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Politique Publié le lundi 7 février 2011 | Le Patriote

Abobo / Trois semaines après son instauration : Le couvre-feu gêne énormément les populations

© Le Patriote Par DR
Crise post-électorale : après les violents combats, le calme revenu à Abobo
A FDS soldier, loyal to incumbent president Laurent Gbagbo, gestures at a checkpoint at the entrance of the Abobo district of Abidjan on January 13, 2011. Ivory Coast`s main city Abidjan was reportedly calm overnight after strongman Laurent Ggabo slapped a curfew on the eve, on a district loyal to his presidential rival following two nights of deadly unrest. Residents told AFP today they heard neither gunfire nor explosions in the northern districts of Abobo and Anyama where many people voted for Gbagbo`s rival Alassane Ouattara in a November election.
Depuis le 12 janvier 2011, les communes d`Abobo et d`Anyama ont été soumises à un couvre-feu imposé par le gouvernement illégitime de Gbagbo. Trois semaines après, le constat est net : les populations n`en veulent plus. Et pour cause.

Notre randonnée débute au « Deuxième arrêt », peu avant l`heure du couvre-feu fixée à 21h.

Ce vendredi 4 février, il est 19h45mn quand nous arrivons à ce haut lieu de l`ambiance et de la bouffe prisé des noctambules d`Abobo et même des quartiers huppés de la capitale économique qui viennent y faire des virées nocturnes. Situé en face de l`agence Coopec d`Abobo et à quelques encablures du rond de la mairie, sur l`autoroute, le « Deuxième arrêt » jadis grouillant de monde, est ce jour-là, clairsemé. Des rares maquis qui ont ouvert, sortent des airs en vogue pour adoucir les moeurs d`inconditionnels clients venus, certainement, prendre leur dernier pot de la journée avant de rentrer à la maison. Pendant ce temps, les vendeuses de poissons braisés s`activent pour servir des clients venus faire des provisions. Un homme, la quarantaine révolue, venu payer du « soukouya », viande de bœuf cuit sur le grill, presse Makida, le vendeur, de vite le servir. «Fais vite ! L`heure approche », dit-il avec un sourire au coin. Il s`agit de l`heure du couvre-feu. Aussitôt, Makida jette un coup d`œil sur sa montre et s`écrie : « Déjà ! ». Il était exactement 20h15. Un peu plus qu`une quarantaine de minutes pour rentrer, couvre-feu oblige. « Voyez-vous, one peut pas travailler. A peine sommes-nous sortis que nous sommes obligés de rentrer », se désole le vendeur de « Soukouya ». « C`est très difficile. Nous ne gagnons rien », renchérit sa voisine, vendeuse d`attiéké. C`est la mort dans l`âme que la bonne dame commence à ranger sa marchandise pour rentrer à la maison. En quelques minutes, les abords de l`autoroute se vident, les boutiques se ferment. Les gens pressent les pas. Chacun se presse pour rentrer et éviter que l`heure du couvre-feu ne le trouve, surtout en ce lieu non loin du rond point de la mairie qui a été la nuit du 11 au 12 janvier, on se rappelle, le théâtre d`affrontements meurtriers entre les forces de l`ordre et des gens armés. Principale raison de l`instauration du couvre-feu depuis cette date.

Nous sautons dans l`un des rares Gbaka encore en circulation en partance pour « Dépôt 9 ».

Nous descendons au marché de nuit d`Avocatier, non loin du tristement célèbre « Parlement d`Abobo », haut lieu d`intoxication et de propagande des jeunes patriotes à la solde du chef de l`Etat sortant, Laurent Gbagbo. Là aussi, la place est vide. Les occupants auraient quitté le lieu depuis une heure environ. Couvre-feu oblige. Une vendeuse de poissons braisés s`apprête à rentrer. Nous feignons de passer une commande de poisson. Elle marque son étonnement en ces termes : « Mais, monsieur, qui êtes-vous ? Vous ne voyez pas que tout le monde est rentré ? »

Nous en profitons pour engager une petite conversation avec notre interlocutrice visiblement très occupée à ranger ses ustensiles. « Je n`ai pas vendu grande chose. C`est ainsi depuis leur couvre-feu. Cela fait maintenant trois semaines », nous confie-t-elle. Pendant que nous échangions avec elle, nous apercevions un cargo du Centre de commandement des opérations de sécurité, CECOS passer sur l`autoroute. Histoire de rappeler aux récalcitrants que le couvre-feu est toujours en vigueur. Il est 20h45mn. Un peu plus de 15 mn pour rentrer. Nous décidons d`éviter d`emprunter l`autoroute pour le retour.

Chemin faisant, nous rencontrons un jeune de notre secteur qui semblait ne pas être concerné par le couvre-feu. « Le couvre-feu est l`affaire de ceux qui sont en bordure des grandes voies.

Chez nous au quartier, on ne connait pas de couvre-feu », nous apprend-t-il. Un peu plus loin, nous apercevons un groupe de jeunes gens assis devant leur cour, devisant autour de vers de thé. L`ambiance est bon enfant dans le quartier. Tout se passe comme si la commune n`était pas sous couvre-feu. Les enfants gambadent dans les ruelles. Effectivement, tout porte à croire à l`intérieur des quartiers, que les jeunes ont levé eux-mêmes le couvre-feu.

Ibrahima B. Kamagaté
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