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Politique Publié le jeudi 17 février 2011 | L’Inter

Mesure d`interdiction exportation / 3 questions à Joseph Yao Kouamé (SAPICOCI): “Nous allons garder notre cacao”

Joseph Yao Kouamé est le président du Syndidat agricole des producteurs individuels et des coopératives de Côte d`Ivoire. En marge de la rencontre convoquée par le Conseil national des sages, mardi à la Caisse de stabilisation d`Abidjan, il livre son opinion sur les mesures prises par l`Union européenne.

M. Joseph Kouamé, vous venez de participer à la rencontre des producteurs de café-cacao, qui s`est soldée par une motion de protestation contre les mesures prises par l’Union européenne. Que pouvez-vous changer à la donne?

Aujourd’hui, les producteurs que nous sommes, sont très inquiets, parce que nous croyions qu’en faisant les élections le 28 novembre 2010, tout irait pour le mieux. Malheureusement, nous avons constaté que c’est le pire. J`ai effectué une tournée dans plusieurs localités, à Man, en passant par Kouibly, Sémian, Sifié, le village de Koua, Flanglably, etc. Les forêts dans ces zones sont vendues par nos frères burkinabé. Même les forêts classées sont vendues et détruites. Et le cacao des planteurs est acheté par des Burkinabé se disant rebelles. Les producteurs n’ont pas le choix, ils achètent le cacao au prix qu’ils veulent. Il y en a un même qui a pris le cacao des planteurs, qui est parti et qui n’est plus revenu. Ils n’ont plus le choix. Toute cette zone productrice de cacao est entre les mains des rebelles depuis 8 ans. En faisant les élections, tout devait aller pour le mieux, mais c’est pire. Nous ne sommes pas d’accord et voilà Guillaume Soro qui vient dire qu’il faut arrêter les exportations de cacao dans notre propre zone, où on a planté notre cacao.

C’est un complot, un coup d’Etat économique contre les producteurs. Il n’aime pas les producteurs alors que le poumon de l’économie ivoirienne, ce sont les producteurs de café et de cacao. Il nous a montré son vrai visage et nous voyons qu’il n’est pas prêt à aider les producteurs. Nous interpellons le comité de gestion de la filière café-cacao que le président Laurent Gbagbo a nommé pour aider les planteurs à ouvrir immédiatement les usines SIFCA-COP que nous avons nous-mêmes achetées pour qu’on recense les coopératives de base. Chaque région doit s’organiser à son niveau. Il faut trier le cacao, bien le sécher et le stocker dans nos usines pour le vendre où on veut.

En tant que syndicaliste, quelles ont été vos actions face aux pressions de l`Union européenne que vous dénoncez?

Le problème, c’est l’organisation. C’est parce que l’UE voit que les planteurs ne sont pas organisés qu’elle sort ces bêtises. Si nous sommes bien organisés, nous pourrons vendre notre cacao où nous voulons. C’est pourquoi nous interpelons le comité de gestion, pour qu’il se mette au travail et sensibilise les coopératives dans les régions. Chaque région doit s’organiser et il faut ouvrir toutes les SIFCA-COP. Nous pouvons conserver le cacao que nous plantons. Aujourd’hui, c’est au comité de gestion de se mettre au travail. Nous disons au président Bléhoué Aka que nous lui faisons confiance, qu’il mette tout en œuvre pour que dans un bref délai, tous les producteurs soient satisfaits. Nous ne voulons plus de désordre dans notre pays, trop c’est trop, nous sommes fatigués.

On parle de plus en plus d’une fuite du cacao. Quelle solution pour freiner cette fuite, si elle est avérée?

Le problème, ce sont les rebelles qui sont armés. Ils nous ont fait croire qu’ils avaient désarmé mais le pays est toujours coupé en deux. Et ce sont ceux qui sont en zone rebelle qui envoient le cacao au Burkina Faso qui est devenu un pays exportateur de cacao. Nous ne pouvons pas comprendre pourquoi l’ONUCI est entre nous depuis huit ans et des gens sont toujours en armes.

On les a même appelés Forces nouvelles. Mais où sont les forces anciennes? Ce sont des rebelles. C’est la politique de l’UE qui, depuis huit ans, bloque l’économie ivoirienne. L’or, le diamant, fuient depuis huit ans et personne ne parle. Les Ivoiriens doivent prendre leur destin en main et avoir le courage de trouver une solution définitive au problème. Il faut que tous les producteurs se réveillent pour qu’on trouve la solution. Nous allons nous organiser dans toutes les régions, faire la sensibilisation des producteurs, produire de la bonne qualité et la garder. De toutes les façons, nous ne sommes pas que des producteurs de café et de cacao. Nous plantons du manioc, du riz et divers autres produits. Donc, nous avons à manger. Soro ne peut pas faire interdire l`exportation du cacao au port d`Abidjan et organiser la fuite vers le Burkina. Ils le font pour approvisionner les Européens, qui nous asphyxient, mais en même tant, ils perçoivent le droit unique de sortie (DUS) dans leur zone, en plus de nombreuses autres taxes qu`ils imposent aux pisteurs.

Propos recueillis par
F.D.BONY
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