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International Publié le lundi 21 mars 2011 | Courrier d’Afrique

Edito / Entre Charles et Robert : le choix de Laurent

© Courrier d’Afrique
Edgard Kaho
A la fin du débat qui a opposé jeudi 25 novembre 2010, les deux candidats restés en lice pour le 2ème tour de l’élection présidentielle en Côte d’ Ivoire, l’envie était irrésistible de « clamer » qu’une grande démocratie était en éclosion en Afrique. D’abord, c’est inédit dans l’histoire du continent que deux candidats « s’affrontent », en confrontant leurs visions et programmes en attendant de se côtoyer, en image bien évidemment, dans les urnes. Ensuite, rien que l’annonce d’un débat entre les deux hommes, a créé un émoi et mis l’opinion dans l’expectative d’un duel. Finalement, la guerre n’a pas eu lieu. Les interventions ont été d’un niveau si haut qu’à aucun moment, il n’a rasé le sol. Mais pour qui essaie de cerner, un tout petit peu, la personnalité des deux hommes, Alassane Dramane Ouattara a beaucoup influencé le rythme. L’autre aurait voulu imputer des responsabilités, faire des « déballages », en d’autres termes, transformé le plateau en une tranchée, en un champ de bataille.

Au fond, cette guerre n’aurait-elle pas eu l’avantage d’être sincère ? Peut-être aurait-elle produit un effet catharsis. Ils se seraient vidés de leur rancœur que, sait-on jamais, la suite aurait été moins chaotique. Ou tout au moins, ils en auraient annoncé les couleurs. Au lieu d’un faux espoir, du désenchantement, de l’effet ballon de baudruche, tout le monde se serait préparé psychologiquement au perpétuel scénario de la légalité contre la légitimité. Laurent Gbagbo ne se prévaut-il pas de la légalité ? Certains lui accordent la bonne foi, allant jusqu’à insinuer qu’il a été induit en erreur par le Conseil constitutionnel. Qui, en définitive, est à la fois scénariste et metteur en scène du scénario ivoirien, si ce n’est celui qui en profite ?

Tout fonde maintenant l’opinion de ceux qui pensent que Laurent Gbagbo n’aurait jamais pris le « risque », oui, c’en est un pour lui, de convoquer le corps électoral, si dans sa tête il subsistait le moindre doute sur sa victoire. « On gagne ou on gagne ». Au premier tour, l’affaire aurait été en poche. Mais en ballottage défavorable, il n’y avait qu’à compter sur d’hypothétiques « défections » du camp adverse en jouant sur des clichés surannés. Mais cela a fait « pschitt ». Alors Gbagbo se résout à proroger la crise et partant à élargir la liste des « bénéficiaires » d’une minute de silence. Rappelons qu’il a démarré le débat par une minute de silence à la mémoire des victimes de la crise qui dure depuis 1999. Dans son entêtement, il croyait compter sur ses pairs africains. Mais là aussi, chou blanc. L’Afrique change. Même s’il y a des antécédents zimbabwéen et kenyan, jamais il n’y a eu
proclamation de résultat. Et en l’absence de chiffres, tout vire en conjectures.

Le problème de la Côte d’Ivoire, c’est qu’elle est pressée par l’Histoire de rattraper une quarantaine d’années de retard politique. Le premier coup d’Etat dans ce pays ne remonte qu’en 1999, alors que certains autres en ont fini depuis les années 1970. Faut-il pour autant dédouaner Laurent Gbagbo ? Non Laurent Gbagbo est indéfendable. La pente sur laquelle il s’est engagé le conduit inexorablement vers un futur qui ne sera (dans le meilleur des cas) en rien différent de celui d’un Charles Taylor et d’un Jean Pierre Bemba. Et dans le pire… ? Sans doute que le sang des victimes, dont Robert Guéi, crie vengeance. Sait-on jamais ?
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