est devenu vieillissant avec tous les risques que cela comporte.

Quelques jours après avoir mis la clé sous le paillasson de la GMTCI, c’est la direction de la Société Mutuelle d’Assurance des Transporteurs (SOMAT) qui est convoquée par la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance (CIMA) à Niamey (Niger) pour gestion opaque. Le Directeur général, Dao Mamadou, a été incapable de convaincre les experts de la CIMA sur sa gestion obscure. « On avait une gestion calamiteuse que nous avons toujours décriée en interne. A la mort du vieux Kassoum, tout est allé vite », confie un ancien agent qui a requis l’anonymat. Et, la CIMA a retiré l’agrément de la SOMAT. La CIVECA (Coopérative Ivoirienne du Crédit Automobile) qui faisait les crédits aux transporteurs pour l’achat de véhicules neufs a connu le même sort… Ces instruments qui avaient amélioré les conditions de travail et d’obtention de véhicules neufs aux transporteurs ont mis la clé sous le paillasson. Au grand désespoir des bénéficiaires.

C. K. menacé de fermeture

La Compagnie de transport Korhogo (C.K.) qui faisait la fierté de feu Kassoum Coulibaly est aujourd’hui à la croisée des chemins. Il y a trois mois, la Direction générale des impôts avait menacé de fermer cette société de transport pour « impôts non payés ». Il a fallu l’intervention d’une personnalité LMP proche de la famille pour que la DGI se calme. Les cars continuent certes de rouler mais la fréquence n’est plus régulière. La fermeture est imminente.

Le syndicat national reprend timidement

Après sa mort, le Syndicat National des Transporteurs de Marchandises et Voyageurs de Côte d’Ivoire (SYNTMVCI) qu’il avait dirigé plus d’une vingtaine d’années a, malgré les soubresauts, réussi à faire sa mue. Le vieux Camara Abdramane qui lui a succédé essaie tant bien que mal de colmater les brèches. Certains responsables de sections ont été remplacés. « Et d’autres vont suivre », prévient le président Camara. Qui est aujourd’hui accusé par certains de ses pairs de « transformer le syndicat national en Haut Conseil du transport pour quel intérêt », s’interroge Konaté Daouda.

Seule la MATCA se stabilise financièrement

L’unique structure des transporteurs qui semble être sauvée des eaux est la Mutuelle d’Assurance des Taxis Compteurs d’Abidjan (MATCA). Après l’assemblée générale élective, 27 décembre 2009, organisée sous la présidence effective de la Direction des Assurances (DEA) avec l’accord de la CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances) la gestion s’améliore. Progressivement. Le Conseil d’administration et la direction générale ont, fin avril 2010, réussi à respecter la directive de la CIMA ; celui de porter le capital des sociétés d’assurance mutuelle de 300 à 800 millions de francs CFA. En un an de gestion de la nouvelle administration, 1 milliard 200 millions de francs CFA de sinistres ont été payés aux sociétaires et 752 millions de francs d’impôts à l’Etat. Des efforts à soutenir (par les transporteurs) pour aller de l’avant. Espérons que ces reformes continuent pour permettre aux propriétaires de taxis compteurs de maintenir leur prime d’assurance à 40 000 francs CFA au lieu de plus de 100 000 francs réclamés par les autres sociétés d’assurances.

FULBERT BILE
.fulbert@yahoo.fr
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