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Économie Publié le samedi 26 février 2011 | Nord-Sud

Sir : Les quatre raisons de la fermeture

La Société ivoirienne de raffinage (Sir) a suspendu temporairement ses activités à Abidjan, à cause du dérèglement du système bancaire et des sanctions européennes provoqués par le clan Gbagbo qui s’accroche au pouvoir usurpé. Des spécialistes donnent des précisions sur cette fermeture.


La Côte d’Ivoire est à la rue sur tous les plans. Si à Abidjan et dans plusieurs villes de l’intérieur, l’on a assisté à des combats violents entre les soldats fidèles au régime illégal de Gbagbo et la population qui réclame l’application de la démocratie et par conséquent, l’installation du président élu, Alassane Ouattara, au plan économique, c’est également la dérive totale. Et la fermeture de la Société ivoirienne de raffinage (Sir) est un véritable indicateur de la décrépitude de l’économie nationale provoquée par le clan Gbagbo qui s’accroche coûte que coûte au pouvoir usurpé. En effet, la Sir considérée comme un des principaux acteurs de l’économie ivoirienne produit et met à la disposition de la population et des opérateurs économiques du carburant et du gaz (50% pour la consommation) pour la bonne marche des activités économiques et domestiques.

L’effet des sanctions
de l’UE
C’est-à-dire un maillon nécessaire et incontournable de la chaîne de production. C’est clair, la suspension de ses activités va créer une grave pénurie de carburant et de butane. Ce qui présage de la mise à mort de l’économie nationale qui tout simplement risque l’arrêt total. Mais, comment cette impressionnante société s’est retrouvée dans une situation aussi dramatique ? Selon des experts du secteur pétrolier et cadres à la Sir, quatre principales raisons ont précipité la société dans le gouffre. Le premier facteur qui paraît largement suffisant, reste lié au manque criard de ressources. «On ne peut plus payer nos fournisseurs parce que tous nos comptes logés dans les banques dans l’Union européenne sont gelés. Conséquence : pas de liquidité pour fonctionner normalement. Cette situation a été aggravée par la fermeture des banques commerciales dans le pays», expliquent-ils. D’ailleurs, pour la première fois de son histoire et compte tenu de l’ampleur de la crise bancaire, la société de raffinage a été obligée de payer le salaire du mois de février de ses employés y compris celui de tous les cadres main à main. Extraordinaire! Deuxièmement, il s’agit de l’approvisionnement en brut lié au premier facteur. «Si vous n’avez pas d’argent, vous ne pouvez plus vous approvisionner. Or, une cargaison de brut coûte entre 70 et 80 milliards de Fcfa. Même si vous disposez de cette somme, vous êtes obligés de transiter par le réseau bancaire pour les opérations. C’est ce qu’exigent les transactions financières surtout d’une telle envergure», notent les techniciens. A côté de cela, il y a également les questions liées au délai. Car, «normalement une cargaison de brut, (le Bachacero, dont 80 à 90% viennent du Nigéria), du chargement jusqu’à Abidjan, c’est en moyenne deux mois. Et, il faut deux cargaisons par mois. C’est une planification qui est faite sur toute l’année pour qu’il n’y ait pas de rupture».

700 agents au chômage !
Malheureusement, la crise actuelle a créé cette rupture. Troisièmement, c’est le manque de produits chimiques. La Sir est dans l’impossibilité de se ravitailler parce que les bateaux n’accostent plus au port autonome d’Abidjan. Or, pour traiter une cargaison de brut, il faut incontestablement les produits chimiques européens qui protègent efficacement la tuyauterie. «Le brut étant trop acide, sans traitement avec les produits chimiques injectés à des doses assez précises, il peut détruire toute votre tuyauterie et vous ne pouvez plus continuer l’exploitation», démontrent les collaborateurs de Joël Devain, Dg de la Sir. Précisant que l’importation de gaz (50%) est aussi compromise. La dernière raison est consécutive à l’assurance. Imaginez une raffinerie de la taille de la Sir sans assurance, ce sera la catastrophe, préviennent-ils. Cependant, les primes que les assureurs nationaux demandent sont difficiles à supporter. Puisqu’il faut des milliards de Fcfa. «Nous sommes obligés de nous tourner vers les assurances étrangères», font remarquer ces cadres. Estimant que dans de telles conditions, l’entreprise ne pouvait plus fonctionner et honorer ses engagements. Pour eux, la fermeture temporaire et proprement dite de la société ne sera effective que dans deux ou trois semaines. Elle se fait de façon progressive pour préserver l’outil de production. «Nous sommes qu’au premier niveau de fermeture avec la distillation atmosphérique. Ensuite, il faut arrêter l’hydrocraqueur. Cela ne peut être effectif qu’au début du mois de mars. Ce sont les deux principaux éléments», soulignent les spécialistes. Quant à la Société multinationale de bitumes (Smb), jusqu’au 15 mars, elle va déposer également les clés, conclurent ces responsables de la Sir qui compte entre 650 et 700 agents, contraints à se retrouver au chômage technique par la faute du clan Gbagbo.

Cissé Cheick Ely
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