Zrakpa Roger, conseiller pédagogique, est le président national des enseignants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix(Rhdp). Il invite à la sérénité tous les enseignants dont les salaires ont été suspendus par le gouvernement illégitime d'Aké-Ngbo, pour leur participation à la désobéissance civile demandée par le chef de l'Etat, Alassane Dramane Ouattara.
Quel est le nombre exact des enseignants dont les salaires ont été suspendus à la fin du mois de janvier ?
Les chiffres sont évolutifs. Nous sommes aujourd'hui à plus de 100 cas. Ce sont des enseignants du primaire et du secondaire. Nos sources auprès de la solde nous annoncent 146 personnes. Mais les noms viennent au compte-gouttes. C'est ce qui nous cause d'ailleurs des difficultés. Lorsque la question des suspensions s'est posée, nous avons immédiatement saisi le gouvernement Guillaume Soro pour faire un plaidoyer en faveur du reversement du salaire de nos camarades. Pour faire ce reversement, il faut d'abord connaître l'effectif des victimes, ensuite savoir le montant de tous les salaires afin de voir dans quelle mesure ils vont être reversés.
Quelle a été la réponse du gouvernement ?
Il nous a rassurés. Le reversement sera fait. Le gouvernement enverra d'abord le dossier à l'instruction pour savoir les différentes agences dont dépendent ceux que la mesure touche. Pour nous, c'est très important de savoir que le gouvernement est préoccupé par cette affaire.
A quand faut-il s'attendre à ces reversements ?
Pour le moment, nous ne pouvons donner aucune date précise parce que nous continuons de recevoir les noms qui n'arrivent comme je l'ai dit qu'au compte-gouttes. Il nous faut apurer la liste avant la transmission au gouvernement. Parce que certains noms nous sont parvenus mais après vérification, nous avons constaté que ces personnes avaient touché leur salaire. Il y a donc des vérifications à faire.
Certaines personnes pensent qu'en boycottant les cours à la demande du Rhdp, les enseignants se mêlent de la politique au lieu de faire leur travail. Que répondez-vous ?
Les enseignants sont dans la société. Et dans l'histoire de l'humanité, les enseignants et le personnel d'éducation ont toujours été à la pointe des grands combats et des mutations qu'ont connus les peuples et les nations. La réinstauration du multipartisme en Côte d'Ivoire est le fait des enseignants. Et nous n'allons pas nous dérober à cette responsabilité. Notre nation en construction est engagée dans un processus démocratique. Aujourd'hui, il y a une obstruction à la marche vers la démocratie, et les enseignants ne peuvent pas rester en marge. C'est dommage que ceux qui observent les évènements en Côte d' Ivoire ne se concentrent que sur Abidjan. Le mot d'ordre de pays mort a été fortement observé par l'école ivoirienne. A Duékoué, Toulepleu, Abengourou, Bondoukou…, partout dans le pays, l'école porte les stigmates de l'arrêt de travail des enseignants. Les classes sont fermées. A Daoukro, Yamoussoukro, Daloa… les enseignants sont au combat pour le retour de la démocratie. C'est une responsabilité historique que les enseignants ont. C'est pourquoi nous disons non et non au hold-up électoral.
L'école est perturbée partout. Qu'est-ce qui explique que l'on n'ait sanctionné qu'une centaine d'enseignants ?
En toute chose, il y a des gens qui veulent se faire remarquer. Nous avons des inspecteurs, des directeurs régionaux de l'éducation, des chefs d'établissements zélés qui veulent montrer leur attachement à Laurent Gbagbo. Pour cela, ils s'empressent d'envoyer des noms d'enseignants qui observent la désobéissance civile. Nous avons ceux de Bondoukou, Grand-Bassam, Gagnoa, et des préfets tels que celui de Daloa. Je voudrais réitérer cet appel à nos camarades. Il ne faut pas se laisser intimider dans ce combat historique.
Des parents d'élèves estiment que leurs enfants sont les victimes de cette situation. Ils craignent une année blanche. Qu'avez-vous à leur dire ?
Les enfants seraient-ils moins victimes si la forfaiture réussit ? Les parents d'élèves pensent-ils qu'il y aura une école stable en Côte d'Ivoire si Laurent Gbagbo réussit son hold-up ? C'est la question fondamentale. Les enfants ont-ils un avenir dans un pays qui tourne le dos à la démocratie ? Regardez comment la Fesci (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire) perturbe la scolarité et l'avenir des enfants. En tant que formateurs, nous disons que si les parents d'élèves eux-mêmes s'impliquent pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir, on peut encore sauver l'année scolaire. Et c'est une question de répartition du temps. Il n'est pas exclu que les enseignants acceptent de prendre un peu de temps sur leurs vacances pour compléter le programme scolaire. La validation de l'école ne dépend pas du citoyen ivoirien lambda, fut-il président de la République. Nous avons des institutions officielles à même de valider l'école, en l'occurrence l'Unesco. Chacun a une part de responsabilité dans la situation que nous vivons, que ce soit les parents d'élèves, les formateurs ou les apprenants. Les élèves ne doivent plus accepter d'être formés au rabais. Si vous prenez des établissements et que vous faites des quotas, vous verrez que dans une école primaire de six classes, il n'y a que trois enseignants qui viennent. Nous nous appuyons sur cette pensée de l'écrivain et politique martiniquais Aimé Césaire qui nous disait : «Gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle. » Effectivement, la vie n'est pas un spectacle pour les enseignants. Ils sont ceux qui font et qui défont quand il le faut.
Interview réalisée par Cissé Sindou
Quel est le nombre exact des enseignants dont les salaires ont été suspendus à la fin du mois de janvier ?
Les chiffres sont évolutifs. Nous sommes aujourd'hui à plus de 100 cas. Ce sont des enseignants du primaire et du secondaire. Nos sources auprès de la solde nous annoncent 146 personnes. Mais les noms viennent au compte-gouttes. C'est ce qui nous cause d'ailleurs des difficultés. Lorsque la question des suspensions s'est posée, nous avons immédiatement saisi le gouvernement Guillaume Soro pour faire un plaidoyer en faveur du reversement du salaire de nos camarades. Pour faire ce reversement, il faut d'abord connaître l'effectif des victimes, ensuite savoir le montant de tous les salaires afin de voir dans quelle mesure ils vont être reversés.
Quelle a été la réponse du gouvernement ?
Il nous a rassurés. Le reversement sera fait. Le gouvernement enverra d'abord le dossier à l'instruction pour savoir les différentes agences dont dépendent ceux que la mesure touche. Pour nous, c'est très important de savoir que le gouvernement est préoccupé par cette affaire.
A quand faut-il s'attendre à ces reversements ?
Pour le moment, nous ne pouvons donner aucune date précise parce que nous continuons de recevoir les noms qui n'arrivent comme je l'ai dit qu'au compte-gouttes. Il nous faut apurer la liste avant la transmission au gouvernement. Parce que certains noms nous sont parvenus mais après vérification, nous avons constaté que ces personnes avaient touché leur salaire. Il y a donc des vérifications à faire.
Certaines personnes pensent qu'en boycottant les cours à la demande du Rhdp, les enseignants se mêlent de la politique au lieu de faire leur travail. Que répondez-vous ?
Les enseignants sont dans la société. Et dans l'histoire de l'humanité, les enseignants et le personnel d'éducation ont toujours été à la pointe des grands combats et des mutations qu'ont connus les peuples et les nations. La réinstauration du multipartisme en Côte d'Ivoire est le fait des enseignants. Et nous n'allons pas nous dérober à cette responsabilité. Notre nation en construction est engagée dans un processus démocratique. Aujourd'hui, il y a une obstruction à la marche vers la démocratie, et les enseignants ne peuvent pas rester en marge. C'est dommage que ceux qui observent les évènements en Côte d' Ivoire ne se concentrent que sur Abidjan. Le mot d'ordre de pays mort a été fortement observé par l'école ivoirienne. A Duékoué, Toulepleu, Abengourou, Bondoukou…, partout dans le pays, l'école porte les stigmates de l'arrêt de travail des enseignants. Les classes sont fermées. A Daoukro, Yamoussoukro, Daloa… les enseignants sont au combat pour le retour de la démocratie. C'est une responsabilité historique que les enseignants ont. C'est pourquoi nous disons non et non au hold-up électoral.
L'école est perturbée partout. Qu'est-ce qui explique que l'on n'ait sanctionné qu'une centaine d'enseignants ?
En toute chose, il y a des gens qui veulent se faire remarquer. Nous avons des inspecteurs, des directeurs régionaux de l'éducation, des chefs d'établissements zélés qui veulent montrer leur attachement à Laurent Gbagbo. Pour cela, ils s'empressent d'envoyer des noms d'enseignants qui observent la désobéissance civile. Nous avons ceux de Bondoukou, Grand-Bassam, Gagnoa, et des préfets tels que celui de Daloa. Je voudrais réitérer cet appel à nos camarades. Il ne faut pas se laisser intimider dans ce combat historique.
Des parents d'élèves estiment que leurs enfants sont les victimes de cette situation. Ils craignent une année blanche. Qu'avez-vous à leur dire ?
Les enfants seraient-ils moins victimes si la forfaiture réussit ? Les parents d'élèves pensent-ils qu'il y aura une école stable en Côte d'Ivoire si Laurent Gbagbo réussit son hold-up ? C'est la question fondamentale. Les enfants ont-ils un avenir dans un pays qui tourne le dos à la démocratie ? Regardez comment la Fesci (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire) perturbe la scolarité et l'avenir des enfants. En tant que formateurs, nous disons que si les parents d'élèves eux-mêmes s'impliquent pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir, on peut encore sauver l'année scolaire. Et c'est une question de répartition du temps. Il n'est pas exclu que les enseignants acceptent de prendre un peu de temps sur leurs vacances pour compléter le programme scolaire. La validation de l'école ne dépend pas du citoyen ivoirien lambda, fut-il président de la République. Nous avons des institutions officielles à même de valider l'école, en l'occurrence l'Unesco. Chacun a une part de responsabilité dans la situation que nous vivons, que ce soit les parents d'élèves, les formateurs ou les apprenants. Les élèves ne doivent plus accepter d'être formés au rabais. Si vous prenez des établissements et que vous faites des quotas, vous verrez que dans une école primaire de six classes, il n'y a que trois enseignants qui viennent. Nous nous appuyons sur cette pensée de l'écrivain et politique martiniquais Aimé Césaire qui nous disait : «Gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle. » Effectivement, la vie n'est pas un spectacle pour les enseignants. Ils sont ceux qui font et qui défont quand il le faut.
Interview réalisée par Cissé Sindou