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Politique Publié le mercredi 16 février 2011 | Notre Voie

Crise post électorale : Les contradictions de Soro

© Notre Voie Par Prisca
Crise post-électorale : Le premier ministre Guillaume Soro fait le point de sa tournée africaine
Samedi 12 février 2011. Abidjan. Hôtel du Golf. Photo: le premier ministre Guillaume Soro et le ministre Sidiki Konaté
Face à des organes de presse triés sur le volet et qui leur sont fortement favorables, le camp Ouattara et sa rébellion armée ont proféré, le samedi 12 février dernier, au Golf Hôtel où ils sont retranchés avec armes et munitions, des menaces contre la stabilité de la Côte d’Ivoire. Chargé d’annoncer cette autre déclaration de guerre, le deuxième chef de la rébellion armée, Guillaume Soro (Alassane Ouattara étant le premier chef rebelle), a enrobé ses déclarations de contradictions flagrantes. Une analyse attentive des propos de Soro tenus, lors de la conférence
de presse du 12 février dernier, permet de s’en convaincre. Le «Premier ministre» de la «République du Golf» qui prétend qu’ils feront leur «révolution à partir du 21 février» pour renverser le président de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, affirme : «Je trouve que les Ivoiriens aiment trop fonder leurs espoirs dans la communauté internationale. C’est aux Ivoiriens de prendre leurs responsabilités.

Qu’est-ce que vous attendez de l’Union africaine ? Qu’elle vienne enlever Gbagbo à votre place ? Est-ce que c’est l’Ua qui est allée chercher Moubarak ou Ben Ali ?

Arrêtons de nous morfondre et de nous plaindre. C’est aux Ivoiriens de se mobiliser. Chaque peuple trace son histoire, écrit son histoire, fait son histoire».

Ces propos de Guillaume Soro Kigbafori renferment trois contradictions au regard des déclarations précédentes du «Premier ministre du Golf» et de l’évolution de l’actualité post électorale. Soro est-il sincère lorsqu’il feint de ne pas miser sur la communauté internationale pour opérer un coup d’Etat afin que Ouattara prenne le pouvoir? Evidemment non. Puisqu’il a toujours appelé, tel un héraut, la Cedeao à monter une armée pour attaquer la Côte d’Ivoire, tuer les Ivoiriens et leur président Laurent Gbagbo, pour installer Ouattara.

Revirement de position

L’on se souvient que, face à d’autres journalistes lors d’une conférence de presse, le dimanche 23 janvier 2011, à Bamako, capitale du Mali, il avait dit ceci : «J’exhorte la Cedeao à une intervention militaire au nom de la démocratie ( ?). La Cedeao n’a pas besoin de qui que ce soit pour mener une action militaire en Côte d’Ivoire. Les chefs d’Etat de la Cedeao prennent des décisions à partir des textes qui régissent la sous-région. La Cedeao peut intervenir au regard de ses textes».

C’est donc contradictoire pour Soro de brandir faussement l’étendard du nationaliste alors qu’il n’en est pas un. Comme Ouattara, son mentor ; Soro est un pion de l’étranger, de cette nébuleuse françafricaine qui veut faire main basse sur la Côte d’Ivoire et ses richesses.

Le revirement de position est lié au fait que l’option de l’intervention militaire extérieure sur laquelle le camp Ouattara et ses rebelles fondaient leurs espoirs a pris du plomb dans l’aile. Les Européens, parrains d’Alassane Ouattara, le disent d’ailleurs dans ce pan du compte rendu du briefing sur le thème «Côte d’Ivoire :
quelle sortie de crise ?» organisé à Paris, le 25 janvier dernier, à l’European Union Institute for Security Studies (Euiss) par le réseau EuroAfrican Research Network (Earn) : «Soutenu par le Nigeria et appuyé plus discrètement par le Burkina Faso, le recours à l’intervention militaire est cependant porteur de nombreuses difficultés, sur les plans opérationnel, politique et juridique. Le recours à la force armée supposerait en effet de déployer un nombre non négligeable de troupes sur un théâtre d’opération relativement complexe du fait notamment des spécificités de
la géographie lagunaire et urbaine d’Abidjan. Sur le plan politique, il importe de réfléchir aux objectifs d’une éventuelle intervention; laquelle ne peut se contenter de débarquer Laurent Gbagbo, mais doit également permettre à Alssane Ouattara d’asseoir son pouvoir et sa légitimité sur le territoire ivoirien afin d’assurer un ordre politique stable (en d’autres termes, il faut prévoir le massacre des populations hostiles à Ouattara, ndlr). Enfin, l’option militaire doit être avalisée par le Conseil de sécurité des Nations unies, ce qui paraît aujourd’hui improbable en raison de la
division de ses membres sur le dossier ivoirien».

De quels Ivoiriens parle Soro ?

Parlant de sa prétendue «révolution», Guillaume Kigbafori Soro y associe les Ivoiriens. De quels Ivoiriens parle-t-il ? Est-ce les Ivoiriens pris en otage dans les zones occupées par les rebelles en armes ou s’agit-il des Ivoiriens libres de la partie gouvernementale ? Si Soro parle des Ivoiriens des zones occupées, évidemment ils n’ont pas le choix. Que peuvent-ils face aux rebelles en armes qui les contraignent à protester contre le président Gbagbo ? Par contre, les Ivoiriens libres ne pourront jamais s’associer aux aventures de Soro. A preuve, les appels incessants de
Ouattara et de Soro, lui-même, à la désobéissance civile sont restés lettre morte.
Aucune «ville morte» ni de «pays mort» lancés par Alassane Ouattara et Guillaume
Soro n’ont été suivis par les Ivoiriens. La raison est bien simple, les Ivoiriens savent
que Ouattara n’a aucune légitimité. Pis il est l’auteur de l’instabilité que vit le pays
depuis 2002. Et puis, c’est contradictoire que Ouattara, Soro et leurs parrains
d’outre atlantique s’évertuent à affamer les Ivoiriens, à les paupériser à travers
un étranglement économique de la Côte d’Ivoire (les succursales des banques
occidentales sont poussées à fermer, des pénuries organisées…) et que, pendant ce
temps, Soro appelle les Ivoiriens à l’aider à mener sa «révolution».

La révolution des Ivoiriens

S’il y a une révolution, c’est bien celle qui a cours depuis octobre 2000 menée par les populations ivoiriennes pour l’émergence d’une nouvelle Côte d’Ivoire. Totalement indépendante, souveraine et responsable de son propre destin. Une nouvelle Côte d’Ivoire où le président de la République n’est pas une marionnette guidée depuis l’Elysée (présidence française) ou d’un palais présidentiel occidental. Une nouvelle Côte d’Ivoire libérée des serres de la Françafrique. Une nouvelle Côte
d’Ivoire panafricaine qui veut, avec les autres pays africains, mener le combat de l’indépendance véritable. C’est sur ce chapitre qu’apparaît la troisième contradiction de Soro. Qui applaudit curieusement la chute de Ben Ali (Tunisie) et Hosni Moubarak (Egypte), des pions de la Françafrique et des Etats-Unis, vomis par leurs peuples respectifs. Alors que Ouattara et Soro sont eux aussi des pions de la Françafrique.

Et oeuvrent pour que la Françafrique et les Etats-Unis les mettent au pouvoir en Côte
d’Ivoire par les armes.

Didier Depry
ddidierdepri@yahoo.fr
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