Tout est parti de l’entretien que le président de la République d’Afrique du Sud a eu avec le président Nicolas Sarkozy le 2 mars dernier à l’Elysée. Le président Jacob Zuma s’est entretenu avec son homologue français pendant une heure de temps. A l’ordre du jour, il y avait la question de la candidature du pays de Nelson Mandela à une place de membre permanent au Conseil de sécurité et bien sûr le dossier ivoirien. Depuis le début de la crise, Jacob Zuma apparemment était mal renseigné sur la crise postélectorale. Sur la base du rapport produit par le président Thabo Mbeki, le président sud-africain croyait que la crise ivoirienne était consécutive à une confusion électorale provoquée par la France dans le but de chasser Laurent Gbagbo du pouvoir. Parce qu’elle serait contre lui. Le tête-à-tête entre les deux hommes a permis au chef de l’Exécutif sud-africain de comprendre qu’il n’en était rien et que l’élection présidentielle s’était déroulée dans l’ensemble normalement sur toute l’étendue du territoire national. Jacob Zuma a compris qu’il s’était laissé abuser dans cette affaire et que le monde entier, y compris la communauté africaine, ne peut pas se tromper en même temps. Tout en le rassurant sur les intérêts particuliers qu’il serait tenté de défendre par le biais de la crise ivoirienne, le président Sarkozy a rappelé à Jacob Zuma que son pays jouait non seulement sa crédibilité, mais aussi sa place de membre permanent dans le futur Conseil de sécurité élargi. Le 4 mars, lors de la réunion du Panel à Nouakchott, le président Zuma a été obligé de se plier face à l’intransigeance de ses pairs et au rapport sans appel du Groupe des Experts. Prenant la pleine mesure du rôle malveillant qu’il est en train de faire jouer à son pays dans cette affaire, le président de la première puissance économique du continent a compris qu’il était temps pour lui de lever le pied. Au risque de non seulement se mettre au ban de la communauté internationale et se trouver ridicule aux yeux de tous les peuples africains qui rêvent de démocratie. Le successeur de Thabo Mbeki a compris que l’Afrique du Sud, modèle de démocratie sur le continent et longtemps victime de l’apartheid, ne peut pas se permettre de soutenir l’autocrate sanguinaire qu’est devenu Laurent Gbagbo. D’où le sens de son revirement à 180°. « l’Afrique du Sud soutient pleinement la position prise par l’Union africaine le 10 mars, à savoir que M. Ouattara est reconnu vainqueur, ce qui est une réaffirmation de la position de la CEDEAO », a déclaré mercredi dernier Jacob Zuma. Des propos sans équivoque qui mettent fin au débat.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly