“Je demande à tous les jeunes de Yopougon, Port-Bouët, Koumassi, Adjamé, Cocody, Treichville, bref, de tout le district d’Abidjan, je demande à tous les jeunes de Côte d’Ivoire de s’organiser en comités pour empêcher les déplacements de l’ONUCI partout dans le pays ». Ces propos ont été tenus, jeudi dernier par Charles Blé Goudé dans un bar dancing à Yopougon. Quelques heures après ces propos, de centaines de jeunes ont été aperçus dans les rues de Yopougon et d’autres communes d’Abidjan en train de commettre des exactions sur les usagers de la route et de la population. A Yopougon, plusieurs véhicules de type minicars appelés communément « Gbaka » ont été endommagés par des partisans de Blé Goudé. Une mosquée a été incendiée dans la foulée dans le quartier Lem. En représailles, de jeunes gens proches du RHDP ont incendié un bus de la SOTRA et le monument du rond-point de la SIPOREX a été calciné en partie. Cette flambée de violence a été également perceptible dans les quartiers comme Port-Bouët, Cocody, Koumassi, Adjamé et Attécoubé où des miliciens et autres « jeunes patriotes » s’adonnaient à des fouilles corporelles et à des vols. Blé Goudé prétend avoir donné ce mot d’ordre pour empêcher les Casques bleus de sillonner les rues d’Abidjan. Coupables à ses yeux de collusion avec le commando qui mène la vie dure aux forces pro-Gbagbo à Abobo. « Le général de la rue » prétend également ne pas vouloir d’affrontements entre civils. « Il y a un piège dans lequel nous ne devons pas tomber : la guerre civile…Je ne veux pas d’affrontements entre civils en Côte d’Ivoire », a déclaré Blé Goudé avant de lancer son mot d’ordre. Mais c’est ce que justement veut le patron de l’Alliance. En demandant à « tous les jeunes de Côte d’Ivoire » de se constituer en comités d’autodéfense, Blé Goudé Charles n’a qu’une seule idée dans la tête : constituer un bouclier humain pour son maître à penser Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, Laurent Gbagbo et le FPI sont dans les cordes. La grogne sociale monte et la contestation anti-Gbagbo gagne du terrain. Charles Blé Goudé sent que le régime dont il est l’un des artisans majeurs est en train de vivre ses derniers jours. Face à la marche irréversible vers le changement en Côte d’Ivoire, l’ancien étudiant de Manchester tente pour sauver la mise à Laurent Gbagbo, de créer un conflit généralisé. Contrairement à ce qu’il laisse entendre, la stratégie actuellement visée est d’obtenir une guerre civile. A défaut une guerre religieuse. C’est la raison pour laquelle, la mosquée de Lem a été incendiée vendredi dernier ; l’objectif était d’exciter la colère des fidèles musulmans en vue de les amener à se retourner contre les frères chrétiens. Mais le piège était trop gros pour que les uns et les autres s’y laissent prendre. Laurent Gbagbo avait prévenu : « Moi ou le chaos ». Il est de plus en plus question, au sein du FPI, de mettre en application cette menace. La supposée complicité des casques bleus avec les forces anti-Gbagbo n’est qu’un prétexte. Dès les premières heures de la crise postélectorale, des armes ont été distribuées aux miliciens et aux « jeunes patriotes ». Les pontes du FPI se rendent compte que l’option militaire qu’ils ont choisie est en train de montrer ses limites avec les revers qu’essuient depuis maintenant un mois à Abobo les mercenaires et les miliciens de Laurent Gbagbo. Pour sauver leur pouvoir fini, ils ont décidé d’opposer les Ivoiriens les uns aux autres. Il s’agit de créer les conditions d’une tragédie humanitaire sans précédent en vue de détourner l’attention de l’opinion nationale et surtout internationale du vrai problème. Histoire d’obtenir à la clé un partage du pouvoir qui est le but poursuivi par le clan depuis le début de la crise. En créant les conditions d’une grave crise humanitaire, Laurent Gbagbo espère arracher à la communauté internationale un arrangement politique dont il entend être le principal bénéficiaire. D’où l’appel de Charles Blé Goudé qui n’est rien d’autre que le coup d’envoi d’une guerre civile longtemps mûrie dans les laboratoires obscures du FPI. Il appartient donc à la jeunesse de Côte d’Ivoire de demeurer plus que vigilants afin de ne pas tomber dans le piège machiavélique dans lequel Blé Goudé et le FPI veulent les y entraîner.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly