Circuler dans la commune de Yopougon, le week-end dernier, relevait d’un véritable chemin de croix pour les automobilistes et les usagers. Les jeunes patriotes, appuyés de nombreux miliciens encagoulés armés de Kalachnikov, appliquant, à la lettre, le mot d’ordre d’obstruction des voies publiques aux véhicules de l’Onuci, lancé par Charles Blé Goudé, sont allés bien plus loin. Ils ont érigé, presque partout, à l’échelle de la commune, des barrages. Yopougon, pour ainsi dire, était hérissée de « haies ». Les véhicules et leurs occupants sont soumis à des fouilles systématiques, par ces jeunes patriotes, créant de longues files de bouchon. Les coffres à gants, les sièges, le coffre arrière sont passés au scanner. La police était invisible. La galère était donc totale… Ces fouilles sont accompagnées d’actes de vandalismes et de meurtres commis sur des certaines personnes « prises pour des
assaillants ». A la Selmer, notamment, au niveau d’une agence d’une micro finance ( Coopec) quatre corps sans vie, massacrés par des inconnus, gisaient dans une mare de sang. Selon une source proche du district de police de Yopougon, « il s’agirait de pilleurs » qui ont « été lynchés par les jeunes patriotes ». Une source soutient qu’il « s’agit d’assaillants tués par la foule ». Au niveau du carrefour Sideci-Saguidiba, en face d’une ancienne salle de cinéma, un homme, d’une trentaine d’année, « a été braisé ». Deux carcasses de véhicules de transports inter-communaux ( gbakas) incendiés étaient observables. Un autre corps était étendu à quelques pas de là «tué à coups de barres de fer ». « Nous n’avons pas pu les identifier », nous a affirmé un officier du district de police de Yopougon. Un autre homme, âgé, selon sa famille, de 76 ans, terrassé, à son domicile, par une crise
d’hypertension, et qui était évacué d’urgence au Chu de Yopougon pour y recevoir des soins, a rendu l’âme, dans un taxi, au quartier Maroc, où le véhicule était coincé dans un gigantesque embouteillage. Au lieu du Chu, son corps a finalement pris la direction de la morgue de Yopougon. Il nous a été rapporté, par des témoins ayant assisté à ces faits, qu’au niveau du terminus du bus N° 47, à la Sogefhia, 12 individus identifiables à leur habillement, à bord de trois taxis, les emmenant au quartier Port-Bouet II, ont été priés de descendre avant d’être conduits, manu-militari par des miliciens armés de kalachnikov vers une destination inconnue.
Le district de police Yopougon que nous avons interrogé, n’a ni infirmé, ni confirmé, soulignant « n’avoir pas été saisi d’une telle information ».
Bureau du Cosim en fumée
Par contre, deux individus « pris pour des assaillants » à la hauteur de Saint-André, après avoir été mis à sang, ont été conduits au 16 ème arrondissement, qui abrite le district de police de Yopougon. Un troisième, plus chanceux, a été remis en liberté, suite à l'intervention de ses parents. Deux mosquées, sises à la Sideci et au quartier Doukouré ( Yaho-Sehy) ont essuyé des attaques des jeunes patriotes. Le bureau du Cosim ( conseil supérieur des Imams), dans l’enceinte de la cour de la mosquée de Doukouré est parti en fumée. La mosquée du quartier LEM a été, quant à elle incendiée avec des objets saints. Le commissaire du district de police de Yopougon, Tiagnéré, a formellement démenti « une saisie d’arme et de munitions dans ces mosquées ». Des magasins qui bordent la voie menant à Yaho-Sehy, ont été pillés avant d’être incendiés par des jeunes armés de bois, de haches et de barres. Des
canalisations d’eau de la Sodeci ainsi que des compteurs ont été détruits, faisant couler des trombes d’eau. Le monument dit de « la sirène des eaux », implanté par la mairie de Yopougon à la Sirporex, a été incendié. Au moins une quinzaine de véhicule de transport, communément appelés « gbakas » ont été carbonisés par des jeunes patriotes. Leurs carcasses étaient toujours observables, notamment, à la Siporex ( 5), carrefour du 16 ème arrondissement (3), carrefour sable ( 2), carrefour Bel-Air (1), carrefour Sideci-Saguidiba (2), Ficgayo (2). Les jeunes patriotes réagissaient ainsi au « caillassage » d’un bus de la Sotra ( Societé abidjanaise de transport). Aujourd’hui, la commune est totalement paralysée, en terme de transport. Pas de bus en circulation. Pas de gbakas. Seuls, quelques « taxis bleus » assurent, partiellement le transport, plusieurs chauffeurs ayant choisi de garer. Les nombreux barrages
des jeunes patriotes à travers la commune et les fouilles tatillonnes accompagnées, en certains endroits de propos désobligeants ont poussé certains usagers à sortir de leurs gongs. Ainsi, une femme commissaire de police, rudoyée par un jeune à la hauteur de l’Eglise Ste-Rita, à Niangon-Nord a dû utiliser la « manière forte » pour franchir le barrage où un bouchon de plus d’un kilomètre bloquait la circulation. A la Cité-Verte, nous avons assisté à une scène qui a amené ces jeunes patriotes à lever leur barrage. Un homme, dont on ne sait s’il est un Fds, ulcéré par le fait qu’un jeune patriote, particulièrement excité, ait fermé violement le coffre de son véhicule, a ouvert le feu ( tir de sommation). C’était la débandade totale. En certains points, la Crs a vainement tenté de faire lever des barrages, mais, dès que les élements tournent le dos, ils sont immédiatement rétablis. Hier, jusqu’en
d’après-midi, la commune était aux mains de ces jeunes patriotes. Le maire de Yopougon, M. Gbamnan Gjidan Félicien et le commissaire du district de Yopougon ont rencontré la communauté musulmane. Le commissaire Tiagneré a pris des dispositions sécuritaires autour de ce lieu de culte. La tension était toujours vive et les contrôles de véhicules et de leurs occupants se poursuivaient, ainsi que la chasse « aux assaillants ».
Armand B. DEPEYLA
assaillants ». A la Selmer, notamment, au niveau d’une agence d’une micro finance ( Coopec) quatre corps sans vie, massacrés par des inconnus, gisaient dans une mare de sang. Selon une source proche du district de police de Yopougon, « il s’agirait de pilleurs » qui ont « été lynchés par les jeunes patriotes ». Une source soutient qu’il « s’agit d’assaillants tués par la foule ». Au niveau du carrefour Sideci-Saguidiba, en face d’une ancienne salle de cinéma, un homme, d’une trentaine d’année, « a été braisé ». Deux carcasses de véhicules de transports inter-communaux ( gbakas) incendiés étaient observables. Un autre corps était étendu à quelques pas de là «tué à coups de barres de fer ». « Nous n’avons pas pu les identifier », nous a affirmé un officier du district de police de Yopougon. Un autre homme, âgé, selon sa famille, de 76 ans, terrassé, à son domicile, par une crise
d’hypertension, et qui était évacué d’urgence au Chu de Yopougon pour y recevoir des soins, a rendu l’âme, dans un taxi, au quartier Maroc, où le véhicule était coincé dans un gigantesque embouteillage. Au lieu du Chu, son corps a finalement pris la direction de la morgue de Yopougon. Il nous a été rapporté, par des témoins ayant assisté à ces faits, qu’au niveau du terminus du bus N° 47, à la Sogefhia, 12 individus identifiables à leur habillement, à bord de trois taxis, les emmenant au quartier Port-Bouet II, ont été priés de descendre avant d’être conduits, manu-militari par des miliciens armés de kalachnikov vers une destination inconnue.
Le district de police Yopougon que nous avons interrogé, n’a ni infirmé, ni confirmé, soulignant « n’avoir pas été saisi d’une telle information ».
Bureau du Cosim en fumée
Par contre, deux individus « pris pour des assaillants » à la hauteur de Saint-André, après avoir été mis à sang, ont été conduits au 16 ème arrondissement, qui abrite le district de police de Yopougon. Un troisième, plus chanceux, a été remis en liberté, suite à l'intervention de ses parents. Deux mosquées, sises à la Sideci et au quartier Doukouré ( Yaho-Sehy) ont essuyé des attaques des jeunes patriotes. Le bureau du Cosim ( conseil supérieur des Imams), dans l’enceinte de la cour de la mosquée de Doukouré est parti en fumée. La mosquée du quartier LEM a été, quant à elle incendiée avec des objets saints. Le commissaire du district de police de Yopougon, Tiagnéré, a formellement démenti « une saisie d’arme et de munitions dans ces mosquées ». Des magasins qui bordent la voie menant à Yaho-Sehy, ont été pillés avant d’être incendiés par des jeunes armés de bois, de haches et de barres. Des
canalisations d’eau de la Sodeci ainsi que des compteurs ont été détruits, faisant couler des trombes d’eau. Le monument dit de « la sirène des eaux », implanté par la mairie de Yopougon à la Sirporex, a été incendié. Au moins une quinzaine de véhicule de transport, communément appelés « gbakas » ont été carbonisés par des jeunes patriotes. Leurs carcasses étaient toujours observables, notamment, à la Siporex ( 5), carrefour du 16 ème arrondissement (3), carrefour sable ( 2), carrefour Bel-Air (1), carrefour Sideci-Saguidiba (2), Ficgayo (2). Les jeunes patriotes réagissaient ainsi au « caillassage » d’un bus de la Sotra ( Societé abidjanaise de transport). Aujourd’hui, la commune est totalement paralysée, en terme de transport. Pas de bus en circulation. Pas de gbakas. Seuls, quelques « taxis bleus » assurent, partiellement le transport, plusieurs chauffeurs ayant choisi de garer. Les nombreux barrages
des jeunes patriotes à travers la commune et les fouilles tatillonnes accompagnées, en certains endroits de propos désobligeants ont poussé certains usagers à sortir de leurs gongs. Ainsi, une femme commissaire de police, rudoyée par un jeune à la hauteur de l’Eglise Ste-Rita, à Niangon-Nord a dû utiliser la « manière forte » pour franchir le barrage où un bouchon de plus d’un kilomètre bloquait la circulation. A la Cité-Verte, nous avons assisté à une scène qui a amené ces jeunes patriotes à lever leur barrage. Un homme, dont on ne sait s’il est un Fds, ulcéré par le fait qu’un jeune patriote, particulièrement excité, ait fermé violement le coffre de son véhicule, a ouvert le feu ( tir de sommation). C’était la débandade totale. En certains points, la Crs a vainement tenté de faire lever des barrages, mais, dès que les élements tournent le dos, ils sont immédiatement rétablis. Hier, jusqu’en
d’après-midi, la commune était aux mains de ces jeunes patriotes. Le maire de Yopougon, M. Gbamnan Gjidan Félicien et le commissaire du district de Yopougon ont rencontré la communauté musulmane. Le commissaire Tiagneré a pris des dispositions sécuritaires autour de ce lieu de culte. La tension était toujours vive et les contrôles de véhicules et de leurs occupants se poursuivaient, ainsi que la chasse « aux assaillants ».
Armand B. DEPEYLA