Le régime de Laurent Gbagbo a visiblement enclenché le processus de bâillonnement de la presse libre avec le limogeage du président du Conseil national de la presse, Eugène Dié Kacou.
Alerte rouge pour la liberté de la presse en Côte d'Ivoire ! Après les leaders du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), obligés de vivre reclus au Golf hôtel, le régime de Laurent Gbagbo est sans doute en train de défricher un autre terrain de restriction des libertés démocratiques. Vendredi dernier, par le truchement de son prétendument ministre de la communication, l'ancien chef de l'Etat a décidé de ''descendre'' Eugène Dié Kacou, président du Conseil national de la presse (Cnp). Le crime du patron de l'organe de régulation de la presse : son indépendance. En d'autres termes, il est reproché à M. Dié Kacou, de n'avoir pas fait allégeance au gouvernement de Marie-Gilbert Aké N'Gbo. La mesure qui se murmurait depuis la visite de Ouattara Gnonzié au Cnp, a donc fini par tomber, sans grande surprise. «Eugène Kacou en faisait à sa tête. Lorsque le ministre Gnonzié effectue une visite dans son département, le Cnp, Eugène Dié Kacou prend alors soin d'inviter toute la presse du Rhdp», avance pour justifier sa mise à l'écart, un quotidien pro-Gbagbo. Et, il n'a pas tort. C'est que, depuis le déclenchement de la crise post-électorale, La majorité présidentielle a nourri le secret espoir de mettre toute la presse ivoirienne à ses pieds, grâce à la sollicitude du patron du Cnp. Dans le pire des cas, elle attendait de l'ancien journaliste sportif de la télévision ivoirienne, qu'il mette au pas les journaux ''récalcitrants'' comme le fait avec dévotion, Franck Anderson Kouassi, président de la Commission nationale de la communication audiovisuelle (Cnca), pour les médias audiovisuels. Ainsi, au terme de l'interdiction faite à certains quotidiens de paraître, du 17 au 25 décembre 2010, les partisans de Laurent Gbagbo attendaient du Cnp, qu'il endosse la mesure prise par la garde républicaine. Mais, contre toute attente pour eux, Eugène Dié Kacou s'est rangé du côté de la liberté de la presse en enjoignant même les forces fidèles à Laurent Gbagbo, de laisser les journaux libres faire leur travail. Premier crime de lèse-majesté, selon les ''frontistes''. Mais, ce n'est que le début. Les frontistes qui ont souvent la mémoire courte, ont oublié qu'en 1984, le journaliste sportif n'a pas hésité à dire ses quatre vérités au tout-puissant ministre des Sports de l'époque, Laurent Dona Fologo. Convoqué par Félix Houphouet-Boigny, il est resté droit dans ses souliers, réaffirmant ce qui lui avait valu la convocation. A l'occasion de la visite de Ouattara Gnonzié au Cnp, le 19 janvier dernier, Eugène Dié Kacou démontrera qu'il n'a jamais été un lèche-bottes et qu'il ne le sera pas pour les ''Refondateurs''. « Nous sommes présents pour vous accueillir aujourd'hui comme nous avons accueilli avant vous, tous ceux et toutes celles qui nous ont fait l'honneur de nous rendre visite, et comme nous accueillerons plus tard, tous ceux et toutes celles qui émettront le souhait de nous rencontrer », entame-t-il son mot de bienvenu à son hôte du jour avant de d'expliquer dans quel état d'esprit se trouvait sa structure, relativement au bâillonnement de la presse dont M. Gnonzié serait un farouche partisan. « Il est admis que, dans le domaine des médias, réguler, c'est principalement veiller à la protection de la liberté de la presse, garantir le droit d'accès du citoyen à l'information, l'équilibre et le pluralisme (…). Cela précise la difficulté de la régulation d'un tel secteur car, il s'agit de garantir deux droits : la liberté de la presse et le droit du citoyen à une information équilibrée. Tout cela n'est possible que si l'indépendance de l'organe de régulation est avérée. Loin de toute considération et de toute chapelle politique, le Cnp s'attache à accomplir sa mission en toute indépendance et à veiller scrupuleusement à faire barrage à toute atteinte directe ou indirecte à la liberté de la presse», rétorque Eugène Kacou à Ouattara Gnonzié. Un discours pas bon à entendre pour tout prédateur de la liberté de la presse. D'où la décision du disciple zélé de prendre le raccourci en limogeant purement et simplement Eugène Dié Kacou. Le chemin pourra ainsi grandement s'ouvrir pour toutes les atteintes possibles à la liberté de la presse.
Marc Dossa
Alerte rouge pour la liberté de la presse en Côte d'Ivoire ! Après les leaders du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), obligés de vivre reclus au Golf hôtel, le régime de Laurent Gbagbo est sans doute en train de défricher un autre terrain de restriction des libertés démocratiques. Vendredi dernier, par le truchement de son prétendument ministre de la communication, l'ancien chef de l'Etat a décidé de ''descendre'' Eugène Dié Kacou, président du Conseil national de la presse (Cnp). Le crime du patron de l'organe de régulation de la presse : son indépendance. En d'autres termes, il est reproché à M. Dié Kacou, de n'avoir pas fait allégeance au gouvernement de Marie-Gilbert Aké N'Gbo. La mesure qui se murmurait depuis la visite de Ouattara Gnonzié au Cnp, a donc fini par tomber, sans grande surprise. «Eugène Kacou en faisait à sa tête. Lorsque le ministre Gnonzié effectue une visite dans son département, le Cnp, Eugène Dié Kacou prend alors soin d'inviter toute la presse du Rhdp», avance pour justifier sa mise à l'écart, un quotidien pro-Gbagbo. Et, il n'a pas tort. C'est que, depuis le déclenchement de la crise post-électorale, La majorité présidentielle a nourri le secret espoir de mettre toute la presse ivoirienne à ses pieds, grâce à la sollicitude du patron du Cnp. Dans le pire des cas, elle attendait de l'ancien journaliste sportif de la télévision ivoirienne, qu'il mette au pas les journaux ''récalcitrants'' comme le fait avec dévotion, Franck Anderson Kouassi, président de la Commission nationale de la communication audiovisuelle (Cnca), pour les médias audiovisuels. Ainsi, au terme de l'interdiction faite à certains quotidiens de paraître, du 17 au 25 décembre 2010, les partisans de Laurent Gbagbo attendaient du Cnp, qu'il endosse la mesure prise par la garde républicaine. Mais, contre toute attente pour eux, Eugène Dié Kacou s'est rangé du côté de la liberté de la presse en enjoignant même les forces fidèles à Laurent Gbagbo, de laisser les journaux libres faire leur travail. Premier crime de lèse-majesté, selon les ''frontistes''. Mais, ce n'est que le début. Les frontistes qui ont souvent la mémoire courte, ont oublié qu'en 1984, le journaliste sportif n'a pas hésité à dire ses quatre vérités au tout-puissant ministre des Sports de l'époque, Laurent Dona Fologo. Convoqué par Félix Houphouet-Boigny, il est resté droit dans ses souliers, réaffirmant ce qui lui avait valu la convocation. A l'occasion de la visite de Ouattara Gnonzié au Cnp, le 19 janvier dernier, Eugène Dié Kacou démontrera qu'il n'a jamais été un lèche-bottes et qu'il ne le sera pas pour les ''Refondateurs''. « Nous sommes présents pour vous accueillir aujourd'hui comme nous avons accueilli avant vous, tous ceux et toutes celles qui nous ont fait l'honneur de nous rendre visite, et comme nous accueillerons plus tard, tous ceux et toutes celles qui émettront le souhait de nous rencontrer », entame-t-il son mot de bienvenu à son hôte du jour avant de d'expliquer dans quel état d'esprit se trouvait sa structure, relativement au bâillonnement de la presse dont M. Gnonzié serait un farouche partisan. « Il est admis que, dans le domaine des médias, réguler, c'est principalement veiller à la protection de la liberté de la presse, garantir le droit d'accès du citoyen à l'information, l'équilibre et le pluralisme (…). Cela précise la difficulté de la régulation d'un tel secteur car, il s'agit de garantir deux droits : la liberté de la presse et le droit du citoyen à une information équilibrée. Tout cela n'est possible que si l'indépendance de l'organe de régulation est avérée. Loin de toute considération et de toute chapelle politique, le Cnp s'attache à accomplir sa mission en toute indépendance et à veiller scrupuleusement à faire barrage à toute atteinte directe ou indirecte à la liberté de la presse», rétorque Eugène Kacou à Ouattara Gnonzié. Un discours pas bon à entendre pour tout prédateur de la liberté de la presse. D'où la décision du disciple zélé de prendre le raccourci en limogeant purement et simplement Eugène Dié Kacou. Le chemin pourra ainsi grandement s'ouvrir pour toutes les atteintes possibles à la liberté de la presse.
Marc Dossa