L'exode des populations d'Abobo a pris, depuis hier, une ampleur importante. Avec l'entrée en scène des chars de l'armée qui a pilonné, toute la nuit de jeudi à vendredi, la commune, le risque de massacres à grande échelle s'est dangereusement accru. C'est donc par vagues impressionnantes que les habitants de la commune la plus peuplée du pays ont décidé d'abandonner leurs maisons pour trouver refuge ailleurs. Pris entre les feux croisés des forces fidèles à Laurent Gbagbo et le commando invisible, ceux-ci ont vu leur niveau de sécurité se dégrader quand, selon des informations émanant du gouvernement illégal, ils ont appris qu'ils seront traités comme des ennemis par les combattants du camp Gbagbo. Chose qui s'est vérifiée, hier, sans que les forces internationales aient pu intervenir pour tenter d'épargner la population civile de l'escalade de la violence entre les belligérants. L'opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (Onuci) qui s'était jusque-là interposée pour empêcher un massacre des populations a, semble-t-il, jeté l'éponge, laissant à leur sort les habitants d'Abobo. Las d'attendre un soutien des forces internationales présentes en Côte d'Ivoire (et qui disposent d'un mandant de maintien de la paix impliquant un secours aux populations), les innocentes populations ont décidé de prendre leurs responsabilités. « L'Onuci répond quand elle peut », a confessé, hier, Hamadoun Touré, invoquant la multiplicité des foyers de tensions qui empêchent les soldats onusiens de porter efficacement secours aux populations. Signe qu'elles ne sont pas partie prenante au combat, contrairement aux allégations du clan Gbagbo, les populations quant à elles, ont choisi de se mettre à l'abri, en quittant Abobo.
Marc Dossa
Marc Dossa