Le système sanitaire ivoirien avait pris un coup avec la longue crise militaro politique. A l’éclatement de la crise en septembre 2002, plusieurs partenaires internationaux qui soutenaient les différents programmes de santé vont stopper leur collaboration. C’est la descente aux enfers pour le système sanitaire Ivoirien. Le gouvernement n’arrive plus à faire face aux lourdes
charges des hôpitaux, ni à financer les programmes de santé. Conséquence : les districts sanitaires abandonnés à eux mêmes, n’existaient que de nom. Les hôpitaux ne disposaient plus de plateaux techniques relevés. Les malades et les médecins se plaignaient du manque de médicaments et de matériels techniques dans les centres de santé. Les différents programmes nationaux (paludisme, tuberculose, VIH/SIDA, ulcère de buruli, etc.), étaient tous en berne. Cette époque restera une des plus noires de la santé en Côte d’ Voire.
Le pays occupe le triste rang de 1er en matière de mortalité maternelle (543 décès pour 100 000 naissances vivantes) et VIH SIDA (le taux de séroprévalence était de 7,8%) dans la sous région. L’épidémie de poliomyélite qui était en phase d’éradication ressurgit. Mettant à l’eau les efforts de plusieurs années de lutte. Le pays doit également faire face à des épidémies de méningite au
nord, de fièvre jaune, de choléra et de tétanos néonatal. Débordé, le gouvernement essaie tant bien que mal d’apporter des réponses. Mais, en plus d’être sporadiques, ces interventions sont insuffisantes. On en était là, lorsque l’espoir renait véritablement avec la signature des différents accords entre les protagonistes de la crise et l’entrée de l’opposition dans le gouvernement. Les partenaires internationaux (Banque Mondiale, OMS, UNICEF) qui avaient suspendu leur collaboration reviennent. Les choses commencent à bouger dans le bon sens. Grâce aux appuis financiers des partenaires, de nombreux districts sanitaires, tant à Abidjan qu’à l’intérieur
sont réhabilités. La collaboration entre le ministère de la santé et les ONG internationales permet la mise en route de différents programmes de grandes envergures. Il s’agit entre autre des programmes nationaux de lutte contre le paludisme, le VHI/ SIDA associé à la tuberculose et l’ulcère de burulli. Les campagnes de vaccination également reprennent. L’on peut citer pèle mêle
les campagnes nationales de vaccination contre la poliomyélite associée à l’administration de vitamine A et B pour les enfants de moins de 5 ans, la fièvre jaune, le tétanos néonatale et la méningite. A cela s’ajoute la fortification des aliments de grande consommation. Notamment la farine et l’huile de palme.
Toujours avec l’aide de ses partenaires, la Côte d’Ivoire va mener une lutte farouche contre le VIH/SIDA. Dans la lutte contre la pandémie du siècle, le gouvernement américain a été particulièrement actif en déboursant des dizaines de millions de F CFA pour faire reculer le fléau.
Des acquis menacés
A travers le PEPFAR (plan d’urgence des gouvernements américains) et d’autres ONG américaines telles que Alliance Internationale, Aconda, EGPAF (Elisabeth Glaser Pediatric AIDS Foundation), les centres de dépistages volontaires du VIH/SIDA sont multipliés à travers le pays. Dans tous les districts sanitaires, sont installés des PTME (prévention de la transmission mère enfant).
La lutte acharnée va porter ses fruits. En 2006, l’enquête sur les indicateurs du VIH réalisée par l’Institut National de la Statistique (INS) révèle que le taux de séroprévalence a chuté à de 10 à 4,7%. Avec le soutien du PEPFAR, les ARV sont distribués gratuitement aux malades. Des efforts considérables sont également faits dans le cadre de la lutte contre le paludisme chez les femmes
enceintes et les enfants de moins de 5 ans. Ces couches vulnérables bénéficient de « traitement de faveur dans les hôpitaux ». Les femmes enceintes reçoivent gratuitement les moustiquaires imprégnées d’insecticides. Ainsi, petit à petit, le système sanitaire commence à se retrouver. Au Programme élargi de vaccination (PEV), l’espoir d’une éradication définitive de la poliomyélite n’était
plus loin, car les objectifs en matière de couverture vaccinale avaient été largement atteints. Pour ce qui est de la fièvre jaune, les districts qui n’avaient pas atteint la couverture ont été rattrapés grâce à des campagnes ciblées. Il en est de même pour le tétanos néonatal.
Aujourd’hui, la dynamique s’est arrêtée. Tous les acquis sont menacés.
Avec la crise post électorale, c’est un retour à la case départ pour le système sanitaire ivoirien. Par son refus de céder le pouvoir au président élu Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo président sortant crée de fait une crise. N’étant pas reconnu par la communauté internationale, celle-ci a décidé de suspendre toute collaboration avec les institutions ivoiriennes jusqu’à ce que le président élu ait l’effectivité de tout son pouvoir. Conséquence de cette situation, les
différents programmes sont à nouveaux gelés. La vaste campagne de lutte contre le paludisme, organisé par l’ONG PSI (population service international) et qui devait débuter en décembre 2010 avec la distribution d’environ un million de moustiquaires imprégnée à longue durée aux ménages a été ajournée. Les ARV par manque, ne sont plus distribués aux malades. En effet, du fait de l’embargo sur le port autonome d’Abidjan, la pharmacie de la santé publique (PSP) n’arrive plus à être approvisionnée en médicaments.
Epidémie
Toute chose qui crée des difficultés aux médecins. « Les pharmacies des hôpitaux ne sont plus approvisionnées convenablement. Lorsque nous prescrivons des médicaments aux parents des malades, ils n’arrivent pas à avoir tous les médicaments dans les pharmacies des hôpitaux. Ils sont donc obligés de se rendre dans les officines privées et cela les revient excessivement
cher », témoigne un médecin en poste au CHU de Treichville. Selon ce dernier, l’embargo sur le port d’Abidjan a de lourdes conséquences sur le système sanitaire. « La majorité de nos médicaments proviennent de l’extérieur.
Notamment de l’Inde, de la Belgique et de la France. Il est donc clair que l’embargo ne nous arrange pas du tout. Il faut que les autorités essayent de voir de ce côté », plaide-t-il. La crise a également des répercussions sur la motivation des agents de santé. « Les agents n’étaient plus réguliers au
travail. La situation prenait des proportions alarmantes, à telle enseigne que les inspecteurs ont été obligés de faire des descentes sur le terrain pour vérifier la présence des uns et des autres », souligne un agent de santé.
La situation épidémiologique a également commencé à se dégrader. L’épidémie de cholera déclenchée dans la dernière semaine du mois janvier a fait officiellement 7 morts. Et la situation, selon un responsable de l’Institut National de l’Hygiène Publique (INHP), est encore très loin de s’améliorer.
Cette épidémie est la conséquence de l’insalubrité généralisée de la ville d’Abidjan avec le retour des ordures ménagères sur les trottoirs. Situation que le pays avait déjà connue au tout début de la crise militaro politique. En fin de compte, c’est donc sans surprise que l’on revient à la case départ. Ne dit-on pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets ?
Dao Maïmouna
charges des hôpitaux, ni à financer les programmes de santé. Conséquence : les districts sanitaires abandonnés à eux mêmes, n’existaient que de nom. Les hôpitaux ne disposaient plus de plateaux techniques relevés. Les malades et les médecins se plaignaient du manque de médicaments et de matériels techniques dans les centres de santé. Les différents programmes nationaux (paludisme, tuberculose, VIH/SIDA, ulcère de buruli, etc.), étaient tous en berne. Cette époque restera une des plus noires de la santé en Côte d’ Voire.
Le pays occupe le triste rang de 1er en matière de mortalité maternelle (543 décès pour 100 000 naissances vivantes) et VIH SIDA (le taux de séroprévalence était de 7,8%) dans la sous région. L’épidémie de poliomyélite qui était en phase d’éradication ressurgit. Mettant à l’eau les efforts de plusieurs années de lutte. Le pays doit également faire face à des épidémies de méningite au
nord, de fièvre jaune, de choléra et de tétanos néonatal. Débordé, le gouvernement essaie tant bien que mal d’apporter des réponses. Mais, en plus d’être sporadiques, ces interventions sont insuffisantes. On en était là, lorsque l’espoir renait véritablement avec la signature des différents accords entre les protagonistes de la crise et l’entrée de l’opposition dans le gouvernement. Les partenaires internationaux (Banque Mondiale, OMS, UNICEF) qui avaient suspendu leur collaboration reviennent. Les choses commencent à bouger dans le bon sens. Grâce aux appuis financiers des partenaires, de nombreux districts sanitaires, tant à Abidjan qu’à l’intérieur
sont réhabilités. La collaboration entre le ministère de la santé et les ONG internationales permet la mise en route de différents programmes de grandes envergures. Il s’agit entre autre des programmes nationaux de lutte contre le paludisme, le VHI/ SIDA associé à la tuberculose et l’ulcère de burulli. Les campagnes de vaccination également reprennent. L’on peut citer pèle mêle
les campagnes nationales de vaccination contre la poliomyélite associée à l’administration de vitamine A et B pour les enfants de moins de 5 ans, la fièvre jaune, le tétanos néonatale et la méningite. A cela s’ajoute la fortification des aliments de grande consommation. Notamment la farine et l’huile de palme.
Toujours avec l’aide de ses partenaires, la Côte d’Ivoire va mener une lutte farouche contre le VIH/SIDA. Dans la lutte contre la pandémie du siècle, le gouvernement américain a été particulièrement actif en déboursant des dizaines de millions de F CFA pour faire reculer le fléau.
Des acquis menacés
A travers le PEPFAR (plan d’urgence des gouvernements américains) et d’autres ONG américaines telles que Alliance Internationale, Aconda, EGPAF (Elisabeth Glaser Pediatric AIDS Foundation), les centres de dépistages volontaires du VIH/SIDA sont multipliés à travers le pays. Dans tous les districts sanitaires, sont installés des PTME (prévention de la transmission mère enfant).
La lutte acharnée va porter ses fruits. En 2006, l’enquête sur les indicateurs du VIH réalisée par l’Institut National de la Statistique (INS) révèle que le taux de séroprévalence a chuté à de 10 à 4,7%. Avec le soutien du PEPFAR, les ARV sont distribués gratuitement aux malades. Des efforts considérables sont également faits dans le cadre de la lutte contre le paludisme chez les femmes
enceintes et les enfants de moins de 5 ans. Ces couches vulnérables bénéficient de « traitement de faveur dans les hôpitaux ». Les femmes enceintes reçoivent gratuitement les moustiquaires imprégnées d’insecticides. Ainsi, petit à petit, le système sanitaire commence à se retrouver. Au Programme élargi de vaccination (PEV), l’espoir d’une éradication définitive de la poliomyélite n’était
plus loin, car les objectifs en matière de couverture vaccinale avaient été largement atteints. Pour ce qui est de la fièvre jaune, les districts qui n’avaient pas atteint la couverture ont été rattrapés grâce à des campagnes ciblées. Il en est de même pour le tétanos néonatal.
Aujourd’hui, la dynamique s’est arrêtée. Tous les acquis sont menacés.
Avec la crise post électorale, c’est un retour à la case départ pour le système sanitaire ivoirien. Par son refus de céder le pouvoir au président élu Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo président sortant crée de fait une crise. N’étant pas reconnu par la communauté internationale, celle-ci a décidé de suspendre toute collaboration avec les institutions ivoiriennes jusqu’à ce que le président élu ait l’effectivité de tout son pouvoir. Conséquence de cette situation, les
différents programmes sont à nouveaux gelés. La vaste campagne de lutte contre le paludisme, organisé par l’ONG PSI (population service international) et qui devait débuter en décembre 2010 avec la distribution d’environ un million de moustiquaires imprégnée à longue durée aux ménages a été ajournée. Les ARV par manque, ne sont plus distribués aux malades. En effet, du fait de l’embargo sur le port autonome d’Abidjan, la pharmacie de la santé publique (PSP) n’arrive plus à être approvisionnée en médicaments.
Epidémie
Toute chose qui crée des difficultés aux médecins. « Les pharmacies des hôpitaux ne sont plus approvisionnées convenablement. Lorsque nous prescrivons des médicaments aux parents des malades, ils n’arrivent pas à avoir tous les médicaments dans les pharmacies des hôpitaux. Ils sont donc obligés de se rendre dans les officines privées et cela les revient excessivement
cher », témoigne un médecin en poste au CHU de Treichville. Selon ce dernier, l’embargo sur le port d’Abidjan a de lourdes conséquences sur le système sanitaire. « La majorité de nos médicaments proviennent de l’extérieur.
Notamment de l’Inde, de la Belgique et de la France. Il est donc clair que l’embargo ne nous arrange pas du tout. Il faut que les autorités essayent de voir de ce côté », plaide-t-il. La crise a également des répercussions sur la motivation des agents de santé. « Les agents n’étaient plus réguliers au
travail. La situation prenait des proportions alarmantes, à telle enseigne que les inspecteurs ont été obligés de faire des descentes sur le terrain pour vérifier la présence des uns et des autres », souligne un agent de santé.
La situation épidémiologique a également commencé à se dégrader. L’épidémie de cholera déclenchée dans la dernière semaine du mois janvier a fait officiellement 7 morts. Et la situation, selon un responsable de l’Institut National de l’Hygiène Publique (INHP), est encore très loin de s’améliorer.
Cette épidémie est la conséquence de l’insalubrité généralisée de la ville d’Abidjan avec le retour des ordures ménagères sur les trottoirs. Situation que le pays avait déjà connue au tout début de la crise militaro politique. En fin de compte, c’est donc sans surprise que l’on revient à la case départ. Ne dit-on pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets ?
Dao Maïmouna