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Politique Publié le jeudi 17 février 2011 | Nord-Sud

Forces de défense et de sécurité (Fds) : La vérité cachée sur Abobo

La question que tout le monde se pose après les combats qui ensanglantent Abobo est celle de savoir qui oppose cette résistance qui cause des pertes significatives dans les rangs des Fds fidèles à Gbagbo. En tout état de cause, quelque chose ne tourne pas rond dans le camp de l’ex-chef de l’Etat.

Les forces de l’ordre loyales au chef de la Refondation refusent désormais de patrouiller à Abobo où Gbagbo a décrété un couvre-feu illimité depuis le 12 janvier. La commune, réputée proche du président élu, Alassane Ouattara, est devenue un champ de bataille où toutes les forces se concentrent à savoir : la brigade anti-émeute (Bae), le 1er bataillon d’infanterie d’Akouédo, les éléments du Cecos, la Crs 1 et 2, le bataillon d’artillerie sol-air (Basa), le bataillon de blindés (Bb), le groupe d’escadron blindé de la gendarmerie; la brigade de gendarmerie d’Abobo, le camp commando d’Abobo et le district de police d’Abobo, commandé par le commissaire Kouka Michel.

Celui-ci contrôle six commissariats de police (13ème, 14ème, 15ème, 21ème, 32ème, et 34ème arrondissements).

Toutes ces forces n’arrivent pas à faire plier Abobo qui s’est révoltée avant le début de la révolution ivoirienne. Toutes les offensives menées à «Bagdad city », le surnom de la commune, se sont soldées par de lourdes pertes en vies humaines et en matériels du côté des hommes en treillis.

Les preuves. Le 11 janvier, c’est-à-dire un jour avant l’instauration du couvre-feu, cinq éléments de la Bae ont été officiellement tués par des manifestants criant leur ras le bol, face à la confiscation du pouvoir par l’ancien chef de l’Etat. En fait, le bilan avait été sous-estimé. Car, au cours d’une cérémonie funéraire à l’état-major, ce sont 32 cercueils sui recevront les honneurs de Laurent Gbagbo. Ce qui est conforme aux témoignages des populations qui s’accordaient sur une quarantaine voire une cinquantaine de policiers tués par le mystérieux commando qui les a attaqués ce jour-là, au carrefour de la mairie d’Abobo.

Quelques semaines plus tard, soit le 7 février, les hommes de Laurent Gbagbo lancent une autre opération de vengeance. Mais le bilan des affrontements est lourd pour les Fds. Six hommes sont tués sur le champ par un mystérieux commando. Selon des sources militaires, pendant la progression des troupes vers la mairie d’Abobo, au niveau de la station Mobil, un sous-lieutenant du 1er bataillon d’infanterie d’Akouédo a été atteint mortellement par une roquette. Un officier de police et un sous-officier de la compagnie des fusiliers (Fumaco) ont également été tués. Deux sous-officiers du commissariat du 21ème arrondissement et un militaire du bataillon d’artillerie sol-air (Basa) ont aussi trouvé la mort lors des combats au niveau du poste de police. Il y a eu aussi une vingtaine de blessés dans les rangs de l’armée de Gbagbo. Le 14ème arrondissement aussi a été attaqué. Selon des habitants qui ont risqué un œil sur ce qui se passait, seuls trois hommes en arme ont mené cette attaque, avant de s’évanouir dans la nature.

Au plan matériel, deux chars de la gendarmerie ont été endommagés. Ce qui a obligé les blindés à reculer. Des miliciens en tenue civile qui avaient pris place à bord d’un car pour surprendre le commando, ont été mitraillés. Selon plusieurs sources, il y aurait eu peu de survivants. Les Fds ont perdu trois mitrailleuses de calibre 12,7 mm et un lance-roquettes, emportés par le camp adverse.

Le lendemain matin, la hiérarchie militaire et ses chefs de corps ont dû organiser une réunion de crise au camp d’Akouédo après un compte-rendu des rescapés. Le 10 février, après la déclaration du commandant adjoint du Cecos, affirmant que sa force n’attendait que l’ordre pour aller « libérer » Abobo, le mystérieux commando se signale. Comme s’il voulait relever le défi, il s’empare d’un véhicule de type 4x4, monté d’une mitrailleuse 12,7 mm. Cela, après avoir blessé les éléments et les avoir chargés d’aller dire à leurs patrons qu’Abobo les attend.

14 Fds tués en deux jours…

Comme si les pertes de la veille ne suffisaient pas, les hommes de Gbagbo repartent dans le bourbier d’Abobo, le mardi 8 février. Huit éléments des Forces de défense et de sécurité(Fds) ont dû passer l’arme à gauche. Il s’agit de six policiers, d’un militaire et d’un gendarme. Tout est parti d’une patrouille qui a mal tourné dans le quartier de Marley. Le capitaine Soumahoro du 1er Bcp, un proche de Nady Bamba, seconde épouse de Gbagbo, qui commandait l’opération a scindé sa troupe composée de 45 bidasses en trois groupes de 15 éléments. Sur instructions de leur chef, ceux-ci ont organisé des patrouilles pédestres à l’intérieur des quartiers de «Bagdad-city». Ce que les Fds ne faisaient jamais même avec l’instauration du couvre-feu. La bravoure se terminera dans le sang. Des échanges de tirs avec les éléments du commando invisible se soldent par la mort sur le coup de huit Fds. En deux jours de combat, 14 Fds sont tombés raides morts. Il faut dire qu’il ne se passe plus de jour sans qu’un élément des fds ne perde la vie par balle ou égorgé à l’arme blanche. C’est ainsi que le 9 février dernier, à Pk 18, “Derrière pont’’, trois corps ont été découverts. Les victimes avaient les mains liées dans le dos et avaient été égorgées. L’on identifiera l’un d’eux comme étant un caporal de la garde républicaine (Gr). Le 13 février, le corps d’un autre individu a été découvert dans la même commune, vers Agripak. Lui aussi avait les mains liées dans le dos et avait été égorgé. Selon plusieurs sources, tous ces morts anonymes sont des éléments des forces encore loyales à Gbagbo.

Des armes lourdes emportées

Les événements du 7 février ont emporté le capitaine Eric Kouamé. Dans la mesure où des armes lourdes (mitrailleuses 12,7) ont été emportées par le camp adverse. Et au lendemain de la défaite, le capitaine Eric a été arrêté par des éléments de la garde républicaine, au Plateau. Il sortait du ministère de la Défense. Après avoir été entendu à la brigade de recherches, il a été déféré, vendredi dernier, à la Maison d’arrêt militaire d’Abidjan (Mama), selon des sources militaires.

De fait, Abobo est devenu aujourd’hui un os dans la gorge de Gbagbo. Laisser la situation en l’état serait un aveu d’échec. Mais, pour aller au contact, il n’y a plus de candidats.

Les fantassins rechignent à monter au front. Derrière le discours convenu de la hiérarchie, la psychose est bien réelle aujourd’hui dans les casernes d’Abidjan. Les soldats craignent d’être désignés par leurs chefs pour aller au combat à « Bagdad-city». Dans la mesure où rien ne garantit leur retour sain et sauf.

La démotivation est réelle. Certains soldats, pour se mettre à l’abri, prennent des certificats médicaux pour justifier leur incapacité d’être dans les rangs. Selon le commissaire du gouvernement cité par un journal de la place, plusieurs ont été arrêtés pour désertion et envoyés à la Mama.

Au 1er bataillon d’Akouédo, l’on est obligé de fermer la porte arrière du camp qui débouche sur le carrefour «Faya», afin d’empêcher les soldats de prendre la clé des champs. Un contrôle est effectué par un officier de permanence toutes les deux heures pour constater la présence des soldats du rang et des sous-officiers à leur poste.

Tout ce remue-ménage coïncide malheureusement avec la montée de la méfiance entre ceux qui se présentent comme les purs et durs du clan Gbagbo et la majorité silencieuse. Les premiers accusant de plus en plus ouvertement les seconds d’être proches du Rhdp. Pour ne rien arranger, chaque jour apporte son lot d’officiers ralliés au pouvoir légitime retranché à l’hôtel du Golf. Le dernier en date est le capitaine Alla Kouakou Léon, ancien préfet militaire de Zouan-Hounien, et nommé porte-parole du ministère de la Défense du gouvernement, Guillaume Soro.

Bahi K.
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