Depuis le 12 janvier 2011, les communes d`Abobo et d`Anyama ont été soumises à un couvre-feu imposé par le gouvernement illégitime de Gbagbo. Trois semaines après, le constat est net : les populations n`en veulent plus. Et pour cause.
Notre randonnée débute au « Deuxième arrêt », peu avant l`heure du couvre-feu fixée à 21h.
Ce vendredi 4 février, il est 19h45mn quand nous arrivons à ce haut lieu de l`ambiance et de la bouffe prisé des noctambules d`Abobo et même des quartiers huppés de la capitale économique qui viennent y faire des virées nocturnes. Situé en face de l`agence Coopec d`Abobo et à quelques encablures du rond de la mairie, sur l`autoroute, le « Deuxième arrêt » jadis grouillant de monde, est ce jour-là, clairsemé. Des rares maquis qui ont ouvert, sortent des airs en vogue pour adoucir les moeurs d`inconditionnels clients venus, certainement, prendre leur dernier pot de la journée avant de rentrer à la maison. Pendant ce temps, les vendeuses de poissons braisés s`activent pour servir des clients venus faire des provisions. Un homme, la quarantaine révolue, venu payer du « soukouya », viande de bœuf cuit sur le grill, presse Makida, le vendeur, de vite le servir. «Fais vite ! L`heure approche », dit-il avec un sourire au coin. Il s`agit de l`heure du couvre-feu. Aussitôt, Makida jette un coup d`œil sur sa montre et s`écrie : « Déjà ! ». Il était exactement 20h15. Un peu plus qu`une quarantaine de minutes pour rentrer, couvre-feu oblige. « Voyez-vous, one peut pas travailler. A peine sommes-nous sortis que nous sommes obligés de rentrer », se désole le vendeur de « Soukouya ». « C`est très difficile. Nous ne gagnons rien », renchérit sa voisine, vendeuse d`attiéké. C`est la mort dans l`âme que la bonne dame commence à ranger sa marchandise pour rentrer à la maison. En quelques minutes, les abords de l`autoroute se vident, les boutiques se ferment. Les gens pressent les pas. Chacun se presse pour rentrer et éviter que l`heure du couvre-feu ne le trouve, surtout en ce lieu non loin du rond point de la mairie qui a été la nuit du 11 au 12 janvier, on se rappelle, le théâtre d`affrontements meurtriers entre les forces de l`ordre et des gens armés. Principale raison de l`instauration du couvre-feu depuis cette date.
Nous sautons dans l`un des rares Gbaka encore en circulation en partance pour « Dépôt 9 ».
Nous descendons au marché de nuit d`Avocatier, non loin du tristement célèbre « Parlement d`Abobo », haut lieu d`intoxication et de propagande des jeunes patriotes à la solde du chef de l`Etat sortant, Laurent Gbagbo. Là aussi, la place est vide. Les occupants auraient quitté le lieu depuis une heure environ. Couvre-feu oblige. Une vendeuse de poissons braisés s`apprête à rentrer. Nous feignons de passer une commande de poisson. Elle marque son étonnement en ces termes : « Mais, monsieur, qui êtes-vous ? Vous ne voyez pas que tout le monde est rentré ? »
Nous en profitons pour engager une petite conversation avec notre interlocutrice visiblement très occupée à ranger ses ustensiles. « Je n`ai pas vendu grande chose. C`est ainsi depuis leur couvre-feu. Cela fait maintenant trois semaines », nous confie-t-elle. Pendant que nous échangions avec elle, nous apercevions un cargo du Centre de commandement des opérations de sécurité, CECOS passer sur l`autoroute. Histoire de rappeler aux récalcitrants que le couvre-feu est toujours en vigueur. Il est 20h45mn. Un peu plus de 15 mn pour rentrer. Nous décidons d`éviter d`emprunter l`autoroute pour le retour.
Chemin faisant, nous rencontrons un jeune de notre secteur qui semblait ne pas être concerné par le couvre-feu. « Le couvre-feu est l`affaire de ceux qui sont en bordure des grandes voies.
Chez nous au quartier, on ne connait pas de couvre-feu », nous apprend-t-il. Un peu plus loin, nous apercevons un groupe de jeunes gens assis devant leur cour, devisant autour de vers de thé. L`ambiance est bon enfant dans le quartier. Tout se passe comme si la commune n`était pas sous couvre-feu. Les enfants gambadent dans les ruelles. Effectivement, tout porte à croire à l`intérieur des quartiers, que les jeunes ont levé eux-mêmes le couvre-feu.
Ibrahima B. Kamagaté
Notre randonnée débute au « Deuxième arrêt », peu avant l`heure du couvre-feu fixée à 21h.
Ce vendredi 4 février, il est 19h45mn quand nous arrivons à ce haut lieu de l`ambiance et de la bouffe prisé des noctambules d`Abobo et même des quartiers huppés de la capitale économique qui viennent y faire des virées nocturnes. Situé en face de l`agence Coopec d`Abobo et à quelques encablures du rond de la mairie, sur l`autoroute, le « Deuxième arrêt » jadis grouillant de monde, est ce jour-là, clairsemé. Des rares maquis qui ont ouvert, sortent des airs en vogue pour adoucir les moeurs d`inconditionnels clients venus, certainement, prendre leur dernier pot de la journée avant de rentrer à la maison. Pendant ce temps, les vendeuses de poissons braisés s`activent pour servir des clients venus faire des provisions. Un homme, la quarantaine révolue, venu payer du « soukouya », viande de bœuf cuit sur le grill, presse Makida, le vendeur, de vite le servir. «Fais vite ! L`heure approche », dit-il avec un sourire au coin. Il s`agit de l`heure du couvre-feu. Aussitôt, Makida jette un coup d`œil sur sa montre et s`écrie : « Déjà ! ». Il était exactement 20h15. Un peu plus qu`une quarantaine de minutes pour rentrer, couvre-feu oblige. « Voyez-vous, one peut pas travailler. A peine sommes-nous sortis que nous sommes obligés de rentrer », se désole le vendeur de « Soukouya ». « C`est très difficile. Nous ne gagnons rien », renchérit sa voisine, vendeuse d`attiéké. C`est la mort dans l`âme que la bonne dame commence à ranger sa marchandise pour rentrer à la maison. En quelques minutes, les abords de l`autoroute se vident, les boutiques se ferment. Les gens pressent les pas. Chacun se presse pour rentrer et éviter que l`heure du couvre-feu ne le trouve, surtout en ce lieu non loin du rond point de la mairie qui a été la nuit du 11 au 12 janvier, on se rappelle, le théâtre d`affrontements meurtriers entre les forces de l`ordre et des gens armés. Principale raison de l`instauration du couvre-feu depuis cette date.
Nous sautons dans l`un des rares Gbaka encore en circulation en partance pour « Dépôt 9 ».
Nous descendons au marché de nuit d`Avocatier, non loin du tristement célèbre « Parlement d`Abobo », haut lieu d`intoxication et de propagande des jeunes patriotes à la solde du chef de l`Etat sortant, Laurent Gbagbo. Là aussi, la place est vide. Les occupants auraient quitté le lieu depuis une heure environ. Couvre-feu oblige. Une vendeuse de poissons braisés s`apprête à rentrer. Nous feignons de passer une commande de poisson. Elle marque son étonnement en ces termes : « Mais, monsieur, qui êtes-vous ? Vous ne voyez pas que tout le monde est rentré ? »
Nous en profitons pour engager une petite conversation avec notre interlocutrice visiblement très occupée à ranger ses ustensiles. « Je n`ai pas vendu grande chose. C`est ainsi depuis leur couvre-feu. Cela fait maintenant trois semaines », nous confie-t-elle. Pendant que nous échangions avec elle, nous apercevions un cargo du Centre de commandement des opérations de sécurité, CECOS passer sur l`autoroute. Histoire de rappeler aux récalcitrants que le couvre-feu est toujours en vigueur. Il est 20h45mn. Un peu plus de 15 mn pour rentrer. Nous décidons d`éviter d`emprunter l`autoroute pour le retour.
Chemin faisant, nous rencontrons un jeune de notre secteur qui semblait ne pas être concerné par le couvre-feu. « Le couvre-feu est l`affaire de ceux qui sont en bordure des grandes voies.
Chez nous au quartier, on ne connait pas de couvre-feu », nous apprend-t-il. Un peu plus loin, nous apercevons un groupe de jeunes gens assis devant leur cour, devisant autour de vers de thé. L`ambiance est bon enfant dans le quartier. Tout se passe comme si la commune n`était pas sous couvre-feu. Les enfants gambadent dans les ruelles. Effectivement, tout porte à croire à l`intérieur des quartiers, que les jeunes ont levé eux-mêmes le couvre-feu.
Ibrahima B. Kamagaté