La rumeur l’annonce tantôt pour mort tantôt mis aux arrêts. Pour en avoir le cœur net, nous nous sommes rendus à l’hôtel du Golf à Cocody-Riviera. Nous avons rencontré le commandant Issiaka Ouattara dit Wattao, chef d’état-major adjoint des Forces nouvelles (Fn). L’homme qui avait bonne mine, a accepté de se livrer à nous. Il se prononce dans l’interview qui suit, sur la crise post-électorale et ses rapports avec le camp Gbagbo Après la rumeur qui vous avait donné pour mort, une autre rumeur persistance fait état de ce que vous avez été mis aux arrêts à l’hôtel du Golf. Il est vrai que vous êtes en face de moi en ce moment mais quels commentaires faites-vous de tout ce qui se dit sur votre compte ?
Wattao : Je pense que vous-même venez de faire le constat. Je viens de me réveiller et je suis en pleine forme. Je suis en train de regarder la télévision, je me distrais avec mon ordinateur et j’appelle partout. J’appelle surtout pour avoir des nouvelles de ma femme qui se trouve à l’extérieur du pays. Que tout le monde soit rassuré. Il ne faut pas écouter les mauvaises langues. Vous savez, je dérange beaucoup. Vous savez, mon père me disait qu’on ne parle pas d’un fou. On parle de quelqu’un qui peut régler une affaire, qui est important. Si on parle beaucoup de moi aujourd’hui, c’est parce qu’on sait que je suis important. Je laisse continuer ceux qui racontent des choses bizarres sur moi. Ma vie appartient à Dieu et non à un être humain. Et j’en suis certain, aucun être humain ne peut quelque chose contre moi si ce n’est la volonté de Dieu. Je rassure mes fans et aussi ceux qui ne m’aiment pas. Je suis bel et bien vivant. Ceux qui souhaitent ma mort, ne l’auront pas maintenant. J’ai 100 ans à faire sur cette terre avant de partir. Je l’ai toujours dit. Donc qu’ils ne soient pas pressés. Ce qui est sûr, je vais enterrer beaucoup parmi eux.
Etes-vous en contact avec vos troupes à Bouaké et dans les autres zones occupées par les Forces nouvelles ?
J’appelle toujours mes zones chaque matin. Le devoir d’un chef, c’est d’appeler ses éléments pour savoir ce qui se passe sur le terrain. Tous les soirs aussi, j’appelle pour avoir le CR (compte-rendu) des événements de la journée dans les zones.
L’actualité en Côte d’Ivoire, c’est la recherche de solutions à la crise post-électorale. Les experts de l’Union africaine viennent d’achever des consultations à Abidjan. Vous, en tant que militaire, comment appréciez-vous les négociations actuelles ?
Je pense que tout le monde a donné la priorité à la négociation avant de passer à l’action militaire.
J’espère que l’ex-président de la République, Laurent Gbagbo comprendra qu’il est temps de partir. Nous tous avons aidé à ramener la paix. Maintenant que la vérité est là, il faut aller vers elle. Il ne faut pas fuir la vérité pour aller se réfugier sous le mensonge. Le mensonge a beau duré, la vérité finit par le rattraper. C’est ce qui va arriver d’un moment à l’autre. Si Laurent Gbagbo avait gagné, la Communauté internationale n’allait pas tout fermer. Elle n’allait pas fait d’embargo sur lui. Comme l’a dit le premier ministre (Soro), si Gbagbo avait gagné, il se serait mis à sa disposition. Mais il a perdu et nous ne pouvons pas nous aligner derrière le mensonge et aller contre la volonté du peuple. C’est d’ailleurs ce qui m’amène à regretter l’attitude du général Philippe Mangou qui refuse
de dire la vérité aux Ivoiriens et surtout aux militaires. Je sais que parmi nos frères militaires, beaucoup savent la vérité aujourd’hui. Je leur demande d’arrêter d’aller se donner tous les jours à la mort. Une mort qui n’a même pas de sens. Pour moi, aller se faire tuer comme cela, constitue une mort gratuite. J’appelle mes frères d’armes des Forces de défense et de sécurité (Fds) à se ressaisir et à rejoindre le camp de la vérité.
Si les négociations n’aboutissaient pas, qu’envisagez-vous ?
Ce n’est pas à moi d’envisager quelque chose. Dieu a son plan. Tout le monde verra la vérité. Moi, je suis sûr et certain que la vérité sera du côté de M. Alassane Dramane Ouattara parce qu’il a été victime de la mauvaise foi. Il faut que les gens sachent qu’on ne peut pas confisquer le pouvoir.
Quels sont aujourd’hui vos rapports avec le camp Gbagbo ? Des rumeurs disent que vous communiquez souvent avec vos amis proches de Gbagbo notamment avec Charles Blé Goudé avec qui vous avez eu des relations particulières à un certain moment ? Qu’en est-il ?
Depuis l’éclatement de la crise post-électorale, Blé Goudé et moi n’avons pas encore échangé ni directement ni par téléphone. Dire que je suis en rapport avec le camp Gbagbo, c’est n’importe quoi. Vous savez, ces mêmes gens qui colportent les rumeurs, avaient dit que j’avais trahi, vendu la lutte. Mais après la signature de l’accord politique de Ouagadougou, nous devrions aller à la paix. Et c’est cette paix qui nous a permis d’aller aux élections et de savoir qui a gagné ces élections. Je pense que j’ai noblement accompli ma mission. Si j’étais pour Gbagbo, je ne serai pas au Golf ici. Cela fait combien de mois que je ne vois pas ma famille ? Si j’étais avec Gbagbo, on m’aurait vu à ses côtés partout. Il faut laisser les mauvaises langues raconter leurs sottises. On a dit que j’étais mort. Après, j’ai appris que j’avais empoisonné le président Alassane Ouattara.
Aujourd’hui, on dit que je suis en résidence surveillée. Tout cela est archi-faux. C’est l’aigreur, c’est la jalousie. Je sais que je dérange beaucoup. Mais je vais les déranger et je vais les rendre fous.
Certaines personnes affirment que ce sont des éléments des Forces nouvelles qui affrontent les Fds à Abobo. Vos éléments font-ils partie du commando invisible d’Abobo ?
Vous savez, quand on n’arrive pas à vaincre, on invente toujours des choses. A force de frapper quelqu’un, un jour il vous dira merde. C’est ce qui se passe à Abobo. A force d’acculer les populations, elles sont en train de se révolter et de prendre leur destin en main. Je tire mon chapeau à tous ces jeunes qui résistent. Qu’ils continuent de résister. Tant que les Fds ne comprendront pas qu’il ne faut pas brimer la population, elles se retrouveront souvent face à des situations regrettables. Ce ne sont pas les Forces nouvelles qui mènent la résistance. Si c’était les Fn, elles ne se seraient pas limitées à Abobo. Quand nos éléments commencent, ils vont loin. S’ils commencent, ils viendront nous sortir d’ici (Golf hôtel). Le jour que mes hommes sortiront, les gens sauront que ce sont des commandos qui sont sur le terrain. Nous ne sommes plus loin de ce moment si les gens ne se ressaisissent pas.
Comment Wattao passe-t-il ici sa journée ? Restez-vous enfermé dans votre chambre ou avez-vous des activités particulières ?
Je passe bien la journée. Sachez que je suis un couche-tard. Je me réveille donc aux environs de 10h ou 11h. Je cherche ensuite à voir mon supérieur hiérarchique qui est le ministre de la défense et premier ministre de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro. Je prends des consignes. Et s’il n’y a rien de particulier, je reviens dans ma chambre pour recevoir quelques amis militaires qui sont là. Nous discutons. Nous avons une grande cour ici. Je descends souvent pour marcher un peu. A partir de 17h, je vais faire du sport. J’ai 2 heures de sport par jour. Après le sport, je prends ma douche, je mange et après je discute à nouveau avec des amis jusqu’à 4h ou 5h du matin. Souvent, je fais de la pêche. Le message que je lance va à l’endroit des militaires des Fds. Il est temps qu’ils se ressaisissent. Qu’ils arrêtent de marcher dans le mensonge car l’histoire les observe et les jugera.
Aujourd’hui, aller tuer des pauvres civils à Abobo, instaurer un couvre-feu de 18h à 6h, empêcher les gens de vivre, ce n’est pas normal. Le général Mangou connaît la vérité. Qu’il se ressaisisse pendant qu’il est temps !
Réalisée par
BAMBA Idrissa
Wattao : Je pense que vous-même venez de faire le constat. Je viens de me réveiller et je suis en pleine forme. Je suis en train de regarder la télévision, je me distrais avec mon ordinateur et j’appelle partout. J’appelle surtout pour avoir des nouvelles de ma femme qui se trouve à l’extérieur du pays. Que tout le monde soit rassuré. Il ne faut pas écouter les mauvaises langues. Vous savez, je dérange beaucoup. Vous savez, mon père me disait qu’on ne parle pas d’un fou. On parle de quelqu’un qui peut régler une affaire, qui est important. Si on parle beaucoup de moi aujourd’hui, c’est parce qu’on sait que je suis important. Je laisse continuer ceux qui racontent des choses bizarres sur moi. Ma vie appartient à Dieu et non à un être humain. Et j’en suis certain, aucun être humain ne peut quelque chose contre moi si ce n’est la volonté de Dieu. Je rassure mes fans et aussi ceux qui ne m’aiment pas. Je suis bel et bien vivant. Ceux qui souhaitent ma mort, ne l’auront pas maintenant. J’ai 100 ans à faire sur cette terre avant de partir. Je l’ai toujours dit. Donc qu’ils ne soient pas pressés. Ce qui est sûr, je vais enterrer beaucoup parmi eux.
Etes-vous en contact avec vos troupes à Bouaké et dans les autres zones occupées par les Forces nouvelles ?
J’appelle toujours mes zones chaque matin. Le devoir d’un chef, c’est d’appeler ses éléments pour savoir ce qui se passe sur le terrain. Tous les soirs aussi, j’appelle pour avoir le CR (compte-rendu) des événements de la journée dans les zones.
L’actualité en Côte d’Ivoire, c’est la recherche de solutions à la crise post-électorale. Les experts de l’Union africaine viennent d’achever des consultations à Abidjan. Vous, en tant que militaire, comment appréciez-vous les négociations actuelles ?
Je pense que tout le monde a donné la priorité à la négociation avant de passer à l’action militaire.
J’espère que l’ex-président de la République, Laurent Gbagbo comprendra qu’il est temps de partir. Nous tous avons aidé à ramener la paix. Maintenant que la vérité est là, il faut aller vers elle. Il ne faut pas fuir la vérité pour aller se réfugier sous le mensonge. Le mensonge a beau duré, la vérité finit par le rattraper. C’est ce qui va arriver d’un moment à l’autre. Si Laurent Gbagbo avait gagné, la Communauté internationale n’allait pas tout fermer. Elle n’allait pas fait d’embargo sur lui. Comme l’a dit le premier ministre (Soro), si Gbagbo avait gagné, il se serait mis à sa disposition. Mais il a perdu et nous ne pouvons pas nous aligner derrière le mensonge et aller contre la volonté du peuple. C’est d’ailleurs ce qui m’amène à regretter l’attitude du général Philippe Mangou qui refuse
de dire la vérité aux Ivoiriens et surtout aux militaires. Je sais que parmi nos frères militaires, beaucoup savent la vérité aujourd’hui. Je leur demande d’arrêter d’aller se donner tous les jours à la mort. Une mort qui n’a même pas de sens. Pour moi, aller se faire tuer comme cela, constitue une mort gratuite. J’appelle mes frères d’armes des Forces de défense et de sécurité (Fds) à se ressaisir et à rejoindre le camp de la vérité.
Si les négociations n’aboutissaient pas, qu’envisagez-vous ?
Ce n’est pas à moi d’envisager quelque chose. Dieu a son plan. Tout le monde verra la vérité. Moi, je suis sûr et certain que la vérité sera du côté de M. Alassane Dramane Ouattara parce qu’il a été victime de la mauvaise foi. Il faut que les gens sachent qu’on ne peut pas confisquer le pouvoir.
Quels sont aujourd’hui vos rapports avec le camp Gbagbo ? Des rumeurs disent que vous communiquez souvent avec vos amis proches de Gbagbo notamment avec Charles Blé Goudé avec qui vous avez eu des relations particulières à un certain moment ? Qu’en est-il ?
Depuis l’éclatement de la crise post-électorale, Blé Goudé et moi n’avons pas encore échangé ni directement ni par téléphone. Dire que je suis en rapport avec le camp Gbagbo, c’est n’importe quoi. Vous savez, ces mêmes gens qui colportent les rumeurs, avaient dit que j’avais trahi, vendu la lutte. Mais après la signature de l’accord politique de Ouagadougou, nous devrions aller à la paix. Et c’est cette paix qui nous a permis d’aller aux élections et de savoir qui a gagné ces élections. Je pense que j’ai noblement accompli ma mission. Si j’étais pour Gbagbo, je ne serai pas au Golf ici. Cela fait combien de mois que je ne vois pas ma famille ? Si j’étais avec Gbagbo, on m’aurait vu à ses côtés partout. Il faut laisser les mauvaises langues raconter leurs sottises. On a dit que j’étais mort. Après, j’ai appris que j’avais empoisonné le président Alassane Ouattara.
Aujourd’hui, on dit que je suis en résidence surveillée. Tout cela est archi-faux. C’est l’aigreur, c’est la jalousie. Je sais que je dérange beaucoup. Mais je vais les déranger et je vais les rendre fous.
Certaines personnes affirment que ce sont des éléments des Forces nouvelles qui affrontent les Fds à Abobo. Vos éléments font-ils partie du commando invisible d’Abobo ?
Vous savez, quand on n’arrive pas à vaincre, on invente toujours des choses. A force de frapper quelqu’un, un jour il vous dira merde. C’est ce qui se passe à Abobo. A force d’acculer les populations, elles sont en train de se révolter et de prendre leur destin en main. Je tire mon chapeau à tous ces jeunes qui résistent. Qu’ils continuent de résister. Tant que les Fds ne comprendront pas qu’il ne faut pas brimer la population, elles se retrouveront souvent face à des situations regrettables. Ce ne sont pas les Forces nouvelles qui mènent la résistance. Si c’était les Fn, elles ne se seraient pas limitées à Abobo. Quand nos éléments commencent, ils vont loin. S’ils commencent, ils viendront nous sortir d’ici (Golf hôtel). Le jour que mes hommes sortiront, les gens sauront que ce sont des commandos qui sont sur le terrain. Nous ne sommes plus loin de ce moment si les gens ne se ressaisissent pas.
Comment Wattao passe-t-il ici sa journée ? Restez-vous enfermé dans votre chambre ou avez-vous des activités particulières ?
Je passe bien la journée. Sachez que je suis un couche-tard. Je me réveille donc aux environs de 10h ou 11h. Je cherche ensuite à voir mon supérieur hiérarchique qui est le ministre de la défense et premier ministre de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro. Je prends des consignes. Et s’il n’y a rien de particulier, je reviens dans ma chambre pour recevoir quelques amis militaires qui sont là. Nous discutons. Nous avons une grande cour ici. Je descends souvent pour marcher un peu. A partir de 17h, je vais faire du sport. J’ai 2 heures de sport par jour. Après le sport, je prends ma douche, je mange et après je discute à nouveau avec des amis jusqu’à 4h ou 5h du matin. Souvent, je fais de la pêche. Le message que je lance va à l’endroit des militaires des Fds. Il est temps qu’ils se ressaisissent. Qu’ils arrêtent de marcher dans le mensonge car l’histoire les observe et les jugera.
Aujourd’hui, aller tuer des pauvres civils à Abobo, instaurer un couvre-feu de 18h à 6h, empêcher les gens de vivre, ce n’est pas normal. Le général Mangou connaît la vérité. Qu’il se ressaisisse pendant qu’il est temps !
Réalisée par
BAMBA Idrissa