Des structures spécialisées dans le suivi électoral expliquent pourquoi des missions électorales ne pouvaient pas déployer un délégué dans chacun des 20.000 bureaux de vote, lors des deux derniers scrutins présidentiels. La majorité présidentielle (LMP) se plaint de ce que des missions d'observation électorale n'étaient pas présentes dans les 20.000 bureaux de vote que compte la carte électorale ivoirienne. Est-ce possible en réalité qu'une mission d'observation électorale ait des représentants dans tous les bureaux de vote ? M. Traoré Wodjo Fini est expert-consultant en droit humain et coordonnateur général de la Coalition de la société civile pour la paix et le développement démocratique en Côte d'Ivoire (Cosopci). Une structure qui a suivi le déroulement de l'élection présidentielle dernière, en collaboration avec d'autres structures telles que la Wanep-ci, le Foscao, le Rhidh… « Aucune organisation ne peut déployer autant de personnes que de bureaux de vote quels que soient sa surface financière, ses moyens logistiques et matériels. Pour le faire, il faut beaucoup d'argent, parce qu'un seul observateur revient à 20 dollars soit 10.000 Fcfa chaque jour de l'élection », a-t-il répondu. Cependant, il estime qu'on ne peut être crédible quand on a couvert moins de 4% des bureaux de vote. Pour les élections passées, il fallait, selon lui, être présent sur 15 à 20% des bureaux. Pour ce faire, il faut cibler les lieux stratégiques identifiés où l'on peut avoir des résultats en un temps record. Et M. Wodjo de citer en exemple, pour le district d'Abidjan, les communes d'Abobo, de Cocody, de Yopougon et de Port-Bouët à forte densité démographique. En procédant de cette façon, la mission d'observation constitue un échantillonnage si elle veut travailler exclusivement sur Abidjan. Aussi, pour être plus efficace, l'expert conseille que l'observation électorale (ou le sondage) s'applique sur 10 à 20% des votants (personnes cibles). Ce procédé qui a servi au Cosopci, dit-il, permet de trouver une tendance sensiblement fiable. Mais l'échantillonnage ne répond pas à une règle établie, dit Sabina Vigani du Centre Carter, une autre structure d'observation électorale accréditée auprès de la Commission électorale indépendante (Cei). « On choisit par hasard des bureaux de vote sur lesquels on essaie de répartir les représentants », argumente-t-elle. Les bureaux sont ciblés selon des problématiques précisées, qui sont le caractère confligène, l'accessibilité, le niveau d'alphabétisation, la maîtrise ou non du vote. Pour pallier l'insuffisance de délégués et de moyens financiers, logistiques, des missions d'observation peuvent travailler en collaboration, ajoute-t-elle. Mais dans ce schéma, il faut s'attendre à ce que certains partenaires revendiquent leur indépendance, au point de vouloir se démarquer. C'est parce que des missions ont entretenu une étroite collaboration, qui a marché, se réjouit Sabina, que les conclusions des travaux de la plupart des missions électorales se ressemblent. Pour elle, « ce n'est pas possible que des missions se prévalent d'avoir déployé 600 personnes parce que la Cei a délivré quelque 400 accréditations individuelles ».
Bidi Ignace
Bidi Ignace