Servir…

Sorcier pour les uns, prophète pour les autres, Révérend pasteur Ediémou Blin Jacob ne laisse personne indifférent. Surtout, depuis l’éclatement de la crise militaro-politique, en 2002. Au pic de la crise, il fait partie de ceux qui ont pu franchir le «rideau de fer» pour rappeler aux rebelles la nécessité d’aller à la paix et à la réunification du pays. En compagnie d’autres hommes de Dieu, il parcourt le pays profond pour semer l’amour par-ci, éteindre des foyers de tension par-là. Pour la Côte d’Ivoire, un homme n’a autant brûlé de calories. Curieusement, au lieu qu’on le hisse au rang des serviteurs de l’Etat, il est bâillonné. Au profit des affinités. Mais chaque fois que l’Etat est menacé, on a recours à lui. Lorsqu’il reçoit et apaise les femmes Lmp et Rhdp, il n’en tire pas des dividendes personnels. Pour la Côte d’Ivoire, il ne ménage aucun effort. Son modeste bureau de Vridi ne désemplit pas. Servir les damnés, tel semble son credo. C’est vrai que l’or et l’argent appartiennent à Dieu. Mais, Ediémou ne demande qu’un peu d’égard d’un Etat qu’il sert avec dévouement. L’équité commande qu’il ne soit pas à la remorque lorsque l’Etat joue son rôle régalien. Loin de nous des propos dithyrambiques, Ediémou ne fait pas fait partie du lot des pasteurs «Dj». Ceux-là mêmes qui essorent les pauvres fidèles. Par ailleurs, ses prophéties ne lui ont pas apporté que respects et admiration. En 2004, lorsqu’il a confié au confrère Le Patriote que Laurent Gbagbo doit prendre Soro comme Premier ministre, il a manqué de peu d’y laisser sa vie. Visité nuitamment, ses biens ont essuyé le courroux de personnes non identifiées. En 2007, Gbagbo prend Guillaume Soro comme Premier ministre. Ediémou a eu tort d’avoir eu raison très tôt. Aussi, la veille des conclusions de l’Ua, il nous confiait en «off» que l’organisation panafricaine allait demander au Président Gbagbo de se retirer et de fournir des ministres à Ouattara. Le lendemain, à quelques variantes près, c’est ce qui a été décidé à Addis Abeba. Cette révélation pouvant lui attirer de nouveaux ennuis, nous lui avons déconseillé de la rendre publique au cours de la conférence de presse qu’il devait animer. Egal à lui-même, Ediémou se veut au service de Dieu, de l’Etat et des Ivoiriens. Commençons par lui rendre justice en le réhabilitant totalement dans l’église du christianisme céleste, avant qu’à son tour, il ne joue efficacement son rôle, celui d’aider les autorités à la cohésion sociale. D’ici quelques heures, il sera encore à la tâche si le président Gbagbo et son rival Alassane accepte de faire la paix des braves.

T. Bi Tché