Valisettes sur la tête, enfants aux dos, sachets noirs en mains. Cela fait plus d'une heure que Dame Kouadio et son époux sont en train de marcher. Partis d'Abobo-PK18 très tôt le matin, ils comptent aller trouver refuge dans une autre contrée de la commune d'Abobo. En effet, le quartier qu'ils habitent depuis près d'une dizaine d'années avec leur petite famille est, depuis quelques jours, la cible d'attaques musclées des hommes armés fidèles au régime illégal et illégitime de Laurent Gbagbo. Des attaques à l'arme lourde qui ne cessent d'endeuiller d'innocentes familles dans les quartiers de PK18, N'Dotré, Avocatier, Marley et bien d'autres. Fuyant donc ce qui s'apparente aujourd'hui à un véritable massacre, la famille de Dame Kouadio a décidé d'aller se mettre à l'abri dans un quartier diamétralement opposé au sien, c'est-à-dire au niveau d'Abobo-Habitat. Et comme elle, ce sont plusieurs familles qui sont en train de quitter des localités de la commune d'Abobo. Un exode qui a commencé depuis le mercredi 23 février dernier et qui s'est intensifié dans la journée d'hier jeudi 24 février 2011. Hommes, femmes et enfants fuient les zones dites « zone de guerre », de peur de tomber sous les balles assassines des soldats de Laurent Gbagbo. Ces hommes en armes qui comptent en leur sein plusieurs miliciens et mercenaires libériens n'hésitent pas un seul instant à ouvrir le feu sur des populations civiles qu'ils accusent d'être des soutiens au fameux « commando invisible ». Une situation que les habitants de la commune du maire Adama Toungara ne cesse de déplorer. « Nous préférons partir que de rester et mourir ici pour rien », nous lance un jeune, visiblement dépassé par ces évènements. « C'est pire que tout ce qu'on peut penser. Imaginez des gens en train de s'affronter à l'arme lourde, avec au milieu des civils innocents. Si on n'y prend garde, ce sera une véritable boucherie », prévient Alex, habitant de N'Dotré, également cherchant à fuir la zone avec sa fiancée et leur petite fille de deux ans et demi. Lui et bon nombre d'habitants d'Abobo n'ont aujourd'hui qu'un seul souhait. « Que les violences s'arrêtent, afin que nous regagnions tranquillement nos maisons », clament-ils.
Diawara Samou
Diawara Samou