Que prépare le Panel des cinq chefs d’Etat mandatés par l’Union africaine sur la sortie de crise ivoirienne ? Bien malin qui pourra répondre à cette question. Pour sûr, certaines déclarations du camp Ouattara en donnent une idée…
Le ministère des Affaires étrangères de l’Afrique du Sud annonce la visite à Abidjan, les 20 et 21 février prochains du président Jacob Zuma. Mme Maite Nkoana-Mashabane précise que la présence du président du pays arc-en-ciel s’inscrit dans le cadre de la rencontre des cinq chefs d’Etat africains mandatés par l’organisation continentale, pour tenter de démêler l’écheveau de la crise née à l’issue du second tour de l’élection présidentielle ivoirienne. Ces responsables africains seront en Côte d’Ivoire pour «soumettre leurs propositions aux parties (ivoiriennes) en vue de la résolution» de la crise. Outre Jacob Zuma le président sud-africain, le panel des chefs d’Etat de l’Union africaine comprend MM. Ould Abdel Aziz de la Mauritanie, Idriss Déby Itno du Tchad, Jakaya Kikwété de Tanzanie et Blaise Compaoré du Burkina Faso. Mais à trois jours de la venue de cette mission africaine en terre ivoirienne, l’atmosphère est de plus en plus à la méfiance. Surtout dans le camp d’Alassane Dramane Ouattara, candidat vaincu de la dernière présidentielle. Contrairement au pouvoir du président Laurent Gbagbo qui affiche une sérénité certaine. En effet, il ne passe plus de jours sans que les partisans du président Gbagbo reconnu élu président de la République de Côte d’Ivoire par le Conseil constitutionnel, n’organisent de veillées d’armes. Mais des veillées d’armes plutôt studieuses. Des moments de réflexions sont organisés ici et là, par des leaders de la galaxie patriotique. «En cette période trouble et devant un panel qui va se réunir sur le sort de la Côte d’Ivoire, il faut que les Ivoiriens prennent leurs responsabilités, il faut que les Ivoiriens puissent donner leur position et plus particulièrement le point de vue des femmes. Nous voulons réfléchir et faire entendre nos propositions ». A indiqué Mme Bro Grébé Geneviève, présidente des femmes patriotes de Côte d’Ivoire, structure qui initie cette rencontre dont le thème est «La crise ivoirienne et la problématique de l’impartialité de l’Union africaine». Pour le camp Gbagbo, place doit être donnée à la parole, aux faits et surtout à l’éclatement de la vérité. Toutes choses que reconnait l’Ambassadeur Pierre Yéré Lobognon.
«L’Ua sera-t-elle impartiale dans l’appréciation, dans l’évaluation de la situation ? Et surtout le sera-t-elle dans la délivrance de la proposition de sortie de crise ? Les Ivoiriens peuvent-ils espérer que le panel des chefs d’Etat leur rendra enfin justice ?» S’interroge pour sa part, le Conseiller spécial du président Laurent Gbagbo, panéliste et parrain de ces réflexions organisées par les femmes ivoiriennes. Une problématique bien fondée dont l’écho, favorable ou pas, sera jugée à l’aune de la responsabilité des dirigeants africains mandatés par leurs pairs lors du sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine tenu en janvier dernier à Addis-Abeba en Ethiopie. Et si l’on s’impatiente dans le camp du président de voir enfin la vérité s’établir à l’issue de la mission des experts de l’Ua qui a séjourné début février à Abidjan, ce n’est pas tant que l’ont voue une confiance aveugle à l’organisation panafricaine. Loin s’en faut. Il s’agit plutôt de la capacité de l’Afrique à résoudre ses propres problèmes; c’est ce qui est au centre des débats.
Cette préoccupation n’est pas partagée par le camp du candidat vaincu, Alassane Dramane Ouattara et ses soutiens extérieurs. Où déjà des cris d’orfraie se font entendre et qui dénotent de la trop grande fébrilité qui traverse ce consortium qui attaque la souveraineté de la Côte d’Ivoire.
C’est d’abord le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon qui avait donné le ton en se plaignant que «le recompte des voix serait une injustice au président Ouattara». M. Ban venait donc de lever le coin de voile sur l’inquiétude unanimement partagée par ceux qui se font appeler «la communauté internationale qui a reconnu la victoire de M.Ouattara». Choï Young-Jin, son Représentant en Côte d’Ivoire s’est plaint lui aussi, dans un entretien à l’hebdomadaire panafricain, Jeune Afrique de la semaine du 13 au 19 février 2011. A la question de savoir «pourquoi l’Onuci refuse-t-elle de procéder à un nouveau décompte des voix ?», le fonctionnaire onusien s’était dressé : «Il faut être très clair. Les bulletins de vote n’existent plus. Après le second tour, on a établi des procès verbaux pour chacun des 20.000 bureaux de vote et les bulletins ont été détruits. C’est comme cela que ça se passe, tout le monde le sait. Tout ce que l’on peut faire aujourd’hui, c’est recompter les procès-verbaux qui sont conservés au siège de l’Onuci, à l’hôtel Sebroko. Mais pour quoi faire ? On a déjà mis trois jours et trois nuits pour les recompter une première fois ; 120000 agents ont été formés pour cette tâche. Les résultats ne font aucun doute.
Et si Laurent Gbagbo ne les accepte pas, c’est parce qu’il a perdu». C’est donc clair pour Choï qui marche dans les sillons de son patron Ban Ki-moon : il se montre méfiant vis-à-vis de la mission de l’Union africaine qui pourrait ne pas les suivre, lui et son patron. Guillaume Soro se fera beaucoup plus clair. «Je trouve que les Ivoiriens aiment trop fonder leurs espoirs dans la communauté internationale». Curieuse démarcation du premier ministre nommé par Ouattara dont l’action a toujours été soutenue par cette même «communauté internationale» qui lui déroule le tapis rouge à chacun de ses déplacements à travers le monde. L’homme qui l’a nommé premier ministre, Dramane Ouattara, n’est-il pas reconnu «élu président de Côte d’Ivoire par la communauté internationale» ? Pour Soro la réponse ne coule plus de source dès lors que «la communauté internationale» change de continent pour se retrouver subitement sous les tropiques de la négritude, contrairement à ses souhaits. «C’est aux Ivoiriens de prendre leurs responsabilités.
Qu’attendez-vous de l’Union africaine ? Qu’elle vienne enlever Gbagbo à votre place ?» S’est encore désolé Guillaume Soro, qui soupçonne le vent de ne pas souffler dans la direction souhaitée. Le doute est bien palpable dans le camp Ouattara. Ce qui expliquerait le vent de panique qui secoue le secteur bancaire ivoirien.
De fait, la Banque internationale pour le commerce et l’industrie en Côte d’Ivoire (Bicici) filiale de Bnp-Paribas, et la Citybank, deux grosses structures bancaires appartenant à la France et implantées en Côte d’Ivoire depuis l’indépendance de ce pays, ont fermé toutes leurs agences sur l’ensemble du territoire ivoirien sur injonction des autorités françaises. D’autres banques sont entrées dans la danse sans crier gare. Ce sont la Société générale des banques en Côte d’Ivoire (Sgbci), Ecobank, Standard Charterik Bank mercredi, et depuis hier jeudi 17 février, Cobaci du Groupe Altlantic. Faut-il le noter, cette cascade de baisse du rideau de fer se fait sans motif, sans justification, ni sans aucune information préalable en direction de la clientèle, ne serait-ce pour leur permettre de prendre des précautions. Les pays européens se sont passé le mot en soutien au président français Nicolas Sarkozy dont le désir est de voir coûte que coûte son ami Alassane Dramane Ouattara prendre le palais présidentiel d’Abidjan-Plateau. Il s’agit bien d’actions coordonnées pour arriver à bout du pouvoir légal ivoirien (qui jusque-là et malgré les sanctions diplomatiques, économiques, commerciales et même sur des individus ciblés dont les membres du gouvernement, Gbagbo lui-même et son entourage), parvient à diriger le pays, à payer régulièrement les salaires et cerise sur le gâteau, à honorer ses engagements extérieurs.
A l’analyse, toutes ces actions concertées tendant à essouffler financièrement et économiquement le pouvoir ivoirien, trouveraient leur source dans la méfiance des résultats de la mission d’évaluation des chefs d’Etat de l’Union africaine sur le dénouement de la crise post-électorale. Résultats dont la France aurait obtenu copies à travers ses services spéciaux.
Visiblement, l’Union africaine dont certains chefs d’Etat, ont clairement affiché leur intention de voir enfin l’Afrique régler ses propres problèmes, fait peur à la France qui soutient Ouattara. L’on se souvient, en effet, deux jours avant l’ouverture du sommet des chefs d’Etat de l’Union, le président mauritanien, exaspéré, avait haussé le ton. «Il n’y a pas de solution militaire à la crise ivoirienne.
C’est une affaire africaine qui doit être réglée par la sagesse, le génie et l’expertise africaine», avait indiqué en substance le président mauritanien Ould Abdel Aziz qui préside le Conseil de paix et de sécurité de l’Ua. Une position qui ne se démarque pas de celle longtemps tenue par l’Afrique du Sud du président Jacob Zuma également membre du panel des chefs d’Etat mandatés par l’Union africaine qui foule le sol ivoirien dans trois jours.
Simplice Allard
al08062317@yahoo.fr
Le ministère des Affaires étrangères de l’Afrique du Sud annonce la visite à Abidjan, les 20 et 21 février prochains du président Jacob Zuma. Mme Maite Nkoana-Mashabane précise que la présence du président du pays arc-en-ciel s’inscrit dans le cadre de la rencontre des cinq chefs d’Etat africains mandatés par l’organisation continentale, pour tenter de démêler l’écheveau de la crise née à l’issue du second tour de l’élection présidentielle ivoirienne. Ces responsables africains seront en Côte d’Ivoire pour «soumettre leurs propositions aux parties (ivoiriennes) en vue de la résolution» de la crise. Outre Jacob Zuma le président sud-africain, le panel des chefs d’Etat de l’Union africaine comprend MM. Ould Abdel Aziz de la Mauritanie, Idriss Déby Itno du Tchad, Jakaya Kikwété de Tanzanie et Blaise Compaoré du Burkina Faso. Mais à trois jours de la venue de cette mission africaine en terre ivoirienne, l’atmosphère est de plus en plus à la méfiance. Surtout dans le camp d’Alassane Dramane Ouattara, candidat vaincu de la dernière présidentielle. Contrairement au pouvoir du président Laurent Gbagbo qui affiche une sérénité certaine. En effet, il ne passe plus de jours sans que les partisans du président Gbagbo reconnu élu président de la République de Côte d’Ivoire par le Conseil constitutionnel, n’organisent de veillées d’armes. Mais des veillées d’armes plutôt studieuses. Des moments de réflexions sont organisés ici et là, par des leaders de la galaxie patriotique. «En cette période trouble et devant un panel qui va se réunir sur le sort de la Côte d’Ivoire, il faut que les Ivoiriens prennent leurs responsabilités, il faut que les Ivoiriens puissent donner leur position et plus particulièrement le point de vue des femmes. Nous voulons réfléchir et faire entendre nos propositions ». A indiqué Mme Bro Grébé Geneviève, présidente des femmes patriotes de Côte d’Ivoire, structure qui initie cette rencontre dont le thème est «La crise ivoirienne et la problématique de l’impartialité de l’Union africaine». Pour le camp Gbagbo, place doit être donnée à la parole, aux faits et surtout à l’éclatement de la vérité. Toutes choses que reconnait l’Ambassadeur Pierre Yéré Lobognon.
«L’Ua sera-t-elle impartiale dans l’appréciation, dans l’évaluation de la situation ? Et surtout le sera-t-elle dans la délivrance de la proposition de sortie de crise ? Les Ivoiriens peuvent-ils espérer que le panel des chefs d’Etat leur rendra enfin justice ?» S’interroge pour sa part, le Conseiller spécial du président Laurent Gbagbo, panéliste et parrain de ces réflexions organisées par les femmes ivoiriennes. Une problématique bien fondée dont l’écho, favorable ou pas, sera jugée à l’aune de la responsabilité des dirigeants africains mandatés par leurs pairs lors du sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine tenu en janvier dernier à Addis-Abeba en Ethiopie. Et si l’on s’impatiente dans le camp du président de voir enfin la vérité s’établir à l’issue de la mission des experts de l’Ua qui a séjourné début février à Abidjan, ce n’est pas tant que l’ont voue une confiance aveugle à l’organisation panafricaine. Loin s’en faut. Il s’agit plutôt de la capacité de l’Afrique à résoudre ses propres problèmes; c’est ce qui est au centre des débats.
Cette préoccupation n’est pas partagée par le camp du candidat vaincu, Alassane Dramane Ouattara et ses soutiens extérieurs. Où déjà des cris d’orfraie se font entendre et qui dénotent de la trop grande fébrilité qui traverse ce consortium qui attaque la souveraineté de la Côte d’Ivoire.
C’est d’abord le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon qui avait donné le ton en se plaignant que «le recompte des voix serait une injustice au président Ouattara». M. Ban venait donc de lever le coin de voile sur l’inquiétude unanimement partagée par ceux qui se font appeler «la communauté internationale qui a reconnu la victoire de M.Ouattara». Choï Young-Jin, son Représentant en Côte d’Ivoire s’est plaint lui aussi, dans un entretien à l’hebdomadaire panafricain, Jeune Afrique de la semaine du 13 au 19 février 2011. A la question de savoir «pourquoi l’Onuci refuse-t-elle de procéder à un nouveau décompte des voix ?», le fonctionnaire onusien s’était dressé : «Il faut être très clair. Les bulletins de vote n’existent plus. Après le second tour, on a établi des procès verbaux pour chacun des 20.000 bureaux de vote et les bulletins ont été détruits. C’est comme cela que ça se passe, tout le monde le sait. Tout ce que l’on peut faire aujourd’hui, c’est recompter les procès-verbaux qui sont conservés au siège de l’Onuci, à l’hôtel Sebroko. Mais pour quoi faire ? On a déjà mis trois jours et trois nuits pour les recompter une première fois ; 120000 agents ont été formés pour cette tâche. Les résultats ne font aucun doute.
Et si Laurent Gbagbo ne les accepte pas, c’est parce qu’il a perdu». C’est donc clair pour Choï qui marche dans les sillons de son patron Ban Ki-moon : il se montre méfiant vis-à-vis de la mission de l’Union africaine qui pourrait ne pas les suivre, lui et son patron. Guillaume Soro se fera beaucoup plus clair. «Je trouve que les Ivoiriens aiment trop fonder leurs espoirs dans la communauté internationale». Curieuse démarcation du premier ministre nommé par Ouattara dont l’action a toujours été soutenue par cette même «communauté internationale» qui lui déroule le tapis rouge à chacun de ses déplacements à travers le monde. L’homme qui l’a nommé premier ministre, Dramane Ouattara, n’est-il pas reconnu «élu président de Côte d’Ivoire par la communauté internationale» ? Pour Soro la réponse ne coule plus de source dès lors que «la communauté internationale» change de continent pour se retrouver subitement sous les tropiques de la négritude, contrairement à ses souhaits. «C’est aux Ivoiriens de prendre leurs responsabilités.
Qu’attendez-vous de l’Union africaine ? Qu’elle vienne enlever Gbagbo à votre place ?» S’est encore désolé Guillaume Soro, qui soupçonne le vent de ne pas souffler dans la direction souhaitée. Le doute est bien palpable dans le camp Ouattara. Ce qui expliquerait le vent de panique qui secoue le secteur bancaire ivoirien.
De fait, la Banque internationale pour le commerce et l’industrie en Côte d’Ivoire (Bicici) filiale de Bnp-Paribas, et la Citybank, deux grosses structures bancaires appartenant à la France et implantées en Côte d’Ivoire depuis l’indépendance de ce pays, ont fermé toutes leurs agences sur l’ensemble du territoire ivoirien sur injonction des autorités françaises. D’autres banques sont entrées dans la danse sans crier gare. Ce sont la Société générale des banques en Côte d’Ivoire (Sgbci), Ecobank, Standard Charterik Bank mercredi, et depuis hier jeudi 17 février, Cobaci du Groupe Altlantic. Faut-il le noter, cette cascade de baisse du rideau de fer se fait sans motif, sans justification, ni sans aucune information préalable en direction de la clientèle, ne serait-ce pour leur permettre de prendre des précautions. Les pays européens se sont passé le mot en soutien au président français Nicolas Sarkozy dont le désir est de voir coûte que coûte son ami Alassane Dramane Ouattara prendre le palais présidentiel d’Abidjan-Plateau. Il s’agit bien d’actions coordonnées pour arriver à bout du pouvoir légal ivoirien (qui jusque-là et malgré les sanctions diplomatiques, économiques, commerciales et même sur des individus ciblés dont les membres du gouvernement, Gbagbo lui-même et son entourage), parvient à diriger le pays, à payer régulièrement les salaires et cerise sur le gâteau, à honorer ses engagements extérieurs.
A l’analyse, toutes ces actions concertées tendant à essouffler financièrement et économiquement le pouvoir ivoirien, trouveraient leur source dans la méfiance des résultats de la mission d’évaluation des chefs d’Etat de l’Union africaine sur le dénouement de la crise post-électorale. Résultats dont la France aurait obtenu copies à travers ses services spéciaux.
Visiblement, l’Union africaine dont certains chefs d’Etat, ont clairement affiché leur intention de voir enfin l’Afrique régler ses propres problèmes, fait peur à la France qui soutient Ouattara. L’on se souvient, en effet, deux jours avant l’ouverture du sommet des chefs d’Etat de l’Union, le président mauritanien, exaspéré, avait haussé le ton. «Il n’y a pas de solution militaire à la crise ivoirienne.
C’est une affaire africaine qui doit être réglée par la sagesse, le génie et l’expertise africaine», avait indiqué en substance le président mauritanien Ould Abdel Aziz qui préside le Conseil de paix et de sécurité de l’Ua. Une position qui ne se démarque pas de celle longtemps tenue par l’Afrique du Sud du président Jacob Zuma également membre du panel des chefs d’Etat mandatés par l’Union africaine qui foule le sol ivoirien dans trois jours.
Simplice Allard
al08062317@yahoo.fr