De ce qui reste encore de la télévision ivoirienne ou Télé Lmp comme les Ivoiriens l’appellent maintenant, les hommes du chef de l’Etat sortant s’époumonent à montrer que la situation est sous contrôle. Pas de panique, la barque vogue sur des eaux calmes malgré les cris d’orfraie. Ici, un reportage où les patrons des forces de défense et de sécurité passent les troupes en revue à l’occasion d’un changement de commandement à la tête d’un bataillon. Tous les débutants en communication le savent. Quand le peuple est dans l’angoisse, la vue des officiers sereins en pleine activité routinière est le signe qu’il n’y a pas le feu en la demeure. Là, des Ivoiriens, déterminés, se mobilisent pour offrir aux femmes du vivrier des véhicules. Elles en ont besoin afin de s’affranchir des grèves et autres actes de sabotage de ces transporteurs presque tous à la solde de l’ennemi. Quand les femmes du vivrier enlèvent leur indépendance des mains des traitres à la patrie, c’est le signe d’un pays debout. Ou toutes les couches refusent de se plier et sont en marche pour soutenir le prince. Il faut qu’il triomphe des complots internationaux qui pleuvent sur le pays. Avec les comploteurs d’ailleurs, leurs collaborateurs locaux seront tous vaincus. Au nom…de la Refondation, et de la Lmp, sa déclination du moment. Dans la tourmente des banques qui ferment, le commis à la sale besogne, un certain Katina, à la manière de la mouche maçonne, vole du casse de la Banque centrale, aux menaces contre les argentiers. Après avoir sommé ces derniers de se plier aux règles comptables qui dérogent à toutes les vertus en la matière où quitter la Gbagboland, l’homme dit avoir trouvé la parade. Tous les Ivoiriens domiciliés dans les banques contraintes de fermer sont invités à ouvrir des comptes dans « les banques ivoiriennes ». Et voilà, en un tour de main, et par la magie de la parole, tout est réglé. Tout va bien ! Sauf que les Ivoiriens s’enfoncent et broient du noir.
D. Al Seni
D. Al Seni
