Aucune déclaration à la presse, ni un communiqué final sanctionnant leurs travaux à Abidjan, comme on en a eu l'habitude avec ce genre de mission dans le cadre de la résolution de la crise ivoirienne. Celle menée du 06 au 10 février par les experts de l'Union africaine (Ua) n'a pas respecté cette formule, jetant ainsi le flou dans les esprits. Qu'ont-ils obtenu de leur séjour à Abidjan ? Ont-ils arrêté un schéma clair pour sortir la Côte d'Ivoire de la crise ? Leurs audiences respectives avec les camps de Laurent Gbagbo et d'Alassane Ouattara, ont-elles été fructueuses ? Finalement, quel rapport vont-ils faire à leurs mandants ? Rien n'a filtré. Pas un mot, ni même une déclaration, fût-elle enrobée de diplomatie, pour occuper les esprits tant dans l'opinion nationale qu'internationale. Les experts conduits par Ramtane Lamamra, le commissaire pour la paix et la sécurité à l'Ua, avaient pourtant promis de faire une déclaration à la fin de leur mission. Ils sont repartis d'Abidjan, laissant toutes les interrogations sans réponse. L'équipe d'experts a certainement voulu, comme on le dit, réserver la primeur de ses conclusions aux cinq chefs d'Etat du panel de l'Ua, attendus sur les bords de la lagune Ebrié. Mais cette omerta ouvre la voie à toutes les interprétations et autres supputations sur leur mission. Dans le camp d'Alassane Ouattara, l'on estime que l'arrivée des experts, puis du panel des chefs d'Etat de l'Union africaine, constitue une médiation de plus qui permet de faire gagner du temps à Laurent Gbagbo, alors que les pro-Ouattara attendent de l'Ua qu'elle obtienne son départ du pouvoir. Le Premier ministre d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro, a même indiqué que le panel ne fera pas fléchir Laurent Gbagbo, restant ainsi convaincu que seule la force aura raison du président proclamé par le Conseil constitutionnel. D'un autre côté, l'on est convaincu que l'action de l'Ua aboutira forcément au départ de Laurent Gbagbo du pouvoir, dans la mesure où l'institution africaine a reconnu la victoire d'Alassane Ouattara. Le camp de La Majorité Présidentielle (Lmp),lui, salue le travail des experts et l'arrivée prochaine du panel de l'Ua. Ici l'on estime que la prise en main du dossier ivoirien par l'organisation africaine, et sa volonté de venir évaluer le processus électoral afin de faire des propositions de solution, est une victoire pour Laurent Gbagbo. Qui avait proposé justement la mise en place d'un comité d'évaluation. Toutefois, le camp Gbagbo pose comme base à toutes les solutions, le respect de la Constitution ivoirienne. Il faut rappeler que le panel des chefs d'Etat de l'Ua est annoncé pour le 22 ou le 23 février à Abidjan. Mais avant, ce panel se réunira à Nouakchott (Mauritanie) sous l'égide de son président, Mohammed Ould Abdel Aziz. Les cinq présidents devront se mettre d'accord sur une stratégie commune pour mettre fin à la crise ivoirienne. Mais en attendant l'arrivée de ces ''sauveurs'', c'est le flou total en Côte d'Ivoire.
Hamadou ZIAO
Hamadou ZIAO