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Société Publié le mardi 15 mars 2011 | Le Jour Plus

Crise post-électorale : Gbagbo hypothèque l’avenir de 800 000 élèves

© Le Jour Plus Par Emma
Abobo, zone de guerre: le visage de la commune après les affrontements FDS-Commando invisible
Dimanche 6 mars 2011. Abidjan, commune d`Abobo. Photo: une école primaire abandonnée
L’un des secteurs qui paient un lourd tribut au hold up électoral de Laurent Gbagbo reste le système éducatif. Depuis plus de deux mois, ce sont 800.000 enfants sont hors de l’école. Avec une menace réelle d’année blanche.
Le système éducatif ivoirien est à la croisée des chemins. Les cours ne se déroulent pas normalement depuis la fin de la présidentielle de 2010. La fin du premier trimestre qui était prévue pour décembre dernier n’a pu être achevée. Et en lieu et place du trimestre, les responsables du système éducatif ont opté pour le découpage semestriel. Malgré cette option, les choses n’évoluent pas. Les enseignements sont toujours paralysés. Notamment, dans l’enseignement public général. A Abidjan par exemple, les cours ne se déroulent pas correctement dans les établissements d’enseignement général. Les enseignants pro-Gbagbo s’affairent à dispenser quelques enseignements. Pour faire croire à l’opinion nationale que l’école ivoirienne va bien. Alors qu’en réalité, il n’en est rien. Nombre d’enseignants estiment que depuis la fin de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, l’environnement social n’est
pas propice à l’enseignement. Les sempiternels couvre-feux décrétés par le camp Gbagbo et les paralysies répétées du secteur du transport, sont des facteurs qui empêchent le bon déroulement des enseignements. D’ailleurs, les cours sont davantage perturbés dans la capitale de la région des Lacs (Yamoussoukro), Daoukro, Bondoukou, Abengourou… Dans les Zones Centre, Nord et l’Ouest (CNO) par contre, aucun enseignement n’est dispensé dans le public général jusqu’à ce jour. A l’enseignement privé laïc, les enseignants tentent, avec beaucoup de difficultés, de dispenser des cours. Qui de temps à autre, connaissent des interruptions du fait du non paiement des arriérés de salaires. Lesquels sont consécutifs au non-paiement des arriérés de frais d’écolage. Selon des professionnels du système éducatif ivoirien, une année blanche est à craindre. L’école n’est pas selon les enseignants à l’abri d’une année
blanche, si la situation sociopolitique du pays perdure. L’année scolaire est sérieusement menacée dans les zones CNO. Dans la zone Sud, elle est perturbée par endroits. Dans certains établissements de certains quartiers d’Abidjan, les cours se passent plus ou moins bien que d’autres. Contrairement à d’autre, à l’image des communes d’Abobo ou d’Anyama, soumis au régime de couvre feu. « Comment allons-nous rattraper les autres établissements. Comment rattraper le programme initial pour valider l’année scolaire ? », s’interroge un inspecteur qui a requis l’Anonymat. Même si l’année n’est pas totalement menacée, elle ne sera pas reluisante par rapport aux résultats de fin d’année. Autrement dit, les résultats de fin d’année seront catastrophiques. Mais, si jusqu’en fin mars, la situation sociopolitique ne s’améliore pas, l’année scolaire dans les zones CNO pourrait être invalidée. Si
l’enseignement privé laîc continue d’assurer la formation des élèves, il n’en demeure pas moins qu’il est confronté à de sérieux problèmes pécuniaires. Les enseignants n’ont pas encore perçu leurs salaires. Ils accusent plusieurs mois d’arriérés de salaires. Les fondateurs, eux, disent être en cessation de paiement et n’arrivent plus à faire face aux charges fixes de leurs établissements respectifs.
800.000 enfants hors de l’école depuis 3 mois
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a dénoncé, la semaine dernière, la déscolarisation des enfants dans le Nord et l’Ouest du pays. « Depuis deux mois, 800.000 enfants sont hors de l’école (...) “, a déploré Jacques Hintzy, président de l’Unicef France, lors d’une conférence de presse à Paris. « Ce n’est pas acceptable », s’est-il offusqué. Hintzy s’est inquiété de voir la “situation d’urgence” humanitaire en Côte d’Ivoire “occultée” par les bouleversements dans le monde arabe, estimant à environ 400.000 le nombre de déplacés et à 75.000 les réfugiés au Liberia. « Nous sommes face à une situation d’urgence un peu occultée par les différents mouvements au Maghreb », a-t-il regretté. « Jusqu’à présent, il y a très peu de financement pour la crise humanitaire en Côte d’Ivoire et au Liberia”, a déploré pour sa part Grant Leaity, chef des urgences à l’Unicef pour
l’Afrique de l’Ouest et du centre, qui a passé deux mois en Côte d’Ivoire et s’est rendu au Liberia. L’Unicef a estimé ses besoins à 28 millions de dollars pour répondre à cette crise humanitaire en Côte d’Ivoire dans les trois prochains mois, et à 19 millions de dollars ses besoins pour le Liberia.
L.B.
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