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Politique Publié le lundi 7 mars 2011 | Le Patriote

Répression sanglante des femmes - Une semaine folle à Abobo

L’acte a ému le monde entier et révolté l’opinion nationale. Tant il est d’une barbarie sans précédent dans l’histoire de la Côte d’Ivoire et d’une lâcheté inqualifiable. La répression sanglante d’une marche pacifique de femmes jeudi dernier marque à jamais la commune d’Abobo. Retour sur une semaine d’horreurs et de barbaries qui se sont abattues et continuent de s’abattre sur des populations aux mains nues.
22 Février, en début de soirée, les soldats et autres mercenaires à la solde de Laurent Gbagbo, déclenchent, après trois semaines de répit, une offensive d’envergure sur le quartier PK18. Le combat est rude et dure près de cinq heures. De 16h à 21h, les soldats de Gbagbo pilonnent le quartier à la recherche disent-ils de « rebelles ». Selon des témoins et habitants du quartier, les soldats de Gbagbo ont ouvert deux fronts. Une colonne de chars part de Yopougon en empruntant la route de la prison civile tandis qu’une autre emprunte l’autoroute menant à Anyama. Les deux colonnes lourdement armées entendent prendre en sandwich le quartier pour neutraliser « l’ennemi ». Peine perdue. Au contraire, face à des combattants mystérieux ou invisibles, c’est selon, les miliciens de Gbagbo essuient une défaite cuisante. En dépit des renforts en hommes et en armements aux combattants de l’ancien président, « la citadelle n’est pas tombée », remarque-t-on. Le bilan quant à lui semble très lourd. Des témoins affirment avoir vu plusieurs cargos venir ramasser les corps des miliciens tués. Mais pour le faire, il a fallu l’intervention des organismes internationaux telle que la Croix rouge. Et ce, quatre jours après les affrontements. Ainsi, est évitée de justesse une catastrophe sanitaire conséquence de la putréfaction des corps. Malgré cette défaite, les soldats de Gbagbo ne démordent pas. Ils continuent à faire des descentes sporadiques sur Abobo. Les populations sont traumatisées par des tirs à l’arme lourde qui tonnent toutes les nuits.

La débandade des soldats pro-Gbagbo

Les choses continuent ainsi jusqu’à la nuit du samedi 26 au dimanche 27 février. Cette nuit là, les insurgés d’Abobo sont informés d’une offensive en préparation contre le quartier PK18 via le quartier Céleste, Terminus du bus 52. La stratégie des hommes de Gbagbo, apprennent-ils, est de passer par la forêt du Banco pour surprendre « l’ennemi ». Informés, les insurgés se préparent à mener une contre-offensive foudroyante. Ainsi, dans la nuit du samedi à dimanche 27 février, des affrontements violents ont lieu. Selon les mêmes sources, les soldats de Gbagbo sont défaits. Ils prennent la poudre d’escampette et se réfugient dans la cour de l’émetteur de la RTI. Dans les échanges de tirs, une roquette tombe sur l’émetteur. La cabine technique part en fumée. Les dégâts matériels sont énormes ainsi que les pertes en vies humaines, naturellement du côté de ceux qui ont attaqué le quartier. Dans la journée du lundi, les tractations ont lieu pour que les insurgés acceptent de se retirer des lieux afin de permettre aux techniciens de la RTI accompagnés d’éléments FDS de faire l’état des lieux. Ce qui est fait. La RTI ne peut être vue que sur le bouquet. Le Gouvernement illégal de Gbagbo perd ainsi une manette importante de sa machine à propagande. Cette autre « victoire » amplifie l’emprise des jeunes gens sur la commune. Désormais, ils ont à 80% le contrôle d’Abobo. Pour fêter cette victoire, les « invisibles » organisent le lendemain, mardi, un meeting, le deuxième du genre depuis qu’ils semblent avoir pris le contrôle de la commune. Quelques minutes après, le meeting prend fin à la surprise générale. Renseignements pris, les organisateurs redoutent des infiltrations. En effet, non loin du rond-point de la gendarmerie où se tient le rassemblement, un véhicule 4X4 appartenant à une société de gardiennage ainsi que quatre fusils d’assaut sont interceptés. Craignant d’être surpris par des infiltrations, ils mettre fin au meeting. Des barrages de contrôle sont alors dressés dans tous les quartiers pour la sécurisation.

Le jeudi noir

Pendant ce temps, les populations continuent à fuir Abobo. Les Forces de l’ordre ne sont pas en reste. Un après l’autre, les commissariats de police baissent pavillon. La brigade de Gendarmerie en fait autant. On en est là quand les femmes de la commune décident d’organiser une marche pacifique pour réclamer le départ de Gbagbo et le retour de la paix.
Jeudi matin, une foule de femmes de tous âges quitte Avocatier, emprunte la route du camp commando. Elles passent devant le camp sans incident. Ces braves dames, qui des balais en main, qui des branchettes qu’elles brandissent en signe de paix, lancent des quolibets à l’endroit de Gbagbo à qui elles demandent de quitter immédiatement le pouvoir qu’il usurpe depuis trois mois. Le tout dans une ambiance d’allégresse. Au fur et à mesure qu’elles approchent le rond-point de la mairie, lieu du meeting, leur nombre grossit. Par vagues successives, en provenance de tous les quartiers, PK18, Sagbé, Samaké, Anador, Marley, etc., les femmes déferlent en direction du lieu du rassemblement. L’autoroute est noire de monde. Les quelques hommes présents aux bords de l’autoroute, applaudissent et saluent le courage des femmes. Personne n’imagine qu’un drame aussi horrible que terrifiant est en passe de se produire.
En effet, peu avant le drame, deux chars en provenance de la gendarmerie, dépassent un premier groupe de femmes peu avant la mairie, puis un deuxième groupe avant le carrefour Banco. Ce groupe de femmes rallie la place de la mairie. « Ayant vu venir ces deux engins militaires, elles ont levé leur bras en les ovationnant », raconte un témoin de ce jeudi noir. A l’en croire, les chars font semblant de les dépasser. A quelques mètres de la foule de femmes, ils tournent leurs canons, les pointent sur elles et ouvrent le feu avant de prendre la fuite en direction d’Adjamé. La scène est horrible et les dégâts énormes. Six femmes sont mortes sur le coup tandis que des dizaines d’autres sont blessées. C’est la désolation totale. Aucune âme sensible ne peut retenir ses larmes. Les pleurs et cris de désolation fusent de partout. C’est un jeudi qui restera à jamais gravé dans la mémoire collective des Ivoiriens en général et des habitants d’Abobo en particulier. Le président américain, Barack Obama, n’a pas eu tort de qualifier cet acte odieux de « faillite morale ».
Ibrahima B. Kamagaté
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