L`ambassadeur des Etats-Unis en Côte d`Ivoire, Philipp Carter III a prononcé, vendredi dernier, à Washington une conférence sur la crise post-électorale. Selon le diplomate américain, la situation pourrait vite devenir intenable pour Laurent Gbagbo. Nous vous proposons de larges extraits de ses propos liminaires.
Nous avons tous suivi cette élection. Quand on l`examine, on doit prendre en considération que l`élection présidentielle de novembre 2010 en Côte d`Ivoire, est l`aboutissement de plusieurs années de travail des institutions nationales du pays, autant que de la communauté internationale, dans le but de résoudre un conflit de dix ans. Et les accords qui ont été signés ayant conduit à cette élection, principalement l`accord politique de Ouagadougou de 2007, ont établi un processus visant à répondre aux questions de l`identification nationale, l`inscription des électeurs, le désarmement, la réunification, ainsi que la conduite de ces élections. Et l`accord politique de Ouagadougou était également l`accord qui a invité les Nations Unies à travailler sur les élections et à les certifier. Cet accord, qui était de certifier les élections présidentielle et législatives, est un accord qui a été signé à la fois par le président Gbagbo, M. Ouattara, M. Konan Bédié, le Premier ministre Soro, ainsi que le président du Burkina Faso, le président Compaoré. Le premier tour des élections ont eu lieu. Quatorze candidats se sont présentés. Il y avait trois principaux. Des onze restants, je ne pense pas qu`ils aient obtenu collectivement plus de 3 % des voix au plus, peut-être pas même un. Et, -le processus s`est bien déroulé, avec un taux de 84 %- cette participation électorale au premier tour de l`élection en fait un des plus élevés au monde. Il a été pacifique, et les résultats ont donné Gbagbo en tête, à la deuxième place Ouattara et à la troisième place M. Konan Bédié. Celui-ci a apporté son soutien à Ouattara pour le second tour, qui avait un taux de participation, nous le reconnaissons, d`environ 81 %, qui est remarquablement élevé pour une présidentielle supplémentaire. Après l`élection du second tour, les choses sont devenues un peu plus controversées. Bien que le processus ait été le même pour le premier et pour le second tour où la Commission électorale indépendante a compté et délivré les résultats. Les résultats de la première manche ont été certifiés ou approuvés par le Conseil constitutionnel et certifiés par l`Organisation des Nations Unies. Le processus a été opéré pour le second tour, mais les pressions étaient manifestes dans le comptage du second tour. Des intimidations ont été signalées dans certaines parties du pays, mais le processus s`est poursuivi, en termes de comptage des résultats, sans entraves, jusqu`à ce que tout a été obtenu au siège de la Commission électorale. Et ce que nous avons vu, c`est qu`il y avait une scission au sein de la Commission électorale. La commission a tenté de se déplacer, sur la base d`un consensus, pour compter les résultats. Ce qui a été fait tôt jeudi matin après l`élection, par consensus, venir avec les résultats des 19 régions qui étaient là. Le défi était de savoir comment ils allaient proclamer les résultats. La Commission électorale, ou du moins, le président de la Commission électorale, avait été intimidé. Il y avait des forces de sécurité tout le long du siège de la commission. En fin de compte, il les a proclamés dans un hôtel, l`hôtel du Golf, qui était essentiellement les bureaux du Premier ministre Guillaume Soro qui était le Premier ministre du président Gbagbo à l`époque. Et ses résultats ont indiqué qu`Alassane Ouattara a remporté avec une marge d`environ 8%. Plus tard ce jour-là, le Conseil constitutionnel a déclaré les résultats de la Commission électorale nuls et non avenus, et le lendemain a réévalué les résultats, indiquant que Laurent Gbagbo a remporté avec 51 % des voix contre 48% pour Alassane Ouattara.
L`Organisation des Nations Unies, comme elle l`a fait au premier tour, a poursuivi son processus de certification, qui a été extrêmement rigoureux et fait indépendamment des institutions nationales dans le pays. Et c`était très rigoureux, très impartial. Et les résultats de cette certification ont indiqué qu`Alassane Ouattara a remporté avec environ 8,2 % de marge, comme la Commission électorale. L`Organisation des Nations Unies avait essayé d`emprunter la voie tracée par le Conseil constitutionnel pour obtenir les résultats donnés par Paul Yao-N`Dré mais a été incapable de faire pareil. Car même en annulant une partie du vote dans le Nord, les résultats donnent toujours Alassane Ouattara vainqueur. Sur la question des violences dans le Nord, nous avons noté des incidents, les observateurs aussi. Mais rien de ce qui a été constaté n`était de nature à perturber les résultats de l`élection. Il y avait effectivement plus de violences dans la partie Sud du pays, où le parti de Gbagbo n`a pas contesté les résultats. Avec un taux de participation de 81% et même plus dans certaines régions dans le Nord, il est difficile de dire que les gens ont été empêchés de voter. Donc ce que nous avons maintenant est une situation où nous avons eu un bon scrutin transparent, démocratique, attesté par les Nations Unies, certifié par l`Organisation des Nations Unies, où il a été observé par les deux groupes crédibles d`observateurs nationaux et internationaux, y compris le Centre Carter, l`Union européenne, l`Union africaine, la Cedeao et des groupes d`observateurs locaux, et où le président sortant a refusé d`accepter les résultats d`un processus qu`il a lui-même mis en place, avec l`accord d`autres leaders africains. Nous sommes donc dans une situation où nous avons eu une bonne élection avec des résultats clairs qui sont incontestables. Et nous avons un dilemme. Celui des institutions nationales, entre le Conseil constitutionnel et la Commission électorale, qui ont eu des résultats différents. Le fait que l`Organisation des Nations Unies a été invitée, en vertu de l`accord politique de Ouagadougou, c`est ce qui donne de la crédibilité au processus électoral en Côte d`Ivoire. La situation est maintenant beaucoup plus difficile avec un président sortant, qui tient les rênes du pouvoir par le biais de certaines forces de sécurité, essayant de s`accrocher aux instruments de gouvernance avec les ministères. Avec le président élu Ouattara, réfugié à l`hôtel du Golf, protégé par environ 300 soldats de la paix, issus des troupes des Nations Unies et de la force française Licorne et avec quelques anciens éléments du Centre de commandement intégré. Un organisme de coordination au sein de l`armée locale composé des Forces armées des nouvelles et des Forces de défense et de sécurité. Certains éléments de ces forces sont restés à l`hôtel du Golf pour assurer la protection du président Ouattara et de son Premier ministre, nouvellement désigné, qui est l`ancien Premier ministre, Guillaume Soro. La situation est telle que le pays est dans un état de stagnation. Il est figé. Si vous vous souvenez bien, avant cette élection, la partie nord du pays était essentiellement un territoire rebelle. Et l`espoir était que cette élection serait une étape cruciale, importante et essentielle pour réunifier le pays. Cela n`est pas arrivé suite au refus des résultats par le président Gbagbo. La violence a persisté dans le pays, notamment à Abidjan. Il y a des rapports crédibles sur des groupes de milices sous le contrôle de Gbagbo qui ont parcouru des quartiers peuplés en grande partie par les partisans de Ouattara, tirant les gens de chez eux, les battant. Certains d`entre eux ont été sommairement exécutés. D`autres ont disparu. L`Organisation des Nations Unies a mené des enquêtes, bien que ces enquêtes aient été entravées par les forces de défense et de sécurité contrôlées par le président Gbagbo, ils ont été en mesure de certifier que 250 personnes ont été exécutées sommairement et à peu près une centaine a disparu. Ces chiffres vont probablement grimper. Nous avons le président Gbagbo qui utilise les médias nationaux, particulièrement la station de télévision, les transformant en une machine de propagande qui délivre des informations absolument démesurées. Certains ont affirmé que ces discours sont haineux. Je n`irai pas jusque-là mais, il est clair que la propagande, est en grande partie, erronée. Dans la presse écrite, il y a ce que nous appelons les journaux bleus, - le bleu qui est la couleur du parti du Gbagbo- et la presse verte, qui est la couleur du parti de Ouattara. Et, les indépendants, quelques uns, qui rapportent les faits des deux camps opposées. Aussi, doit-on patauger dans tout cela pour obtenir une vue objective.
Nous avons également eu une situation où la communauté internationale, considérant la certification de l`Organisation des Nations Unies, a soutenu l`élection du président Alassane Ouattara. La Cedeao, organisme africain régional pour l`Afrique de l`Ouest, a déclaré qu`il est légitimement élu et que le président Gbagbo doit démissionner pour permettre une transition pacifique. Cela a été repris par l`Union africaine, le Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi que nous-mêmes, le gouvernement des Etats-Unis, ainsi que d`autres pays, aussi bien les Etats de l`Union européenne que d`autres Etats non-européens.
L`espoir est que cette pression, qui comporte des sanctions de l`Union européenne et des Etats-Unis, contre des personnes et certaines entités spécifiques, tant en termes d`interdiction de voyager et que de sanctions financières ciblées, couplées avec les efforts du président Ouattara récupérer et tenter d`obtenir le contrôle des ressources nationales et des instruments nationaux de gouvernance, plus précisément la Banque centrale, qui est une banque centrale régionale pour la Côte d`Ivoire, qui fait partie de l`Union monétaire ouest africaine. Présentement, il a le contrôle de ces fonds nationaux et met une pression financière sur les instruments du pouvoir contrôlés par le président Gbagbo.
La situation est tendue. Il y a eu des efforts de médiation, pour trouver un accord, trouver des moyens pacifiques de sortir de là, dirigés par la Cedeao, l`Union africaine. Il y a eu des efforts de la part de l`ancien président sud-africain MBeki, de l`ancien président nigérian, Obasanjo. Il y a eu une délégation de présidents de la Cedeao qui s`y est rendue deux fois. Le Premier ministre du Kenya, Raila Odinga, et d`autres sont venus travailler avec les deux parties, à tout le moins, pour lever le blocus de l`hôtel du Golf, où le président Ouattara est et où il est contraint de rester. Cela n`a pas eu lieu. Lorsqu`ils ont exhorté le président Gbagbo à chercher une sortie honorable, paisible à l`effet d`une transition qui peut faire avancer le pays, il a résisté à ces offres.
Et c`est à ce stade que nous sommes actuellement. La situation est d`autant plus critique que les sanctions financières, les interdictions de voyage, le contrôle de la Banque centrale Ouest-africaine par M. Ouattara, commencent à mordre. Et Gbagbo commence à ressentir la pression. Il y a une crise financière à Abidjan au moment où nous parlons, le commerce a ralenti. L`économie n`est pas en chute libre, mais elle le sera bientôt si cela persiste et a une importance régionale, dans la mesure où la Côte d`Ivoire représente jusqu`à 40 % de l`activité économique de l`Union monétaire ouest-africaine. C`est la situation à laquelle nous sommes confrontés. Gbagbo lui-même a essayé d`organiser des soutiens à sa cause, à l`intérieur et à l`extérieur de l`Afrique. Il a tenté de s`aliéner la communauté internationale, sans effet. Une chose est sûre, c`est que pendant qu`il y a des gens qui observent la situation, certains gouvernements en Afrique et à l`extérieur, il y a encore un grand sens d`unité internationale concernant les résultats de l`élection et l`espoir d`une transition pacifique du pouvoir.
La véritable question est la capacité de M. Gbagbo à gouverner. Il a les forces de sécurité avec lui pour un temps. S`il ne peut pas les payer, comment vont-elles continuer d`être loyales ?
Traduit par M.A.E.
Nous avons tous suivi cette élection. Quand on l`examine, on doit prendre en considération que l`élection présidentielle de novembre 2010 en Côte d`Ivoire, est l`aboutissement de plusieurs années de travail des institutions nationales du pays, autant que de la communauté internationale, dans le but de résoudre un conflit de dix ans. Et les accords qui ont été signés ayant conduit à cette élection, principalement l`accord politique de Ouagadougou de 2007, ont établi un processus visant à répondre aux questions de l`identification nationale, l`inscription des électeurs, le désarmement, la réunification, ainsi que la conduite de ces élections. Et l`accord politique de Ouagadougou était également l`accord qui a invité les Nations Unies à travailler sur les élections et à les certifier. Cet accord, qui était de certifier les élections présidentielle et législatives, est un accord qui a été signé à la fois par le président Gbagbo, M. Ouattara, M. Konan Bédié, le Premier ministre Soro, ainsi que le président du Burkina Faso, le président Compaoré. Le premier tour des élections ont eu lieu. Quatorze candidats se sont présentés. Il y avait trois principaux. Des onze restants, je ne pense pas qu`ils aient obtenu collectivement plus de 3 % des voix au plus, peut-être pas même un. Et, -le processus s`est bien déroulé, avec un taux de 84 %- cette participation électorale au premier tour de l`élection en fait un des plus élevés au monde. Il a été pacifique, et les résultats ont donné Gbagbo en tête, à la deuxième place Ouattara et à la troisième place M. Konan Bédié. Celui-ci a apporté son soutien à Ouattara pour le second tour, qui avait un taux de participation, nous le reconnaissons, d`environ 81 %, qui est remarquablement élevé pour une présidentielle supplémentaire. Après l`élection du second tour, les choses sont devenues un peu plus controversées. Bien que le processus ait été le même pour le premier et pour le second tour où la Commission électorale indépendante a compté et délivré les résultats. Les résultats de la première manche ont été certifiés ou approuvés par le Conseil constitutionnel et certifiés par l`Organisation des Nations Unies. Le processus a été opéré pour le second tour, mais les pressions étaient manifestes dans le comptage du second tour. Des intimidations ont été signalées dans certaines parties du pays, mais le processus s`est poursuivi, en termes de comptage des résultats, sans entraves, jusqu`à ce que tout a été obtenu au siège de la Commission électorale. Et ce que nous avons vu, c`est qu`il y avait une scission au sein de la Commission électorale. La commission a tenté de se déplacer, sur la base d`un consensus, pour compter les résultats. Ce qui a été fait tôt jeudi matin après l`élection, par consensus, venir avec les résultats des 19 régions qui étaient là. Le défi était de savoir comment ils allaient proclamer les résultats. La Commission électorale, ou du moins, le président de la Commission électorale, avait été intimidé. Il y avait des forces de sécurité tout le long du siège de la commission. En fin de compte, il les a proclamés dans un hôtel, l`hôtel du Golf, qui était essentiellement les bureaux du Premier ministre Guillaume Soro qui était le Premier ministre du président Gbagbo à l`époque. Et ses résultats ont indiqué qu`Alassane Ouattara a remporté avec une marge d`environ 8%. Plus tard ce jour-là, le Conseil constitutionnel a déclaré les résultats de la Commission électorale nuls et non avenus, et le lendemain a réévalué les résultats, indiquant que Laurent Gbagbo a remporté avec 51 % des voix contre 48% pour Alassane Ouattara.
L`Organisation des Nations Unies, comme elle l`a fait au premier tour, a poursuivi son processus de certification, qui a été extrêmement rigoureux et fait indépendamment des institutions nationales dans le pays. Et c`était très rigoureux, très impartial. Et les résultats de cette certification ont indiqué qu`Alassane Ouattara a remporté avec environ 8,2 % de marge, comme la Commission électorale. L`Organisation des Nations Unies avait essayé d`emprunter la voie tracée par le Conseil constitutionnel pour obtenir les résultats donnés par Paul Yao-N`Dré mais a été incapable de faire pareil. Car même en annulant une partie du vote dans le Nord, les résultats donnent toujours Alassane Ouattara vainqueur. Sur la question des violences dans le Nord, nous avons noté des incidents, les observateurs aussi. Mais rien de ce qui a été constaté n`était de nature à perturber les résultats de l`élection. Il y avait effectivement plus de violences dans la partie Sud du pays, où le parti de Gbagbo n`a pas contesté les résultats. Avec un taux de participation de 81% et même plus dans certaines régions dans le Nord, il est difficile de dire que les gens ont été empêchés de voter. Donc ce que nous avons maintenant est une situation où nous avons eu un bon scrutin transparent, démocratique, attesté par les Nations Unies, certifié par l`Organisation des Nations Unies, où il a été observé par les deux groupes crédibles d`observateurs nationaux et internationaux, y compris le Centre Carter, l`Union européenne, l`Union africaine, la Cedeao et des groupes d`observateurs locaux, et où le président sortant a refusé d`accepter les résultats d`un processus qu`il a lui-même mis en place, avec l`accord d`autres leaders africains. Nous sommes donc dans une situation où nous avons eu une bonne élection avec des résultats clairs qui sont incontestables. Et nous avons un dilemme. Celui des institutions nationales, entre le Conseil constitutionnel et la Commission électorale, qui ont eu des résultats différents. Le fait que l`Organisation des Nations Unies a été invitée, en vertu de l`accord politique de Ouagadougou, c`est ce qui donne de la crédibilité au processus électoral en Côte d`Ivoire. La situation est maintenant beaucoup plus difficile avec un président sortant, qui tient les rênes du pouvoir par le biais de certaines forces de sécurité, essayant de s`accrocher aux instruments de gouvernance avec les ministères. Avec le président élu Ouattara, réfugié à l`hôtel du Golf, protégé par environ 300 soldats de la paix, issus des troupes des Nations Unies et de la force française Licorne et avec quelques anciens éléments du Centre de commandement intégré. Un organisme de coordination au sein de l`armée locale composé des Forces armées des nouvelles et des Forces de défense et de sécurité. Certains éléments de ces forces sont restés à l`hôtel du Golf pour assurer la protection du président Ouattara et de son Premier ministre, nouvellement désigné, qui est l`ancien Premier ministre, Guillaume Soro. La situation est telle que le pays est dans un état de stagnation. Il est figé. Si vous vous souvenez bien, avant cette élection, la partie nord du pays était essentiellement un territoire rebelle. Et l`espoir était que cette élection serait une étape cruciale, importante et essentielle pour réunifier le pays. Cela n`est pas arrivé suite au refus des résultats par le président Gbagbo. La violence a persisté dans le pays, notamment à Abidjan. Il y a des rapports crédibles sur des groupes de milices sous le contrôle de Gbagbo qui ont parcouru des quartiers peuplés en grande partie par les partisans de Ouattara, tirant les gens de chez eux, les battant. Certains d`entre eux ont été sommairement exécutés. D`autres ont disparu. L`Organisation des Nations Unies a mené des enquêtes, bien que ces enquêtes aient été entravées par les forces de défense et de sécurité contrôlées par le président Gbagbo, ils ont été en mesure de certifier que 250 personnes ont été exécutées sommairement et à peu près une centaine a disparu. Ces chiffres vont probablement grimper. Nous avons le président Gbagbo qui utilise les médias nationaux, particulièrement la station de télévision, les transformant en une machine de propagande qui délivre des informations absolument démesurées. Certains ont affirmé que ces discours sont haineux. Je n`irai pas jusque-là mais, il est clair que la propagande, est en grande partie, erronée. Dans la presse écrite, il y a ce que nous appelons les journaux bleus, - le bleu qui est la couleur du parti du Gbagbo- et la presse verte, qui est la couleur du parti de Ouattara. Et, les indépendants, quelques uns, qui rapportent les faits des deux camps opposées. Aussi, doit-on patauger dans tout cela pour obtenir une vue objective.
Nous avons également eu une situation où la communauté internationale, considérant la certification de l`Organisation des Nations Unies, a soutenu l`élection du président Alassane Ouattara. La Cedeao, organisme africain régional pour l`Afrique de l`Ouest, a déclaré qu`il est légitimement élu et que le président Gbagbo doit démissionner pour permettre une transition pacifique. Cela a été repris par l`Union africaine, le Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi que nous-mêmes, le gouvernement des Etats-Unis, ainsi que d`autres pays, aussi bien les Etats de l`Union européenne que d`autres Etats non-européens.
L`espoir est que cette pression, qui comporte des sanctions de l`Union européenne et des Etats-Unis, contre des personnes et certaines entités spécifiques, tant en termes d`interdiction de voyager et que de sanctions financières ciblées, couplées avec les efforts du président Ouattara récupérer et tenter d`obtenir le contrôle des ressources nationales et des instruments nationaux de gouvernance, plus précisément la Banque centrale, qui est une banque centrale régionale pour la Côte d`Ivoire, qui fait partie de l`Union monétaire ouest africaine. Présentement, il a le contrôle de ces fonds nationaux et met une pression financière sur les instruments du pouvoir contrôlés par le président Gbagbo.
La situation est tendue. Il y a eu des efforts de médiation, pour trouver un accord, trouver des moyens pacifiques de sortir de là, dirigés par la Cedeao, l`Union africaine. Il y a eu des efforts de la part de l`ancien président sud-africain MBeki, de l`ancien président nigérian, Obasanjo. Il y a eu une délégation de présidents de la Cedeao qui s`y est rendue deux fois. Le Premier ministre du Kenya, Raila Odinga, et d`autres sont venus travailler avec les deux parties, à tout le moins, pour lever le blocus de l`hôtel du Golf, où le président Ouattara est et où il est contraint de rester. Cela n`a pas eu lieu. Lorsqu`ils ont exhorté le président Gbagbo à chercher une sortie honorable, paisible à l`effet d`une transition qui peut faire avancer le pays, il a résisté à ces offres.
Et c`est à ce stade que nous sommes actuellement. La situation est d`autant plus critique que les sanctions financières, les interdictions de voyage, le contrôle de la Banque centrale Ouest-africaine par M. Ouattara, commencent à mordre. Et Gbagbo commence à ressentir la pression. Il y a une crise financière à Abidjan au moment où nous parlons, le commerce a ralenti. L`économie n`est pas en chute libre, mais elle le sera bientôt si cela persiste et a une importance régionale, dans la mesure où la Côte d`Ivoire représente jusqu`à 40 % de l`activité économique de l`Union monétaire ouest-africaine. C`est la situation à laquelle nous sommes confrontés. Gbagbo lui-même a essayé d`organiser des soutiens à sa cause, à l`intérieur et à l`extérieur de l`Afrique. Il a tenté de s`aliéner la communauté internationale, sans effet. Une chose est sûre, c`est que pendant qu`il y a des gens qui observent la situation, certains gouvernements en Afrique et à l`extérieur, il y a encore un grand sens d`unité internationale concernant les résultats de l`élection et l`espoir d`une transition pacifique du pouvoir.
La véritable question est la capacité de M. Gbagbo à gouverner. Il a les forces de sécurité avec lui pour un temps. S`il ne peut pas les payer, comment vont-elles continuer d`être loyales ?
Traduit par M.A.E.