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Politique Publié le vendredi 25 février 2011 | Le Patriote

Décisions «contraignantes» du Panel de l’UA - Il faut sauver les Ivoiriens et non Gbagbo

Sauf revirement de dernière minute, c’est au plus tard lundi 28 février prochain que les cinq chefs d’Etat membres du Panel de l’Union Africaine (UA) dévoileront leurs fameuses « propositions contraignantes » pour sortir le pays de la crise postélectorale. C’est en effet, ce jour-là qu’expirera le délai d’un mois accordé par l’Union Africaine aux présidents Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Jikaya Kikwete (Tanzanie), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Idriss Déby Itno (Tchad) et Jacob Zuma (Afrique du sud) pour trouver une « solution pacifique et durable » à la crise postélectorale en Côte d’Ivoire.
Aussitôt le sommet de l’UA terminé à Addis-Abeba, fin janvier, ces cinq présidents, qui forment en fait un Groupe de Haut niveau appelé communément Panel, ont diligenté une mission d’experts en Côte d’Ivoire. Une fois au bord de la lagune Ebrié, ces derniers ont échangé avec tous les acteurs du processus électoral entre autres le Premier ministre, les camps Gbagbo et Ouattara, des acteurs de la société civile... Ensuite, ils ont regagné la capitale éthiopienne où ils ont auditionné le Président de la CEI( Commission Electorale Indépendante) et son porte-parole, Bamba Youssouf, venus expressément de Paris, où ils sont exil pour des raisons de sécurité. Des soldats pro-Gbagbo ayant essayé d’attenter à leur vie.
Donc, ces experts vont entendre tous ceux qu’ils devaient et voulaient entendre sur le scrutin présidentiel. A l’issue de leurs consultations, ils se sont réunis pour rédiger, après des débats houleux de plusieurs heures, un rapport volumineux qu’ils ont transmis dimanche à Nouakchott, en Mauritanie, aux chefs de l’Etat qui les avaient mandatés pour ce travail. Et ce qui est intéressant, c’est qu’ils ne se sont pas contentés de reprendre les « auditions » qu’ils ont faites à Abidjan. Les experts ont surtout fait des recommandations importantes dans lesquelles, ils ont reconnu, sans fioritures, Alassane Ouattara comme le président démocratique élu, et préconisé la formation d’un gouvernement d’union nationale, sans partage du pouvoir. Munis de ce rapport, les cinq chefs d’Etat membres du Panel se sont concertés, avant de rallier Abidjan lundi, pour échanger avec les deux protagonistes de cette crise : le président élu, Alassane Ouattara et le président sortant, Laurent Gbagbo.
Une mission, faut-il rappeler, quelque peu perturbée mardi par la sortie inopportune, depuis l’Afrique du Sud, du vice-ministre des Affaires étrangères de Jacob Zuma qui a déclaré que le panel proposait un « partage du pouvoir ou de nouvelles élections ». Cela a suffi pour susciter le courroux de plusieurs Ivoiriens, qui n’ont pas hésité à conspuer le président Zuma, à son départ de l’hôtel du Golf où le Panel avait rencontré le président élu. De toute évidence, cette sortie, pour le moins, inappropriée du collaborateur de Jacob Zuma a, un tantinet, mis à mal la mission du Panel à Abidjan et surtout jeter quelques suspicions sur la volonté réelle de certains de membres de respecter le verdict des urnes.
Heureusement que le Panel réaffirmera à Alassane Ouattara qu’il est bel et bien le président démocratiquement élu de Côte d’Ivoire. Toutefois, il s’est donné quelques jours, c'est-à-dire donc jusqu’au lundi, pour rendre ces décisions que tout le pays attend. Si les Ivoiriens se sont rendus massivement aux urnes, d’abord le 31 octobre (taux de participation, 83%), pour le 1er tour de la présidentielle, et le 28 novembre, pour le second tour de cette élection (81% de votants), c’est qu’ils tenaient à prendre une part importante dans l’histoire de leur pays. Bien plus, ils voulaient également étancher leur soif de changement en confiant la Côte d’Ivoire à un homme qui incarne à leurs yeux l’espoir de lendemains meilleurs. Histoire de rompre avec dix années de règne calamiteux du régime frontiste, marquées plus par des scandales que de réels projets de développement. Et cet homme, à qui ils ont décidé de confier les rênes du pays pour les cinq prochaines années, est bien Alassane Ouattara, crédité de 54,1% des suffrages exprimés. Cela, le panel ne doit pas l’ignorer. Ce que les Ivoiriens attendent des cinq chefs d’Etat avant tout, c’est le respect de leur vote, de leur confiance placée désormais en Alassane Ouattara. S’ils se sont levés, sans contrainte, en bravant pour certains la maladie, et pour d’autres, le poids de l’âge, pour se rendre massivement aux urnes, c’est qu’ils voulaient envers et contre tous faire entendre leur voix, et, mieux, sanctionner un régime qui a passé plus de temps à se servir qu’à les servir. Il s’agit, de toute évidence, pour ce Panel, de sauver la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens, qui aspirent à un mieux-être, veulent désormais que les vocables « travail, développement, excellence » succèdent à « gabegie, corruption, vol, assassinat ».
Cette aspiration d’une nouvelle Côte d’Ivoire, unie, soudée et travailleuse ne doit pas être étouffée, par un désir de sauver la face d’un homme qui a, durant une décennie, martyrisé le peuple. En clair, on ne demande pas au panel de venir partager la poire en deux, en voulant coûte que coûte sauver la tête d’un seul individu. Ce qui importe aujourd’hui, ce n’est pas tant que Laurent Gbagbo ne soit pas humilié, avec sa cinglante défaite dans les urnes, il l’est déjà, c’est plutôt l’intérêt général du peuple ivoirien. Et le meilleur moyen d’honorer ces millions d’hommes et femmes, c’est de simplement laisser leur volonté s’exprimer.
Les cinq Chefs d’Etat membres du panel sont donc face à leurs responsabilités. Entre un Laurent Gbagbo, qui n’est plus légitime, et le peuple de Côte d’Ivoire, qui aspire au changement, ils devront faire le choix. Et toute l’Afrique les regarde…
Y. Sangaré
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