Un calme plat avant l'orage. Les nuages s'amoncèlent dans le ciel ivoirien. La Côte d'Ivoire n'est décidément pas sortie de l'auberge. Les signes sont là pour prouver que le premier scrutin libre, certainement le plus démocratique de l'histoire du pays, est devenu aujourd'hui, par la faute d'un usurpateur, une menace à long terme pour sa stabilité. Tension sociale perceptible, économie moribonde, mise en chômage des travailleurs par centaines, suite à la fermeture des entreprises et des banques commerciales, l'incapacité du pays de faire face à ses engagements etc, il faut le dire tout net : les indicateurs d'une déflagration sociale sont plus que jamais réunis. Et ce, de sorte que la Côte d'Ivoire apparaît aujourd'hui comme un volcan prêt à imploser à tout moment. C'est dire que le scrutin présidentiel du 28 novembre 2010, contrairement à ce qu'on avait espéré, ne permettra pas de tourner si facilement la page d'une décennie de contorsion démocratique et de prédation à la tête du pays instaurée par celui là-même qui s'est autoproclamé « enfant des élections » et qui refuse l'alternance démocratique. Quelle belle ironie de l'Histoire ! Laurent Gbagbo, le mauvais perdant, puisque c'est de lui qu'il s'agit, n'a fait que vendre des illusions aux Ivoiriens depuis sa sortie de la clandestinité en 1990 suite à sa fuite du pays à trois reprises. Arrivé au pouvoir dans des conditions désastreuses que tout le monde sait, le chef de la Refondation s'est installé dans une logique de fiction permanente de complot de l'Etranger ; l'Etranger jaloux de la prospérité de la Côte d'Ivoire. Au lieu d'apporter des solutions idoines aux préoccupations et attentes légitimes du peuple, Gbagbo et son clan se sont enfermés dans une politique irrationnelle et anachronique de nationalisme prétendant ainsi défendre le pays contre des velléités impérialistes de l'Etranger. Cette vision réductrice voire manichéenne de la politique, il en a fait un pan majeur de sa campagne électorale à la Présidentielle. Au cours de ses meetings de campagne, il ne se gênait pas de soutenir que : « Cette élection (présidentielle 2010) n'est pas une élection entre des candidats. C'est une élection entre deux lignes. Ceux qui veulent que la Côte d'Ivoire soit un pays souverain, un pays indépendant, un pays digne et ceux qui veulent que la Côte d'Ivoire soit soumise à d'autres puissances ». En vérité tout le programme de Gbagbo s'arrête là. Trouver des boucs-émissaires et se cacher derrière de fausses certitudes, telle était la ligne de défense de celui qui s'était autoproclamé « candidat des Ivoiriens »
Le refus de l'alternance
Nonobstant cette débauche d'énergie de Gbagbo, les Ivoiriens ont décidé de voter massivement celui qui, à leurs yeux incarne une assurance pour l'avenir, une fois au progrès économique et social. Le résultat sorti des urnes est sans appel : 54% des suffrages exprimés en faveur du candidat du RHDP, le Dr. Alassane Dramane Ouattara. L'opposant historique à Houphouët Boigny refuse de reconnaitre la vérité des urnes. Par une alchimie politico-juridique, il se fat déclarer vainqueur par son ami Paul Yao N'Dré, président du Conseil constitutionnel. Et depuis, l'homme s'accroche comme un « akpani » à un Palais sans aucune légitimité. Alors s'ouvre une série de négociations pour que le mauvais perdant lâche du lest. Et son entêtement fait planer de sérieuses menaces sur la Côte d'Ivoire. Ainsi, du 28 novembre 2010 à ce jour, ce sont au moins cinq missions de bons offices qui se sont rendues au bord de la Lagune Ebrié pour tenter de faire plier le Président sortant Gbagbo à céder le Palais à M. Ouattara. Déjà le 5 décembre 2010, exactement une semaine après le second tour de l'élection présidentielle, c'est un vieil ami de Gbagbo, ancien président sud-africain en l'occurrence Thabo Mbéki qui débarque pour tenter de le sauver de l'humiliation qui profile à l'horizon. Le woody reste de marbre. Pis, il cherche à convaincre son ami de sa forfaiture en lui présentant des PV truqués et des CD montrant la violence dont ses militants auraient été victimes de la part des partisans de son adversaire. Le 28 décembre, une troïka de chefs d'Etat en l'occurrence le président Yayi Boni du Bénin, Baï Koroma de la Sierra-Léone, Pedro Pires du Cap Vert, atterrit à Abidjan. Les trois chefs d'Etat butent à leur tour sur l'intransigeance de Gbagbo qui, cette fois, sort de sa besace une proposition farfelue de « recomptage de voix ». Ces chefs d'Etat, après avoir fait le point au président en exercice de la CEDEAO, sont revenus à la charge le 3 janvier 2011. Cette fois, ils sont accompagnés du Premier ministre kenyan, Raila Odinga. C'est le statu quo. Le 8 janvier dans la discrétion totale, Obasanjo tente sa chance de faire plier le putschiste du Plateau. Il n'y arrive pas. Raila Odinga récidive le 17 janvier. Il repart plus tôt que prévu. Car déçu de Gbagbo dont il dit qu'il ne tient pas ses engagements. Très remonté, il avertit que « le refus d'accepter le choix des Ivoiriens exprimé le 28 novembre » est « un sévère coup d'arrêt dans la vague de démocratie qui déferle sur le contient africain ». Et de se demander à quoi serviraient des élections « si les peuples du contient viennent à se rendre compte que leurs choix ne conduisent pas au pouvoir les dirigeants qu'ils choisissent».
L'économie au bord de la banqueroute
La Communauté internationale s'est vite signalée en prenant des sanctions économiques contre non seulement Gbagbo et ses proches, mais aussi à l'encontre des secteurs stratégiques de l'économie ivoirienne. Il s'agit des Ports d'Abidjan et de San-Pédro, des filières café, cacao. Aussitôt, de grandes entreprises exportatrices de ce binôme se sont désengagées en mettant au chômage des centaines de travailleurs. Les navires européens ne venant plus aux ports ivoiriens, l'activité portuaire est plombée. Ce sont des manques à gagner énormes pour le pays. L'économie en est très affectée. L'UEMOA, à la conférence des chefs d'Etat du 22 janvier 2011, à Bamako, tirant les conséquences de l'élection de SEM Alassane Ouattara comme président de la République de Côte d'Ivoire, a instruit la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest que désormais le contrôle du compte du pays lui revenait de plein droit. Très furieux contre cette mesure des chefs d'Etat de la sous-région, le Gouvernement illégal de Laurent Gbagbo a braqué l'Agence nationale de la BCEAO pour y soutirer d'importants fonds. D'aucuns avancent le chiffre de 50 milliards. Le Gouverneur par intérim de la BCEAO a procédé au verrouillage du système d'exploitation de l'Agence nationale et ordonné la fermeture de toutes les autres Agences régionales sur le territoire national ivoirien et la suspension des opérations de compensation. Du coup, les banques commerciales se retrouvent sans ravitaillement en liquidité. Elles ne peuvent fonctionner que sur des réserves internes. Cela ne peut durer que quelques jours. C'est dire que le pays n'est pas loin de la banqueroute. Comme si cela ne suffisait aux malheurs des Ivoiriens, le Gouvernement illégal de Gbagbo convoque les patrons de Banque et leur demande de violer les instructions de la Banque centrale. Sentant que leurs personnels ne sont plus en sécurité, la BICICI, CITIBANK, la SGBCI, la SIB, la BIAO, la BRVM et toutes les autres banques commerciales ont fermé. Alors, il n'est pas exagéré de dire que le Gouvernement illégal aura des difficultés pour honorer ses engagements à la fin de mois. Ajoutée à la tension politique latente, cette nouvelle donne provoquera certainement de graves remous sociaux. Alors, le peuple prendra ses responsabilités pour être acteur de sa propre histoire. « Quand le peuple décidera de vivre, la destinée obéira et alors… les chaînes de l'esclavage seront rompues », a dit le poète tunisien Abu Kacem Chebbi.
Ibrahima B. Kamagaté
Le refus de l'alternance
Nonobstant cette débauche d'énergie de Gbagbo, les Ivoiriens ont décidé de voter massivement celui qui, à leurs yeux incarne une assurance pour l'avenir, une fois au progrès économique et social. Le résultat sorti des urnes est sans appel : 54% des suffrages exprimés en faveur du candidat du RHDP, le Dr. Alassane Dramane Ouattara. L'opposant historique à Houphouët Boigny refuse de reconnaitre la vérité des urnes. Par une alchimie politico-juridique, il se fat déclarer vainqueur par son ami Paul Yao N'Dré, président du Conseil constitutionnel. Et depuis, l'homme s'accroche comme un « akpani » à un Palais sans aucune légitimité. Alors s'ouvre une série de négociations pour que le mauvais perdant lâche du lest. Et son entêtement fait planer de sérieuses menaces sur la Côte d'Ivoire. Ainsi, du 28 novembre 2010 à ce jour, ce sont au moins cinq missions de bons offices qui se sont rendues au bord de la Lagune Ebrié pour tenter de faire plier le Président sortant Gbagbo à céder le Palais à M. Ouattara. Déjà le 5 décembre 2010, exactement une semaine après le second tour de l'élection présidentielle, c'est un vieil ami de Gbagbo, ancien président sud-africain en l'occurrence Thabo Mbéki qui débarque pour tenter de le sauver de l'humiliation qui profile à l'horizon. Le woody reste de marbre. Pis, il cherche à convaincre son ami de sa forfaiture en lui présentant des PV truqués et des CD montrant la violence dont ses militants auraient été victimes de la part des partisans de son adversaire. Le 28 décembre, une troïka de chefs d'Etat en l'occurrence le président Yayi Boni du Bénin, Baï Koroma de la Sierra-Léone, Pedro Pires du Cap Vert, atterrit à Abidjan. Les trois chefs d'Etat butent à leur tour sur l'intransigeance de Gbagbo qui, cette fois, sort de sa besace une proposition farfelue de « recomptage de voix ». Ces chefs d'Etat, après avoir fait le point au président en exercice de la CEDEAO, sont revenus à la charge le 3 janvier 2011. Cette fois, ils sont accompagnés du Premier ministre kenyan, Raila Odinga. C'est le statu quo. Le 8 janvier dans la discrétion totale, Obasanjo tente sa chance de faire plier le putschiste du Plateau. Il n'y arrive pas. Raila Odinga récidive le 17 janvier. Il repart plus tôt que prévu. Car déçu de Gbagbo dont il dit qu'il ne tient pas ses engagements. Très remonté, il avertit que « le refus d'accepter le choix des Ivoiriens exprimé le 28 novembre » est « un sévère coup d'arrêt dans la vague de démocratie qui déferle sur le contient africain ». Et de se demander à quoi serviraient des élections « si les peuples du contient viennent à se rendre compte que leurs choix ne conduisent pas au pouvoir les dirigeants qu'ils choisissent».
L'économie au bord de la banqueroute
La Communauté internationale s'est vite signalée en prenant des sanctions économiques contre non seulement Gbagbo et ses proches, mais aussi à l'encontre des secteurs stratégiques de l'économie ivoirienne. Il s'agit des Ports d'Abidjan et de San-Pédro, des filières café, cacao. Aussitôt, de grandes entreprises exportatrices de ce binôme se sont désengagées en mettant au chômage des centaines de travailleurs. Les navires européens ne venant plus aux ports ivoiriens, l'activité portuaire est plombée. Ce sont des manques à gagner énormes pour le pays. L'économie en est très affectée. L'UEMOA, à la conférence des chefs d'Etat du 22 janvier 2011, à Bamako, tirant les conséquences de l'élection de SEM Alassane Ouattara comme président de la République de Côte d'Ivoire, a instruit la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest que désormais le contrôle du compte du pays lui revenait de plein droit. Très furieux contre cette mesure des chefs d'Etat de la sous-région, le Gouvernement illégal de Laurent Gbagbo a braqué l'Agence nationale de la BCEAO pour y soutirer d'importants fonds. D'aucuns avancent le chiffre de 50 milliards. Le Gouverneur par intérim de la BCEAO a procédé au verrouillage du système d'exploitation de l'Agence nationale et ordonné la fermeture de toutes les autres Agences régionales sur le territoire national ivoirien et la suspension des opérations de compensation. Du coup, les banques commerciales se retrouvent sans ravitaillement en liquidité. Elles ne peuvent fonctionner que sur des réserves internes. Cela ne peut durer que quelques jours. C'est dire que le pays n'est pas loin de la banqueroute. Comme si cela ne suffisait aux malheurs des Ivoiriens, le Gouvernement illégal de Gbagbo convoque les patrons de Banque et leur demande de violer les instructions de la Banque centrale. Sentant que leurs personnels ne sont plus en sécurité, la BICICI, CITIBANK, la SGBCI, la SIB, la BIAO, la BRVM et toutes les autres banques commerciales ont fermé. Alors, il n'est pas exagéré de dire que le Gouvernement illégal aura des difficultés pour honorer ses engagements à la fin de mois. Ajoutée à la tension politique latente, cette nouvelle donne provoquera certainement de graves remous sociaux. Alors, le peuple prendra ses responsabilités pour être acteur de sa propre histoire. « Quand le peuple décidera de vivre, la destinée obéira et alors… les chaînes de l'esclavage seront rompues », a dit le poète tunisien Abu Kacem Chebbi.
Ibrahima B. Kamagaté