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Société Publié le mercredi 23 février 2011 | Le Nouveau Réveil

Dr Jacqueline Sirima (présidente de l`Ong Sankofa Hope)/ A propos du gel des financements du Fonds mondial du Sida en CI : “C`est un arrêt de mort pour tous les séropositifs”

La situation de crise générée par le deuxième tour de l'élection présidentielle a poussé récemment le Fonds mondial du Sida à geler tous ses financements en Côte d'Ivoire. Face à cette décision lourde de conséquences pour les malades souffrant de la tuberculose ou du Sida sous ARV, l'Ong Sankofa Hope, qui mène une lutte farouche contre ce fléau, lance un véritable cri du cœur à l'endroit des politiques et de la Communauté Internationale. Elle demande à l'Onusida d'avoir pitié des milliers de malades pour qui cette décision sonne comme un arrêt de mort. Entretien…

Le fonds mondial du Sida vient d'annoncer le gel de ses financements. Quelles sont les conséquences directes sur les malades ?

En tant que praticienne et conseillère des malades c'est avec beaucoup de peine que nous apprenons cette triste nouvelle. Car c'est par le Fonds mondial que nous arrivons à donner gratuitement les ARV sans interruption. Un malade doit toujours prendre ses médicaments et de façon continue sans arrêt. Et lorsque nous apprenons à travers la presse que le Fonds sera gelé, nous ne pouvons que déplorer ce fait. Nous prions Dieu pour que la situation se normalise le plus rapidement possible. Car déjà les malades ont commencé à paniquer et nous sommes impuissants devant cette détresse.


En tant que Ong quelles solutions envisagez-vous pour emmener l'Onusida à réviser sa position ?

Le sida n'est pas une maladie comme les autres. Et à cet effet, il est important de signifier qu'il est purement humanitaire et qu'il n'a rien à voir avec la politique. Nous demandons aux politiques de sauver les malades du sida. Parce que si rien n'est fait, d'ici le mois de mars le stock disponible sera épuisé et ce serait un arrêt de mort pour tous les séropositifs pour qui les ARV représentent un immense espoir. On peut tout faire en Côte d'Ivoire, mais de grâce ne laissez pas les malades du sida mourir. Nous demandons à toutes les autorités ivoiriennes, à MM. J.Choi, à Ban Ki-moon, à l'Union européenne, aux Etats-Unis d'avoir un regard de pitié pour les malades du sida en Côte d'Ivoire.


Quelles sont les activités majeures menées par votre Ong au cours de l'année 2010 et quels sont les projets à venir ?

Comme bilan, je reste sur ma faim ainsi que mon équipe à cause de la situation que nous vivons tous. L'Ong Sankofa Hope a prononcé plusieurs conférences dans des écoles, dans des communautés villageoises dont les thèmes tournent autour de la prévention. Toutes ces séances sont suivies de dépistage et de la distribution de condoms féminins et masculins. Pour cette année, nous avons de grands projets notamment la grande marche régionale contre le vih et le projet école sur le thème " Prévention à l'infection, à la tuberculose et le vih/sida et activités sexuelles précoces en milieu scolaire ". Un vaste projet auquel nous comptons associer toutes les énergies des régions du pays, du Sud au Nord et de l'Est à l'Ouest. Mais malheureusement la situation de ni paix ni guerre a anéanti tous nos efforts à réaliser ce projet. Une autre chose encore la promotion du condom féminin avec nos partenaires aux Etats-Unis qui devaient nous faire parvenir du matériel. Mais la situation a tout fait avorter. Au total, les trois grands projets n'ont pu être effectifs. Mais nous, nous continuerons à soutenir les malades.


En quoi consiste le projet école ?

Le taux de prévalence en vih concerne la classe d'âge de 15 à 24 ans. En Côte d'Ivoire, c'est pendant cette tranche d'âges que les jeunes filles sont livrées à elles-mêmes. Et le ratio est en moyenne 3 filles pour un garçon. La pauvreté aidant, elles sont prêtes à se livrer aux hommes pour s'acheter des pommades, des vêtements. Donc nous avons choisi les jeunes filles comme cibles dans ce projet. Nous envisageons l'installation des centres d'écoute dans chaque ville pour recueillir les témoignages des jeunes gens déscolarisés. Aussi, avons-nous à cœur d'installer un réseau de décideurs en accord avec les collectivités locales. Et en dehors de ces décideurs locaux, il y aura des décideurs nationaux tels que les autorités compétentes, le Premier ministre et bien d'autres pour qu'ensemble nous décidions de la politique générale de la lutte contre le vih.


Mme la présidente, vous êtes en charge des malades au Centre antituberculeux d'Adjamé. Quel est l'état des lieux en cette période de crise?

Concernant le paludisme, nous ne pouvons pas donner de chiffres. Mais nous offrons des moustiquaires imprégnées à tous nos malades. Mais pour la tuberculose, le taux de prévalence a chuté ces derniers temps. De 35% nous sommes passés à 27 et 28 % aujourd'hui. Pour ce qui est du vih, il faut dire qu'il y a également une nette régression de la maladie au niveau de nos malades. Beaucoup de personnes acceptent de faire le dépistage et de prendre leurs médicaments. Cette année nous avons 1700 nouvelles personnes infectées par le vih au centre au lieu de 2000 comme les autres années. Cela veut dire que la lutte avance mais il faut tenir compte de la situation du pays. Depuis le mois de novembre jusqu'aujourd'hui, les malades ne viennent plus au centre par manque de moyens avec les grèves intempestives. De 80 malades nous nous retrouvons avec 3 à 4 malades par jour actuellement.

Interview réalisée par François Konan
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