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Politique Publié le vendredi 25 février 2011 | Nord-Sud

Guillaume Soro à Dakar : « Laurent Gbagbo est un dictateur sanguinaire »

© Nord-Sud
Le Premier ministre Guillaume Soro au cours d`une conférence de presse à Dakar, Sénégal
Lors de son récent séjour au Sénégal, le Premier ministre a accordé une interview à la télévision 2Stv. Nous vous proposons l'intégralité de cet entretien dans lequel Guillaume Soro exhorte, à nouveau, le peuple ivoirien à prendre ses responsabilités.


Monsieur le Premier ministre quel est l'objet de votre visite ici à Dakar ?

L'objet de ma visite ici, s'inscrit dans une tournée que j'ai initiée. Evidemment, au lendemain des élections en Côte d'Ivoire et de la crise post-électorale née du refus de M. Laurent Gbagbo de laisser le pouvoir, il était apparu important pour le gouvernement qu'une voix autorisée et officielle se rende dans la sous-région pour expliquer aux chefs d'Etat, mais aussi aux opinions publiques ce qui se passe dans mon pays. N'oubliez pas que j'ai été le premier ministre qui a conduit le processus de sortie de crise, et de ce fait, a été le maître d'ouvrage des élections en Côte d'Ivoire. La commission électorale indépendante n'étant que le maître d'œuvre. Dans de telles circonstances, il m'est apparu important de sortir et de rétablir la vérité. Vous savez qu'à Abidjan, monsieur Gbagbo a confisqué la télévision nationale, y fait la propagande et il était important qu'une voix vienne pour rétablir la vérité.


Justement, est ce que vous êtes ici à Dakar pour demander à Me Wade de jouer les médiateurs dans cette crise ou vous êtes venu simplement pour lui dire ce qui se passe en Côte d'Ivoire ?

Non, je suis venu comme je l'ai dit, en passant par plusieurs capitales, Ouagadougou, Bamako, Niamey, à chaque fois je me suis entretenu avec des chefs d'Etat de ces pays pour expliquer les récents événements en Côte d'Ivoire. Et aussi leur expliquer l'évolution de la situation dans le pays. Et ensemble, pour que nous puissions nous projeter dans les perspectives. Donc je ne suis pas venu demander la médiation du président Wade. Il a une position qui est connu et qui est affichée, c'est la position de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) qui a reconnu qu'il n'y a qu'un seul président élu qui est monsieur Alassane Dramane Ouattara. La Cedeao a fait injonction à monsieur Gbagbo de quitter le pouvoir et de transmettre pacifiquement sa succession au président élu. Evidemment, je suis venu en parler avec le président Wade, et je lui ai rendu compte des mesures d'asphyxie financière qui ont cours en Côte d'Ivoire, et nous avons échangé sur les perspectives. Pour moi en tout cas, je considère que cette tournée était nécessaire, elle m'a permis de donner au chef d'Etat, l'information fraîche, nouvelle, et de rétablir la vérité.


Quel est le niveau de réceptivité de votre discours ? Comment vos arguments ont-ils été appréciés par les présidents rencontrés ?

Voyons, la vérité, dit-on, triomphe toujours. Donc je dois être plutôt satisfait. Les entretiens que j'ai eus avec les chefs d'Etat montrent du reste qu'ils sont très, très bien informés. Vu la proximité de ces pays avec la Côte d'Ivoire, et vu le fait que la plupart de ces chefs d'Etat a une ambassade en Côte d'Ivoire, ils sont tenus informés parfaitement. Maintenant, c'est du point de vue de l'analyse et des perspectives que nous avons échangé. Mais j'ai été satisfait, j'ai été bien reçu en tant que Premier ministre de la République de Côte d'Ivoire, avec les apparats et les commodités liés à ma fonction. Et je dois dire que je suis plutôt satisfait de ce soutien ferme si solide des pays de la sous-région ouest Africaine.


On sait que bon nombre de ces présidents sont des membres de la Cedeao. Aujourd'hui quelle est votre appréciation par rapport à la commission qui a été mise en place par la Cedeao et l'Union africaine en général ?

Moi je suis parfaitement satisfait de la position de la Cedeao. Ces positions sont connues, monsieur Ouattara est président, monsieur Gbagbo doit partir. Si M. Gbagbo ne part pas, la Cedeao se verra contrainte d'envisager d'autres solutions notamment les sanctions et l'option militaire. Donc une force légitime viendrait rétablir, en Côte d'Ivoire, le résultat du verdict des urnes. Je suis parfaitement satisfait. Maintenant, l'Union africaine s'est réunie à Addis-Abeba. Et avec toutes les autres régions, ils ont discuté de la question de la Côte d'Ivoire. Là aussi il y a un motif de satisfaction. L'Union africaine à l'unanimité, et ce n'était pas une évidence, a reconnu qu'il n'y a qu'un seul président en Côte d'Ivoire qui est M. Alassane Dramane Ouattara. Maintenant l'Union Africaine s'est dit attachée au principe de la transmission du pouvoir pacifiquement à M. Ouattara. Et conséquemment, elle s'est donné les moyens de réussir cette transmission pacifique, en mettant en place ce qu'on a appelé un panel de cinq chefs d'Etat. Qui devrait venir en Côte d'Ivoire le 21 février pour tenter une dernière fois de convaincre M. Gbagbo de céder le pouvoir donc je ne peux qu'être satisfait. Maintenant, je vois bien que des impatiences s'expriment en Côte d'Ivoire. Certains auraient souhaité que les choses aillent plus vite, parce que le panel des chefs d'Etat s'est donné un mois. La souffrance des populations est perceptible, les massacres de citoyens non-consentants de la confiscation du pouvoir, continuent. Il ne se passe de jour sans que trois, quatre, cinq personnes ne soient victimes des escadrons de la mort et de tueurs à gages de Gbagbo. Ce qui fait que les populations sont impatientes. Mais je l'ai dit. Des organisations comme l'Union africaine, la Cedeao, ne peuvent faire que ce qu'elles peuvent réaliser. Et je pense que ces organisations ont fait le maximum. Et le maximum était de reconnaître la vérité des urnes. Aussi bien la Cedeao que l'Union africaine ont toutes ensemble reconnu qu'il n'y a qu'un seul président en Côte d'Ivoire. Et ce président, c'est M. Alassane Ouattara. N'attendez pas que l'Union africaine, que la Cedeao, viennent enlever Gbagbo à la place du peuple de Côte d'Ivoire !


Autrement dit c'est le peuple qui doit prendre ses responsabilités ?

C'est le peuple de Côte d'Ivoire qui a élu monsieur Ouattara, c'est au peuple de Côte d'Ivoire de l'installer au pouvoir. Donc c'est au peuple de Côte d'Ivoire de réussir la révolution. Je vous signale qu'en Egypte, il n'y avait ni l'Union africaine, il n'y avait ni la Cedeao, il n'y avait même pas un vote d'une résolution des Nations Unis. Et pourtant le peuple a lui tout seul, les mains nues, a pris ses responsabilités pour faire partir un monsieur comme Moubarak en Egypte, pour faire partir un monsieur comme Ben Ali en Tunisie. Moi je dis au peuple, l'UA, la Cedeao, tout ça c'est très bien, mais c'est à vous d'organiser la révolution. C'est vous qui avez élu Alassane, c'est à vous de vous organiser pour l'installer au palais présidentiel.


A ce niveau, vous avez lancé beaucoup de mots d'ordre. On a l'impression que le peuple ne se mobilise pas pour suivre vos mots d'ordre. Comment vous l'expliquez ?

Je suis en parfaite contradiction avec vous. Le peuple de Côte d'Ivoire a toujours été un peuple mobilisé. Je vous donne des éléments étayant ce que je suis en train de dire. Le 16 décembre 2010, j'ai demandé aux Ivoiriens de quelques borts que ce soit, par rapport au fait que c'est M. Alassane Dramane Ouattara qui a été élu, qu'il fallait que le peuple m'accompagne pour installer le nouveau directeur général que monsieur Ouattara venait de nommer (à la RTI, Ndlr), et m'accompagne à la primature.


Ceci s'est soldé par un échec…

Ceci s'est soldé par 300 morts. Vous, vous préférez voir l'échec, moi je vois les morts. Des hommes tués.


Et vous accusez Laurent Gbagbo d'avoir tué ces 300 personnes ?

Evidemment que ce sont les balles des kalachnikovs de M. Gbagbo qui ont tiré les balles assassines. Le bilan à ce jour est plus de 500 morts en Côte d'Ivoire. Et c'est-là la différence. C'est-là que je vous réponds pour dire que comparaison n'est pas raison. Parce qu'en Tunisie, on n'a pas atteint 100 morts. Ben Ali est parti sur la base de la mobilisation des Tunisiens. En Egypte, on n'a pas atteint 100 morts. Moubarak a démissionné. En Côte d'Ivoire, on a plus de 500 morts et M. Gbagbo continue de s'accrocher au pouvoir. Donc pas que le peuple de Côte d'Ivoire ne se mobilise pas. Mais il a en face de lui un dictateur sanguinaire. Et c'est inédit sur notre continent. Qu'on donne l'ordre à des militaires de tirer sur des populations. C'est pourquoi je pense personnellement que le peuple de Côte d'Ivoire est aussi brave que le peuple tunisien. Il est aussi brave que le peuple égyptien et est capable de se mobiliser que ces peuples là. Mais sauf qu'en Côte d'Ivoire, on a un Gbagbo qui est un dictateur sanguinaire et on a un Ben Ali, bien que dictateur, a eu une haute opinion de sa fonction. Et, il s'est dit « écoutez, autant partir que de faire des hécatombes dans mon pays ». Et c'est ça le bon sens. Maintenant, vous dites que nous avons échoué à aller à la télévision. Mais je ne crois pas que ce soit un vrai échec. On peut perdre une bataille et gagner la guerre. Donc nous n'avons pas perdu la guerre. Ce qui se passe avec la RTI, si nous n'avions pas lancé ce mot d'ordre pour aller à la RTI, la communauté internationale et même vous Africain, vous n'auriez pas perçu la nature du régime qui est en Côte d'Ivoire. Vous n'auriez pas perçu l'aspect dictatorial de la forfaiture de Gbagbo en Côte d'Ivoire. C'étai une bonne chose, on sait maintenant qu'on a affaire à un dictateur sanguinaire, et notre révolution doit s'adapter à la nature du régime qui est en face de nous.

Alors, quel genre de révolution allez-vous faire concrètement ?

Toute révolution s'organise, se prépare, se réalise par rapport aux réalités du terrain. Nous n'allons pas demander aux populations d'aller à l'abattoir et de se faire exécuter par des kalachnikovs. Moi je donne toujours ce bel exemple d'Abobo. A Abobo, ce sont des citoyens paisibles qui ont voulu manifester et qui ont payé le lourd tribut à la crise post-électorale. On a envoyé des chars. On a tiré sur les populations. Vous savez ce qu'elles ont fait ? Elles ont commencé par prendre des casseroles, pour taper là dessus pour alerter tout le voisinage, dès lors que les véhicules des escadrons de la mort arrivaient à Abobo. Malgré cela, il n'empêche que les tueurs de Gbagbo continuent de tuer les populations. Même dans leurs maisons, dans leurs chambres, on les extirpait et on les abattait, souvent devant leurs femmes et enfants. Les populations se sont dit, si nous n'avons plus de répit, sortons et battons-nous. Elles sont sorties, elles ont affronté les policiers et elles ont pu arracher des kalachnikovs. Et, depuis lors, elles se défendent avec ces kalachnikovs. La police n'a plus accès à Abobo. C'est çà la révolution. Donc nous allons continuer de nous mobiliser, mais nous n'irons pas à l'abattoir.


Aujourd'hui avec l'enlisement de la crise, n'avez-vous pas l'impression que l'opinion est de plus en plus sensible au discours anti-impérialiste développé par l'autre camp ? Je veux nommer Gbagbo.

En Côte d'Ivoire, que personne ne se méprenne. Ce discours est celui de la manipulation. Faire croire qu'on veut se battre contre le colonisateur, c'est une propagande abjecte, c'est du mensonge, c'est de l'intoxication. Il n'y a pas un seul président en Côte d'Ivoire qui a autant défendu les intérêts des français en Côte d'Ivoire que Laurent Gbagbo. Je vous donne des exemples. Premièrement, le port d'Abidjan. Contre toute attente, c'est M. Gbagbo qui l'a vendu à M. Bolloré qui est Français.


Vendu comment ?

Au port d'Abidjan, il y a une convention de concession de l'activité portuaire de l'Etat de Côte d'Ivoire à M. Bolloré.


Comme dans tous les pays. Au Sénégal, c'est la même chose…

Au Sénégal, c'est plutôt Dubaï port que la concession a été faite. Au moins vous avez fait votre révolution à ce niveau. Mais, alors qu'il crie sur tous les toits qu'il est contre la France, pourquoi Gbagbo, a-t-il renouvelé la convention à Bolloré alors qu'il y avait de bien meilleures offres. Mais mieux, l'électricité et l'eau. La convention de concession, c'est avec Bouygues qu'il l'a passée. Et je peux vous citer à foison, autant d'intérêt, des Français que M. Gbagbo protège en Côte d'Ivoire. M. Gbagbo, pendant la campagne électorale de 2010, a reçu, le savez-vous, le soutien manifeste de camarades du parti socialiste français. On a vu monsieur Jack Lang au cours de la campagne électorale de Gbagbo prendre la parole publiquement pour faire campagne pour Gbagbo. On a vu Christophe Cama faire campagne pour Laurent Gbagbo. Ne parlons pas de Guy Laberti qui a élu domicile chez M. Gbagbo. Tous ceux-là sont des Français. Pis, la maison de communication qui a travaillé sur la stratégie de communication de M. Gbagbo, c'est bien Euro RSCG, n'est-ce pas ? C'est une maison de communication française. Lui qui aime tant le panafricanisme, le chantre de l'Africanité, pourquoi c'est une entreprise de communication française qu'il recrute pour faire campagne ? Mais je ne m'arrête pas là. L'institut de sondage que M. Gbagbo a recruté pour accompagner sa campagne, c'est la Sofres. Vous savez que la Sofres est une société de sondage français. Alors que nos pays, nos Etats ont tellement d'institut de sondage, pourquoi a-t-il recouru à cet institut de sondage en France ? Pour terminer, pour vous donner les preuves qu'il n'y a que du mensonge, propagande et désinformation, quand M. Gbagbo a voulu se défendre qu'il a été élu, et proclamé par le Conseil constitutionnel, quels sont les avocats qu'il a pris ? Il a pris MM. Vergès et Dumas, deux avocats français. N'y a-t-il pas d'avocat africain et Ivoirien capables de le défendre ? Qu'on arrête ces mensonges aux Ivoiriens. M. Gbagbo est l'homme de la France. Qu'il arrête de tromper les gens. La France est plurielle. Vous avez la gauche française et vous avez la droite française. En 2000, vous vous souviendrez que M. Gbagbo avait le soutien du gouvernement de Lionel Jospin, Au travers du ministre de la Coopération, Charles Josselin qui ont crié sur tous les toits que Gbagbo était un démocrate et qu'il avait été élu, malgré le fait que des populations étaient tuées à Abidjan, qu'il y avait un charnier et que l'Afrique du sud et l'ONU avaient appelé à la reprise des élections à Abidjan. Le gouvernement qui a installé Gbagbo, c'est le gouvernement français de Lionel Jospin. C'est eux qui ont fait les premières déclarations pour dire que monsieur Gbagbo est élu président de la république. Evidemment quand la droite Française est au pouvoir, monsieur Gbagbo veut tromper les Africain en donnant le sentiment qu'il mène une lutte de décolonisation. Pour terminer sur le sujet, je vous rappelle que mois je suis né après les indépendances. Notre génération est une jeune génération. Donc cette rhétorique vielle des années 60 et des années 50 est surannée, obsolète et elle ne fait recette nulle part. Nous on est allé à l'école avec des jeunes français sans le complexe du colonisé et du colon. Nous sommes allés à l'école comme des citoyens égaux. Nous les respectons et ils nous respectent. Nous voulons dans le cadre de la globalisation, une société juste. Nous ne voulons pas retomber dans les discours des années 60. Donc Gbagbo est un faux panafricaniste, c'est du mensonge. Il profite avec la France quand ça lui va, il les injurie quand ceux-là veulent établir la vérité.

Les Africain ne sont pas trop réceptifs par rapport à l'usage de la force préconisé par la CEDEAO. Est-ce qu'aujourd'hui si les négociations s'enlisent, irez-vous vers cette extrémité ?

Je rectifie. Vous ne pouvez pas dire que les Africains ne sont pas d'accord avec l'usage de la force préconisée par la CEDEAO. La Cedeao. Je vous rappelle que ce sont des Africains. Au moins, admettez que peut-être, il y a une opinion qui est effrayée quand on évoque l'option militaire. Mais cette opinion me rejoindrait si on lui expliquait ce que c'est que l'option militaire.


Expliquez-vous.

Les gens pensent que l'option militaire c'est la guerre. Ce n'est pas vrai.


C'est quoi ?

L'option militaire peut consister en une opération commando pour sortir un président. Quand on est allé à Panama, pour sortir le président, on n'a pas été obligé de faire une guerre au Panama. Vous comprenez ? Quand on est allé chercher Milosevic, on n'a pas fait une guerre généralisée partout. Vous comprenez, on peut mener une opération ciblée sur monsieur Gbagbo et sa garde républicaine sans avoir une guerre en Côte d'Ivoire. J'ai bien vu que partout où je suis passé, quand j'ai expliqué à mes interlocuteurs ce qu'était l'option militaire et la guerre, ils ont ravisé leurs positions. Et nous ont soutenus. Non, l'option militaire n'est pas la guerre. Une option militaire bien ciblée viendra à Abidjan, irait chercher tranquillement M. Gbagbo chez lui à Abidjan, le mettre dans un bateau, et puis on le sortirait. Et la Côte d'Ivoire vivrait tranquillement sans aucun souci. Et nous avons eu cette expérience en Côte d'Ivoire. Quand en 2000, Gbagbo s'est retrouvé face à un militaire, général de surcroît, ancien chef d'état-major, chef de l'Etat. Il n'y a pas eu la guerre en Côte d'Ivoire. Pourquoi lui qui n'est pas militaire, on ferait une guerre pour lui ? On a enlevé Guéi en Côte d'Ivoire sans faire de guerre, lui qui était général. Ancien chef d'état-major, chef de l'Etat. Gbagbo se donne trop d'importance. L'option militaire, c'est une opération qui durerait quelques heures, on l'enlèverait, la population descendrait dans les rues, ce serait la jubilation, l'extase dans les rues et puis c'est terminé, une page serait tournée.


Laurent Gbagbo bénéficie quand même du soutien d'une grande partie de l'armée. Comment vous expliquez cela ?

Le contraire aurait été plutôt surprenant. Même Hitler au dernier jour avait encore son armée avec lui. Milosevic jusqu'à ce qu'on vienne l'enlever, était encore avec son armée. Taylor, avant qu'il parte du Liberia, avait l'armée.


Est-ce que ce n'est pas ça la force de Laurent Gbagbo ?

Ce que je dois vous dire c'est que l'armée de Côte d'Ivoire, dirigée par le général Philippe Mangou a voté à 63% monsieur Ouattara. Ce qui par contre est vrai c'est que M. Gbagbo a un pacte avec trois généraux. Le général Dogbo Blé de la garde républicaine, Guiais Bi Poin du CeCos et le général Vagba de la marine nationale. Alors peut-être que leur intelligence a consisté tout simplement à délocaliser l'artillerie lourde que contenait notre armée pour la mettre à la disposition de sa garde prétorienne, de la garde républicaine. De sorte qu'il tient en respect la majorité de l'armée. Voilà le tableau de notre armée en Côte d'Ivoire. Evidemment, on peut tenir en respect la majorité de l'armée pendant un bon moment, mais on ne peut pas tenir en respect la majorité de l'armée tout le temps. Il est évident que la grande majorité qui est, aujourd'hui, silencieuse se fera entendre.



Est-ce qu'il y a des officiers qui viennent rallier votre camp ?

Oui, bien sûr ; il y a bien des officiers qui nous ont rejoints depuis. Mon actuel directeur de cabinet, le colonel-major Mian Gaston est de l'armée de Gbagbo. L'actuel porte-parole du ministère de la défense, le capitaine Alla Kouakou Léon, est bien de l'armée de Gbagbo. Ils ont courageusement quitté les Fanci et sont venus nous trouver pour faire allégeance et se mettre au travail. Je peux vous citer encore d'autres colonels-major qui sont avec nous. Diomandé Megnan de la marine et bien d'autres. Tous ceux-là sont avec nous. Des gendarmes, etc. Il y a une vague de sympathie et de ralliement et c'est évident. D'ailleurs, c'est pourquoi vous entendrez qu'il y a des arrestations dans l'armée. Parce que tous ceux qui veulent au moins opiner et soutenir la vérité sont tout de suite intimidés par des arrestations si on ne les assassine pas.


Aujourd'hui, vous avez une position très radicale. Le départ de Laurent Gbagbo. Or, nous avons senti dans l'autre camp, le camp de Laurent. Ils ont essayé à un certain moment de lâcher un peu du lest en appelant à des négociations. Est-ce qu'il est en ce moment possible d'aller à ces négociations. Est-ce que vous êtes ouverts au dialogue ?

Tout est possible. Mais le postulat doit être clair. C'est quoi ? Monsieur Alassane Dramane Ouattara est le président de la république de Côte d'Ivoire, il doit aller au palais et le reste est possible. Nous sommes ouverts au dialogue et aux négociations. Si nous ne l'étions pas nous aurions déjà déclenché une guerre violente en Côte d'Ivoire. Mais si nous ne le faisons pas, c'est pour laisser la place au dialogue. Mais il faut que le postulat soit clair. M. Alassane Ouattara est le président de la République de Côte d'Ivoire, il est installé au palais. Après quoi, nous sommes prêts à accepter certaines personnalités issues du camp Gbagbo au gouvernement. Nous sommes prêts…


Mais pas Gbagbo ?

Mais Gbagbo est sous sanction. Votre gouvernement aura une piètre image. D'avoir des personnalités qui sont sous sanction et voilà. Nous voulons quand-même un gouvernement crédible, un gouvernement sain. M. Gbagbo pourra avoir le statut d'ancien chef d'Etat et c'est le président Ouattara qui l'a dit. Il dit « si monsieur Gbagbo part pacifiquement du pouvoir, je lui accorde l'humanité, je lui accorde le statut d'ancien chef d'Etat et je suis prêt à prendre des éléments de son camp pour les nomner au gouvernement ». On ne peut pas être plus flexible que ça. On ne peut pas être plus disposé à la négociation et au dialogue.


Et ceux qui pensent au recomptage des voix dans le nord, est-ce que vous pensez que c'est une séquence qui est déjà dépassée ?

C'est incroyable, c'est impossible.


Pouvez-vous nous expliquer ce qui s'est passé là-bas parce qu'il y a toujours un problème par rapport au Nord…

C'est M. Gbagbo qui a un problème au Nord. Sinon personne n'a de problème au Nord. Le nord a été victime d'une forfaiture du conseil constitutionnel et c'est inacceptable. Ce qui est en jeu en Côte d'Ivoire, c'est la question de la démocratie. C'est bien ça. Alors, nous allons à des élections qui ont été méticuleusement préparées et organisées. Chaque étape de l'élection est d'abord certifiée par les Nations Unis. Je vous donne concrètement ce qui s'est passé. Quand on a fait la liste électorale définitive du corps électoral en Côte d'Ivoire, j'ai donné cette liste à MM. Gbagbo, Bédié et Ouattara. Je leur ai dit messieurs, prenez cette liste, regardez-là de fond en comble. Et si vous trouvez quelque chose à redire, venez me voir et j'y remédierai. Ils sont allés regarder la liste. Monsieur Gbagbo a dit qu'il avait le sentiment qu'il y avait quelques fraudeurs. Je lui ai dit monsieur Gbagbo, donnez-moi la liste de tous ces fraudeurs. Il m'a donné la liste. On les a sortis. Je lui ai redonné la liste. Est-ce qu'elle vous convient ? Il dit qu'elle lui convient parfaitement. Je lui ai alors dis, apposez votre signature. Nous tous nous avons validé cette liste. Quand nous avons fini de valider cette liste, elle a été soumise aux Nations Unies qui ont certifié cette liste électorale de Côte d'Ivoire, comportant 5721000 personnes, donc une liste fiable, bonne. Ensuite, nous sommes allés au vote dans les urnes. Tous les citoyens sont sortis pour aller dans les bureaux de vote. Les Nations Unies pour pouvoir s'assurer que tous les citoyens ivoiriens sur tous les centimètres carrés ont voté correctement sans entrave, ont déployé leurs forces militaires sur l'ensemble du territoire pour suivre les élections. Mais je ne me suis pas limité au déploiement des Nations Unies. J'ai invité tous les observateurs internationaux. Cedeao, Union Africaine, union européenne, tous sont venus. Je leur ai dit, concentrez-vous spécifiquement dans le nord. Ils sont allés dans le Nord pour surveiller. Je ne me suis pas contenté de cela. M. Laurent Gbagbo a dit « j'ai besoin que moi-même mes propres militaires soient au nord pour assurer la sécurité de mes électeurs. Il a désigné 1500 soldats. Nous les avons envoyés au Nord. Vous pensez que tout ceci n'est pas suffisamment important, dissuasif pour qu'il y ait des fraudes au Nord ? Tous ceux-là ont été au Nord. Ils ont sillonné tous les bureaux de vote. Les 1500 soldats de Gbagbo, les observateurs internationaux, les deux tiers, les forces militaires des Nations Unies, tous, aucun n'a vu les fraudes dont parle Gbagbo. Même les propres militaires de Gbagbo ont fait des rapports. Dans le cadre du Centre de commandement intégré. Même les propres militaires de Gbagbo n'ont pas vu la fraude. Il a fallu qu'il y ait deux personnes qui voient cette fraude en Côte d'Ivoire. Gbagbo lui-même et le conseil constitutionnel. C'est de la forfaiture, c'est du mensonge. Les histoires de recomptage et autres, c'est pour gagner du temps. Parce que, à supposer même que par extraordinaire on devrait aller à une de ces solutions, mais je vous rappelle que M. Alassane Ouattara entre les deux tours n'a eu que 100.000 voix supplémentaires au Nord. Or, ce n'est pas avec 100.000 voix d'écart que monsieur Ouattara a gagné. Monsieur Ouattara a gagné avec plus de 300.000 voix. Ce que Gbagbo refuse d'accepter et d'admettre, et je vais vous le démontrer. C'est qu'il y a trois grandes forces politiques en Côte d'Ivoire. Il y a monsieur Bédié qui pèse entre 25 et 30% de l'électorat, Il y a monsieur Ouattara qui pèse autour de 30 à 35%, et il y a monsieur Gbagbo qui est l'autre force politique. Alors, il est évident que si vous avez trois forces politiques qui ont la même taille électorale, que deux de ces forces se mettent ensemble, elle gagne inévitablement. De la même façon qu'arithmétiquement si M. Gbagbo et M. Bédié s'étaient mis ensemble, ils auraient battu M. Ouattara. De la même façon que si monsieur Ouattara et monsieur Bédié se sont mis ensemble comme c'est le cas aujourd'hui, ils vont battre Gbagbo. Donc que Gbagbo arrête de tromper les Ivoiriens. Il a perdu l'élection, il doit se retire du pouvoir.


Et ceux qui récusent l'immixtion très forte de l'ONU ?

C'est de l'ignorance, de la méconnaissance du processus électoral en Côte d'Ivoire. Mais je vais vous éclairer. Nous sommes en 2005. Le mandat constitutionnel de M. Gbagbo arrive à terme. On doit organiser une élection. Le président MBeki nous invite à Pretoria. Pour voir comment nous allons organiser les élections. Je vous rappelle que pour organiser les élections, il faut mettre en place une commission électorale indépendante. Le principe de cette commission électorale indépendante c'est qu'elle ne doit être composée que des forces politiques signataires des Accords de Lina-Marcoussis. Et dans les forces signataires de l'Accord de Lina Marcoussis, il y avait les partis politiques et les Forces nouvelles. M. Gbagbo s'oppose à ce que les Forces nouvelles participent à la commission électorale indépendante au motif que les FN ne sont Pas des partis politiques mais que c'est la rébellion. Moi je dis que si je ne suis pas dans la Commission électorale indépendante, je ne reconnaitrai pas les résultats parce que je n'ai pas été associé au processus électoral. M. Thabo MBeki qui veut coûte que coûte que j'ai confiance aux résultats me demande quelle garantie je veux ? Je réponds à M. MBeki que je souhaite que les Nations Unies viennent organiser les élections de bout en bout en Côte d'Ivoire. M. Mbeki interroge M. Koffi Annan qui était à l'époque Secrétaire général des Nations Unies qui lui répond que comme la Côte d'Ivoire n'est pas un était en faillite et que la Côte d'Ivoire avait ses institutions qui fonctionnaient, les Nations Unies ne pourront pas organiser les élections de bout en bout. Mais par contre le compromis que propose M. Koffi Annan, c'est que les Nations Unies aient une forte implication dans le processus électoral. M. Gbagbo qui est là, est enchanté. Il donne son accord. Prenez l'Accord de Pretoria, c'est écrit là-dedans, que les Nations Unies vont s'impliquer fortement dans les élections au point où on crée un poste de haut-représentant des Nations Unies chargé des élections. M. Gbagbo a signé, moi-même j'ai signé, nous tous nous avons signé. C'est donc à la demande des Ivoiriens que les Nations Unies s'impliquent fortement dans les élections en Côte d'Ivoire. Quand nous signions l'Accord politique de Ouagadougou, si monsieur Gbagbo voulait que les Nations Unies n'aient rien à voir ou à faire avec les élections en Côte d'Ivoire, quand nous avons signé l'APO, M. Gbagbo aurait pu dire, supprimons les Nations Unies dans les élections. Il a dit que le poste de haut-représentant chargé des élections, fait redondance avec le poste du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, il a dit, supprimons le poste et confions les prérogatives du poste à une et même personne en la personne du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies. Donc la certification, c'est M. Gbagbo lui-même qui l'a voulue. Les Nations Unies ont le mandat de certification. Donc, ils ont certifié les élections et ils sont dans leur bon droit. Parce que c'est à la demande des parties ivoiriennes. Ici au Sénégal, vous avez organisé des élections. N'est-ce pas ? Mais le président Wade n'a pas appelé les Nations Unies pour s'impliquer. C'est pourquoi elles ne sont pas venues. Mais si en Côte d'Ivoire, Gbagbo, nous-mêmes nous leur avons demandé de venir certifier notre élection pour nous mettre d'accord sur ses résultats. On ne peut pas le lendemain se plaindre d'autre chose.

On reproche à l'Onu d'avoir fait un forcing en amenant le président de la commission indépendante à l'hôtel du Golf pour proclamer les résultats.

M. Youssouf Bakayoko, le président de la Cei, ancien ministre des Affaires étrangères de la République de Côte d'Ivoire, est en France. Vous pourriez lui poser la question. Qu'est-ce qui s'est passé pour que M. Youssouf en soit arrivé à l'hôtel du Golf ? Je vous signale que l'élection s'étant bien déroulée, les bureaux de vote étant fermés à partir de 17 heures le 28 novembre, M. Youssouf Bakayoko, président de la Cei s'est tout de suite mis au travail, pour faire les dépouillements aux fins de donner les résultats. Le premier jour ils ont travaillé correctement sans problème. Ils ont même commencé à donner les résultats. Quand le camp de M. Gbagbo a vu que les tendances lui étaient défavorable, ils ont commencé à faire du dilatoire au sein de la commission, pour empêcher le dépouillement de bulletins de vote. Mais même quand M. Youssouf Bakayoko a réussi à faire le dépouillement, qu'il a envoyé son porte-parole pour lire les résultats à la télévision, vous avez vu les représentants de M. Gbagbo venir prendre les résultats et les déchirer. Ils ne se sont pas arrêtés là. L'heure qui a suivi, les journalistes qui étaient présents en Côte d'Ivoire ont été manu militari vidés de la commission électorale indépendante. L'armée a investi le siège de la Cei et assiégé la Commission électorale indépendante. Dès lors, le président de la Cei était en danger. Il a même dû user de ruse pour s'échapper. De la Cei et il m'a appelé au téléphone. J'ai bien voulu le recevoir et l'accueillir au Golf depuis 2003, sous protection des Nations Unies. Parce que moi je suis au Golf depuis 2003. J'ai pu le recueillir là-bas pour sa sécurité. Donc M. Youssouf Bakayoko m'a dit, « M. le Premier ministre, je suis en danger, l'armée a investi la Cei, je ne sais plus que faire ». Voilà comment M. Youssouf Bakayoko, dans l'impossibilité, vu que son intégrité physique était menacée au siège, a dû se résoudre peut-être même, la mort dans l'âme, à proclamer les résultats de l'élection au Golf hôtel. Voilà la vérité que veulent cacher ceux qui se cramponnent au pouvoir.


Vous êtes le seul Premier ministre qui a su conduire le processus jusqu'à son terme. Cela vous donne quand même une posture politique enviable en Côte d'Ivoire. Vous avez beaucoup de mérite.

C'est l'opinion nationale et internationale qui pense cela très sérieusement.


Pourquoi vous avez quitté ce poste de neutralité en acceptant le poste de Premier ministre ?

L'histoire de mon pays aurait pu être différente. Commençons par le début. M. Laurent Gbagbo est battu le 28 novembre 2010. J'ai les tendances qui montrent que M. Gbagbo est battu. Je me rends chez lui à la maison. Je lui dis ceci : « monsieur le président, les nouvelles ne sont pas très bonnes. Et j'apprends que vos partisans au sein de la commission électorale indépendante empêchent la proclamation des résultats. Je vous demande expressément de laisser la Cei proclamer les résultats. Lui ayant dit mon point de vue, j'ai fait mon travail de Premier ministre. Et j'ai montré ma loyauté à M. Laurent Gbagbo. Mais quand je lui parlais, j'ai senti que M. Gbagbo ne m'écoutait plus. Depuis ce jour, je suis parti et je ne suis plus allé voir le président. Quand la Cei a proclamé M. Ouattara vainqueur, et que le lendemain, le conseil constitutionnel a proclamé Gbagbo vainqueur en manipulant les chiffres, j'en ai été choqué. Je me suis interrogé. Devrais-je laisser le mensonge prospérer avec le Conseil constitutionnel ou me positionner du côté de la vérité, à savoir soutenir les résultats proclamés par la Cei ? Première question. Quand après la proclamation faite par le Conseil constitutionnel, j'ai vu immédiatement tous les généraux de notre armée courir à la résidence de M. Gbagbo pour lui faire allégeance, j'en ai été doublement choqué. Parce que l'armée ne fait pas allégeance à quelqu'un qui n'est pas président. Même si vous avez été élu, tant que vous n'avez pas prêté serment, vous n'avez pas les acquis de président. Or, l'armée est allée faire allégeance à Gbagbo qui n'avait pas encore prêté serment. A supposer même que par extraordinaire, il avait gagné les élections, l'armée aurait dû attendre que le Conseil constitutionnel fasse la cérémonie de prestation de serment avec monsieur Gbagbo et quand il est investi président de la république, en ce moment l'armée vient faire allégeance au palais présidentiel au président. Donc quand j'ai vu à la télévision l'armée courir faire allégeance à M. Gbagbo alors qu'il n'avait pas encore prêté serment, ma décision était prise. Je me suis dis que je ne pouvais pas laisser le mensonge triompher et le coup d'Etat et la forfaiture se faire. C'est à partir de là que j'ai appelé des amis communs au président sortant pour leur dire de dire au président sortant que j'irai rendre ma démission à Ouattara. Parce que j'ai décidé de suivre la vérité. Et la vérité c'est que c'est Ouattara qui a gagné. Voilà pourquoi j'ai décidé ainsi. Par contre si l'armée après que le Conseil constitutionnel ait donné les résultats, nos généraux avaient déclaré que nous, nous sommes des militaire, nous ne faisons pas la politique et nous ne pouvons pas prendre partie. Parce que pour nous militaire qui ne faisons pas de politique, il n'y a pas de raison de suivre les résultats de la Cei et de ne pas suivre les résultats du conseil constitutionnel et vis versa nous en appelons au premier ministre d'ouvrage du processus électoral d'appeler les deux institutions en vue de réconcilier les résultats. Et de nous dire qui a gagné les élections ? Ma position de neutralité aurait été justifiée et aurait un sens. L'armée en allant faire allégeance à quelqu'un qui n'avait même pas prêté serment, a plongé le pays dans la crise. Par contre si l'armée avait dis monsieur le premier ministre c'est vous qui nous avons engagé dans les élections aujourd'hui nous avons deux résultat émanent de deux institutions de l'état de Côte d'Ivoire. Nous voulons que vous appeliez ces deux institution pour les réconcilier en vu de donner un et un seul résultat. Ma neutralité aurais un sens mais quand l'armée va choisir les résultats donné par le conseil constitutionnel, le premier ministre est obligé de dire messieurs les généraux vous avez tore. Il y a la commission électorale indépendante qui a suivi les élections, qui a donné des résultats. Elle était dans ses droits et ce sont ses résultats qui ont été certifié par les Nations Unies. Et ce sont les résultats de la Cei qui sont les vrais. C'est ce que j'ai fait. Je suis allé rendre ma démission à M. Ouattara, qui en parfaite accord avec M. Bédié ont décidé de me reconduire Premier ministre. Mais pourquoi j'ai accepté. J'ai accepté parce que ma responsabilité était engagée. Et amener les ivoiriens à des élections, ce n'est pas pour aboutir à du gâchis. Au moins que je n'ai pas la lâcheté mais le courage de dire qu'il y a un vainqueur et que c'est monsieur Ouattara et je suis premier ministre pour faire prévaloir le résultat des urnes.


Aujourd'hui, dans ce combat, il y a des décisions qui ont été prises pour asphyxier financièrement le régime de Laurent Gbagbo. Est-ce que vous pensez que ces mesures pourront porter leurs fruits puisqu'on assiste aujourd'hui à la fermeture de certaines banques. Ce qui pourrait déstabiliser l'économie Ivoirienne.

M. Gbagbo ne nous laisse pas le choix. Nous avons pris un certain nombre de mesures notamment l'interdiction de l'exportation du cacao. Mais en ce qui concerne la fermeture des banques, on ne peut que s'en prendre qu'à M. Gbagbo. En assiégeant la Bceao a Abidjan avec des chars et des kalachnikov, évidemment Gbagbo a milité pour la fermeture des banque. Quand vous réquisitionnez et vous assiégez la Bceao, le premier effet, c'est qu'il n'y a plus d'émission de nouveaux billets. Et quand il n'y a plus d'émission de nouveaux billets pour le compte de la Bceao à Abidjan, tous les billets qui sont à la Bceao ne sont plus recyclés. Parce que tant que les populations n'ont plus confiance et ont tendance à garder leur argent à la maison. Deuxième raison : les banques qui ont eu le courage de maintenir leurs guichets ouverts, se sont vu confrontées à l'insécurité provoquée par M. Gbagbo. Les militaires, avec des kalachnikovs venaient les obliger à faire des compensations manuelles. Or, vous savez que l'argent n'aime pas le bruit. Surtout des armes. Les banques se sont donc trouvées en insécurité physique et même juridique en Côte d'Ivoire. Parce que quand vous avez une Bceao illégale. Une banque qui, du point de vue du droit, doit respecter certaines règles, est en difficulté pour continuer le travail. Donc c'est M. Gbagbo lui-même qui a fermé les banques. Maintenant, ce que nous disons, à partir du moment où Gbagbo a confisqué le pouvoir, le principe de mesure d'asphyxie financière était de droit. Parce qu'il fallait préserver les ressources financière de l'Etat de Côte d'Ivoire. Si nous ne prenions pas ces mesures, toute cette manne financière serait rentrée dans les mains de Gbagbo pas pour construire des écoles ni des centres de santé mais pour acheter des armes. Dans le contexte actuel, on ne pouvait pas laisser toute cette manne financière aux mains de Gbagbo, pour s'acheter des armes pour quoi faire, surement pour tuer des ivoiriens. Dons nous avons pris ces mesures pour préserver les ressources financière du pays. Quand le gouvernement légitime sera installé, ce sera autant d'argent que nous allons consacrer à la construction de centre de Santé, d'école, de forage, de pompe à eau, d'électricité au bénéfice des populations.



On n'a pas senti les Forces nouvelles pendant cette crise. Pourquoi ?

Les Forces armées des Forces nouvelles tiennent leurs positions. Et assurent la sécurité dans près de 60% du territoire ivoirien. Evidemment si vous me demandez pourquoi les Forces armées des Forces nouvelles n'ont pas attaqué les Fanci, nous avons été clair là-dessus. Il ne faut pas attaquer les Fanci. Parce que les FaFn ont travaillé trois ans durant avec les Fanci. Et ont développé des liens et une fraternité de corps d'armes. Ce ne sont pas tous les Fanci qui soutiennent Gbagbo. Si les FaFn attaquaient les Fanci, ils contribueraient à solidariser les Fanci entre eux-mêmes. Ce que nous faisons c'est qu'au sein de Fanci, il y a 60% des militaires qui ont voté monsieur Ouattara. Ce sont ces derniers que nous organisons pour que ces Fanci républicaines, qui veulent reconnaître M. Ouattara, donnent la main aux Forces armées des Forces nouvelles pour qu'ensemble, ils forment un bloc compact, solide pour affronter les mercenaires que monsieur Gbagbo a envoyés à Abidjan, et sa garde prétorienne qui lui est restée fidèle. Et c'est ce à quoi nous travaillons.

Je vous donne la possibilité de dire un dernier mot aux Ivoiriens

Merci, je vais commencer par saluer le peuple frère et ami du Sénégal. C'est un peuple qui est tenu informé sur la crise ivoirienne. Le Sénégal a une forte communauté en Côte d'Ivoire, nous avons vécu en parfaite harmonie et symbiose donc je sais que ce peuple souffre autant que nous. Je voudrais dire simplement aux Ivoiriens que c'est à eux de faire leur révolution. Personne ne viendra faire la révolution à la place du peuple de Côte d'Ivoire. C'est au peuple de Côte d'Ivoire de s'organiser dans les campagnes, dans les villages, dans les villes pour faire la révolution. Le peuple égyptien a fait sa révolution, le peuple tunisien l'a réussi aussi. Il n'y a pas de raison que le peuple de Côte d'Ivoire ne réussisse pas sa révolution. D'autant plus que le peuple de Côte d'Ivoire a tellement d'atouts, nous avons le soutien de la Cedeao, nous avons le soutien de l'Union européenne, de l'Union Africaine, et de l'ONU. Qu'est-ce qu'on attend ? On doit travailler à la révolution. Et travailler à la révolution, c'est d'abord commencer par les quartiers à se mobiliser, sur internet. Et le peuple de Côte d'Ivoire a une arme fatale dans sa main. C'est le téléphone portable. Il faut qu'il devienne un outil de combat. Filmez tout. Tous ces militaires qui violent nos filles et nos femmes, tous ces militaires et mercenaires qui tirent sur nos populations, fixez leurs visages dans vos cameras et envoyez les nous. Les hors-la-loi finissent toujours par être rattrapés par la police. Et seront un jour, jugés parce que nous allons les traquer. C'est une arme forte pour le peuple de Côte d'Ivoire. Je veux que le peuple travaille à sa révolution et nous sommes-là pour l'accompagner dans cette révolution. Et si nous l'organisons, de façon ordonnée et préparée, il n'y a pas de raison que le peuple de Côte d'Ivoire à l'instar de ceux d'Egypte et de Tunisie ne réussissent sa révolution.

Entretien retranscrit par Kindo Oussény à Man sur 2Stv
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