L'entêtement du camp Gbagbo, qui refuse de quitter le pouvoir, continue malheureusement de déstructurer le système bancaire et financier. Après les banques commerciales qui connaissent des difficultés, c'est au tour des maisons de transfert de capitaux d'être au creux de la vague avec à la clé, de nombreuses fermetures d'agences.
Le marché du transfert d'argent, en plein essor à Abidjan, connaît actuellement de graves périodes d'incertitudes eu égard à l'obstination du camp Gbagbo à s'accrocher désespérément au pouvoir. Nonobstant les effets néfastes de la crise sociopolitique sur l'économie nationale, ce secteur avait pourtant retrouvé une seconde vitalité avec l'implantation d'une flopée de structures dans la capitale économique et à l'intérieur du pays. Un nouveau dynamisme qui a mis à rude épreuve l'hégémonie de l'américain Western union, un des premiers opérateurs à s'installer en Côte d'Ivoire depuis 1995. Puisque l'on a noté l'arrivée de ses compatriotes MonneyGram et Coinstar. Malheureusement, ce nouvel élan est de plus en plus compromis depuis le déclenchement de la crise post-électorale suite à laquelle, l'ancien chef de l'Etat Laurent Gbagbo refuse de quitter le pouvoir au profit du président élu, Alassane Ouattara. Cette situation a plongé le secteur bancaire et financier dans un profond malaise à telle enseigne qu'à l'instar de certaines banques commerciales, de nombreuses structures de transfert d'argent à cours de liquidité, s'enfoncent littéralement dans l'inactivité.
Plus d'envois en Europe
Justement pour avoir contribué au financement du régime «illégal» de Gbagbo, les banques telles que la Bni, la Bhci, la Cnce, Versus Bank, la Bfa, Ecobank ont été sanctionnées et leurs avoirs gelés par l'Union européenne. Or, il se trouve que dans la conduite de leurs opérations, des maisons de transfert de capitaux sont en partenariat avec ces établissements financiers. C'est le cas de Western union qui compose avec la Bhci, Ecobank et Bicici (non présente sur la liste noire) et de MonneyGram qui s'est offert les services de la Banque nationale d'investissement (Bni) et de la Banque atlantique de Côte d'Ivoire (Baci, non sanctionnée). Conséquences : ces structures n'arrivent plus à travailler correctement. D'autant que les opérations d'envois sont en berne. «La situation est vraiment complexe pour notre activité. Depuis que Versus Bank figure sur la liste noire de l'Union européenne (Ue), nous n'arrivons plus à effectuer des envois dans ces pays. Quand les clients viennent chez nous avec de gros montants (2 millions Fcfa), nous sommes obligés de les orienter ailleurs», déplore K. F., un responsable de Coinstar, une structure en partenariat avec Versus Bank. Contexte également inextricable dans les pays-membres de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) où les envois, à partir d'Abidjan, sont suspendus. Selon ce responsable, les pertes de parts de marché atteignent les 60% et les risques de manque de liquidité se posent avec acuité. «Nous jonglons avec le peu de liquidité que nous recevons grâce aux opérations de réception. Mais, encore faut-il que l'entreprise ait une forte capacité financière pour répondre à l'attente des clients. Ce qui n'est pas évident en ces temps de rareté de la monnaie. De sorte que si cette situation perdure, nous serons contraints de déposer la clé sous le paillasson», avertit-il, ce jeudi 3 février. Ces mêmes difficultés sont vécues par la structure Diaky's située en bordure du boulevard Latrille. Elle traite avec le réseau Coinstar. Là encore, plusieurs envois en direction des pays européens ont été «refoulés» au grand dam de Koné A., agent de conseil et gérant. «Nous avons d'énormes difficultés en ce moment. Mes opérations journalières (envoi et réception) qui portaient sur un montant minimum de 5 millions de Fcfa, ont chuté drastiquement. Et aujourd'hui, c'est quasiment impossible d'atteindre le million. Tout le système est bloqué et les clients repartent sans être satisfaits», lance-t-il, l'air contrarié. Ce dernier qui prélève également 2036 Fcfa comme frais, à chaque opération, a malheureusement vu son gain journalier suivre la tendance baissière. De 200.000 Fcfa avant la crise post-électorale, il a dégringolé à moins 25.000 Fcfa. Une chute véritablement inquiétante. Si la structure Diaky's essaie de tenir le coup en dépit de la situation de crise intenable, ce n'est pas le cas chez de nombreux particuliers Western union. «La manipulation de la liquidité a considérablement baissé. A tel point que dans de nombreuses agences de Western union, les retraits n'excèdent plus 300.000 Fcfa. Tout est plafonné.
Des agences ferment
D'ailleurs, de nombreuses agences appartenant à des particuliers ont dû fermer parce qu'elles étaient à cours de liquidité et n'arrivaient plus par conséquent à payer leurs clients. Si le politique ne prend pas conscience du danger, beaucoup de structures dans ce domaine connaîtront la banqueroute», prévient un cadre de la Sgbci, qui est en partenariat avec certaines agences Western union. Même s'il se réjouit que sa banque soit l'un des gigantesques acteurs du milieu. Les banquiers soutiennent en effet que la cacophonie qui a lieu actuellement à l'agence principale de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (Bceao) à Abidjan, a aggravé les choses. «Les transferts de fonds vers l'extérieur ne sont plus possibles depuis que la Bceao a été réquisitionnée contre toute norme par le camp de Laurent Gbagbo. Idem pour les mouvements de fonds en direction d'Abidjan. Nous ne pouvons plus recevoir de l'argent en provenance des autres pays du monde parce que le climat qui règne à la banque centrale (chargée de faire l'arbitrage) n'est plus propice aux affaires et n'inspire plus confiance. C'est comme si notre pays est coupé du monde financier international. C'est incroyable», maugréent-ils visiblement dépités par cette situation. Selon ces patrons du monde bancaire, tant que la Banque des banques ne fonctionnera pas normalement avec les autorités légalement reconnues par tous, le système sera en proie aux nombreux dysfonctionnements avec des conséquences fâcheuses sur l'économie nationale et les conditions de vie des populations. Notons que selon un rapport du Fonds international de développement agricole (Fida), l'Afrique reçoit chaque année en devises, 40 milliards de dollars des émigrés qui travaillent dans d'autres continents, soit près de 19.200 milliards de Fcfa. La Banque Mondiale, estime pour sa part, que les versements des travailleurs immigrés constituent une source essentielle du financement et du développement des pays africains notamment la Côte d'Ivoire. Un marché considérable que Laurent Gbagbo et ses proches sont en train d'hypothéquer sérieusement dans leur combat «aveugle» à confisquer le pouvoir, malgré leur débâcle lors de la présidentielle du 28 novembre face à Alassane Ouattara, le choix de la majorité des Ivoiriens. L'économie nationale est en danger!
Cissé Cheick Ely
Le marché du transfert d'argent, en plein essor à Abidjan, connaît actuellement de graves périodes d'incertitudes eu égard à l'obstination du camp Gbagbo à s'accrocher désespérément au pouvoir. Nonobstant les effets néfastes de la crise sociopolitique sur l'économie nationale, ce secteur avait pourtant retrouvé une seconde vitalité avec l'implantation d'une flopée de structures dans la capitale économique et à l'intérieur du pays. Un nouveau dynamisme qui a mis à rude épreuve l'hégémonie de l'américain Western union, un des premiers opérateurs à s'installer en Côte d'Ivoire depuis 1995. Puisque l'on a noté l'arrivée de ses compatriotes MonneyGram et Coinstar. Malheureusement, ce nouvel élan est de plus en plus compromis depuis le déclenchement de la crise post-électorale suite à laquelle, l'ancien chef de l'Etat Laurent Gbagbo refuse de quitter le pouvoir au profit du président élu, Alassane Ouattara. Cette situation a plongé le secteur bancaire et financier dans un profond malaise à telle enseigne qu'à l'instar de certaines banques commerciales, de nombreuses structures de transfert d'argent à cours de liquidité, s'enfoncent littéralement dans l'inactivité.
Plus d'envois en Europe
Justement pour avoir contribué au financement du régime «illégal» de Gbagbo, les banques telles que la Bni, la Bhci, la Cnce, Versus Bank, la Bfa, Ecobank ont été sanctionnées et leurs avoirs gelés par l'Union européenne. Or, il se trouve que dans la conduite de leurs opérations, des maisons de transfert de capitaux sont en partenariat avec ces établissements financiers. C'est le cas de Western union qui compose avec la Bhci, Ecobank et Bicici (non présente sur la liste noire) et de MonneyGram qui s'est offert les services de la Banque nationale d'investissement (Bni) et de la Banque atlantique de Côte d'Ivoire (Baci, non sanctionnée). Conséquences : ces structures n'arrivent plus à travailler correctement. D'autant que les opérations d'envois sont en berne. «La situation est vraiment complexe pour notre activité. Depuis que Versus Bank figure sur la liste noire de l'Union européenne (Ue), nous n'arrivons plus à effectuer des envois dans ces pays. Quand les clients viennent chez nous avec de gros montants (2 millions Fcfa), nous sommes obligés de les orienter ailleurs», déplore K. F., un responsable de Coinstar, une structure en partenariat avec Versus Bank. Contexte également inextricable dans les pays-membres de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) où les envois, à partir d'Abidjan, sont suspendus. Selon ce responsable, les pertes de parts de marché atteignent les 60% et les risques de manque de liquidité se posent avec acuité. «Nous jonglons avec le peu de liquidité que nous recevons grâce aux opérations de réception. Mais, encore faut-il que l'entreprise ait une forte capacité financière pour répondre à l'attente des clients. Ce qui n'est pas évident en ces temps de rareté de la monnaie. De sorte que si cette situation perdure, nous serons contraints de déposer la clé sous le paillasson», avertit-il, ce jeudi 3 février. Ces mêmes difficultés sont vécues par la structure Diaky's située en bordure du boulevard Latrille. Elle traite avec le réseau Coinstar. Là encore, plusieurs envois en direction des pays européens ont été «refoulés» au grand dam de Koné A., agent de conseil et gérant. «Nous avons d'énormes difficultés en ce moment. Mes opérations journalières (envoi et réception) qui portaient sur un montant minimum de 5 millions de Fcfa, ont chuté drastiquement. Et aujourd'hui, c'est quasiment impossible d'atteindre le million. Tout le système est bloqué et les clients repartent sans être satisfaits», lance-t-il, l'air contrarié. Ce dernier qui prélève également 2036 Fcfa comme frais, à chaque opération, a malheureusement vu son gain journalier suivre la tendance baissière. De 200.000 Fcfa avant la crise post-électorale, il a dégringolé à moins 25.000 Fcfa. Une chute véritablement inquiétante. Si la structure Diaky's essaie de tenir le coup en dépit de la situation de crise intenable, ce n'est pas le cas chez de nombreux particuliers Western union. «La manipulation de la liquidité a considérablement baissé. A tel point que dans de nombreuses agences de Western union, les retraits n'excèdent plus 300.000 Fcfa. Tout est plafonné.
Des agences ferment
D'ailleurs, de nombreuses agences appartenant à des particuliers ont dû fermer parce qu'elles étaient à cours de liquidité et n'arrivaient plus par conséquent à payer leurs clients. Si le politique ne prend pas conscience du danger, beaucoup de structures dans ce domaine connaîtront la banqueroute», prévient un cadre de la Sgbci, qui est en partenariat avec certaines agences Western union. Même s'il se réjouit que sa banque soit l'un des gigantesques acteurs du milieu. Les banquiers soutiennent en effet que la cacophonie qui a lieu actuellement à l'agence principale de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (Bceao) à Abidjan, a aggravé les choses. «Les transferts de fonds vers l'extérieur ne sont plus possibles depuis que la Bceao a été réquisitionnée contre toute norme par le camp de Laurent Gbagbo. Idem pour les mouvements de fonds en direction d'Abidjan. Nous ne pouvons plus recevoir de l'argent en provenance des autres pays du monde parce que le climat qui règne à la banque centrale (chargée de faire l'arbitrage) n'est plus propice aux affaires et n'inspire plus confiance. C'est comme si notre pays est coupé du monde financier international. C'est incroyable», maugréent-ils visiblement dépités par cette situation. Selon ces patrons du monde bancaire, tant que la Banque des banques ne fonctionnera pas normalement avec les autorités légalement reconnues par tous, le système sera en proie aux nombreux dysfonctionnements avec des conséquences fâcheuses sur l'économie nationale et les conditions de vie des populations. Notons que selon un rapport du Fonds international de développement agricole (Fida), l'Afrique reçoit chaque année en devises, 40 milliards de dollars des émigrés qui travaillent dans d'autres continents, soit près de 19.200 milliards de Fcfa. La Banque Mondiale, estime pour sa part, que les versements des travailleurs immigrés constituent une source essentielle du financement et du développement des pays africains notamment la Côte d'Ivoire. Un marché considérable que Laurent Gbagbo et ses proches sont en train d'hypothéquer sérieusement dans leur combat «aveugle» à confisquer le pouvoir, malgré leur débâcle lors de la présidentielle du 28 novembre face à Alassane Ouattara, le choix de la majorité des Ivoiriens. L'économie nationale est en danger!
Cissé Cheick Ely