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International Publié le vendredi 4 février 2011 | L’expression

Egypte-Tunisie: Refus de tirer sur la foule - La leçon républicaine de l’armée

© L’expression Par DR
Tunisie : le général Ben Ali cède devant la pression de la rue et quitte le pouvoir
Le vendredi 14 janvier 2011, le général Zine El Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans en Tunisie, cède face aux mouvements de rue et s`enfuit en Arabie Saoudite
La révolution du Jasmin en Tunisie et le soulèvement populaire au Caire ont montré que l’armée est au service du peuple et non d’un régime.

Au pays des pharaons, la Grande muette est en train de donner une image jusque-là inconnue sous nos tropiques. Face à la volonté « farouche » des Egyptiens de chasser un Hosni Moubarak usé par près de 30 ans de pouvoir, l’armée a décidé de se ranger au côté du peuple. Depuis le début de la contestation le 25 janvier contre le Raïs vieillissant, les soldats ont rangé l’arme au pied contrairement aux policiers qui ont ouvert le feu sur les manifestants aux mains nues. Les flics, selon plusieurs sources, avoir fait plus de 200 tués, ont disparu de la rue comme par enchantement. « L`armée doit choisir entre l`Égypte et Moubarak », avait exigé la foule la veille du rassemblement géant de mardi. La réponse des hommes en armes a été claire : ils ne tireront pas sur le peuple et ont trouvé « légitimes » les revendications des manifestants. L’armée a presque supplié les frondeurs à respecter le couvre-feu et à ne pas mettre le nez dehors. « Les forces armées vous lancent un appel. [...] Vous êtes descendus dans la rue pour faire entendre vos exigences et vous seuls êtes en mesure de permettre le retour à la vie normale », a déclaré hier un porte-parole de l’armée sur les antennes de la télévision nationale. Dans ce bras de fer, le contingent semble avoir choisi la voie de la transition pacifique qui offrira une sortie honorable au successeur d’Anouar El Sadate. Les militaires ont préféré se plier à la volonté du peuple, sauvant ainsi l’Egypte du chaos si le général d’aviation Moubarak se maintient au pouvoir. C’est cela une armée républicaine. Ce même scénario a été observé quelques semaines en Tunisie. Dans ce petit pays du président Habib Bourguiba, les bidasses ont d’abord ouvert le feu avant de se raviser. La rue qui réclamait la tête du dictateur Zine El-Abidine Ben Ali, a fini par fraterniser avec les hommes qui conduisaient les chars. L’occupant du palais de Carthage s’est enfui en Arabie Saoudite sous la pression des chefs de l’armée qui n’entendaient plus sacrifier des innocents pour permettre à un régime vomi par le peule de se maintenir au pouvoir. On aurait souhaité voir un tel schéma se reproduire au pays de Félix Houphouët Boigny. Ici, les élections du 28 novembre ont donné Alassane Ouattara vainqueur avec 54,1% des voix. Comme un alchimiste, le président du Conseil constitutionnel a dû annuler le scrutin dans 7 régions pour donner la victoire à son ami Laurent Gbagbo. On attendait du chef d’état-major des armées (Cema), Philippe Mangou, qu’il se mette à la disposition du choix de la majorité des Ivoiriens comme ses frères d’armes égyptiens. Mais non, il est allé faire allégeance à celui qui a été proclamé vainqueur par le « grand » électeur, Yao N’Dré. La Côte d’Ivoire est plongée depuis lors dans une crise dont personne ne peut prédire la fin. En Egypte et en Tunisie, l’armée a choisi le peuple contre un dictateur. Cet acte républicain doit inspirer les hommes en armes sur les bords de la lagune Ebrié.

Nomel Essis
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