Mon cher frère,
Avant mon retour à Abidjan, j'ose, depuis Paris où je suis pour des raisons de santé, te lancer ce cri du cœur qui, je l'espère, trouvera auprès de toi un écho favorable. En prenant le risque de t'adresser cet appel, je sais la haine à laquelle je m'expose de la part de certaines personnes. Mais, je crois que j'ai un devoir sacré de fraternité de te dire modestement ma part de vérité. Je voudrais tout d'abord te rappeler ton long combat pour le retour du multipartisme et à la démocratie. Te souviens-tu encore du 05 août 1969 où toi, au nom des étudiants contestataires, et moi, au nom des fondateurs du MEECI (Mouvement des Etudiants et Elèves de Côte d'Ivoire), avons scellé la réconciliation du monde scolaire et universitaire sous le regard paternel de Félix Houphouët-Boigny et de son bureau politique. Ce jour-là, Houphouët disait ceci : " Mes enfants, je préfère vous voir unis contre moi, plutôt que divisés, les uns avec moi, les autres contre moi ". Je considère cet acte que nous avons posé au nom de tous comme un engagement personnel pour tout ce qui doit être fait pour l'union des filles et des fils de notre pays. C'est d'un. Tu as continué ton combat dans la clandestinité jusqu'au retour du multipartisme le 30 mai 1990. Un grand pas venait ainsi d'être franchi par la mise en application de la Constitution ivoirienne qui depuis toujours prévoyait le multipartisme. Tu as été, dans la foulée, candidat à l'élection présidentielle contre Félix Houphouët-Boigny, obtenant le score honorable de 18% des suffrages exprimés. Tu venais ainsi de rentrer de belle manière dans l'histoire politique de la Côte d'Ivoire. C'est de deux. Mais plus que quiconque, tu sais qu'il y a une différence fondamentale entre multipartisme et démocratie. La Démocratie repose essentiellement sur la liberté individuelle et collective, l'expression du libre choix du peuple souverain et le respect des règles que ce peuple s'est donné. C'est à cette phase que nous sommes : l'apprentissage de la démocratie. C'est de trois. Il s'est trouvé que ce cheminement a connu un coup dur avec les évènements de 1999 et de 2002. Depuis ce temps, les acteurs politiques ivoiriens ont effectué un véritable parcours du combattant. Avec l'aide prompte de la communauté internationale, que je remercie au passage, nous nous sommes battus pour colmater les brèches et sortir de la crise par la voie démocratique. De Linas Marcoussis à Ouagadougou en passant par Pretoria, et ce, avec ton plein consentement, nous avons signé des accords aussi prometteurs les uns que les autres. L'Organisation des Nations Unies a pris de très nombreuses résolutions sur la crise en Côte d'Ivoire. Avec la bonne volonté de tous, péniblement certes, nous sommes arrivés à l'élection présidentielle du 31 Octobre et du 28 novembre 2010. Les résultats sont connus. Les urnes ont donné vainqueur Alassane Dramane Ouattara quoiqu'en pense et quoiqu'en dise le conseil constitutionnel qui ne pouvait que faire reprendre l'élection conformément aux dispositions de l'article 64 nouveau du code électoral qui stipule que : " Dans le cas où le conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et en affecter le résultat d'ensemble, il prononce l'annulation de l'élection et notifie sa décision à la Commission Electorale Indépendante qui en informe le représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et le représentant Spécial du facilitateur à toutes fins utiles. La date du nouveau scrutin est fixée par décret pris en conseil des ministres sur proposition de la Commission Electorale Indépendante. Le scrutin a lieu au plus tard 45 jours à compter de la date de la décision du conseil constitutionnel ". Voilà ce que dit la loi qui s'impose même au conseil constitutionnel.
Mon cher frère,
C'est suite à ce qui précède et à tout ce qui ne peut être dit dans cet appel que je voudrais t'inviter à revoir ta position et à penser à ton pays que je crois que tu aimes et que tu voudrais servir. Tu as dit à plusieurs reprises qu'"on peut organiser des élections et les perdre et le ciel ne nous tombera pas dessus ". Accepte donc avec courage et fair-play le verdict des urnes. Ce faisant, tu seras grand, très grand. Après le face-à-face historique du second tour en Afrique, cet acte fera de toi un artisan de la démocratie en Côte d'Ivoire et en Afrique. Ton nom sera à jamais gravé dans la récente histoire de la Côte d'Ivoire indépendante. Ce serait le couronnement de ton combat pour le multipartisme et la démocratie. Cher frère, Cède le fauteuil présidentiel à Ouattara que les urnes ont désigné. Prends du recul et honore ton combat historique. Je t'ai parlé avec mon coeur et avec ma raison. Puisse le Tout-puissant éclairer ton jugement et t'amener à prendre la bonne décision ! Vive la fraternité, Vive la Réconciliation, Vive la Paix pour que vive une Côte d'Ivoire indivisible, fraternelle et prospère.
Ton frère
Pr Alphonse Djédjé Mady
Paris, le 20 février 2011
Avant mon retour à Abidjan, j'ose, depuis Paris où je suis pour des raisons de santé, te lancer ce cri du cœur qui, je l'espère, trouvera auprès de toi un écho favorable. En prenant le risque de t'adresser cet appel, je sais la haine à laquelle je m'expose de la part de certaines personnes. Mais, je crois que j'ai un devoir sacré de fraternité de te dire modestement ma part de vérité. Je voudrais tout d'abord te rappeler ton long combat pour le retour du multipartisme et à la démocratie. Te souviens-tu encore du 05 août 1969 où toi, au nom des étudiants contestataires, et moi, au nom des fondateurs du MEECI (Mouvement des Etudiants et Elèves de Côte d'Ivoire), avons scellé la réconciliation du monde scolaire et universitaire sous le regard paternel de Félix Houphouët-Boigny et de son bureau politique. Ce jour-là, Houphouët disait ceci : " Mes enfants, je préfère vous voir unis contre moi, plutôt que divisés, les uns avec moi, les autres contre moi ". Je considère cet acte que nous avons posé au nom de tous comme un engagement personnel pour tout ce qui doit être fait pour l'union des filles et des fils de notre pays. C'est d'un. Tu as continué ton combat dans la clandestinité jusqu'au retour du multipartisme le 30 mai 1990. Un grand pas venait ainsi d'être franchi par la mise en application de la Constitution ivoirienne qui depuis toujours prévoyait le multipartisme. Tu as été, dans la foulée, candidat à l'élection présidentielle contre Félix Houphouët-Boigny, obtenant le score honorable de 18% des suffrages exprimés. Tu venais ainsi de rentrer de belle manière dans l'histoire politique de la Côte d'Ivoire. C'est de deux. Mais plus que quiconque, tu sais qu'il y a une différence fondamentale entre multipartisme et démocratie. La Démocratie repose essentiellement sur la liberté individuelle et collective, l'expression du libre choix du peuple souverain et le respect des règles que ce peuple s'est donné. C'est à cette phase que nous sommes : l'apprentissage de la démocratie. C'est de trois. Il s'est trouvé que ce cheminement a connu un coup dur avec les évènements de 1999 et de 2002. Depuis ce temps, les acteurs politiques ivoiriens ont effectué un véritable parcours du combattant. Avec l'aide prompte de la communauté internationale, que je remercie au passage, nous nous sommes battus pour colmater les brèches et sortir de la crise par la voie démocratique. De Linas Marcoussis à Ouagadougou en passant par Pretoria, et ce, avec ton plein consentement, nous avons signé des accords aussi prometteurs les uns que les autres. L'Organisation des Nations Unies a pris de très nombreuses résolutions sur la crise en Côte d'Ivoire. Avec la bonne volonté de tous, péniblement certes, nous sommes arrivés à l'élection présidentielle du 31 Octobre et du 28 novembre 2010. Les résultats sont connus. Les urnes ont donné vainqueur Alassane Dramane Ouattara quoiqu'en pense et quoiqu'en dise le conseil constitutionnel qui ne pouvait que faire reprendre l'élection conformément aux dispositions de l'article 64 nouveau du code électoral qui stipule que : " Dans le cas où le conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et en affecter le résultat d'ensemble, il prononce l'annulation de l'élection et notifie sa décision à la Commission Electorale Indépendante qui en informe le représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et le représentant Spécial du facilitateur à toutes fins utiles. La date du nouveau scrutin est fixée par décret pris en conseil des ministres sur proposition de la Commission Electorale Indépendante. Le scrutin a lieu au plus tard 45 jours à compter de la date de la décision du conseil constitutionnel ". Voilà ce que dit la loi qui s'impose même au conseil constitutionnel.
Mon cher frère,
C'est suite à ce qui précède et à tout ce qui ne peut être dit dans cet appel que je voudrais t'inviter à revoir ta position et à penser à ton pays que je crois que tu aimes et que tu voudrais servir. Tu as dit à plusieurs reprises qu'"on peut organiser des élections et les perdre et le ciel ne nous tombera pas dessus ". Accepte donc avec courage et fair-play le verdict des urnes. Ce faisant, tu seras grand, très grand. Après le face-à-face historique du second tour en Afrique, cet acte fera de toi un artisan de la démocratie en Côte d'Ivoire et en Afrique. Ton nom sera à jamais gravé dans la récente histoire de la Côte d'Ivoire indépendante. Ce serait le couronnement de ton combat pour le multipartisme et la démocratie. Cher frère, Cède le fauteuil présidentiel à Ouattara que les urnes ont désigné. Prends du recul et honore ton combat historique. Je t'ai parlé avec mon coeur et avec ma raison. Puisse le Tout-puissant éclairer ton jugement et t'amener à prendre la bonne décision ! Vive la fraternité, Vive la Réconciliation, Vive la Paix pour que vive une Côte d'Ivoire indivisible, fraternelle et prospère.
Ton frère
Pr Alphonse Djédjé Mady
Paris, le 20 février 2011