Face à la situation socio politique qui menace tous les secteurs d’activités, nous avons fait une descente dans le monde des petits métiers. Ces petits particuliers sans gros moyens font quotidiennement des pieds et des mains pour résister à la tempête économique qui souffle sur le pays. Les moins courageux ont décidé de fermer.
La crise postélectorale frappe de plein fouet tous les secteurs d’activité. Mettant ainsi tous les indicateurs économiques au ‘’rouge‘’. Le milieu des petits métiers en paie un lourd tribut. Notamment les salons de coiffure et couture, les cabines téléphoniques, les restaurants, les cordonneries etc.
Pour les opérateurs de ces secteurs qui résistent encore courageusement malgré l’orage, c’est un casse-tête quotidien. Parce qu’ils voient chaque jour leurs bénéfices baisser. Les moins courageux, eux, préfèrent fermer les ateliers et magasins en attendant une normalisation. ‘’ Pour réaliser seulement un bénéfice de 2.000 Fcfa, il me faut investir 50.000 Fcfa dans le transfert d’unités. Je réalisais ce maigre bénéfice au bout de 48 h avant la crise. Mais depuis l’élection présidentielle, il me faut 3 à 4 jours pour épuiser un transfert de 50.000 Fcfa. C’est donc dire que je réalise un bénéfice de 2000 Fcfa en 4 jours. Les clients ne font pratiquement plus de transfert d’unité au-delà de 1000 Fcfa! Ils se sont habitués aux petits appels de 100 à 200 Fcfa qui ne nous rapportent pas grand-chose», explique V. Carole, mère d’une fillette de 4 ans et gérante d’une cabine de téléphonie mobile dans la commune de Cocody Angré. Elle raconte comment elle joint les deux bouts. « Avec toute cette misère, dit-elle, je dois quotidiennement survivre, payer mon loyer.
J’espérais aussi avoir une économie pour atteindre certains de mes objectifs. Tout devient compliqué. Nous sommes également l’objet de racket des agents de mairie. Notre femme d’affaires exerce cette petite activité il y a 2 ans. Et elle s’en sortait. Ses affaires ont périclité depuis les différents blocages économiques nés de la crise postélectorale. A l’en croire, beaucoup de ceux qui exercent dans le même domaine qu’elle ont abandonné depuis la mi-décembre. Comme Carole, nombreux sont les secteurs de petits métiers qui sont plongés dans la galère. Réduction de la clientèle et de la marge bénéficiaire sont les principaux obstacles auxquels sont confrontés aujourd’hui les petits métiers dans la capitale économique comme à l’intérieur du pays. Les moins courageux dans ces domaines s’attellent à fermer leurs ateliers et magasins en attendant que l’atmosphère sociopolitique revienne à la normale. Les salons de coiffure ‘’femmes ou hommes’’ n’échappent pas à cette évidence. T. Kady, coiffeuse professionnelle dans la commune d’Adjamé, est plutôt frappée par les nombreuses charges de son atelier. Malgré la réduction de ses employés, Kady voit ses affaires s’enfoncer. ‘’Mes recettes journalières qui, avant la crise, s’élevaient à 28.000 voire 30.000 Fcfa sont passées à 2.000 Fcfa. Je dois, en plus, payer le local à 50.000 Fcfa et mes deux employés à plus de 40.000 Fcfa sans oublier les factures d’eau et d’électricité’’, se lamente T. Kady.
Tout est au ralenti
Elle a encore le mauvais souvenir des dernières fêtes de fin d’année. Dans la nuit 24 au 25 décembre, elle n’a pu, selon elle, effectuer que la maudite recette de 7.000 Fcfa. Ses clientes qui avaient pour habitude de payer cash ses prestations ont changé de tactique pour continuer de se faire belle. T. Kady explique que ces dernières ont ouvert des lignes de crédit par la force des choses. Les plus fidèles aux salons ont simplement réduit le nombre de passage. Quant à S. Jeanne, propriétaire d’un salon de coiffure à Cocody Angré, elle a opté pour une fermeture momentanée de son salon. Elle a décidé d’exercer à domicile. ’’J’ai choisi de travailler à la maison en attendant. J’évite le paiement inutile des factures. Le peu que je gagne me permet de vivre en entendant que la situation se normalise‘’, confie-t-elle. Pour ce qui est des salons ‘’hommes’’, la situation est identique. Les clients se font de plus en plus rares. S. Mardochée, spécialisé dans les coupes homme se tourne les pouces. «Rien ne marche. Avant, ces deux bancs que vous voyez devant mon salon, étaient toujours occupés par des clients. Maintenant, ils viennent au compte-gouttes », explique le jeune qui attend toujours son premier client de la journée. Et d’ajouter : ‘’La situation est partout la même’’ en nous montrant le salon d’un autre ouvert à 20 m. A en croire S. Mardochée, sa recette journalière qui était de 5.000 Fcfa est passée à 2.500 voire 1.500 Fcfa. Les clients négocient désormais pour faire baisser le prix. Actuellement, certains clients viennent avec 200 ou parfois 150 Fcfa au lieu de 300 Fcfa», soutient-il. La crise n’épargne pas non plus les cordonniers. Leurs activités sont actuellement réduites seulement aux simples réparations de chaussures abimées. Les commandes et les exportations se font de plus en plus rares comme c’est le cas de la cordonnerie de Mike à Angré. Ce fabricant de chaussures dit avoir perdu ses marchés avec des amis nigériens. Ils lui fournissaient du cuir à moindre coût. En retour, il leur livrait toute une série de fabrications. Depuis les troubles qui menacent le pays, ses partenaires commerciaux ont marqué un arrêt. ‘’Je pouvais facilement livrer des marchandises d’une valeur de 200.000 à 300.000 Fcfa au moins deux fois dans le mois à mes clients du Niger. Maintenant, tout est au ralenti‘’, soutient-il avant d’émettre le vœu de voir la crise prendre fin dans l’immédiat. Les effets de la crise se font sentir dans tous les domaines. Bon nombre d’Ivoiriens passent la journée hors de leurs domiciles. Pour des raisons professionnelles ou pour d’autres activités. Cette frange de la population fréquente les restaurants. Malheureusement depuis la crise, les plats sont de plus en plus réduits. Cette restauratrice communément appelée Mami au Plateau Dokoui explique la misère liée à son activité. Selon cette dame, cela s’explique par la flambée des coûts des denrées alimentaires sur le marché. Pour tenir le coup, Mami nous explique le secret des restauratrices en ces temps de vache maigre. Les prix des repas restent inchangés : 500, 700 et 1000 Fcfa. Mais le riz servi est un mélange. ‘’Si on ne fait pas ça, on tombe. Parce que tu ne peux pas acheter les longs grains de Uncle Sam, Mémé ou Royal qui sont des qualités chères et faire de gros plats aux clients à 500, 700 ou 1.000 Fcfa. Donc pour maintenir nos clients, nous choisissons de faire la cuisine avec une qualité supérieure que nous mélangeons avec une qualité moyenne’’, révèle Mami. Pour ce qui est de la sauce, elle explique que c’est le poisson qui l’accompagne constamment et quelquefois les pattes de bœuf, la chair étant hors de prix. ‘’On ne peut même plus manger le bœuf parce qu’il est cher‘’, avoue-t-elle. Et d’ajouter ‘’je dépense 25.000 Fcfa pour la cuisine du jour. Après ma vente, je réalise un bénéfice de 3 à 4.000 Fcfa. Avant, je réalisais un bénéfice de 10.000 Fcfa par jour. Mais je continue à cause des enfants ‘’.
Sylvain Beugré
La crise postélectorale frappe de plein fouet tous les secteurs d’activité. Mettant ainsi tous les indicateurs économiques au ‘’rouge‘’. Le milieu des petits métiers en paie un lourd tribut. Notamment les salons de coiffure et couture, les cabines téléphoniques, les restaurants, les cordonneries etc.
Pour les opérateurs de ces secteurs qui résistent encore courageusement malgré l’orage, c’est un casse-tête quotidien. Parce qu’ils voient chaque jour leurs bénéfices baisser. Les moins courageux, eux, préfèrent fermer les ateliers et magasins en attendant une normalisation. ‘’ Pour réaliser seulement un bénéfice de 2.000 Fcfa, il me faut investir 50.000 Fcfa dans le transfert d’unités. Je réalisais ce maigre bénéfice au bout de 48 h avant la crise. Mais depuis l’élection présidentielle, il me faut 3 à 4 jours pour épuiser un transfert de 50.000 Fcfa. C’est donc dire que je réalise un bénéfice de 2000 Fcfa en 4 jours. Les clients ne font pratiquement plus de transfert d’unité au-delà de 1000 Fcfa! Ils se sont habitués aux petits appels de 100 à 200 Fcfa qui ne nous rapportent pas grand-chose», explique V. Carole, mère d’une fillette de 4 ans et gérante d’une cabine de téléphonie mobile dans la commune de Cocody Angré. Elle raconte comment elle joint les deux bouts. « Avec toute cette misère, dit-elle, je dois quotidiennement survivre, payer mon loyer.
J’espérais aussi avoir une économie pour atteindre certains de mes objectifs. Tout devient compliqué. Nous sommes également l’objet de racket des agents de mairie. Notre femme d’affaires exerce cette petite activité il y a 2 ans. Et elle s’en sortait. Ses affaires ont périclité depuis les différents blocages économiques nés de la crise postélectorale. A l’en croire, beaucoup de ceux qui exercent dans le même domaine qu’elle ont abandonné depuis la mi-décembre. Comme Carole, nombreux sont les secteurs de petits métiers qui sont plongés dans la galère. Réduction de la clientèle et de la marge bénéficiaire sont les principaux obstacles auxquels sont confrontés aujourd’hui les petits métiers dans la capitale économique comme à l’intérieur du pays. Les moins courageux dans ces domaines s’attellent à fermer leurs ateliers et magasins en attendant que l’atmosphère sociopolitique revienne à la normale. Les salons de coiffure ‘’femmes ou hommes’’ n’échappent pas à cette évidence. T. Kady, coiffeuse professionnelle dans la commune d’Adjamé, est plutôt frappée par les nombreuses charges de son atelier. Malgré la réduction de ses employés, Kady voit ses affaires s’enfoncer. ‘’Mes recettes journalières qui, avant la crise, s’élevaient à 28.000 voire 30.000 Fcfa sont passées à 2.000 Fcfa. Je dois, en plus, payer le local à 50.000 Fcfa et mes deux employés à plus de 40.000 Fcfa sans oublier les factures d’eau et d’électricité’’, se lamente T. Kady.
Tout est au ralenti
Elle a encore le mauvais souvenir des dernières fêtes de fin d’année. Dans la nuit 24 au 25 décembre, elle n’a pu, selon elle, effectuer que la maudite recette de 7.000 Fcfa. Ses clientes qui avaient pour habitude de payer cash ses prestations ont changé de tactique pour continuer de se faire belle. T. Kady explique que ces dernières ont ouvert des lignes de crédit par la force des choses. Les plus fidèles aux salons ont simplement réduit le nombre de passage. Quant à S. Jeanne, propriétaire d’un salon de coiffure à Cocody Angré, elle a opté pour une fermeture momentanée de son salon. Elle a décidé d’exercer à domicile. ’’J’ai choisi de travailler à la maison en attendant. J’évite le paiement inutile des factures. Le peu que je gagne me permet de vivre en entendant que la situation se normalise‘’, confie-t-elle. Pour ce qui est des salons ‘’hommes’’, la situation est identique. Les clients se font de plus en plus rares. S. Mardochée, spécialisé dans les coupes homme se tourne les pouces. «Rien ne marche. Avant, ces deux bancs que vous voyez devant mon salon, étaient toujours occupés par des clients. Maintenant, ils viennent au compte-gouttes », explique le jeune qui attend toujours son premier client de la journée. Et d’ajouter : ‘’La situation est partout la même’’ en nous montrant le salon d’un autre ouvert à 20 m. A en croire S. Mardochée, sa recette journalière qui était de 5.000 Fcfa est passée à 2.500 voire 1.500 Fcfa. Les clients négocient désormais pour faire baisser le prix. Actuellement, certains clients viennent avec 200 ou parfois 150 Fcfa au lieu de 300 Fcfa», soutient-il. La crise n’épargne pas non plus les cordonniers. Leurs activités sont actuellement réduites seulement aux simples réparations de chaussures abimées. Les commandes et les exportations se font de plus en plus rares comme c’est le cas de la cordonnerie de Mike à Angré. Ce fabricant de chaussures dit avoir perdu ses marchés avec des amis nigériens. Ils lui fournissaient du cuir à moindre coût. En retour, il leur livrait toute une série de fabrications. Depuis les troubles qui menacent le pays, ses partenaires commerciaux ont marqué un arrêt. ‘’Je pouvais facilement livrer des marchandises d’une valeur de 200.000 à 300.000 Fcfa au moins deux fois dans le mois à mes clients du Niger. Maintenant, tout est au ralenti‘’, soutient-il avant d’émettre le vœu de voir la crise prendre fin dans l’immédiat. Les effets de la crise se font sentir dans tous les domaines. Bon nombre d’Ivoiriens passent la journée hors de leurs domiciles. Pour des raisons professionnelles ou pour d’autres activités. Cette frange de la population fréquente les restaurants. Malheureusement depuis la crise, les plats sont de plus en plus réduits. Cette restauratrice communément appelée Mami au Plateau Dokoui explique la misère liée à son activité. Selon cette dame, cela s’explique par la flambée des coûts des denrées alimentaires sur le marché. Pour tenir le coup, Mami nous explique le secret des restauratrices en ces temps de vache maigre. Les prix des repas restent inchangés : 500, 700 et 1000 Fcfa. Mais le riz servi est un mélange. ‘’Si on ne fait pas ça, on tombe. Parce que tu ne peux pas acheter les longs grains de Uncle Sam, Mémé ou Royal qui sont des qualités chères et faire de gros plats aux clients à 500, 700 ou 1.000 Fcfa. Donc pour maintenir nos clients, nous choisissons de faire la cuisine avec une qualité supérieure que nous mélangeons avec une qualité moyenne’’, révèle Mami. Pour ce qui est de la sauce, elle explique que c’est le poisson qui l’accompagne constamment et quelquefois les pattes de bœuf, la chair étant hors de prix. ‘’On ne peut même plus manger le bœuf parce qu’il est cher‘’, avoue-t-elle. Et d’ajouter ‘’je dépense 25.000 Fcfa pour la cuisine du jour. Après ma vente, je réalise un bénéfice de 3 à 4.000 Fcfa. Avant, je réalisais un bénéfice de 10.000 Fcfa par jour. Mais je continue à cause des enfants ‘’.
Sylvain Beugré