Il faut qu’on se comprenne bien : je suis profondément optimiste quant à la résolution finale et prochaine de la crise ivoirienne, mais je suis plus que pessimiste quant au moindre succès potentiel du fameux panel des chefs d’État dans ce dossier. Je sais que le régime Gbagbo sera balayé bientôt, mais ce sera par les armes, et non par le dialogue et le panel de l’UA n’est que pure diversion pour proroger la souffrance des Ivoiriens.
LE MANQUE DE COURAGE DE L’UNION AFRICAINE
La mise sur pied d’un panel de chefs d’État est l’expression achevée de la couardise de l’Union Africaine devant la situation en Côte d’Ivoire. Elle a manqué crucialement de courage : il lui en faudrait une bonne dose pour intimer à Gbagbo l’ordre de déguerpir du palais présidentiel. Et pourtant, dès les 5 et 9 décembre 2010, elle avait affirmé haut et fort qu’elle reconnaissait la victoire de Ouattara et demandait à Laurent Gbagbo de lui céder le fauteuil présidentiel. Plus tard, elle a mandaté tour à tour Thabo Mbeki, Jean Ping, et Raila Odinga par deux fois sur les bords de la lagune Ébrié pour faire de la médiation. Tous ces ballets diplomatiques se sont soldés par un zéro pointé. La CEDEAO a elle aussi mené les siens, avec les défilés de Olusegun Obasanjo, Pedro Pires, Yayi Boni et Ernest Koroma – tiens, tiens, c’était déjà un panel de chefs d’État, il me semble ! -, venus collégialement par deux fois de suite. Encore un bide ! Au moment où la CEDEAO cherche à mettre à exécution sa menace militaire, après avoir rencontré des pays membres permanents du Conseil de Sécurité – France, Royaume-Uni et USA -, et demandé à l’ONU de voter une résolution autorisant le recours à <> pour déloger l’usurpateur du palais présidentiel, voilà que l’Union Africaine donne dans les atermoiements. Ce dégonflement de l’organisation panafricaine est tellement flagrant qu’elle a été incapable de préciser la feuille de route du panel des 5. On parle d’un groupe d’experts (en quoi ?) dont on ignore combien ils seront, d’où ils viendront, comment ils travailleront et, surtout, s’ils étudieront la crise à la place des chefs d’État ou s’ils seront tout simplement sollicités pour donner un avis à ces derniers. On dit aussi que les décisions du panel seront contraignantes. Mais comment ? Qui va contraindre Gbagbo à les accepter si d’aventure ces décisions étaient contre lui ? On le contraindra par les armes ou avec des pressions ou encore par des sanctions économiques et/ou commerciales ?
S’il faut le contraindre à les accepter par les armes, l’UA prendra-t-elle les armes contre lui ? Ou demandera-t-elle à la CEDEAO de reprendre son combat où elle l’a laissé ?
POUR UNE POLITIQUE DE L’AUTRUCHE
L’Union Africaine, c’est le cas de le dire, a opté pour la politique de l’autruche : elle s’est voilé la face pour feindre de ne pas voir le problème. Elle sait très bien que ses 4 précédentes missions de médiation ont toutes échoué lamentablement et que cette énième tentative se soldera également par un échec cuisant. Cependant, elle s’est engouffrée dans cette brèche parce qu’elle lui permettait de ne point prendre ses responsabilités pour trancher cette querelle une fois pour toutes. Ça donne aussi bonne conscience car on aura l’impression qu’elle a évité la guerre et épargné ainsi des vies humaines. Sauf qu’en réalité elle a fui ses responsabilités historiques et prolongé la souffrance des Ivoiriens pour au moins un mois entier. Sait-elle qu’un mois dans la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, ça coûte au moins 150 morts dans les rangs des partisans du RHDP?
LE PANEL DES 5 A DÉJÀ ÉCHOUÉ
Cette sentence n’est pas de moi, elle est de Blé Goudé, d’Affi N’guessan et d’Alcide Djédjé. Le premier disait le 1er février à Yopougon qu’il récusait – je ne sais à quel titre – Blaise Compaoré qui serait le problème. Le second disait ce 2 février que le même Blaise avait organisé la rébellion et trahi la confiance du pouvoir LMP. Depuis Addis Abeba, le dernier tranchait en affirmant que tout ce qui n’est pas conforme à la constitution ivoirienne sera rejeté, entendez par là, tout ce qui ne dira pas que Gbagbo a remporté les élections comme proclamé et investi par le Conseil Constitutionnel. Or nous avons tous lu le communiqué de presse du Conseil de Paix et de Sécurité qui souligne très clairement que l’UA reconnaît ADO comme le président élu. Comme l’UA ne peut pas venir inverser ses propres résultats comme l’a fait notre auguste Conseil Constitutionnel – ce serait trop scélérat et trop visible -, on ne voit pas comment le panel pourrait bien réussir dans sa mission. Si tant est qu’il vise à faire en sorte que Ouattara exerce véritablement le pouvoir ainsi que l’a affirmé Jean Ping, alors il convient de dire, par avance, que le panel a déjà échoué. Pour une fois, Blé Goudé, Affi N’guessan et Alcide Djédjé auront dit la vérité.
LA SEULE SOLUTION
On sait tous que l’UA ne peut contraindre aucune des parties – surtout celle de LMP – à accepter ses conclusions. Elle n’en a pas l’habitude : il suffit d’interroger l’histoire récente de l’Afrique des Mwai Kibaki et Robert Mugabe pour s’en rendre compte. L’UA ne peut que proposer des compromissions comme au Kenya et au Zimbabwe, c’est-à-dire, pour reprendre le mot de Raila Odinga, l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire : garder le perdant des élections au palais et demander au vainqueur de le subir en tant que premier ministre ! Donc lorsque l’UA se frottera au refus du camp LMP de se soumettre à ses conclusions, elle n’aura pas le courage de prendre les armes pour déloger le squatteur du palais. Il s’en trouvera des chefs d’État pour s’y opposer : viendra Jacob Zuma, et suivront Robert Mugabe, Mwai Kibaki, Eduardo Dos Santos, Pedro Pires, Atta Mills et sans doute quelques autres. Surtout les 18 qui devront se soumettre au suffrage universel cette année ou en 2012 n’en voudront pas, de peur qu’on les dégage bientôt – le cas Gbagbo servant de précédent - s’ils voulaient eux aussi inverser les résultats chez eux. L’UA n’aura pas d’autre choix que de se tourner vers la petite CEDEAO qui a déjà eu le courage au moins de monter au créneau. Et elle conclura le feuilleton. dateur.
Dr Famahan SAMAKE (Ph.D.)
Royaume Uni
2 février 2011
LE MANQUE DE COURAGE DE L’UNION AFRICAINE
La mise sur pied d’un panel de chefs d’État est l’expression achevée de la couardise de l’Union Africaine devant la situation en Côte d’Ivoire. Elle a manqué crucialement de courage : il lui en faudrait une bonne dose pour intimer à Gbagbo l’ordre de déguerpir du palais présidentiel. Et pourtant, dès les 5 et 9 décembre 2010, elle avait affirmé haut et fort qu’elle reconnaissait la victoire de Ouattara et demandait à Laurent Gbagbo de lui céder le fauteuil présidentiel. Plus tard, elle a mandaté tour à tour Thabo Mbeki, Jean Ping, et Raila Odinga par deux fois sur les bords de la lagune Ébrié pour faire de la médiation. Tous ces ballets diplomatiques se sont soldés par un zéro pointé. La CEDEAO a elle aussi mené les siens, avec les défilés de Olusegun Obasanjo, Pedro Pires, Yayi Boni et Ernest Koroma – tiens, tiens, c’était déjà un panel de chefs d’État, il me semble ! -, venus collégialement par deux fois de suite. Encore un bide ! Au moment où la CEDEAO cherche à mettre à exécution sa menace militaire, après avoir rencontré des pays membres permanents du Conseil de Sécurité – France, Royaume-Uni et USA -, et demandé à l’ONU de voter une résolution autorisant le recours à <
S’il faut le contraindre à les accepter par les armes, l’UA prendra-t-elle les armes contre lui ? Ou demandera-t-elle à la CEDEAO de reprendre son combat où elle l’a laissé ?
POUR UNE POLITIQUE DE L’AUTRUCHE
L’Union Africaine, c’est le cas de le dire, a opté pour la politique de l’autruche : elle s’est voilé la face pour feindre de ne pas voir le problème. Elle sait très bien que ses 4 précédentes missions de médiation ont toutes échoué lamentablement et que cette énième tentative se soldera également par un échec cuisant. Cependant, elle s’est engouffrée dans cette brèche parce qu’elle lui permettait de ne point prendre ses responsabilités pour trancher cette querelle une fois pour toutes. Ça donne aussi bonne conscience car on aura l’impression qu’elle a évité la guerre et épargné ainsi des vies humaines. Sauf qu’en réalité elle a fui ses responsabilités historiques et prolongé la souffrance des Ivoiriens pour au moins un mois entier. Sait-elle qu’un mois dans la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, ça coûte au moins 150 morts dans les rangs des partisans du RHDP?
LE PANEL DES 5 A DÉJÀ ÉCHOUÉ
Cette sentence n’est pas de moi, elle est de Blé Goudé, d’Affi N’guessan et d’Alcide Djédjé. Le premier disait le 1er février à Yopougon qu’il récusait – je ne sais à quel titre – Blaise Compaoré qui serait le problème. Le second disait ce 2 février que le même Blaise avait organisé la rébellion et trahi la confiance du pouvoir LMP. Depuis Addis Abeba, le dernier tranchait en affirmant que tout ce qui n’est pas conforme à la constitution ivoirienne sera rejeté, entendez par là, tout ce qui ne dira pas que Gbagbo a remporté les élections comme proclamé et investi par le Conseil Constitutionnel. Or nous avons tous lu le communiqué de presse du Conseil de Paix et de Sécurité qui souligne très clairement que l’UA reconnaît ADO comme le président élu. Comme l’UA ne peut pas venir inverser ses propres résultats comme l’a fait notre auguste Conseil Constitutionnel – ce serait trop scélérat et trop visible -, on ne voit pas comment le panel pourrait bien réussir dans sa mission. Si tant est qu’il vise à faire en sorte que Ouattara exerce véritablement le pouvoir ainsi que l’a affirmé Jean Ping, alors il convient de dire, par avance, que le panel a déjà échoué. Pour une fois, Blé Goudé, Affi N’guessan et Alcide Djédjé auront dit la vérité.
LA SEULE SOLUTION
On sait tous que l’UA ne peut contraindre aucune des parties – surtout celle de LMP – à accepter ses conclusions. Elle n’en a pas l’habitude : il suffit d’interroger l’histoire récente de l’Afrique des Mwai Kibaki et Robert Mugabe pour s’en rendre compte. L’UA ne peut que proposer des compromissions comme au Kenya et au Zimbabwe, c’est-à-dire, pour reprendre le mot de Raila Odinga, l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire : garder le perdant des élections au palais et demander au vainqueur de le subir en tant que premier ministre ! Donc lorsque l’UA se frottera au refus du camp LMP de se soumettre à ses conclusions, elle n’aura pas le courage de prendre les armes pour déloger le squatteur du palais. Il s’en trouvera des chefs d’État pour s’y opposer : viendra Jacob Zuma, et suivront Robert Mugabe, Mwai Kibaki, Eduardo Dos Santos, Pedro Pires, Atta Mills et sans doute quelques autres. Surtout les 18 qui devront se soumettre au suffrage universel cette année ou en 2012 n’en voudront pas, de peur qu’on les dégage bientôt – le cas Gbagbo servant de précédent - s’ils voulaient eux aussi inverser les résultats chez eux. L’UA n’aura pas d’autre choix que de se tourner vers la petite CEDEAO qui a déjà eu le courage au moins de monter au créneau. Et elle conclura le feuilleton. dateur.
Dr Famahan SAMAKE (Ph.D.)
Royaume Uni
2 février 2011