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Politique Publié le samedi 5 février 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Révérend Tagoua Nynsemon Pascal (Président du Corps diplomatique chrétien) - ‘’Si seulement les Ivoiriens m’avaient choisi…’’

Pendant cette crise consécutive au second tour de l’élection présidentielle, de plus en plus d’Ivoiriens évoquent le nom du Révérend Tagoua Nynsemond Pascal, Président du Corps Diplomatique Chrétien et candidat malheureux au scrutin présidentiel du 31 octobre 2010. Ils le désignent comme la personne idoine pour sortir la Côte d’Ivoire du tourbillon où l’ont plongée les politiciens de métier. Après moult recherches, nous avons rencontré le Révérend Pasteur à sa résidence, quelque part, à Marcory Résidentiel. Entretien avec un homme de conviction.
Révérend, il n’a pas été aisé de vous retrouver. Pourquoi avez-vous quitté votre ancienne résidence sitôt après le scrutin ? Est-ce une manière de tourner la page ?
Non, bien au contraire. Ce n’est pas une manière de tourner la page. Vous ne connaissiez pas la résidence que j’habite maintenant, c’est tout. J’observe un repli disons stratégique pour mieux reconsidérer ce qui est en train de se passer et pour pouvoir aider à apporter des solutions idoines. Il y a un endroit spécifique pour mener le combat politique. C’était sans doute ce à quoi a servi l’ancienne résidence. L’actuelle résidence va servir à autre chose, d’autant que le pays est en train de traverser une crise que nous avions d’ailleurs prédite. Il fallait donc que je me retire dans un endroit reposant coupé du vacarme ambiant afin de prendre les décisions qu’il faudra présenter au moment opportun.

Révérend, le pays est dans la tourmente et l’on ne vous entend pas. Pourquoi ce silence assourdissant ?
On ne nous entend pas. Cela veut-il dire que nous ne sommes plus sur la scène politique ? Je dirais non. Nous nous sommes mis en retrait de la scène publique mais nous continuons de travailler avec le public, j’allais dire dans le silence. Il y a des moments où il faut crier sur les toits et ça nous l’avons fait. Nous avons crié sur la place publique depuis 2008 jusqu’au 31 octobre 2010. Avons-nous prêché dans le désert ? Nous en parlerons un jour. Mais nous pensons que le temps est arrivé pour que nous passions à ce qu’on appelle une diplomatie silencieuse. Parce qu’il ne faut pas exploiter cette situation à des fins politiciennes. La Côte d’Ivoire traverse une crise qui, pour moi est sans précédent. Cette crise est très sérieuse et ce n’est certainement pas le moment d’entamer une diplomatie qui donnerait dans l’exhibitionnisme. Nous avons décidé de faire de la diplomatie silencieuse parce que nous voulons être à équidistance des deux protagonistes en restant au service de la Côte d’Ivoire. Mais, il se trouve que la crédibilité d’une médiation se mesure à l’intérêt que pourrait lui porter les deux camps. Aujourd’hui, nous voyons que les positions se sont radicalisées. Nous devons donc d’abord chercher à voir comment, il faut faire pour rester crédible pour ne pas être accusé d’être partisan avant de poser des actions qui peuvent être acceptées par les deux camps. Devant cette situation, nous avons essayé d’intervenir au plan international pour voir ce qui est faisable et voir dans quelle mesure nous pouvons sortir de la crise sans trop de dégâts. Voilà ce qui justifie notre silence. En même temps, nous voudrions rappeler que nous avons tendu la perche aux Ivoiriens. Dieu a tendu la perche aux Ivoiriens en suscitant ma candidature. Mais dans leur majorité, les Ivoiriens ont décidé de choisir les difficultés plutôt que de choisir la solution que nous sommes. Cela nous a fait mal parce que nous avions depuis longtemps vu les difficultés. Cela dit, nous voyons les efforts des uns et des autres pour sortir le pays de l’ornière. Combien de temps cela va-t-il prendre ? Je ne le sais pas mais je crois très sincèrement que le temps est venu de prier de manière ardente. C’est la complexité de cette crise qui fait que nous sommes un peu lents à parler. Cela ne veut cependant pas dire que nous ne faisons rien. Croyez-moi, nous avons échangé avec plusieurs Chefs d’Etat, avec quelques sénateurs aux USA pas dans l’intérêt d’un camp mais plutôt dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire.

De quel côté êtes-vous ? LMP ou RDHP ?
Heureusement que cette crise va révéler les vraies convictions des uns et des autres. Pour notre part, nous n’avons pas changé. Nous ne sommes ni du RHDP ni de LMP. Mais croyez-moi, nous respectons les deux leaders. Nous pensons qu’ils peuvent éteindre cette crise s’ils y mettent un peu d’humilité et de don de soi. Et s’ils veulent encore nous écouter, nous allons, le moment venu, leur faire part de nos propositions de manière claire et nette. Cela dit, au risque de nous répéter, nous voulons dire que nous ne sommes ni à gauche ni à droite. Nous l’avons dit dès notre entrée en lice dans la course à la magistrature suprême. Nous restons sur la même position. Nous pensons toutefois que les deux leaders ont la capacité d’amener le pays à la paix. Ils ne devront donc pas embraser la Côte d’Ivoire car, ce serait trahir la confiance des Ivoiriens. Vous voyez que je cherche mes mots, parce que je ne voudrais pas que l’on interprète mes propos d’une manière qui nuirait au bon dénouement de la crise. Cela dit, comme tout patriote, je ne voudrais pas voir mon pays bombardé. Ce patriotisme n’a rien à voir avec ce qui est en train de se faire dehors car, pour ma part, je pense que le sommet est à la haute diplomatie. Mais chacun a sa manière d’exprimer son patriotisme et c’est ce que nous faisons.

Revenons à votre candidature, Révérend. Les Ivoiriens ne comprennent pas que vous ayez été battu par surcroît, au premier tour. Dieu aurait-il menti puisque vous justifiiez naguère votre candidature par un appel de Dieu ?
Oui, je crois que c’est la méconnaissance de la parole de Dieu qui conduit les uns et les autres à de tels constats. Il n’est écrit nulle part que, lorsque Dieu appelle quelqu’un, celui-ci ne traverse aucune difficulté et qu’il ne rencontre aucune opposition de la part des hommes. Dans la Bible que je lis, même Jésus Christ, notre Seigneur a rencontré des difficultés. Enfant, il a failli être tué par le Roi Hérode. Dieu a alors été amené à demander à sa mère, la Sainte Marie d’aller en Egypte sinon, l’enfant Jésus serait tué. Il y a aussi le cas de David et Saül. Dieu a dit, je veux David, l’homme selon mon cœur comme Roi, les Juifs ont dit « niet » nous voulons Saül. Dieu a dit ok. Prenez Saül. Et, ils ont mis Saül au pouvoir. Dieu leur a dit voici les conséquences de votre choix mais moi Dieu je veux David. David a donc été obligé d’attendre. Saül a fait 40 ans au pouvoir. Mais ce n’était pas le plan de Dieu, et le peuple en a souffert. Quand Dieu dit voici la solution, nous ne sommes pas des robots, il ne nous oblige pas, il ne nous contraint pas à le suivre, il nous laisse exprimer notre libre arbitre. Dieu a proposé une solution de sortie de crise en la personne du Révérend Pasteur Tagoua qui, en son temps, avait même milité pour l’abstention au second tour. Et vous remarquerez avec moi que, nous n’avons même pas encore un président. Il est vrai que, si on est d’un camp ou de l’autre alors on affirme qu’il y a un président mais pour moi qui suis neutre et pour mes semblables, il n’y a pas encore de président. D’autant que la Constitution, ne nous autorise pas à avoir deux présidents mais un seul. Donc, Dieu n’a pas menti mais il a laissé le libre arbitre des hommes s’exercer. Evidemment, tout autre choix que celui de Dieu conduit parfois à la mort. Si vous avez des doutes, regardez autour de vous. Combien de morts y a-t-il eu depuis le second tour ? Mais Dieu reste le même. C’est un peu comme nos enfants. Si tu dis à ton enfant de ne pas faire telle chose et qu’il passe outre ta décision, il va sans dire qu’il va assumer les conséquences de son choix. Dieu n’a donc pas menti. Encore une fois, ce qui se passe justifie la candidature du Révérend Tagoua qui a été appelé par l’Eternel. Nous croyons en toute humilité avoir fait notre part de sacrifice. En revanche, les Ivoiriens n’ont pas fait leur part et c’est la raison pour laquelle nous en sommes arrivés à cette situation de crise. Avec deux présidents, un vrai bicéphalisme émanant du mauvais choix des Ivoiriens.On aurait choisi un homme neutre que nous n’en serions pas là. D’ailleurs les deux, le président Laurent Gbagbo et le président Alassane Ouattara n’ont aucun problème avec moi et la population n’a aucun problème avec moi. C’est le moment de se remettre en cause pour revenir au choix de Dieu. Une chose est d’utiliser Dieu partout, une autre est de se laisser utiliser par Dieu lui-même. Car, il est impensable d’opposer encore nos deux armées, les FDS et les Fafn. Je m’y oppose vigoureusement!

Comptez-vous contribuer à la sortie de crise et quelles sont vos propositions pour conduire le pays à la paix ? Et, accessoirement, que pensez-vous de la proposition de l’UA qui a décidé d’envoyer un panel de cinq Chefs d’Etat en Côte d’Ivoire pour résoudre cette crise ?
Pour répondre à la première question, je dirais qu’effectivement nous avons des solutions très sérieuses pour permettre de sortir de cette impasse. Et si, nous le disons, c’est parce que nous avons pris le temps de prier pour demander à Dieu de nous éclairer par rapport à la situation que traverse le pays. Cette crise ne sera, au demeurant, solutionnée que par le ciel. Mais le ciel utilise les hommes. Il faut donc avoir beaucoup d’humilité pour vouloir apporter une solution. Et si, nous devrions être le véhicule qui apporte la solution, nous voulons être sûr que nous-mêmes, nous n’avons plus de ressentiment par rapport à notre défaite électorale. Aujourd’hui, c’est chose faite mais nous voulons être néanmoins sûrs que nous sommes effectivement le canal par lequel Dieu veut passer pour sortir le pays de l’ornière. Mais comme quelqu’un l’a dit, Dieu est le Dieu du temps et des circonstances. Il faut donc attendre que les deux protagonistes soient disposés à nous écouter. Parce que c’est un préalable. Sachez au reste que par trois fois, nous avions voulu intervenir mais, à chaque fois, des voix que nous croyons autorisées se sont fait entendre. Notamment, la grande Médiature avec le Sage Mathieu Ekra. Nous pensons qu’il est dans son rôle et nous souhaiterions qu’il soit écouté par les deux parties. Il y a aussi le panel des Chefs d’Etat qui est une chose très sérieuse dont nous saluons l’arrivée. Nous entendons intervenir après cette dernière médiation si cela était nécessaire. Nous disons aux Ivoiriens que, le patriotisme ne dit pas nécessairement d’aller mourir et ça, nous voudrions humblement le dire aux deux présidents. Nous avons besoin d’eux pour qu’ils apportent leur expertise à la Côte d’Ivoire. On ne leur demande pas d’aller mourir et on ne demande pas non plus à leurs partisans d’aller mourir. Par ailleurs, nous voudrions dire qu’il faut qu’il y a ait quelqu’un qui soit neutre dans ce pays. Il faut quand même qu’il y ait un sage. Tout le monde ne peut pas être fou en même temps. C’est pour cela que nous nous sommes réservé jusqu’à présent de parler. Nous ne disons pas que nous sommes plus sage que tout le monde, que cela soit clair. Mais, nous le répétons, nous ne parlerons qu’après le panel des Chefs d’Etat qui ont quelque chose de plus que nous puisque les décisions qu’ils vont prendre auront un caractère contraignant. En attendant, nous demandons aux uns et aux autres de mettre balle à terre en créant un cadre propice pour recevoir le panel des Chefs d’Etat. Ce qui donnera un signal de paix favorable à leur travail d’évaluation. Au lieu de se montrer suspicieux vis-à-vis de l’un d’entre eux. Ce qui rejaillira forcément sur les autres. Nous le répétons, la mort n’est pas la solution. Que tout le monde attende sereinement que le panel des cinq Chefs d’Etat finisse sa médiation.
Nous voudrions nous adresser à la jeunesse à qui nous disons de ne pas mourir maintenant car demain sera meilleur. Pour finir, nous voudrions révéler que, chacun des deux présidents, candidats à l’époque, nous a approché de manière courtoise et respectueuse pour nous demander de travailler avec lui. Mais nous avons poliment décliné l’offre. Parce que, nous entendons conserver notre indépendance et, partant, notre capacité à dire le fond de notre pensée au moment et à l’endroit où il faudra le dire. Je crois qu’il est encore possible de faire la paix.
Entretien réalisé par I.D

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