Bientôt quatre mois que le second tour de l`élection présidentielle a pris fin. Consacrant le candidat Alassane Ouattara vainqueur. Mais le candidat Laurent Gbagbo, déclaré président par le président du conseil constitutionnel, est toujours au Palais et ne veut nullement céder. Depuis, c`est la violence à l`état sauvage. Les militants du RHDP, les sympathisants du président Ouattara et les étrangers taxés d`être des rebelles sont assassinés, brûlés vifs, enlevés, torturés par des hommes en armes, des miliciens et des "patriotes" se réclamant du camp Gbagbo. Le débat autour de la présidentielle a cédé la place à une sorte d`épuration politique habillée du manteau d`une rétrograde lutte pour la conservation et la souveraineté de la Côte d`Ivoire face à tous ceux qui ont osé voter pour Ouattara et la Communauté internationale qui a reconnu la victoire de celui-ci. De fait, c`est la terreur sur tous ceux qui sont reconnus ou supposés des soutiens au régime Ouattara retranché au Golf hôtel. Règlements de comptes et expéditions punitives sous forme d`exécutions sommaires sont le lot quotidien dans la plupart des communes d`Abidjan. A Abobo, Adjamé, Yopougon, Port-Bouët 2, Treichville, Koumassi, Attécoubé…, il ne passe plus de jour sans que des populations civiles ne soient massacrées (souvent à l`arme lourde) par des hommes se disant défendre la République de Laurent Gbagbo. Chaque jour, le décompte macabre se poursuit et par milliers, les Ivoiriens fuient Abidjan. Ceux qui ne savent où aller, attendent le prochain escadron qui les criblera de balles ou les brûlera. Combien de morts déplore la Côte d`Ivoire depuis le 28 novembre ? Plusieurs centaines. Et combien en faudrait-il pour que le carnage cesse ? Difficile à dire. Beaucoup d`Ivoiriens ne vivent plus, ils survivent. Mais pour combien de temps encore ? C`est en cela que d`aucuns interpellent le président élu, Alassane Ouattara, et son Gouvernement. Si retranchés au Golf hôtel qu`ils sont, ils peuvent diplomatiquement faire marcher le pays, c`est qu`ils peuvent faire cesser les massacres sur leurs partisans dehors. A la vérité, ce n`est pas de cette Côte d`Ivoire que rêvaient tous ceux qui ont voté pour le candidat du RHDP. En choisissant le Président Ouattara, ils avaient espoir pour le changement, ils avaient espoir de vivre en paix et en sécurité, ils rêvaient de retrouver la joie de vivre, de la prospérité et du respect des Droits de l`Homme. C`est pourquoi, ils réclament que le Président élu fasse arrêter immédiatement ces tueries. Certes, le président leur a chaque fois demandé de patienter et de lui faire confiance. Mais lui faire confiance jusqu`à quand ? Plus le temps passe, plus la patience leur coûte cher en vies humaines. "Les patriotes" ont été instruits de se faire enrôler et de prendre des armes pour "libérer" le pays, les miliciens sont entraînés, des soldats sont plus incisifs. Bref, tout indique qu`inexorablement, l`on s`achemine vers des opérations d`envergures. Une guerre totale que prépare le camp adverse. Que fera le gouvernement Ouattara pour protéger les Ivoiriens qui ont voté pour lui et même tous les innocents qui n`ont pas voté pour lui, mais qui ne demandent simplement qu`à vivre en paix ? Le gouvernement Ouattara est légitime parce que son président est l`élu, ce qui suppose qu`il est le garant de la sécurité des biens et des personnes. Il se doit de protéger les populations. Malheureusement, beaucoup ont l`impression d`être abandonnés à leur sort. De fait, beaucoup ne cachent plus leur lassitude de toujours écouter les discours du gouvernement Ouattara qui ne fait presque rien pour la protection effective des populations. Et le peuple ne leur pardonnera pas cet attentisme de le regarder mourir sans défense.
Laurent Beugré
Laurent Beugré